Intense programme diplomatique pour Biden jeudi en Israël

 Les drapeaux israélien et américain sont projetés contre le mur de la vieille ville de Jérusalem le 13 juillet 2022 (Photo, AFP).
Les drapeaux israélien et américain sont projetés contre le mur de la vieille ville de Jérusalem le 13 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 juillet 2022

Intense programme diplomatique pour Biden jeudi en Israël

  • Joe Biden doit s'entretenir à la mi-journée avec le nouveau Premier ministre Yaïr Lapid qui avait déclaré en 2021
  • L'attitude à adopter vis-à-vis de Téhéran est une source de flottement entre les Etats-Unis et Israël

LONDRES: Après l'accueil chaleureux, les dossiers chauds: le président américain Joe Biden va multiplier jeudi les échanges avec des dirigeants israéliens et endosser une "Déclaration de Jérusalem" qui scelle la coopération des Etats-Unis et de l'Etat hébreu.

La "Déclaration de Jérusalem sur le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et Israël" sera "le vivant témoignage de la nature unique, de la santé, de l'ampleur, de la profondeur et de l'intimité" de cette relation bilatérale, a indiqué un haut responsable israélien, sous couvert d'anonymat.

En particulier, ce document va exprimer "une position très claire et unie contre l'Iran, son programme nucléaire et son agression à travers la région", poursuit cette source, les Américains n'utilisant toutefois pas jusqu'à présent l'expression "Déclaration de Jérusalem" pour évoquer ce texte.

L'attitude à adopter vis-à-vis de Téhéran est une source de flottement entre les Etats-Unis, qui voudraient tenter la voie diplomatique en ressuscitant le grand accord de 2015 sur le nucléaire (JCPOA), et Israël, adepte de la ligne dure.

L'administration Trump s'était retirée en 2018 de cet accord encadrant le programme nucléaire iranien pour rétablir des sanctions contre Téhéran dans le cadre d'une campagne dite de "pression maximale" contre la République islamique.

"C'était une erreur gigantesque du dernier président de se retirer de l'accord car ils (les Iraniens) sont plus près de l'arme atomique aujourd'hui qu'ils ne l'étaient auparavant", a déclaré M. Biden dans un entretien à la chaîne israélienne 12 diffusé mercredi soir.

A la question de savoir s'il était prêt à utiliser la force afin de s'assurer que l'Iran n'obtienne pas l'arme atomique, M. Biden a répondu: "Oui, si c'est en dernier recours".

Israël craint non seulement de voir son ennemi iranien se doter de l'arme nucléaire --intention que Téhéran nie-- mais aussi que la levée de sanctions regarnissent les coffres de la République islamique qui augmenterait alors, selon l'Etat hébreu, son soutien à ses alliés dans la région comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien.

Médaille d'honneur

Dans le détail, Joe Biden doit s'entretenir à la mi-journée avec le nouveau Premier ministre Yaïr Lapid qui avait déclaré en 2021, alors qu'il était ministre des Affaires étrangères, vouloir rétablir les ponts entre Israël et le parti démocrate américain après les années au pouvoir de Donald Trump et de Benjamin Netanyahu.

M. Biden participera à une réunion d'un format appelé "I2U2", rassemblant autour de lui les dirigeants israéliens, d'Inde, un des principaux alliés de l'Etat hébreu, et des Emirats arabes unis, pays qui a normalisé ses relations avec Israël.

Joe Biden verra aussi le président Isaac Herzog, qui doit le décorer d'une "médaille d'honneur" pour son soutien envers Israël, et il ira encourager les athlètes américains participant aux Maccabiades, des rencontres sportives juives organisées tous les quatre ans en Israël.

Enfin, comme c'est l'usage pour un président américain, d'autant qu'Israël est en campagne pour les élections législatives du 1er novembre, M. Biden rencontrera l'opposition politique, en l'occurrence l'ancien dirigeant Benjamin Netanyahu, avec lequel il est réputé entretenir une relation pas toujours très chaleureuse.

En retrait

Cette visite de Joe Biden --sa dixième au total, mais sa première comme président-- vise pour Washington à rappeler son influence dans une région qui n'a jusqu'ici pas été la priorité de l'administration démocrate, surtout obnubilée par la Chine et la Russie.

Sur ce dernier point, la Maison Blanche s'est bien gardée jusqu'ici d'aborder trop frontalement le sujet de l'Ukraine et de l'attitude de l'Etat hébreu.

Israël, tout en condamnant publiquement l'invasion, se refuse à fournir des armes aux Ukrainiens car l'Etat hébreu veut pouvoir se reposer sur la présence de la Russie dans la région, en particulier en Syrie voisine, où l'armée israélienne mène de surcroît des frappes aériennes contre des éléments jugés pro-Iraniens.

Là où toutes les administrations américaines ou presque ont dirigé beaucoup d'efforts diplomatiques vers le Moyen-Orient, à grands coups notamment d'initiatives pour le processus de paix israélo-palestinien, celle de Joe Biden reste jusqu'ici en retrait.

Nombre d'analystes estiment que le président américain, tout en se félicitant d'avoir rétabli une discussion avec les Palestiniens, et relancé l'aide financière à leur profit, ne devrait pas s'engager plus avant.


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
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  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de «stabilité» et de «paix» selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
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  • Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux
  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il déclaré.

Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le "partenariat stratégique global" sino-russe, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

«Reconnaissant»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Quelques heures plus tôt, il s'était félicité des avancées de l'armée russe en Ukraine.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent "nécessaire" d'éviter toute décision contribuant "à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit".

Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine qui font durer la guerre.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales.

Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

S'exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s'est dit jeudi "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge 

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse.

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Le président russe a également rencontré jeudi après-midi le Premier ministre Li Qiang, lequel a déclaré que Pékin souhaitait "continuer à approfondir la coopération dans divers domaines" avec Moscou.

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à Moscou - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes 

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et devrait limiter le renforcement de sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Moscou et Pékin ont toutefois signé jeudi plusieurs accords commerciaux.

Vendredi, Vladimir Poutine doit se rendre à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
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  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.