Washington tente de déminer un possible voyage de Pelosi à Taïwan

La diplomatie américaine cherchait vendredi à apaiser les tensions avec la Chine, irritée par la possible visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi à Taïwan, île sur laquelle Pékin revendique la souveraineté. (AFP)
La diplomatie américaine cherchait vendredi à apaiser les tensions avec la Chine, irritée par la possible visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi à Taïwan, île sur laquelle Pékin revendique la souveraineté. (AFP)
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Publié le Samedi 30 juillet 2022

Washington tente de déminer un possible voyage de Pelosi à Taïwan

  • Cette montée des tensions diplomatiques concerne un déplacement qui reste pourtant à confirmer. Interrogée vendredi, la présidente de la Chambre des représentants a refusé de répondre clairement
  • Xi Jinping a appelé Joe Biden à «pas jouer avec le feu» à propos de Taïwan, et un porte-parole de la diplomatie chinoise avait parlé d'un déplacement de Mme Pelosi sur l'île comme d'une «ligne rouge»

WASHINGTON: La diplomatie américaine cherchait vendredi à apaiser les tensions avec la Chine, irritée par la possible visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi à Taïwan, île sur laquelle Pékin revendique la souveraineté.

Mme Pelosi, troisième personnage de l'Etat américain, pourrait s'envoler dès vendredi pour un voyage en Asie qui pourrait inclure une étape à Taïwan, mais elle se refuse à toute confirmation, citant des raisons de sécurité.

Pékin verrait un passage même bref de la présidente de la Chambre des représentants sur l'île comme une provocation. La Chine a annoncé l'organisation samedi d'un exercice militaire "à munitions réelles" dans le détroit de Taïwan.

Pour Washington, la séquence est délicate: Mme Pelosi est une figure centrale de la majorité démocrate du président Joe Biden, mais semble faire un pas de côté dans la confrontation avec Pékin -- au risque de compliquer la tâche des diplomates américains qui s'efforcent de ne pas envenimer les relations avec le géant asiatique.

Vendredi, le secrétaire d'Etat Antony Blinken a dit espérer que les deux pays rivaux soient "capables de continuer à gérer ceci judicieusement, de façon à ne pas risquer un conflit" après plus de 40 ans d'une gestion des "divergences" qui a "préservé la paix et la stabilité, et qui a permis au peuple de Taïwan de prospérer".

La veille, le président américain Joe Biden avait en outre souligné, à l'occasion d'un rare échange direct avec son homologue chinois Xi Jinping, que la position des Etats-Unis sur Taïwan n'avait "pas changé" et que son pays "s'opposait fermement aux efforts unilatéraux pour modifier le statut ou menacer la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan".

«Ligne rouge»

De son côté, Xi Jinping a appelé Joe Biden à "pas jouer avec le feu" à propos de Taïwan, et un porte-parole de la diplomatie chinoise avait parlé d'un déplacement de Mme Pelosi sur l'île comme d'une "ligne rouge".

Les manœuvres militaires prévues samedi seront limitées en superficie, auront lieu à proximité immédiate des côtes chinoises et le communiqué ne cite pas Nancy Pelosi, mais le signal semble clair.

Une telle "rhétorique belliciste venant de la partie chinoise" n'est "vraiment pas utile", a jugé vendredi John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche sur les questions stratégiques.

Il a ajouté que les Etats-Unis n'avaient observé, à ce stade, aucune activité militaire particulière de Pékin vis-à-vis de Taïwan.

Cette montée des tensions diplomatiques concerne un déplacement qui reste pourtant à confirmer. Interrogée vendredi, la présidente de la Chambre des représentants a refusé de répondre clairement, citant des "questions de sécurité".

"Je suis très enthousiaste à l'idée de me rendre -- si tel est le cas -- dans les pays dont vous entendrez parler au fur et à mesure", a déclaré Nancy Pelosi.

Ni la Maison Blanche ni Antony Blinken n'avaient vendredi confirmé ou infirmé un tel voyage à Taïwan, ni même en Asie.

L'ambiguïté du statut de cette île située en mer de Chine alimente les tensions entre Washington et Pékin.

Une visite similaire en 1997 

Taïwan et la Chine continentale sont gouvernés séparément depuis la prise du pouvoir par les communistes à Pékin en 1949 et la fuite sur l'île du gouvernement nationaliste.

Pékin estime que ce territoire de 23 millions d'habitants, doté d'un gouvernement, d'une monnaie et d'une armée propres, est l'une de ses provinces historiques et menace de l'annexer, par la force si nécessaire.

Les Etats-Unis, comme l'immense majorité des pays au monde, ne reconnaissent pas Taïwan comme un pays. Mais Washington soutient fortement l'île, mettant en avant son statut "démocratique", et reste le plus important partenaire et fournisseur d'armes de Taipei.

Une visite de Mme Pelosi ne serait pas une première. Le républicain Newt Gingrich, alors lui aussi président de la Chambre des représentants, avait visité Taïwan en 1997. La réaction de Pékin avait été relativement modérée.

Nancy Pelosi critique ouvertement le régime de Pékin depuis des années. Elle s'est liée d'amitié avec le Dalaï Lama et avait en 1991, lors d'une visite à Pékin, scandalisé ses hôtes chinois en déroulant une bannière sur la place Tiananmen en mémoire des manifestants pro-démocratie qui y avaient été tués deux ans auparavant.

Si Mme Pelosi se déplace effectivement en Asie et à Taïwan, elle le fera à bord d'un avion militaire américain.


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
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  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".