J-2 du scrutin: Trump dans cinq Etats clefs, Biden en Pennsylvanie

Joe Biden et Donald Trump ont accentué samedi leurs efforts de campagne dans le Michigan et en Pennsylvanie (Photo, AFP)
Joe Biden et Donald Trump ont accentué samedi leurs efforts de campagne dans le Michigan et en Pennsylvanie (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

J-2 du scrutin: Trump dans cinq Etats clefs, Biden en Pennsylvanie

  • « C'est l'Etat qui va sauver le rêve américain », a martelé Donald Trump
  • « Tout est en jeu mardi », a assuré M. Obama muni d'un masque « VOTE »

WASHINGTON : Donald Trump va connaître une journée dantesque dimanche avec cinq meetings dans autant d'Etats clefs, tandis que son adversaire Joe Biden concentre sa toute fin de campagne sur la Pennsylvanie, également cruciale, à deux jours de l'élection américaine du 3 novembre.

A 74 ans et après des centaines de réunions de campagne, le président républicain ne montre aucun signe de fatigue, bien au contraire, et se prépare à plus de 3.500 km de voyage au total ce dimanche (Michigan, Iowa, Caroline du Nord, Géorgie, Floride). Lundi, il aura également cinq meetings, dans quatre Etats.

« Quatre ans de plus, quatre ans de plus », ont scandé samedi, tour à tour, les partisans de M. Trump réunis dans quatre villes de Pennsylvanie. L'ancien promoteur immobilier avait remporté cet ancien bastion industriel, susceptible de décider du sort de l'élection, sur le fil en 2016 face à Hillary Clinton.

Au même moment, le premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama, haranguait les militants du démocrate Joe Biden réunis en « drive-in » dans l'Etat du Michigan, lui aussi essentiel pour le scrutin du 3 novembre.

« Tout est en jeu mardi », a assuré M. Obama muni d'un masque « VOTE », fustigeant la gestion par son successeur du Covid-19, dans le pays le plus meurtri par la pandémie.

Devant ses partisans, dont très peu portent des masques, le milliardaire républicain se plaît, lui, à minimiser la gravité du Covid-19, dont il a lui-même été infecté.

Sous une administration Biden, « vous serez prisonnier dans votre propre pays », a prédit samedi Donald Trump. Dont 18 meetings, selon les estimations d'économistes de l'université de Stanford publiées jeudi, ont entraîné plus de 30.000 cas de coronavirus et plus de 700 décès (pas forcément parmi les participants), sur la base d'une modélisation statistique.

Le nombre d'infections dans le pays continue de rester très élevé, avec 77.000 nouveaux cas au cours des dernières 24 heures, au lendemain d'un record national (94.000), selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts (230.320) que de cas (9.111.013).

A l'opposé de son adversaire, Joe Biden respecte scrupuleusement les gestes barrières et mesures de précaution, au point d'être accusé par l'équipe Trump, qui relaie des interrogations sur sa forme physique et mentale, de se « cacher dans son sous-sol ».

Vote noir

Comme pour répondre à ces accusations, Joe Biden est arrivé sur son estrade de campagne à Flint au pas de course, muni de ses fameuses lunettes de soleil Aviator, sur les notes nerveuses de « Sir Duke », de Stevie Wonder. « Il est temps que Donald Trump fasse ses valises et rentre chez lui », a lancé le démocrate.

La question est de savoir si davantage d'électeurs noirs du Michigan qu'en 2016 voteront. Il y a quatre ans, leur faible nombre avait fait basculer cet Etat dans l'escarcelle de Donald Trump, pour moins de 11.000 voix.

Le duo Biden-Obama a pris ensuite la direction de Detroit, coeur historique de l'industrie automobile américaine et l'une des grandes villes les plus pauvres des Etats-Unis, où près de 80% de la population est afro-américaine. 

Cette année, l'ancien vice-président mène de sept points d'avance dans les plus récents sondages.  

Sa colistière Kamala Harris était en Floride, pour pousser les électeurs à se rendre aux urnes de façon anticipée dans un des Etats où Joe Biden apparaît en mesure de disputer la victoire au républicain.

L'équipe de campagne de Joe Biden a annoncé qu'il s'adresserait « à la nation » le soir de l'élection, ce qu'Hillary Clinton n'avait pas fait lors de sa défaite, il y a 4 ans.

