Réunis au sein d'un orchestre exceptionnel, de grands musiciens ukrainiens vont au «front culturel»

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, quand Sviatoslav Yantchuk joue dans sa ville d'Odessa, les sirènes ponctuent ses concerts de points d'orgue impromptus, pendants lesquels musiciens et spectateurs doivent se mettre à l'abri. (AFP)
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, quand Sviatoslav Yantchuk joue dans sa ville d'Odessa, les sirènes ponctuent ses concerts de points d'orgue impromptus, pendants lesquels musiciens et spectateurs doivent se mettre à l'abri. (AFP)
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Publié le Samedi 30 juillet 2022

Réunis au sein d'un orchestre exceptionnel, de grands musiciens ukrainiens vont au «front culturel»

  • Tout au long du mois d'août, ce percussionniste de l'Orchestre Philharmonique d'Odessa se produira dans des pays en paix, avec l'Ukrainian Freedom Orchestra (UFO) qui rassemble la fine fleur des musiciens Ukrainiens
  • Le projet a séduit l'Opéra de Varsovie, qui a décidé de co-porter le projet avec le Metropolitan Opera de New-York

VARSOVIE: Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, quand Sviatoslav Yantchuk joue dans sa ville d'Odessa, les sirènes ponctuent ses concerts de points d'orgue impromptus, pendants lesquels musiciens et spectateurs doivent se mettre à l'abri.

Mais tout au long du mois d'août, ce percussionniste de l'Orchestre Philharmonique d'Odessa se produira dans des pays en paix, avec l'Ukrainian Freedom Orchestra (UFO) qui rassemble la fine fleur des musiciens Ukrainiens.

Membres d'ensembles musicaux issus des quatre coins de l'Europe et de l'Ukraine, de l'Opéra National de Bretagne à l'Opéra de Kherson, ils sont réunis le temps d'une tournée et joueront douze dates, au nom de la liberté de l'Ukraine.

Arrimé à Varsovie où s'est joué son concert d'ouverture, l'UFO parcourra l'Angleterre, l'Allemagne, la France, l'Irlande et les Pays-Bas, avant de conclure Outre-Atlantique, à New-York et Washington.

Le projet a été mené tambour battant par Keri-Lynn Wilson, cheffe canadienne passée au pupitre du Bayerische Staat Opera, de l'Orchestre Symphonique de Los Angeles ou du Bolchoï de Moscou, entre beaucoup d'autres.

Keri-Lynn Wilson a grandi à Winnipeg, chef-lieu du Manitoba et de l'immigration ukrainienne du Canada, dont ses grands-parents sont issus.

En séjour à Varsovie au début de la guerre, Mme Wilson a vu les réfugiés ukrainiens arriver en Pologne, et s'est sentie vouée à agir: "Cela a fait naître en moi un rêve: celui de réunir les artistes Ukrainiens en une force artistique, luttant pour leur liberté en tant que nation", déclare-t-elle.

Le projet a séduit l'Opéra de Varsovie, qui a décidé de co-porter le projet avec le Metropolitan Opera de New-York.

Carrières bouleversées 

Dans un russe parsemé de mots ukrainiens, Keri-Lynn Wilson félicite ses musiciens: entre les murs du Grand Théâtre de Varsovie, ils ont ciselé un programme en seulement dix jours, sans jamais avoir joué ensemble par le passé.

Celui-ci comprend le concerto n°2 de Chopin, la Symphonie n°4 de Brahms, et l'aria "Abscheulicher" de l'opéra Fidelio de Beethoven.

En ouverture, et en mémoire aux victimes de la guerre, les musiciens interprètent la septième symphonie de Valentyn Sylvestrov, figure de proue de la composition ukrainienne.

"Et il n'y a pas de musique russe", soulignent plusieurs artistes, dont la guerre a bouleversé la vie et les carrières.

"La Russie a des compositeurs de génie, mais ce qui vient de la culture russe doit être mis en parenthèses pour l'instant", explique ainsi Mark Kreshchenskiy, jeune bassoniste de l'UFO.

