En Gironde et près d'Avignon, d'importants incendies en cours et des fortes chaleurs

Cette photographie prise le 15 juillet 2022 montre un restaurant détruit par les flammes en raison d'un incendie de forêt se propageant dans la zone proche de la plage de Cazaux lac, près de La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France. (Photo de THIBAUD MORITZ / AFP)
Cette photographie prise le 15 juillet 2022 montre un restaurant détruit par les flammes en raison d'un incendie de forêt se propageant dans la zone proche de la plage de Cazaux lac, près de La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France. (Photo de THIBAUD MORITZ / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 15 juillet 2022

En Gironde et près d'Avignon, d'importants incendies en cours et des fortes chaleurs

  • Peu après 4H00 vendredi matin, les pompiers des Bouches-de-Rhône ont indiqué que le feu avait été fixé, mais qu'environ 1.000 pompiers sont toujours mobilisés
  • Les températures devaient s'intensifier vendredi au sud d'une ligne Bordeaux - Lyon avec des valeurs proches de 38°C à 40°C, mais s'atténuer au nord de celle-ci

BORDEAUX : Dans un contexte de fortes chaleurs sur la moitié sud du pays, les pompiers affrontent toujours deux feux de forêt agressifs en Gironde, avec plus de 5.000 hectares brûlés et plus de 10.000 personnes évacuées depuis mardi, et combattent désormais un incendie «virulent» près d'Avignon.

Quatre départements, dont le Vaucluse, ont été ajoutés jeudi aux sept, dont la Gironde, déjà placés en vigilance orange «canicule» par Météo-France en raison d'une intense vague de chaleur, la deuxième en un mois, qui s'est installée sur la France et devrait durer jusqu'à mardi.

Le jour de Fête nationale a été marqué par des températures élevées, jusqu'à 37/38°C dans le Sud-Ouest et la basse vallée du Rhône.

Elles devaient s'intensifier vendredi au sud d'une ligne Bordeaux - Lyon avec des valeurs proches de 38°C à 40°C, mais s'atténuer au nord de celle-ci.

Dans de nombreux lieux, les festivités du 14-Juillet ont été adaptées, voire annulées, à cause de la chaleur et des risques élevés d'incendie. Ainsi, tous les feux d'artifice ont ainsi été interdits jusqu'à lundi soir dans les Landes.

Dans la Gironde voisine, placée jeudi en vigilance rouge «feux de forêt», les deux incendies qui font rage depuis mardi, à La Teste-de-Buch (2.900 hectares brûlés), près d'Arcachon, et à Landiras (2.400 hectares), dans le sud du département, ne sont pas maîtrisés et ne le seront pas jeudi soir, d'après la préfète Fabienne Buccio.

Les deux incendies, qui mobilisent quelque 1.000 pompiers et dix aéronefs, n'ont pas fait de victimes.

«La situation est défavorable, avec un terrain difficile au sol, du vent, des fortes chaleurs», a déclaré la préfète, demandant aux vacanciers de ne pas approcher le secteur de la dune du Pilat, adossée à la forêt et fermée au public.

Le vent qui a tourné au sud en début d'après-midi a entraîné l'évacuation des 4.000 habitants du bourg et de la base militaire de Cazaux, enveloppés par un gros panache de fumée et des cendres en suspension.

- «Post-apocalyptique» -

«J'ai jamais vu ça et on a l'impression que c'est post-apocalyptique vraiment, ça tombe de partout, sur les voitures, c'est inquiétant», disait Karyn, une habitante, juste avant l'ordre d'évacuation préventive.

Selon le directeur des pompiers de Gironde Marc Vermeulen, la priorité pour la nuit sera de protéger des flammes les biens et les maisons de Cazaux.

Deux maisons ont toutefois été détruites et plusieurs sont menacées, a indiqué la préfecture en soirée.

Dans la nuit de mardi à mercredi, 6.000 personnes avaient été évacués de cinq campings proches de la dune du Pilat vers un parc des expositions. La très grande majorité a déjà quitté les lieux, a constaté une journaliste de l'AFP, la plupart étant rentrés chez eux ou ayant trouvé un hébergement ailleurs dans ce secteur très touristique.