En face, la Première dame des Etats-Unis, Melania Trump, a fait campagne de son côté samedi dans le Wisconsin et le vice-président républicain Mike Pence en Caroline du Nord, où les deux candidats sont au coude-à-coude.

« Pagaille »

Comme Donald Trump et Joe Biden, plus de 90 millions d'Américains ont déjà voté à la présidentielle, sur les plus de 230 millions d'électeurs américains. 

Signe de la tension qui règne dans tout le pays à l'approche du scrutin, des commerces de plusieurs villes américaines, dont New York et la capitale Washington, se barricadaient par crainte de manifestations qui dégénèreraient.

En cas de course serrée et de résultats retardés, certains craignent que des partisans des deux candidats ne sortent dans la rue pour réclamer l'abandon de l'adversaire.

« Il va y avoir de la pagaille dans notre pays », a prédit Donald Trump samedi. Et le président n'a pas rassuré en refusant à plusieurs reprises de dire clairement s'il céderait pacifiquement le pouvoir en cas de défaite le 3 novembre.

CNN a néanmoins révélé samedi que plusieurs responsables de la Maison Blanche collaboraient bien depuis des mois, comme le veut la tradition, avec l'équipe Biden pour préparer une éventuelle passation de pouvoirs.


L’Iran minimise l’impact de l’attaque israélienne, la communauté internationale appelle à la retenue

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace
  • Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien

TEHERAN, La communauté internationale appelle à la retenue après une attaque de représailles contre l'Iran attribuée à Israël, dans un contexte d'escalade au Moyen-Orient depuis la guerre dévastatrice à Gaza où les frappes se poursuivent samedi.

Après une journée de haute tension vendredi dans la région, les frappes aériennes continuent dans différents secteurs de la bande de Gaza.

En Irak, un "bombardement", dont l'origine demeure inconnue, a fait des victimes sur une base abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran de la coalition Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité, le tout dans un contexte régional déjà explosif.

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. Mais les autorités iraniennes ont minimisé l'impact des explosions et n'ont pas accusé directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.

Des médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, ont affirmé qu'il s'agissait d'une opération israélienne menée en riposte à une attaque iranienne inédite aux drones et aux missiles contre Israël le 13 avril. Israël a juré de faire payer à l'Iran, son ennemi juré, le prix de son attaque.

Un haut responsable auprès du Congrès américain qui n'a pas souhaité être nommé a confirmé une attaque israélienne en Iran.

Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace. Il n'y a "eu, jusqu'à présent, aucune attaque aérienne depuis l'extérieur des frontières contre Ispahan ou d'autres régions du pays", a-t-il ajouté.

Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien.

De son côté, le Washington Post, citant un responsable israélien ayant requis l'anonymat, a affirmé que l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur de son territoire.

Pour sa part, l'armée israélienne a refusé de commenter ces événements en Iran.

Désescalade

Les Etats-Unis "n'ont pas été impliqués dans une opération offensive" a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, soulignant que "l'objectif" de son pays et des autres membres du G7, réunis à Capri, en Italie, était "la désescalade".

La Maison Blanche n'a pas commenté ces événements sinon pour dire que le président Biden était informé en "temps réel" par ses conseillers à la sécurité nationale et que Washington ne veut pas "d'une guerre étendue avec l'Iran".

Signe de l'inquiétude croissante, l'ambassade américaine en Israël a néanmoins ordonné à ses employés de limiter leurs déplacements dans le pays. Et l'ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs "précautions".

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait état de contacts avec l'Iran et Israël. "Nous avons dit aux Israéliens que l'Iran ne veut pas d'escalade", a-t-il précisé.

"Il est grand temps d'arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient", a dit le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, cité par son porte-parole.

 Contre-attaque calibrée

Pour Sanam Vakil, expert à Chatham House, "la contre-attaque d'Israël contre l'Iran (...) a été calibrée pour éviter des dommages et une nouvelle agression iranienne".

"Tant que l'Iran continue de nier l'attaque et d'en détourner l'attention et qu'aucune autre attaque n'est constatée, les deux parties ont pour l'instant la possibilité de faire baisser l'escalade", a-t-il fait valoir.

Lors de la première attaque directe jamais menée par l'Iran contre le territoire israélien le 13 avril, Israël a affirmé avoir intercepté avec ses alliés, principalement les Etats-Unis, la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens.

