Les écrits de Mélenchon sur Taïwan confirment les désaccords diplomatiques de la Nupes

Jean-Luc Melenchon, chef de la coalition de gauche française Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon, chef de la coalition de gauche française Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 août 2022

Les écrits de Mélenchon sur Taïwan confirment les désaccords diplomatiques de la Nupes

  • La visite officielle de Nancy Pelosi à Taïwan se voulait une bravade
  • Remercié par l'ambassade de Chine, Mélenchon s'est attiré les foudres d'écologistes et socialistes membres de la Nupes

PARIS: Les écrits de Jean-Luc Mélenchon à Taïwan et la visite de Nancy Pelosi sur l'île remettent sur le devant de la scène les divergences de vue des membres de la gauche unie sous la bannière Nupes.

En pleines tensions entre Pékin et Taipei, le leader de LFI a considéré dans deux billets de blog successifs, jeudi et samedi, que la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis constituait "une provocation", alors qu'"il n'y a qu'une seule Chine", qui "siège parmi les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU", et que "Taïwan est une composante à part entière de la Chine" - un vocable défendu par le régime de Pékin, mais refusé par les autorités de Taipei.

Une prise de position en ligne avec la "doctrine constante" d'"une seule Chine" suivie par la France depuis le général de Gaulle en 1964, et la nécessité d'éviter "un nouveau front de guerre", fait-il valoir, soutenu par ses troupes au sein de LFI.

Remercié sur Twitter par l'ambassade de Chine, l'ex-candidat à la présidentielle s'est attiré les foudres d'écologistes et socialistes membres de la Nupes, tandis que les communistes utilisaient de leur côté un vocabulaire similaire au sien.

"La visite officielle de Nancy Pelosi à Taïwan se voulait une bravade ; elle s'avère une provocation inconséquente dans une situation mondiale déjà particulièrement dangereuse", a tweeté vendredi le secteur International-Europe du PCF.

Mais chez les écologistes d'EELV, le secrétaire national Julien Bayou dénonce "un vrai cynisme" de Jean-Luc Mélenchon, dont la "vision" en matière de géopolitique apparaît "assez datée".

Quant au patron du PS Olivier Faure, il juge que si "l'opportunité de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des Taïwanais de vivre en démocratie ne l'est pas".

En écrivant que "+les Chinois régleront le problème entre eux +", Jean-Luc Mélenchon "laisse ainsi ouverte la porte de l’annexion", déplore Olivier Faure dans un entretien au Journal du Dimanche, en soulignant "la singularité des socialistes" : "ne faire aucune exception dès lors qu'il s'agit de défendre la démocratie et les droits humains".

«Épouser la cause des tyrans»

L'épisode confirme que, unis en juillet et août lors des votes au Parlement sur les mesures de pouvoir d'achat, les membres de la Nupes ne le sont pas sur les dossiers diplomatiques, comme ils l'avaient d'ailleurs acté dans l'accord scellant leur alliance en mai avant les élections législatives de juin.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février avait déjà souligné les différences de vues, entre des écologistes réclamant des livraisons d'armes aux Ukrainiens ou des Insoumis défendant un "non-alignement" sur la Russie ou les États-Unis.

Mardi, les dissensions se sont traduites dans le vote de l'Assemblée nationale pour la ratification des protocoles d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan dans le contexte de guerre en Ukraine : les députés PS et écologistes ont voté pour, les députés LFI contre.

Des "visions du monde opposées", constate le député européen PS/Place publique Raphaël Glucksmann, qui fustige celle incarnée par Jean-Luc Mélenchon, dont "l'antiaméricanisme" est "érigé en boussole" et "conduit à épouser la cause des tyrans".

Débat «salutaire»

La sortie du leader Insoumis s'avère en outre être du pain bénit pour les socialistes dissidents qui avaient refusé de voir le PS s'allier à LFI dans la Nupes.