Leur retour au camping pour récupérer leurs affaires est encore «absolument impossible», a toutefois déclaré le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic.

A Landiras, une zone peu peuplée, des hameaux ont dû être évacués jeudi et la situation est «très défavorable avec plusieurs réactivations de feux», selon la préfecture.

Au sud d'Avignon, vers Tarascon, un incendie parti vers 16h00 d'une ligne de chemin de fer s'est propagé sur un petit massif calcaire, le massif de la Montagnette, recouvert principalement de pins et a rapidement parcouru environ 1.000 hectares, brûlant au moins 300 hectares, selon les pompiers.

Peu après 4H00 vendredi matin, les pompiers des Bouches-de-Rhône ont indiqué que le feu avait été fixé, mais qu'environ 1.000 pompiers sont toujours mobilisés. Il n'a selon les secours pas fait de blessé.

Selon Météo-France, les vagues de chaleur vont devenir «plus fréquentes, plus précoces», causant des étés «de plus en plus chauds, où 35 degrés sera la norme».

Pour les scientifiques, la multiplication et l'allongement des canicules, aggravés par les émissions de gaz à effet de serre, constituent un marqueur sans équivoque du réchauffement climatique.

Incendie au sud d'Avignon: enquête ouverte, le feu est fixé

Une enquête a été ouverte vendredi sur l'incendie, désormais fixé, qui a ravagé au moins 300 hectares d'un massif forestier au sud d'Avignon, après avoir été déclenché jeudi par le passage d'un train de marchandise, a-t-on appris auprès du parquet de Tarascon.

Cet incendie, qui a parcouru 1.000 hectares et dévoré au moins 300 hectares, dont de nombreux pins dans le massif de la Montagnette, est parti jeudi après-midi d'étincelles générées sur la voie ferrée par un train de marchandise, qui a fait s'embraser la végétation, avait indiqué dès jeudi la préfecture.

De son côté, le parquet de Tarascon (Bouches-du-Rhône) a ouvert une enquête pour incendie involontaire.

«Il s'agit a priori d'un feu accidentel, mais qui s'est déclenché dans des conditions qui restent à préciser. Le train de fret aurait généré des étincelles à plusieurs reprises, selon des témoignages», a rapporté à l'AFP le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.

Est-ce dû à une défaillance technique ? A une défaillance de freinage ? Les enquêteurs ont commencé leurs investigations mais les matières dangereuses transportées devront d'abord être déplacées avant le début des expertises, a précisé le procureur.

Ce train «a provoqué neuf départs de feu», a affirmé de son côté le lieutenant-colonel Pierre Bisone, des pompiers des Bouches-du-Rhône, vendredi matin auprès de l'AFP, affirmant que tout serait «probablement lié à un sabot de frein bloqué» sur la machine.

Selon une source proche du dossier, le train a été arrêté en pleine voie par le conducteur, à la suite du déclenchement d'une «alarme danger» face à une température anormale constatée au niveau des quatre essieux.

Contacté par l'AFP, la SNCF n'était pas en mesure de préciser si ce train était affrété par Fret SNCF.

Une partie du trafic TER reste perturbé.

Sur le terrain, l'incendie a pu être fixé au coeur de la nuit, mais un flanc reste «très légèrement actif» sur le massif de la Montagnette, a indiqué le lieutenant-colonel Bisone.

«On va être extrêmement vigilants car avec le vent qui va se lever cet après-midi il pourrait y avoir une réinflammation du côté qui n'a pas brûlé», a-t-il ajouté.

Quatre communes --Tarascon, Barbentane, Graveson et Boulbon-- avaient mis à disposition des salles pour les évacués, et quelque 250 personnes y avaient trouvé refuge dans la nuit, même si la règle reste le confinement, insistaient encore les pompiers vendredi matin.

Jeudi, ce feu, qui dégageait un impressionnant panache de fumée, avait créé une ambiance apocalyptique, les cendres, poussées par un vent du sud, retombant jusqu'à Avignon où le festival de théâtre bat son plein.

La semaine dernière, 650 hectares de forêt avaient brûlé dans le Gard voisin et depuis mardi les secours luttent contre deux feux de forêt très importants en Gironde, avec quelque 5.000 hectares dévastés.