Mark Kreshchenskiy et son frère Dmytro, altiste, jouaient pour le très prestigieux Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg depuis huit ans. "Nous avons quitté la Russie dès les premiers jours de l'invasion. Cela a été dur, mais il n'y avait pas d'autre décision à prendre", raconte M. Kreshchenskiy à l'AFP.

Les deux frères ont filé du jour au lendemain, basson et alto en soute, vers l'Estonie voisine.

D'autres membres de l'UFO sont venus d'Ukraine, ayant obtenu une autorisation temporaire de sortie du territoire.

"J'ai pu revoir ma fille de 10 ans, après cinq mois de séparation, puisqu'elle est élève à l'Opéra de Gdansk", dans le nord de la Pologne, raconte ainsi Dmytro Ilin, timbaliste pour l'UFO, et musicien de l'Orchestre philharmonique de Kiev.

Mais à l'issue de la tournée, Dmytro Ilin rentrera à Kiev, à l'instar de son comparse percussionniste Yehven Oulianov: "Mon fils m'y attend (...) il est entré dans son cinquième mois en même temps que la guerre", explique le jeune père.

Front culturel 

A l'instar de beaucoup de leurs collègues, Dmytro Ilin et Yehven Oulianov entendent continuer à exercer leur métier dans leur pays natal à l'issue de la tournée, et ce malgré le conflit.

"Nous avons une guerre à mener sur le front culturel", déclare Nazar Steps, premier contrebassiste de l'UFO.

Habitant Kiev, N. Steps s'attache à jouer le répertoire ukrainien: "Si nous ne faisons pas vivre les oeuvres de compositeurs ukrainiens, personne ne le fera.(...) Je pense aux artistes comme Evgueni Stankovitch, Valentyn Sylvestrov que nous interprétons ici, et à d'autres jeunes compositeurs contemporains", explique-t-il.

Sur les vidéos promotionnelles de l'UFO qu'elle poste sur les réseaux sociaux, Keri-Lynn Wilson présente fièrement ses "Soldats de la musique".

La musique est-elle vraiment une arme? La question fait sourire le percussionniste Dmytro Ilin.

"La musique, depuis notre enfance, on ne sait rien faire d'autre. Il faut bien qu'on agisse d'une façon ou d'une autre", confie-t-il.

"Je pense que Keri-Lynn Wilson a parfaitement choisi le moment pour la tournée, car je sens que l'attention portée à la guerre baisse à l'étranger", ajoute Mark Kreshchenskyi.


PNL revient chanter pour «un jour de paix» à Gaza

Cette photo prise le 28 août 2019 montre une banderole géante représentant les deux frères Ademos et N.O.S (Tarik et Nabil Andrieu) du groupe de rap français PNL (Peace N' Loves), installée sur un immeuble où les deux artistes ont passé une partie de leur adolescence, dans le quartier Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, en banlieue de la capitale française Paris. (Photo Lionel Bonaventure AFP)
Cette photo prise le 28 août 2019 montre une banderole géante représentant les deux frères Ademos et N.O.S (Tarik et Nabil Andrieu) du groupe de rap français PNL (Peace N' Loves), installée sur un immeuble où les deux artistes ont passé une partie de leur adolescence, dans le quartier Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, en banlieue de la capitale française Paris. (Photo Lionel Bonaventure AFP)
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  • «Ce conflit engendre une souffrance extrême qui nous saute au visage et nous ne pouvons détourner les yeux. Impossible, quand ça tourne au génocide», a écrit le groupe sur Instagram
  • «Pour l'amour de la vie/Au nom de l'humanité/Dieu est grand/Un jour de paix», avait écrit PNL sur le réseau social X (ex-Twitter) jeudi soir, dans un message visionné dix millions de fois en vingt-quatre heures

PARIS : Le groupe de rap PNL est sorti de son silence pour plaider en faveur d'«un jour de paix» à Gaza, théâtre du conflit entre Israël et le Hamas depuis deux mois, dans un single mis en ligne vendredi soir.