L'Iran a dit avoir agi en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Gaza, Turquie, Washington

Les tensions entre Israël et l'Iran se déploient dans le contexte de la guerre en cours depuis plus de six mois dans la bande de Gaza et qui a fait 34.012 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Israël a lancé une vaste offensive à Gaza après une attaque sur son territoire le 7 octobre par des commandos du Hamas, soutenu par l'Iran, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles à l'attaque du 7 octobre, Israël a dit vouloir anéantir le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et Israël

Outre le lourd bilan humain et les destructions, les quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU qui exhorte à l'entrée de plus d'aide humanitaire dans ce petit territoire.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh est arrivé vendredi soir en Turquie et doit être reçu par le président Recep Tayyip Erdogan au moment où le Qatar dit vouloir "réévaluer" son rôle de médiateur dans le conflit à Gaza.

Le Qatar, qui piétine dans la négociation d'une trêve entre le Hamas et Israël, menace de se retirer sous les critiques israéliennes et de certains démocrates américains. Or la Turquie, qui a des relations avec Israël et le Hamas, pourrait en profiter pour tenter de reprendre la médiation.

A Washington, la Chambre américaine des représentants va voter samedi sur un grand plan d'aide pour l'Ukraine, Taïwan et Israël, avec notamment 13 milliards de dollars d'assistance militaire à cet allié en guerre avec le Hamas.

 


Turquie: une "flotille de la liberté" pour Gaza prête à appareiller

Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
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  • Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.
  • "Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

TURQUIE : Une "flottille de la liberté" est prête à appareiller pour Gaza depuis le port turc de Tuzla (ouest) afin de forcer le blocus et d'apporter de l'aide à la population de l'enclave palestinienne.

Au moins trois bâtiments transportant 5.000 tonnes de vivres, d'eau potable et d'aide médicale attendent le feu vert des autorités turques pour lever l'ancre depuis ce port sur la mer de Marmara, au sud d'Istanbul, si possible la semaine prochaine, ont indiqué les organisateurs vendredi.

Quelque 280 militants, défendeurs des droits, avocats et médecins sont prêts à prendre place à bord, venus de plus d'une trentaine de pays dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Allemagne, l'Espagne ou la Malaisie.

Devant la presse, ils ont réclamé la garantie de leur libre passage et un cessez-le-feu immédiat dans le territoire de Gaza soumis au blocus et aux bombardements israéliens depuis le 7 octobre.

Ann Wright, militante pacifiste et ancienne colonelle de l'armée américaine, qui a précisé avoir "démissionné en 2003 pour protester contre la guerre en Irak", a mis les autorités israéliennes en garde: "Toute tentative d'arraisonner ou d'attaquer nos bateaux sera illégale", a-t-elle prévenu.

Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.
Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.

"Nous représentons la société civile qui réclame la paix et la justice. Nous demandons au monde de garantir notre sécurité afin de livrer (les biens) de première nécessité à nos frères et sœurs de Gaza", a ajouté Mme Wright.

"Comme vous le savez, cette flottille n'est pas la première", a-t-elle glissé en référence à une précédente expédition restée célèbre, car source de grandes tensions entre Israël et la Turquie.

- Le précédent de 2010 -

En 2010, une "flottille de la liberté" forte de huit cargos et transportant près de 700 passagers, de l'aide humanitaire et des matériaux de construction, avait pris la mer au départ d'Antalya (sud) pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza et ravitailler la population.

Neuf jours après son départ, le 31 mai, une opération militaire israélienne et l'abordage d'un de ses bâtiments, le Mavi Marmara, avaient fait dix morts et 28 blessés parmi les militants et dix blessés côté israélien.

Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.

"Ce que le peuple palestinien endure actuellement est inimaginable", a insisté Mme Wright. "Le siège de Gaza est illégal, c'est une forme de châtiment collectif qui constitue un crime de guerre".

"Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

"Mais de la même façon que le siège de Gaza est illégal, toute tentative d'Israël de nous attaquer ou tenter d'intercepter nos navires sera contraire au droit", a-t-elle insisté.

La gynécologue obstétricienne malaisienne Fauziah Mohd Hasan a remarqué que, pendant que l'escalade des tensions se poursuit entre l'Iran et Israël, "les tueries continuent à Gaza".