La Nupes est "une alliance d'opportunisme sans ligne!", pointe du doigt le maire PS du Mans Stéphane Le Foll, jugeant "salutaire" le "débat" ouvert par Jean-Luc Mélenchon, car c'est l'occasion pour la gauche de "rester internationaliste, européenne, et surtout pas non-alignée" comme LFI le prône.

Dans la majorité présidentielle, l'eurodéputée LREM/Renaissance Nathalie Loiseau dénonce les prises de position "scandaleuses" de Jean-Luc Mélenchon. "La politique d'une seule Chine, c'est celle de tous, personne ne la conteste", mais "ce n'est pas, mais alors pas du tout, ce que votre leader a écrit", a-t-elle lancé sur Twitter à Manuel Bompard, bras droit de M. Mélenchon.

La France a confirmé jeudi par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna qu'elle "s'en tient à sa politique d'une seule Chine", tout en soulignant que "la visite du président ou de la présidente de la Chambre des représentants américains n'est pas sans précédent" à Taïwan, et qu'"en tout état de cause", elle "ne doit pas servir de prétexte à la Chine pour des mesures d'escalade qui accroîtraient la tension".


La Grande mosquée de Paris réclame une «meilleure protection» des lieux de culte

Un manifestant lève le poing lors d'un rassemblement appelé par le groupe d'ultra-droite français "Les Natifs" place du Panthéon à Paris le 1er décembre 2023, pour rendre hommage à Thomas, un adolescent décédé le 19 novembre 2023 à Crépol après avoir été blessé à l'arme blanche lors d'un bal dans ce petit village de la Drôme. (Photo Geoffroy Van Der HASSELT  AFP)
Un manifestant lève le poing lors d'un rassemblement appelé par le groupe d'ultra-droite français "Les Natifs" place du Panthéon à Paris le 1er décembre 2023, pour rendre hommage à Thomas, un adolescent décédé le 19 novembre 2023 à Crépol après avoir été blessé à l'arme blanche lors d'un bal dans ce petit village de la Drôme. (Photo Geoffroy Van Der HASSELT AFP)
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  • Vendredi soir, un rassemblement à l'appel d'un groupuscule de l'ultradroite (Les Natifs) en hommage au jeune Thomas tué lors d'une fête de village dans la Drôme a réuni environ 200 personnes place du Panthéon à Paris
  • «Les musulmans de France vivent avec l’angoisse d’être pris pour cibles», alerte encore Chems-eddine Hafiz, dénonçant les «agissements de groupuscules néonazis»

PARIS : La Grande mosquée de Paris a appelé samedi à un «sursaut républicain» pour «déjouer les dérives extrémistes», après des rassemblements d'ultradroite et des tags sur des mosquées, réclamant notamment une «meilleure protection» des lieux de culte musulmans.

Son recteur Chems-eddine Hafiz a exprimé, dans un communiqué, «son extrême préoccupation, au lendemain d’un rassemblement à Paris, très clairement hostile à notre République».

«Des saluts nazis ont été effectués devant le Panthéon (...) Des écoles publiques proches des lieux ont dû être fermées par peur d'attaques. Ce rassemblement est une nouvelle et grave concrétisation des discours de haine qui se propagent par l’intermédiaire de certains médias et de certaines personnalités politiques», accuse-t-il.

Vendredi soir, un rassemblement à l'appel d'un groupuscule de l'ultradroite (Les Natifs) en hommage au jeune Thomas tué lors d'une fête de village dans la Drôme a réuni environ 200 personnes place du Panthéon à Paris, où il a pu se tenir après la suspension par la justice de l'arrêté préfectoral d'interdiction.

«Des croix gammées sont taguées dans nos rues, des lieux de culte sont dégradés et nos concitoyens courent le risque d’être agressés en raison de leurs appartenances réelles ou supposées à une religion. (...) Les musulmans de France vivent avec l’angoisse d’être pris pour cibles», alerte encore Chems-eddine Hafiz, dénonçant les «agissements de groupuscules néonazis».

La Grande mosquée réclame plusieurs mesures, dont «une meilleure protection des lieux de culte musulman et des établissements culturels ou scolaires liés», après des tags constatés à Cherbourg, Valence, Nantes et Millau.