«J'peux pousser la mélo, j'peux faire que ça», chante le duo composé d'Ademo et son frère N.O.S, dans ce titre disponible depuis vendredi minuit sur les plateformes de streaming, promis à des écoutes par millions.

«Parfois on oublie qu'on est fait de la même chair (...) Paix sur Gaza», poursuivent les deux frères, de leurs vrais noms Tarik et Nabil Andrieu, sur un flow planant.

«Pour l'amour de la vie/Au nom de l'humanité/Dieu est grand/Un jour de paix», avait écrit PNL sur le réseau social X (ex-Twitter) jeudi soir, dans un message visionné dix millions de fois en vingt-quatre heures.

«Ce conflit engendre une souffrance extrême qui nous saute au visage et nous ne pouvons détourner les yeux. Impossible, quand ça tourne au génocide», avait ensuite écrit le groupe sur Instagram.

N.O.S a précisé sur le même réseau que «les fonds seront reversés à des associations venant en aide à la Palestine ou ailleurs, visant à aider des civils opprimés dans le monde entier».

Extrêmement discrets, les deux frères de la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, pratiquent une communication a minima et ne s'expriment pas dans les médias.

Fin octobre, N.O.S avait interpellé le président Macron sur Instagram et dénoncé «l'inaction de la France» face à la situation à Gaza.

La guerre entre Israël et le Hamas, entrée vendredi dans son 63e jour, a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien à partir de la bande de Gaza. Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont alors été tuées.

En représailles, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, classé organisation terroriste notamment par les Etats-Unis, l'UE et Israël. Son armée mène des bombardements dévastateurs sur le territoire palestinien assiégé, parallèlement à une vaste opération terrestre lancée le 27 octobre.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi de 17.487 morts dans les bombardements israéliens, à plus de 70% des femmes et enfants et jeunes de moins de 18 ans.

Les Palestiniens à Gaza vivent dans «l'horreur la plus totale», a dénoncé mercredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, soulignant «un risque accru» que des «crimes d'atrocités» soient commis, qui sont considérés comme les plus graves crimes (génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre).


L'acteur Ryan O'Neal s'éteint à 82 ans

Cette photo prise le 22 juillet 1982 montre l'actrice américaine Farrah Fawcett (à droite) accompagnée de son mari l'acteur Ryan O'Neal (au centre) et de la chanteuse et actrice américaine Liza Minnelli (à gauche) lors d'une soirée au "Manoa" à Monaco. (Photo Ralph Gatti AFP)
Cette photo prise le 22 juillet 1982 montre l'actrice américaine Farrah Fawcett (à droite) accompagnée de son mari l'acteur Ryan O'Neal (au centre) et de la chanteuse et actrice américaine Liza Minnelli (à gauche) lors d'une soirée au "Manoa" à Monaco. (Photo Ralph Gatti AFP)
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  • «C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à dire, mais c'est ainsi. Mon père s'est éteint paisiblement aujourd'hui», a expliqué Patrick O'Neal sur Instagram
  • Ryan O'Neal s'est fait un nom en 1970 avec le film culte «Love Story», une romance dans laquelle il incarne un étudiant en droit d'Harvard qui tombe amoureux d'une jeune fille dont le rôle est interprété par l'actrice Ali MacGraw

LOS ANGELES, États-Unis : L'acteur américain Ryan O'Neal, célèbre pour ses rôles dans les films «Love Story» et «Barry Lyndon» de Stanley Kubrick, est décédé vendredi à l'âge de 82 ans, a annoncé son fils.

«C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à dire, mais c'est ainsi. Mon père s'est éteint paisiblement aujourd'hui», a expliqué Patrick O'Neal sur Instagram.

Ryan O'Neal s'est fait un nom en 1970 avec le film culte «Love Story», une romance dans laquelle il incarne un étudiant en droit d'Harvard qui tombe amoureux d'une jeune fille dont le rôle est interprété par l'actrice Ali MacGraw, forcée de travailler à la bibliothèque pour payer ses études. Le rôle lui a valu une nomination aux Oscars.

