Les États-Unis souhaitent rallier un soutien en faveur de leur initiative régionale

La double visite de Joe Biden en Israël et en Arabie saoudite revêt une grande importance. (AFP)
La double visite de Joe Biden en Israël et en Arabie saoudite revêt une grande importance. (AFP)
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Publié le Lundi 18 juillet 2022

Les États-Unis souhaitent rallier un soutien en faveur de leur initiative régionale

Les États-Unis souhaitent rallier un soutien en faveur de leur initiative régionale
  • Lors de sa visite, M. Biden a réitéré son soutien à une solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Ce sujet a retenu l'attention des pays arabes
  • Le principal casse-tête auquel sont confrontés les États-Unis au Moyen-Orient concerne l'accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran dans le cadre du Plan d’action global conjoint

Le président américain, Joe Biden, s'est rendu la semaine dernière à Jérusalem dans le cadre d'une visite éclair (assortie d'une escale à Bethléem). Il s'est rendu par la suite à Djeddah pour une visite de deux jours, vendredi et samedi. L'humeur de la communauté internationale n'a pas facilité ses efforts ou ses aspirations. Yaïr Lapid s'est prononcé en termes énigmatiques sur cette courte visite, après le départ de M. Biden pour Djeddah. Le Premier ministre israélien a en effet déclaré que celle-ci avait permis «de réaliser des avancées dont nous ne pourrons parler avant des années». Nous serons tous impatients de comprendre quelles sont ces réalisations.

Même si cette visite a fait couler beaucoup d'encre pendant de longs mois, ses résultats restent méconnus. L'administration Biden fait fi depuis bien longtemps du projet chouchou de l'ancien président Donald Trump, en l'occurrence les accords d'Abraham. Au moment où ces accords ont été initiés par Donald Trump, ils ont pris l’allure d'une Otan arabe. Cependant, le Moyen-Orient n'est pas prêt à accueillir ce genre d'idées. Cette question a été reléguée au second plan lors de la visite de M. Biden.

En effet, l'administration américaine est confrontée à un véritable casse-tête: l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la flambée des prix du pétrole. M. Biden a été contraint de supplier le plus grand producteur de pétrole du monde, à savoir l'Arabie saoudite, pour qu'il augmente sa production de pétrole de manière à pallier l'insuffisance des livraisons russes.

Lors de sa visite, M. Biden a réitéré son soutien à une solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Ce sujet a retenu l'attention des pays arabes. Cependant, le problème réside dans les détails de cette question centrale. En effet, le président Biden a la réputation de servir généreusement les intérêts des Israéliens, ce qui risque de déplaire aux pays arabes. Si la position américaine aboutissait à la confiscation des territoires palestiniens en Cisjordanie, il serait probable que de nombreux pays arabes réagissent.

Rien ne laissait présager que M. Biden inverserait la décision de Donald Trump de transférer l'ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Par cette mesure, les États-Unis ont changé de cap à l'égard de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qu'ils avaient pourtant appuyée en 1947. La résolution 181 prévoit la partition de la Palestine en deux entités (un État arabe et un État juif) et accorde à Jérusalem le statut spécial de corpus separatum (terme latin du droit international appliqué à une ville ou une région à laquelle est donné un statut juridique et politique spécial, différent de son environnement, mais qui ne peut être une entité politique souveraine ou une cité-État indépendante, NDRL), ce qui lui confère le statut de cité-État indépendante.

«Si le président américain affirme que Washington s'assurera de ne pas laisser de vide au Moyen-Orient, cette promesse reste difficile à tenir.»
 

Yasar Yakis

Le principal casse-tête auquel sont confrontés les États-Unis au Moyen-Orient concerne l'accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran dans le cadre du Plan d’action global conjoint (PAGC). En dépit des efforts déployés par Washington pour former une coalition mondiale chargée de bloquer le programme nucléaire iranien, de nombreux pays hésitent à adhérer aux politiques maladroites adoptées par les administrations américaines successives. En effet, l'opposition unilatérale de l'administration Trump au PAGC a exonéré l'Iran des obligations découlant de l'accord. Elle lui a permis d'enrichir l'uranium à 60% de pureté. En effet, on peut fabriquer des armes nucléaires à partir d'un niveau de pureté de 90%. Dans ce contexte, les experts affirment qu'il est facile de faire passer le niveau d'enrichissement de l'uranium de 60% à 90%.

Biden a inauguré sa tournée officielle par un appel adressé au roi Salmane, suivi d’une session de travail avec le prince héritier, Mohammed ben Salmane, et des ministres saoudiens. Aucune surprise désagréable à signaler dans ce contexte. Samedi, M. Biden a tenu une réunion au niveau régional, réunissant les pays du Conseil de coopération du Golfe ainsi que l'Égypte, la Jordanie et l'Irak. Comme prévu, il s'est exprimé sur la stratégie de Washington pour le Moyen-Orient.

Si le président américain affirme que Washington s'assurera de ne pas laisser le champ libre à la Chine et à la Russie dans la région, cette promesse reste difficile à tenir.

La double visite de Joe Biden en Israël et en Arabie saoudite revêt certes une grande signification, mais il reste à savoir si les États-Unis ont obtenu les résultats escomptés.

 

Yasar Yakis est un ancien ministre des Affaires étrangères de Turquie et membre fondateur du parti AKP au pouvoir.

Twitter: @yakis_yasar

 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com