L'institution demande aussi une «meilleure prise en compte des plaintes (...) pour faits de haine et de racisme», qui ne sont selon le recteur «pas toujours considérées comme sérieuses», une «tolérance zéro à l'égard des discours de haine diffusés (...) par les adeptes d’une guerre civile en France», et une lutte «intense» contre ces groupes «animés par la haine de l'autre, en particulier des musulmans et des juifs».


Attaque mortelle près de la Tour Eiffel: Le parquet antiterroriste saisi, l'assaillant en garde à vue

La police judiciaire intervient sur les lieux d'une agression au couteau à Paris le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
La police judiciaire intervient sur les lieux d'une agression au couteau à Paris le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Un Allemand a été tué et deux personnes ont été blessées samedi soir à Paris dans une attaque au couteau et au marteau près de la tour Eiffel
  • L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français né en 1997 de parents iraniens, a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue

PARIS: Un Allemand a été tué et deux autres personnes ont été blessées samedi soir dans une agression au couteau et au marteau près de la tour Eiffel à Paris, où le parquet antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'enquête sur l'attaque perpétrée par un Français, connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques.

L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français né en 1997 de parents iraniens, a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue.

Il s'est attaqué à coups de couteau à un homme de nationalité allemande né en 1999 et s'en est pris à deux autres personnes à coups de marteau, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine.

Le Pnat a indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques, l'agresseur a crié "Allah Akbar" au moment des faits, selon une source policière.

Il aurait dit aux policiers l'ayant interpellé qu'il "ne pouvait plus supporter que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine" et aurait aussi déclaré qu'il "en voulait" pour "ce qui se passait à Gaza" et que la France serait "complice de ce que faisait Israël" là-bas, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'un point presse sur place.

Les enquêteurs vont se pencher sur le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire à l'AFP. "Est-ce qu'il était suivi médicalement comme il aurait dû l'être et comme il l'a été un temps, c'est une question qui se posera?", a dit une source policière à l'AFP.

Cet homme avait déjà été interpellé en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense, à l'ouest de Paris. Il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement et était sorti après quatre ans de détention, selon cette source.

Armand Rajabpour-Miyandoab, qui vivait chez ses parents en Essonne selon Gérald Darmanin, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de revendication de son attaque, ont confirmé à l'AFP des sources policières et sécuritaires.

Dans la vidéo, l'assaillant évoque "l'actualité, le gouvernement, le meurtre de musulmans innocents", a détaillé la source sécuritaire.

A ce stade, les enquêteurs ne savent pas quand elle a été tournée, mais elle a été postée en ligne "concomitamment" au passage à l'acte, selon cette source.

La victime décédée est un touriste allemand, selon Gérald Darmanin.

"L'attaque s'est passée peu après 21H00 entre le quai de Grenelle et Bir Hakeim, l'assaillant s'en est pris à un couple de touristes", a rapporté le ministre de l'Intérieur. "L'homme est décédé sous les coups de couteau" et l'attaquant "s'en est pris à la femme de ce touriste allemand" mais elle a eu la vie sauve "grâce à un chauffeur de taxi qui a vu la scène".

L'assaillant a alors traversé le pont. Poursuivi par les policiers, il a manifestement agressé deux autres personnes dont la vie n'est pas en danger: une personne serait blessée d'un coup de marteau au niveau de l'oeil et une autre serait particulièrement "choquée", selon le récit de Gérald Darmanin.

Les deux blessés sont un Français, âgé d'une soixantaine d'années, et un touriste étranger, a-t-il précisé. La nationalité de ce dernier n'a pas été précisée à ce stade.


«Ras-le-bol !»: Grève nationale des livreurs Uber, qui réclament une meilleure rémunération

Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris  (Photo, AFP).
Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris (Photo, AFP).
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  • Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris
  • «Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser»

PARIS: "C'est quoi la prochaine étape, bientôt il faudra payer pour livrer ?" Les chauffeurs Uber ont manifesté samedi à travers la France, pour réclamer une meilleure rémunération après un changement dans l'algorithme du groupe qu'ils estiment désavantageux.

Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris, chasubles de syndicat sur le dos et pour certains vélo à la main.

"Je suis là pour dénoncer cette nouvelle tarification qui a été faite de manière totalement unilatérale par Uber", a expliqué à l'AFP Adrien, livreur de 37 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. Deliveroo et Stuart, "c'est le même délire", a-t-il aussi critiqué.

Depuis le 10 octobre, un nouveau système a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, pour "valoriser le temps passé à réaliser la course", a justifié la plateforme.

Généralisée depuis le 1er novembre, cette nouvelle tarification "peut faire varier certaines courses à la hausse et d'autres à la baisse, mais ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course", avait assuré vendredi à l'AFP Uber Eats, qui dit avoir même noté "une légère augmentation du revenu moyen par course de 1,4%" dans les villes pilotes.

Mais des livreurs évoquent une autre réalité: "J'ai constaté que les courses à un ou deux kilomètres sont payées 2,85 euros sur Uber, alors qu'avant elles étaient à 3,30 euros", a affirmé Adrien, qui utilise Uber depuis 2020 et récemment aussi Deliveroo. "Il y en a ras-le-bol !"

"Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser. Ça sera quoi la prochaine étape? 0,50 euro la course? Devoir payer pour livrer?", proteste celui qui a l'impression d'être la "variable d'ajustement" du système.

«Pas rentable»

L'appel à la grève a été lancé par Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces. Des rassemblements de livreurs grévistes sont prévus samedi et dimanche, notamment à Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille et Armentières, dans le nord de la France.

Des mouvements de protestation de livreurs indépendants, qui sont en France quelque 65.000 à passer par Uber Eats, avaient déjà eu lieu en novembre.

A Bordeaux, une vingtaine de livreurs, accompagnés d’une dizaine de militants de la CGT et du porte-parole du NPA Philippe Poutou, se sont eux aussi réunis place de la Victoire en fin de matinée pour réclamer l’amélioration de leur rémunération et de leurs conditions de travail.

"Ce n'est pas un travail rentable. Tu vas sacrifier toute ta journée pour avoir 50 euros", a dénoncé auprès de l'AFP Ousmane Doumbia, coursier Uber Eats de 22 ans. Les "courses de 2 km pour 3 euros, qui en réalité sont plus longues", si "tu les fais en moto, si tu comptes l'essence, l'Urssaf, l'entretien de la moto, à la fin tu n'as rien".

"D'après nos estimations, le nouveau système entraîne une baisse (de rémunération) de 10 à 40%", a assuré Lilian Pouill, livreur de 22 ans venu manifester à Paris. Résultat: "Je travaille plus pour compenser la perte."

«Esclavage moderne»

Selon la députée LFI Danièle Simonet, présente au rassemblement parisien, les plateformes utilisent leur promesse de rémunérer au minimum horaire de 11,75 euros pour "faire baisser le prix des courses" pour les livreurs, ces "tâcherons du XXIe siècle".

"C'est 11,75 euros de l'heure effective de course", sans compter le temps d'attente, a-t-elle dit à l'AFP. Donc "vous cumulez des courses pendant une heure pour qu'elles soient rémunérées au total à 11,75 euros, ça veut dire que vous faites fortement chuter le prix de chaque course individuelle."

"Ça crée une situation d'esclavage moderne", a protesté David Belliard, élu à la mairie de Paris, ville où les "livraisons de repas ont explosé ces dernières années". M. Belliard demande à ces plateformes, qui "exploitent ces gens", de requalifier leurs contrats en salariat. Il regrette que ce système de rémunération pousse les livreurs "à prendre évidemment des risques inconsidérés pour eux et ceux qui sont autour".

"La plupart d'entre nous veulent rester indépendants", a affirmé Adrien, mais "avec  un minimum de protection et surtout, une meilleure rémunération!"