La société chinoise Sinopec offre 2 000 livres à la Bibliothèque nationale du roi Fahd

L’envoyé chinois Chen Weiqing a inauguré un coin de livres chinois en présence du Dr Mansour ben Abdallah al-Zamil, secrétaire général de la Bibliothèque nationale du roi Fahd, à Riyad. (Photo fournie)
L’envoyé chinois Chen Weiqing a inauguré un coin de livres chinois en présence du Dr Mansour ben Abdallah al-Zamil, secrétaire général de la Bibliothèque nationale du roi Fahd, à Riyad. (Photo fournie)
Li Xihong, ancien représentant en chef du bureau de Sinopec au Moyen-Orient, espère promouvoir les échanges et la coopération interculturels et construire un pont pour promouvoir les échanges culturels entre la Chine et l’Arabie saoudite. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
Li Xihong, ancien représentant en chef du bureau de Sinopec au Moyen-Orient, espère promouvoir les échanges et la coopération interculturels et construire un pont pour promouvoir les échanges culturels entre la Chine et l’Arabie saoudite. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
L'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, fait l’éloge des relations bilatérales historiques et discute des moyens de promouvoir davantage les échanges culturels. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
L'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, fait l’éloge des relations bilatérales historiques et discute des moyens de promouvoir davantage les échanges culturels. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
L'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, Li Xihong (à gauche) et le secrétaire général de la Bibliothèque nationale du roi Fahd, Mansour al-Zamil (à droite), dévoilent le coin de livres chinois à la Bibliothèque nationale du roi Fahd. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
L'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Chen Weiqing, Li Xihong (à gauche) et le secrétaire général de la Bibliothèque nationale du roi Fahd, Mansour al-Zamil (à droite), dévoilent le coin de livres chinois à la Bibliothèque nationale du roi Fahd. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
Une photo de groupe prise mercredi, après le dévoilement des livres chinois offerts à la Bibliothèque nationale du roi Fahd à Riyad. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
Une photo de groupe prise mercredi, après le dévoilement des livres chinois offerts à la Bibliothèque nationale du roi Fahd à Riyad. (Photo AN/Meshaal al-Qadir)
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

La société chinoise Sinopec offre 2 000 livres à la Bibliothèque nationale du roi Fahd

  • La société chinoise Sinopec a fait don des livres à la Bibliothèque nationale du roi Fahd à Riyad dans le cadre de sa mission visant à renforcer les échanges culturels
  • «Nous voulons renforcer l’interaction culturelle, le transfert et l’échange de culture entre les deux pays», explique le secrétaire général de la Bibliothèque

RIYAD: La société chinoise Sinopec, l’une des plus grandes entreprises du secteur de l’énergie et de la chimie au monde, a fait don de 2000 livres sur la culture chinoise à la Bibliothèque nationale du roi Fahd à Riyad.

Le don a été officialisé lors d’une cérémonie qui s’est tenue mercredi en présence de hauts fonctionnaires des deux pays, dont l’ambassadeur de Chine en Arabie saoudite. L’envoyé chinois Chen Weiqing a inauguré un coin de livres chinois à la bibliothèque en présence de son secrétaire général, le Dr Mansour ben Abdallah al-Zamil.

Cette section a été créée par Sinopec dans le cadre de sa mission visant à «offrir une fenêtre sur la Chine aux citoyens saoudiens, fournir des ouvrages de référence aux étudiants, aux bénéficiaires et aux diplômés, et soutenir l’enseignement du chinois dans le Royaume», selon un communiqué de presse.

L’envoyé chinois a salué les relations bilatérales «historiques» entre l’Arabie saoudite et la Chine, ainsi que la promotion des échanges culturels entre les deux pays. Le Dr Al-Zamil estime que l’ouverture du coin de livres chinois dans la bibliothèque est un «geste positif» pour la poursuite de la collaboration culturelle entre l’Arabie saoudite et la Chine.

Les livres chinois reçus par la bibliothèque «ont une valeur scientifique qui profitera aux bénéficiaires et aux chercheurs et contribuera à enrichir la bibliothèque de livres de référence», ajoute-t-il, notant que les départements techniques de la bibliothèque ont fini de cataloguer et de classer les livres, qui sont désormais à la disposition des chercheurs.

