Vers une inauguration imminente du projet de la route transsaharienne?

La route transsaharienne (RTS), toujours inachevée dans ses parties malienne et tchadienne, doit traverser l’Algérie (3 400 km), la Tunisie (900 km), le Mali (1 974 km), le Niger (1 635 km), le Tchad (900 km) et le Nigeria (1 131 km). (Photo : Wikipédia)
La route transsaharienne (RTS), toujours inachevée dans ses parties malienne et tchadienne, doit traverser l’Algérie (3 400 km), la Tunisie (900 km), le Mali (1 974 km), le Niger (1 635 km), le Tchad (900 km) et le Nigeria (1 131 km). (Photo : Wikipédia)
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Publié le Mardi 02 août 2022

Vers une inauguration imminente du projet de la route transsaharienne?

  • «J'ai donné plus de quarante ans de ma vie à ce projet, et je suis fier de tout ce qui a été fait jusqu'ici»
  • «La route transsaharienne est mûre pour la concrétisation des objectifs de ce projet, soit l’accélération, le renforcement et la consolidation des échanges commerciaux entre les pays membres pour une plus grande intégration régionale»

ALGER: Le 28 juin dernier, l’Algérie a accueilli les travaux de la 73e session ministérielle du Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT). Cette réunion a regroupé les ministres des pays concernés par cette route stratégique, soit la Tunisie, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Tchad ainsi que des institutions financières nationales et internationales.  

Conçu, à ses débuts, comme un mégaprojet avec pour objectif de relier les pays du continent noir, et matérialiser l'idéal de la coopération, la route de l'Union africaine rebaptisée «route transsaharienne» approche désormais les cinq décennies de son existence. «J'ai donné plus de quarante ans de ma vie à ce projet, et je suis fier de tout ce qui a été fait jusqu'ici», déclare Mohamed Ayadi, secrétaire général du CLRT. Un projet toujours inachevé n'est-il pas, tout bien considéré, une utopie politique? Absolument pas, selon M. Ayadi. 

La route transsaharienne (RTS), toujours inachevée dans ses parties malienne et tchadienne, doit traverser l’Algérie (3 400 km), la Tunisie (900 km), le Mali (1 974 km), le Niger (1 635 km), le Tchad (900 km) et le Nigeria (1 131 km). Elle relie déjà deux capitales maghrébines, Alger et Tunis, et elle doit relier à terme quatre capitales subsahariennes: Bamako, Niamey, N’Djamena et Lagos. 

Les travaux de la RTS, commencés en 1975, «ont souvent été freinés, du fait de plusieurs facteurs», admet Mohamed Ayadi en précisant qu'il s'agit notamment du «manque de moyens financiers». Le Fonds koweïtien pour le développement économique a accordé en mars 2012 un prêt de 5 milliards de francs CFA au Niger (1 franc CFA = 0,0015 euro) pour l’aménagement et le bitumage de l’axe reliant la ville d’Arlit à Assamaka, à la frontière avec l’Algérie. Ces travaux sont désormais achevés. 

M. Ayadi confie que le retard est dû également «aux effets de l’instabilité politique» dans certains pays du Sahel, en particulier la guerre au Mali, et les menaces des groupes terroristes dans le Grand Sahara.  

Il préfère attirer l'attention sur «ce qui a été réalisé» plutôt que d'évoquer les retards «qui sont la conséquence objective d'une réalité politique et d'une situation économique difficile». En effet, «la RTS est déjà là» pour Mohamed Ayadi qui cite l'exemple de la Tunisie et du Nigeria qui ont achevé leurs portions, ainsi que l’Algérie, alors que le Mali, le Niger et le Tchad ont recours à des institutions financières internationales dans l'espoir d'achever ce qui reste du projet. 

Mégaprojet, pour quelles retombées économiques? 

M. Ayadi est optimiste quant aux retombées économiques de ce mégaprojet qui «vient accompagner la volonté des États d’augmenter le volume des échanges intra-africains, qui demeure faible (3 %), au moment où l’accord concernant la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est entré en vigueur et où l’Algérie, soucieuse de changer de modèle dans son approche du développement économique, donne les signaux d’une plus grande ouverture vers le continent», souligne-t-il. 

Le secrétaire général du CLRT indique qu’en tant qu'infrastructure économique, «la RTS est mûre pour la concrétisation des objectifs de ce projet, soit l’accélération, le renforcement et la consolidation des échanges commerciaux entre les pays membres pour une plus grande intégration régionale». Mohamed Ayadi précise également que le taux d’avancement est de plus de 90 %, et il explique que les 6 pays membres représentent 27 % du produit intérieur brut (PIB) du continent et 25 % de sa population. Voilà ce qui doit être mis en avant selon lui, qui rappelle que la RTS «avait été initialement conçue pour renforcer les échanges économiques entre les pays du Maghreb et du Sahel». 

Qu’en est-il de la rentabilité économique et l'impact social de ce mégaprojet africain? M. Ayadi souligne la nécessité pour les pays membres de «prendre des mesures incluant l’établissement d’un accord stratégique définissant un mécanisme de collaboration et un système de gestion durable pour atteindre l'objectif de la coopération à l’échelle régionale». Il estime à cet effet que si la RTS n'est pas la variable déterminante pour l’amélioration de la situation économique, «elle est néanmoins le facteur pouvant dynamiser les opérateurs économiques et augmenter significativement le niveau des échanges commerciaux». 

La RTS: le nerf de l'économie interafricaine 

Évoquant l'impérieuse nécessité de «la création d'une instance de promotion des échanges commerciaux entre les pays membres», Mohamed Ayadi, précise que «cette ambition est conforme aux objectifs de l’Union africaine et aux stratégies de soutien des partenaires internationaux pour le développement social et économique du continent». 

Considérant la RTS comme un nerf stratégique, le secrétaire général du CLRT estime que les approches économiques en matière de gestion des infrastructures routières et de transport en général mettent en avant le système dit de «corridors de commerce et transport». 

«D’un point de vue économique, la fonction d’un corridor est de promouvoir le commerce intérieur et extérieur en fournissant des services de transport et de logistique plus efficaces, et de soutenir la connectivité et le développement économique le long des voies», explique M. Ayadi et d'ajouter: «Ces corridors permettent aux régions et aux pays membres d’offrir des systèmes et des services de transport de grande capacité qui réduisent le temps de transport, ainsi que les coûts commerciaux et de transport en créant des économies d’échelle.»  

«Une étude de faisabilité montrait que les opérateurs du nord du Niger et du nord du Mali, qui feraient passer leurs marchandises par la RTS depuis les ports méditerranéens plutôt que par le golfe de Guinée, feraient l’économie de onze jours», indique-t-il. Pour lui, les corridors régionaux sont particulièrement importants pour les pays enclavés, pour lesquels ils représentent des opportunités économiques, fournissant souvent les seules voies terrestres vers les ports d’entrée et vers les marchés régionaux et internationaux. 

Ensemble, le Nigeria et l’Algérie représentent 77 % de la population totale et 88 % du PIB total des pays du corridor RTS. 

Mohamed Ayadi souligne que «tout projet visant à faire évoluer les corridors routiers de la RTS vers un corridor économique et à moderniser les postes frontaliers devrait se concentrer sur le commerce et l’intégration adéquate de la population locale bénéficiant des activités connexes dans le développement économique régional prépondérant». C'est le propre de la RTS qui pourrait dans l'avenir constituer «la route de la soie du continent», espère le secrétaire général du CLRT. 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com