La faune et la flore, victimes des incendies en Bretagne et en Gironde

Les incendies en Bretagne (nord-ouest) ont détruit plus de 1 700 hectares de landes, de sapinières et de feuillus sur les Monts d'Arrée, un site naturel remarquable (Photo, AFP).
Les incendies en Bretagne (nord-ouest) ont détruit plus de 1 700 hectares de landes, de sapinières et de feuillus sur les Monts d'Arrée, un site naturel remarquable (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 juillet 2022

La faune et la flore, victimes des incendies en Bretagne et en Gironde

  • Les incendies en Bretagne (nord-ouest) ont détruit plus de 1 700 hectares de landes, de sapinières et de feuillus sur les Monts d'Arrée, un site naturel remarquable
  • En Gironde (sud-ouest), plus de 7 000 ha de forêt ont brûlé à La Teste-de-Buch, près du bassin d'Arcachon sur l'océan atlantique

PARIS: Chênes vieux de 300 ans, papillons et lézard protégés, oiseaux, chauves-souris: s'il est trop tôt pour dresser un bilan précis, faune et flore ont payé un lourd tribut dans les incendies qui viennent tout juste d'être maîtrisés en France.

Les incendies en Bretagne (nord-ouest) ont détruit plus de 1 700 hectares de landes, de sapinières et de feuillus sur les Monts d'Arrée, un site naturel remarquable. En Gironde (sud-ouest), plus de 7 000 ha de forêt ont brûlé à La Teste-de-Buch, près du bassin d'Arcachon sur l'océan atlantique, et environ 14 000 ha à Landiras, plus à l'est, dans une monoculture de pins.

Selon les premières observations du parc naturel régional d'Armorique, en Bretagne, le feu "n'aurait pas d’impact dramatique sur les espèces d’oiseaux emblématiques (...) comme les courlis cendrés et les busards Saint-Martin et cendrés" car ces oiseaux sont en cours de migration ou en capacité de voler, même les jeunes.

L’inquiétude porte davantage sur les "insectes, mollusques, petits mammifères et oiseaux, amphibiens, reptiles qui probablement, n’(ont) pas pu fuir", poursuit le parc naturel régional.

Les craintes sont similaires en Gironde. "La faune la plus impactée est celle ayant les moins grandes capacités de déplacement: les insectes non volants, les reptiles et amphibiens et les jeunes aussi bien d’oiseaux que de chauves-souris", alors que les animaux sont en pleine période d'élevage des petits, dit à l'AFP Paul Tourneur, chef de projet biodiversité à l'Office national des forêts Landes Nord Aquitaine.

Les grands ongulés, comme les chevreuils, peuvent fuir plus facilement.

L'Office national des forêts gère la forêt domaniale de La Teste-de-Buch, une des rares forêts naturelles de la région, longeant l'océan.

"C’était majoritairement une forêt de pins maritimes mais avec des spécificités, des îlots de feuillus, de chênes pédonculés et des chênes liège dont certains très vieux, 200 à 300 ans", décrit Paul Tourneur. "C’est un patrimoine qu’on ne va pas retrouver du jour au lendemain."

«Barbecue»

La forêt abrite "une chauve-souris assez rare", la grande noctule, le plus grand chiroptère d'Europe, et "on a des craintes pour la colonie qui était présente", poursuit-il.

Cette forêt domaniale abrite aussi "des habitats rares et des espèces inféodées à ces milieux qu’on ne retrouve pas ailleurs", poursuit-il, citant "le pipite rousseline, un oiseau de steppe" ou "le plus grand lézard d’Europe, le lézard ocellé", une espèce protégée.

"Tout cela a dû passer au barbecue malheureusement", lâche-t-il, fataliste.

L'association Cistude Nature connaît bien cette forêt et celle de Landiras, aussi dévastée par les flammes. "C'est une monoculture de pins, relativement pauvre en terme de biodiversité, mais elle enclave des milieux naturels, les systèmes lagunaires", dit Maud Berroneau, spécialiste des amphibiens et reptiles.

Y vivent notamment le lézard vivipare ou encore deux espèces de papillons protégés, le fadet des laîches et le damier de la succise. Concernant les lézards, "on espère qu’ils se soient enfouis dans le sol, comme on était déjà dans une période de canicule et de sécheresse depuis plusieurs semaines", indique Maud Berroneau. "Le feu passe plus rapidement sur ces milieux humides, c’est peut-être ça qui va les sauver", espère-t-elle.

Les papillons, eux, "étaient à l'état de chenilles", selon Akaren Goudiaby, qui suit ces populations d'insectes dans le secteur de Landiras. "On voit très bien sur les photographies aériennes que la zone a brûlé et très probablement, les populations ont disparu", regrette-t-il.

A l'heure où les feux sont maîtrisés, mais pas complètement éteints, se pose la question de l'avenir de ces forêts en Gironde. "Dans un premier temps, nous allons observer ce qui se passe. Le pin est une espèce pionnière, habituée à des sols assez pauvres. Le problème est que le sol a chauffé sur une profondeur de plus d'un mètre", indique Paul Tourneur.

"On se demande si la régénération naturelle va pouvoir se faire. Si ça n’est pas le cas, il va falloir qu’on utilise d’autres outils", poursuit-il.

"Les écosystèmes se sont toujours adaptés aux pressions mais c'est la première fois qu'on a un changement aussi rapide avec le changement climatique", relève Loïc Obled, directeur général de l'Office français de la biodiversité. "Si les feux sont récurrents, la capacité de régénération des écosystèmes peut être d'autant plus affectée", prévient-il.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».