Feux de forêt en Gironde: plus de 7.000 hectares brûlés

La situation est «toujours défavorable» en Gironde où les pompiers affrontent depuis mardi deux incendies de forêts qui ont ravagé au moins 7.300 hectares à La Teste-de-Buch et à Landiras où près de 500 personnes ont été évacuées dans la nuit, a annoncé vendredi la préfecture du département sur Twitter.

Dans le secteur de Landiras, l'évacuation concerne 480 personnes de trois villages (Origne, Balizac et Louchats), qui ont été accueillies dans des salles, a ajouté la préfecture.

Depuis mardi, 4.200 hectares ont brûlé dans cette zone peu dense, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux.

Sur l'autre front, à La Teste-de-Buch, quelque 3.100 hectares de pins sont partis en fumée dans cette forêt adossée à la dune du Pilat.

Selon la préfecture, «trois maisons et deux restaurants (ont été) détruits» dans le secteur de Cazaux, un bourg de cette commune très étendue.

Depuis mardi, 10.000 personnes ont été évacuées de campings proches de la dune du Pilat et du bourg et de la base militaire de Cazaux.

«La situation est toujours défavorable» sur ces deux incendies que combattent un millier de pompiers, a estimé la préfecture.

«Les feux ne sont toujours pas fixés, et malheureusement les conditions sont similaires avec des prévisions de vents pour aujourd'hui», a expliqué  le commandant Matthieu Jomain, porte-parole des pompiers de la Gironde.

A La Teste, «ces actions de jalonnement visent à prendre le feu de côté. Le prendre de front pourrait s'avérer dangereux pour nos hommes», selon le commandant.

A Landiras, «on met en œuvre des feux tactiques», qui consistent à «brûler des parcelles pour créer des zones vierges et juguler l'expansion du feu».

Jeudi, la vigilance «feux de forêt» est montée d'un cran en Gironde qui est passée en rouge (échelle 4/5), une mesure imitée dans le département voisin des Landes depuis vendredi matin.

Ces feux, qui n'ont pas fait de victime, se sont déclenchés au début de l'épisode de canicule qui touche la France depuis lundi, principalement dans l'ouest et le sud. La Gironde est maintenue en vigilance orange «canicule» par Météo-France, comme dix autres départements.

Vendredi, les maximales resteront très élevées au sud avec des valeurs proches de 38°C à 40°C, selon Météo-France.


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Short Url
  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.

 


La mère du journaliste français Christophe Gleizes a adressé une demande de grâce au président algérien

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice"
  • La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP

PARIS: La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP.

"Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu'il puisse retrouver sa liberté et sa famille", écrit Sylvie Godard dans cette missive du 10 décembre, assurant faire appel à la "haute bienveillance" du président algérien.

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.

Le 3 décembre 2025, la Cour d'appel de Tizi-Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.

"La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense", indique Mme Godard dans sa lettre au chef de l'État algérien, qu'elle dit écrire "avec gravité et une profonde émotion".

"Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils", développe-t-elle. "Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d'un quelconque propos hostile à l'Algérie et à son peuple."

Deux jours après la décision en appel, le président français Emmanuel Macron avait jugé "excessif" et "injuste" le jugement prononcé contre Christophe Gleizes, se disant déterminé à trouver "une issue favorable".

"Grave injustice" 

Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice".

"Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible", détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l'association, cité dans le communiqué.

M. Gleizes est actuellement le seul journaliste français en détention à l'étranger.

Sa condamnation en première instance en juin 2025 avait été prononcée au pic d'une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.

Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d'apaisement après l'octroi d'une grâce et la libération par Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre

Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d'adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s'accompagner "d'une demande d'aménagement de sa peine".

"Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l'a dit à la Cour, il n'a fait que son métier et n'a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique", assure l'avocat, cité dans le communiqué publié lundi.

 


Budget de l'Etat: au Sénat, la droite tentée par le compromis, mais pas à n'importe quel prix

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement met la pression sur la droite sénatoriale, devenue incontournable pour l’adoption du budget de l’État 2026
  • Malgré des tentatives de rapprochement en commission mixte paritaire, le risque d’échec demeure élevé ouvrant la voie soit à l’usage du 49.3

PARIS: Appelée par le gouvernement à se montrer constructive, la droite sénatoriale n'entend pas tourner le dos à un compromis sur le budget de l'Etat, mais sa fermeté vis-à-vis des socialistes risque de compliquer l'aboutissement de la discussion budgétaire avant 2026.