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Fahad Alarjani, membre du Conseil d’administration et chef du Comité de l’entrepreneuriat du Saudi Chinese Business Council. (Photo fournie)

«Nous voulons renforcer l’interaction culturelle, le transfert et l’échange de culture entre les deux pays», explique-t-il. Le reste des livres chinois sera distribué progressivement, le premier lot comprenant des livres en arabe, en anglais et en chinois traitant de sujets économiques, géographiques et humanitaires. Une série de livres en arabe et en anglais écrits par le président chinois Xi Jinping sera également fournie.

Dans un discours, M. Weiqing fait l’éloge du patrimoine de la bibliothèque du roi Fahd et de ses «réalisations culturelles, cognitives et scientifiques», saluant les efforts déployés par feu le roi saoudien Fahd ben Abdelaziz pour soutenir les relations entre les «deux grands pays». Les efforts déployés par Sinopec font suite à «ce que le Royaume a initié à cet égard» en ouvrant une branche de la bibliothèque nationale du roi Abdelaziz en Chine, sa première branche en Asie, ajoute M. Weiqing.

La bibliothèque du roi Abdelaziz a ouvert une branche à l’université de Pékin, en Chine, pour «exposer le peuple chinois à la culture saoudienne». Elle est située dans un bâtiment de six étages, près de l’entrée principale de l’université, et occupe une superficie de 13 000 m2.

 

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Li Xihong, ancien représentant en chef du bureau de Sinopec au Moyen-Orient. (Photo fournie)

Le roi Salmane avait assisté à la cérémonie d’ouverture de cette branche en mars 2017. «Nous considérons le coin de livres chinois comme une collaboration culturelle qui comprend divers livres de valeur scientifique qui contribueront à enrichir la Bibliothèque nationale en livres de référence, car les départements techniques impliqués dans la bibliothèque les ont catalogués, classés et rendus appropriés pour les chercheurs», indique le Dr Al-Zamil.

«Nous voulons encourager l’interaction culturelle, le transfert et l’échange de culture entre les deux pays», ajoute-t-il, saluant l’héritage culturel de la Chine, qui «a une longueur d’avance sur les civilisations du monde entier».

Selon Li Xihong, ancien représentant en chef du bureau de Sinopec au Moyen-Orient, l’entreprise a toujours accordé une grande importance aux échanges interculturels dans le cadre des projets de coopération chinoise à l’étranger, et a activement assumé ses responsabilités sociales à l’étranger.

«Grâce à la coopération avec la Bibliothèque nationale du roi Fahd, nous espérons construire un pont pour promouvoir les échanges culturels entre la Chine et l’Arabie saoudite, et renforcer l’amitié entre les deux peuples», dit-il.

Au cours des vingt-deux dernières années d’exploitation et de développement en Arabie saoudite, Sinopec a mis en place un système intégré de services de la chaîne industrielle pour l'exploration pétrolière et gazière, ainsi que pour le développement et la recherche technologique.

D’après Fahad Alarjani, membre du Conseil d’administration et président du comité de l’entrepreneuriat au sein du Saudi Chinese Business Council, les activités culturelles favorisent le développement communautaire et créent des marchés vitaux pour les investisseurs comme pour les entrepreneurs.

Les événements facilitent également la compréhension des marchés et améliorent les compétences dans un écosystème de développement économique, précise-t-il. «Les échanges uniques exigent cela pour le développement de relations commerciales sino-saoudiennes distinguées.»

M. Alarjani, titulaire d’un doctorat en entrepreneuriat durable à l’université de Xi'an Jiaotong, en Chine, souligne que le secteur culturel est «l’un des plus importants» pour l’avenir des échanges économiques fondés sur la connaissance entre l’Arabie saoudite et la Chine.

«Preuve en est que les deux pays ont lancé plusieurs initiatives uniques au cours des cinq dernières années, axées sur l’aspect économique basé sur la connaissance, afin de motiver les jeunes entrepreneurs à s’engager dans des expériences culturelles et artistiques innovantes», poursuit-il. «Ces initiatives permettront des intégrations avec d’autres secteurs, notamment le tourisme, et renforceront la diversité des échanges économiques bilatéraux», note-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com