Deux ans plus tard, il joue aux côtés de Barbra Streisand dans la comédie loufoque «What's Up, Doc?», film qui remporte un autre succès auprès du public américain et accroît encore sa notoriété.

Il est ensuite recruté par Stanley Kubrick pour son «Barry Lyndon» en 1975, une satire sociale explorant les moeurs du XVIIIe siècle.

«Mon père était aussi généreux qu'on puisse l'être», a ajouté Patrick O'Neal.

«Il aimait faire rire les gens (...) Peu importe la situation, s'il y avait une blague à faire, il la réussissait. Il voulait vraiment que nous riions. Et nous avons tous ri. À chaque fois. Nous nous sommes amusés. Amusés sous le soleil», écrit le fils de l'acteur.

O'Neal s'est marié et a divorcé deux fois avant d'entamer une relation tumultueuse avec la star de «Charlie's Angels» Farrah Fawcett.

Le couple était ensemble depuis près de 20 ans à partir de la fin des années 1970, mais se serait séparé en 1997 après que l'actrice l'ait surpris en flagrant délit avec une autre actrice.

Ils se sont de nouveau réunis en 2001 jusqu'à la mort de Farrah Fawcett à l'âge de 62 ans en 2009 des suites d'un cancer, le même jour que Michael Jackson.

Ryan O'Neal a déclaré au journaliste britannique Piers Morgan que regarder «Love Story» - film dans lequel un enfant riche tombe amoureux d'une jeune fille de la classe ouvrière qui meurt plus tard - était bouleversant pour lui.

«J'ai perdu Farrah à cause d'un cancer, et je me demande simplement pourquoi cela s'est passé ainsi pour moi», a-t-il déclaré.

Après le décès de l'actrice, il avait été au centre d'une querelle concernant un portrait de Farrah Fawcett signé Andy Warhol, réclamé par l'université du Texas. Après une bataille judiciaire, un tribunal de Californie avait reconnu en 2013 qu'il en était bien propriétaire.

L'acteur avait auparavant eu d'autres démêlés avec la justice. En 2009, il avait été condamné à suivre un programme de désintoxication pendant 18 mois, après que la police l'eut interpellé avec son fils Redmond et retrouvé de la méthamphétamine à leur domicile de Malibu.


Saint Nicolas, rival du Père Noël, toujours star en Lorraine

Un fêtard déguisé en saint Nicolas participe à un défilé pour célébrer le jour de la Saint-Nicolas (Mikulas) à Prague, en République tchèque, le 5 décembre 2023. (Photo Michal Cizek AFP)
Un fêtard déguisé en saint Nicolas participe à un défilé pour célébrer le jour de la Saint-Nicolas (Mikulas) à Prague, en République tchèque, le 5 décembre 2023. (Photo Michal Cizek AFP)
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  • Les week-ends précédant et suivant la Saint-Nicolas, le 6 décembre, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de l'est de la France, avec comme point d'orgue le grand défilé nancéien, qui se tient samedi
  • La tradition a traversé les siècles mais aussi les frontières, rappelle M. Thil: Saint Nicolas est d'abord évêque de Myre (dans l'actuelle Turquie) vers l'an 300. D'après la légende, il sauve trois enfants des mains d'un boucher

NANCY, France : Fête moins célébrée dans d'autres régions, la Saint-Nicolas est «plus importante même que Noël» pour certaines familles de Lorraine, et particulièrement à Nancy, où un grand défilé a lieu samedi. La Ville veut l'inscrire au patrimoine de l'Unesco.

«T'inquiètes, je vais lui dire au Père Fouettard que tu as été sage»: une maman réconforte, sur le bord de la route, son enfant en pleurs de peur de ne pas avoir de bonbons au défilé de Metz. Le 2 décembre, plusieurs chars et compagnies d'arts de la rue ont assuré le spectacle, jusqu'à ce que le dernier char, celui de saint Nicolas, n'émerveille des milliers de personnes.