"Nous ne pouvons pas laisser Israël distraire le monde sur ce qui cause de plus en plus de morts, de maladies et de destructions à Gaza", a plaidé le Dr Hasan, en évoquant les "plus de 50.000 femmes enceintes" dans l'enclave bouclée.

"Nous savons que des femmes subissent des césariennes sans anesthésie, qu'elles donnent naissance à des bébés prématurés et trop petits, qu'elles ne peuvent allaiter en raison du stress", avance aussi la Malaisienne.

La Turquie est l'un des principaux pays fournisseurs d'aide humanitaire à la population palestinienne.

Un neuvième "navire de la Bonté" envoyé par le gouvernement turc est arrivé vendredi au port égyptien d'El-Arish, chargé de 3.774 tonnes d'aide humanitaire.

 


Le vote d'hindous pour Modi et la «gloire de la civilisation de l'Inde»

Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
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  • Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique
  • Cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans

HARIDWAR: Le vieux Ram Bhakt a bravé vendredi la chaleur accablante dans la ville sainte de Haridwar pour donner son vote au Premier ministre Narendra Modi qui, selon lui, est le garant de la "gloire de la civilisation" de l'Inde.

Nichée entre les contreforts de l'Himalaya et les rives du Gange dans l'Etat de l'Uttarakhand (nord), Haridwar est une vieille cité parsemée de temples hindous. Un des sites de prédilection des pèlerins de la foi majoritaire du pays le plus peuplé du monde.

C'est aussi un bastion de M. Modi dont le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) a placé l'hindouisme au coeur de sa politique, dans ce pays qui a inscrit la laïcité dans sa Constitution.

Il a déjà donné au BJP deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

"Je vote pour la gloire de la civilisation de l'Inde", affirme le saddhu Ram Bhakt, homme saint de 96 ans, au front ridé couvert de pigment vermillon et de cendre, appuyé sur sa canne en bois, drapé dans une modeste robe couleur safran.

«Le pays dont nous rêvions»

"Sous Modi, notre pays est devenu ce dont nous, les sages, rêvions depuis toujours", se réjouit-il auprès de l'AFP.

Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur de ces élections générales qui ont débuté vendredi et se poursuivront en sept étapes jusqu'au 1er juin.

Cette année, il a inauguré dans la ville d'Ayodhya un grand temple dédié à la divinité hindoue Ram, bâti sur le site d'une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d'une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l'Inde.

"La nation est en train de créer la genèse d'une histoire nouvelle", a-t-il clamé aux milliers de personnes rassemblées pour la cérémonie, parmi lesquelles des célébrités de Bollywood et des stars du cricket.

Shiv Shankar Giri, 28 ans, membre d'un ordre monastique hindou à Haridwar, a dit à l'AFP avoir voté pour "celui qui nous a rendu Ram".

"Nous votons tous pour celui qui a rendu l'hindouisme fort", souligne-t-il. "Nous votons pour Modi".

«La protection de notre foi»

Mais cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans.

L’Etat de l’Uttarakhand, considéré comme la pierre angulaire géographique de l’hindouisme, est en proie à de vives tensions sectaires.

Des groupes radicaux, vaguement affiliés au BJP, appellent à l’expulsion des musulmans de cet Etat.

Plusieurs musulmans y ont été tués en février lors d'affrontements avec des riverains hindous, à la suite de la démolition par les autorités municipales d'une mosquée qui, selon elles, avait été construite illégalement.

Pour Mukesh Dubey, prêtre d'un petit temple hindou à Haridwar, le fait que le gouvernement Modi défende sa foi est une "duperie" destinée à détourner de difficultés plus graves et urgentes auxquelles l'Inde est confrontée, avec des millions de jeunes diplômés d'universités au chômage.

Les cadeaux religieux ne servent à rien si "les gens n'ont pas de travail et de nourriture", dit-il à l'AFP.

Le BJP devrait néanmoins remporter la victoire à Haridwar, où son candidat avait remporté aux dernières élections 250.000 voix de plus que son principal adversaire.

Uday Bharti, saddhu de 59 ans, est catégorique, le BJP agit en faveur de ce qui "compte le plus".

"Modi a assuré la protection de notre pays et de notre foi", affirme-t-il à l'AFP devant un bureau de vote. "Nous sommes ici pour garantir que Modi continue de faire du bon travail".