"La balle est aujourd'hui dans le camp du Parlement et significativement de la droite sénatoriale", a lancé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Une manière de mettre la pression sur la chambre haute et son alliance majoritaire droite-centristes. Elle détient à elle seule une grande partie des clés d'une équation jusqu'ici insoluble sur le projet de loi de finances pour 2026 (PLF).

En effet, si le compromis a été possible sans le Sénat sur le budget de la Sécurité sociale, les délais sur le budget de l'Etat sont tellement contraints que seul un accord entre les deux chambres du Parlement pourrait permettre l'adoption d'un budget avant le 31 décembre.

Le Sénat doit voter lundi sur l'ensemble du projet de budget, largement remanié par rapport à la version gouvernementale. Ensuite, une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept députés et sept sénateurs, sera chargée de trouver un terrain d'entente.

- CMP décisive -

Cette CMP est pour le moment fixée au vendredi 19 décembre, ce qui laisse encore quelques jours aux parlementaires pour négocier le périmètre d'un accord.

Si le gouvernement y croit, l'intransigeance de Bruno Retailleau, patron des Républicains et ténor de la droite sénatoriale, reste totale à ce stade.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", a-t-il fermement affirmé au Figaro.

Autre signe d'une droite sénatoriale inflexible: elle a rejeté d'emblée, vendredi, le budget de la Sécurité sociale dans sa version de compromis trouvée à l'Assemblée nationale, laissant le dernier mot aux députés.

Une issue différente sur le budget de l'Etat ? Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, martèle depuis plusieurs semaines sa conviction qu'une "voie de passage existe".

"Nous serons dans l'écoute et dans l'ouverture, mais pas à n'importe quel prix. Personne ne peut se permettre de viser une victoire politique sur ce budget", assure auprès de l'AFP celui qui pilote les débats budgétaires au Sénat.

Ce dernier a commencé, ces derniers jours, à rapprocher les points de vue avec son homologue de l'Assemblée nationale, Philippe Juvin (LR lui aussi). Une autre réunion est prévue dimanche entre ces deux responsables.

"Mon objectif, c'est bien de trouver un atterrissage", confirme Philippe Juvin à l'AFP. "Il me semble que c'est accessible".

Le président du Sénat Gérard Larcher, connu pour ses qualités de conciliateur, est lui aussi dans cette optique.

Mais le patron de la chambre haute, qui a échangé avec Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu jeudi, reste très agacé par le choix du Premier ministre de se tourner vers le Parti socialiste et lui reproche d'avoir "méprisé" le Sénat.

- "Pas prêt à se renier" -

"On est prêt à faire des efforts mais on n'est pas prêt à se renier", glisse un proche du président Larcher, pour qui "trop de concessions ont été faites à la gauche".

"Ce n'est pas à la droite sénatoriale d'aller parler au PS, c'est à Sébastien Lecornu d'aller voir les socialistes pour leur dire que maintenant ça suffit, qu'ils ont tout obtenu dans le budget de la Sécu", explicite Christine Lavarde, sénatrice LR qui devrait siéger en CMP.

Une commission mixte paritaire conclusive ne suffirait pas, néanmoins, car il faudrait ensuite que le texte de compromis soit adopté par l'Assemblée nationale, avec au minimum une abstention de la gauche qui paraît impensable à ce stade.

Et certains cadres du bloc central en appellent au retour du 49.3 pour valider cet hypothétique accord.

"Le 49.3 n'est pas une baguette magique, si le gouvernement l'utilise sans compromis préalable, il s'expose à une censure immédiate", a menacé le premier secrétaire du PS Olivier Faure dans Libération.

Lui, comme beaucoup, anticipe déjà l'alternative: l'adoption d'une loi spéciale avant le 31 décembre, afin de permettre la poursuite des activités de l'Etat, et la reprise des débats début 2026. Avec un nouveau casse-tête budgétaire en perspective...