Devant la cathédrale, Josiane et Chantal, deux retraitées messines qui ne souhaitent pas donner leur patronyme, assurent n'avoir jamais manqué cette fête à laquelle «on est très attachées».

«Beaucoup (de Lorrains) disent +c'est plus important même que Noël+», confirme à l'AFP Bertrand Masson, adjoint au maire de Nancy chargé de la culture. «C'est là que l'on offre les cadeaux», quand Noël est plutôt une fête religieuse.

Les week-ends précédant et suivant la Saint-Nicolas, le 6 décembre, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de l'est de la France, avec comme point d'orgue le grand défilé nancéien, qui se tient samedi. Il a réuni plus de 100.000 personnes en 2022.

Pour cet événement, hôtels et restaurants «sont complets des mois à l'avance», assure M. Masson. Depuis 2014, ces festivités durent plusieurs semaines et attirent locaux mais aussi touristes d'Île-de-France, de Belgique ou des Pays-Bas.

- «Saint patron de Lorraine» -

Cette année, plus de 500 artistes de rue et participants, ainsi que 16 compagnies convergent aussi vers Nancy, avec des fidèles, comme la compagnie niçoise «Planète Vapeur», qui prépare un an à l'avance le spectacle de l'édition suivante.

«A l'heure où tout le monde se bagarre pour être la capitale de Noël, on est la capitale de la Saint-Nicolas», revendique l'élu nancéien. La cité de Meurthe-et-Moselle prépare un dossier pour faire reconnaître cette fête au patrimoine immatériel de l'Unesco.

A Nancy, l'héritage est aussi historique. En 1477, lorsque le duc de Lorraine remporte la bataille de Nancy contre Charles le Téméraire, la victoire est «placée sous les auspices de saint Nicolas», retrace M. Masson.

«Saint Nicolas, c'est le saint patron de la Lorraine», rappelle Patrick Thil, adjoint au maire de Metz chargé de la culture et des cultes.

A une dizaine de kilomètres de Nancy, la ville de Saint-Nicolas-de-Port abrite des reliques -trois phalanges- de saint Nicolas. Une messe est y célébrée chaque 6 décembre. Ailleurs, la fête est civile et non religieuse, note M. Thil.

- Popularité -

Cet événement populaire «traverse toutes les catégories sociales, tous les âges», souligne M. Masson. «Il n'y a pas un quartier» qui ne demande pas d'activités pour la Saint-Nicolas. Rien d'autre ne fédère à ce point, selon lui.

Patrick Thil se souvient de sa jeunesse, et du personnage de saint Nicolas qui, arrivé en train gare de Metz, prenait place sur son char et, d'un geste de sa crosse épiscopale, éclairait la ville.

Jusqu'au début du XXe siècle, les habitants plaçaient un verre d'eau pour saint Nicolas et du foin pour son âne le 5 décembre au soir, avant de se voir gâtés d'oranges, mandarines ou bonbons le lendemain.

La tradition a traversé les siècles mais aussi les frontières, rappelle M. Thil: Saint Nicolas est d'abord évêque de Myre (dans l'actuelle Turquie) vers l'an 300. D'après la légende, il sauve trois enfants des mains d'un boucher, le futur Père Fouettard, qui s'apprête à les transformer en petit salé.

Son culte prospère d'abord dans le culte orthodoxe, en Grèce, dans l'est de l'Europe ou en Russie.

Il est ensuite célébré par les protestants, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, avant de traverser l'Atlantique où il deviendra «Santa Claus» et fusionnera avec le personnage du Père Noël.

A Rome, une église, Saint-Nicolas-des-Lorrains, fait converger chaque année des Français qui vont y célébrer Saint-Nicolas.

C'est peut-être en présentant «un dossier transnational, rassemblant toutes les villes qui célèbrent la Saint-Nicolas» que la fête pourra être inscrite à l'Unesco, selon M. Masson.