Algérie/référendum: une nouvelle Constitution pour solder le «Hirak»

Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens opposés à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le « Hirak » réclame le « démantèlement du système » (Photo, AFP)
Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens opposés à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le « Hirak » réclame le « démantèlement du système » (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Algérie/référendum: une nouvelle Constitution pour solder le «Hirak»

  • Le 1er novembre marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française
  • Les protestataires ont rejeté « sur le fond et la forme » une initiative perçue comme un "changement de façade" et prônent le boycott du référendum

ALGER : Près de 25 millions d'Algériens sont appelés dimanche à entériner une réforme constitutionnelle qui vise à tourner la page du mouvement de protestation populaire « Hirak », en l'absence de l'initiateur de ce référendum, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à l'étranger.

M. Tebboune, gros fumeur et âgé de 74 ans, a été transféré dans la plus grande discrétion mercredi en Allemagne pour des « examens médicaux approfondis » après l'annonce de cas suspects de la maladie de Covid-19 dans son entourage.

Son état est « stable et non préoccupant », selon la présidence qui n'a donné aucun autre détail.

Dans un message relayé samedi soir par l'agence officielle APS, M. Tebboune a assuré que « le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l'histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, à travers le référendum sur l'amendement constitutionnel en vue d'instituer une nouvelle ère à même de réaliser les espoirs de la Nation et les aspirations de notre peuple à un Etat fort, moderne et démocratique ».

La date du référendum n'a pas été choisie par hasard: le 1er novembre marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).

Les bureaux de vote ouvrent de 08H00 locales (07H00 GMT) à 19H00 locales (18H00 GMT).

La victoire du « oui » ne fait guère de doute tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique. Les partisans du « non » n'ont pas pu tenir de meetings.

Le seul enjeu est le taux de participation. 

Lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, il s'était établi à 39,93 %, soit le taux le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l'histoire de l'Algérie, faisant de M. Tebboune un président mal élu et donc en quête de légitimité.

« C'est un référendum issu du haut, un plébiscite césariste », estime Massensen Cherbi, docteur en droit de l'Université Paris II Panthéon-Assas. 

« Un plébiscite césariste »

Dès son investiture, M. Tebboune a fait de la révision de la Constitution, la énième depuis l'accession à l'indépendance, son projet phare et a tendu la main aux manifestants du « Hirak populaire authentique béni ».

C'est l'expression consacrée par le régime à un mouvement dont il juge les revendications désormais satisfaites, qualifiant aujourd'hui ses partisans de « contre-révolutionnaires ».

Les protestataires ont rejeté « sur le fond et la forme » une initiative perçue comme un "changement de façade" et prônent le boycott du référendum.

Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens opposés à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le « Hirak » réclame le « démantèlement du système » en place depuis 1962. M. Bouteflika a été poussé à la démission en avril 2019 mais le système est toujours là.

De fait, la nouvelle Constitution, tout en mettant en avant une série de droits et libertés, n'offre pas de changement politique majeur: elle maintient l'essentiel du régime présidentiel et élargit même les prérogatives de l'armée.

« Rien n'a changé, on reste dans un régime ultra présidentialiste », constate le constitutionnaliste Massensen Cherbi.

« Répression implacable »

Durant la campagne électorale, les tenant du « oui », soit les membres du gouvernement, les partis de l'ancienne coalition au pouvoir qui soutenait M. Bouteflika et les médias publics, ont martelé que le projet posait les fondements d'une « Algérie nouvelle ».

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, estime que le peuple se dirigera « en masse » vers les urnes pour poser « une nouvelle pierre dans le processus d'édification nationale et mettre en échec les manoeuvres des ennemis de l'Algérie ». 

Vingt mois après le déclenchement du « Hirak », le scrutin constitue un défi pour un mouvement affaibli par une campagne de répression qualifiée d' « implacable » par Amnesty International, et par l'interruption forcée des manifestations à la mi-mars en raison de la crise sanitaire du coronavirus.

Quelque 90 personnes (activistes, blogueurs, journalistes) sont derrière les barreaux pour des faits liés à la contestation, la plupart pour des publications sur Facebook, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

« Aujourd'hui, le régime entend statufier le Hirak tout en pourchassant ses militants pour les empêcher de relancer le mouvement dans la rue une fois que les conditions sanitaires s'amélioreront », analyse le journaliste algérien Akram Belkaïd sur son blog. « La répression en cours vise aussi à empêcher que le scrutin ne subisse un nouveau boycottage massif car cela décrédibiliserait les incantations sur +l'Algérie nouvelle+ ».


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.