Le scandale du dopage russe devant le tribunal de Lausanne ce lundi

Un van de contrôle anti-dopage lors des Jeux Olympiques de Sotchi, en 2014 (Photo, Leon NEAL/AFP).
Un van de contrôle anti-dopage lors des Jeux Olympiques de Sotchi, en 2014 (Photo, Leon NEAL/AFP).
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Le scandale du dopage russe devant le tribunal de Lausanne ce lundi

  • Les soupçons contre une partie du sport russe n'ont pas attendu les révélations du couple Stepanov, à l'origine d'une série de documentaires de la chaîne allemande ARD
  • Non seulement le laboratoire de Moscou escamotait les tests positifs des athlètes dopés, mais Grigory Rodchenkov avait développé à leur usage son propre cocktail de stéroïdes

LAUSANNE: « Déflagration » par sa sophistication et son ampleur, le scandale du dopage institutionnalisé en Russie, au cœur de l'audience du Tribunal arbitral du sport (TAS) à partir de lundi à Lausanne, a aussi poussé la lutte antidopage à progresser, tout en attisant les prétentions américaines à prendre la tête de ce combat.

Les soupçons contre une partie du sport russe n'ont pas attendu les révélations du couple Stepanov, à l'origine d'une série de documentaires de la chaîne allemande ARD à partir de la fin 2014, puis les confessions en 2016 du docteur Grigory Rodchenkov, ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou.

« On se doutait qu'il y avait des choses, mais pas à cette échelle, pas organisées avec l'Etat russe, pas avec l'appui d'un laboratoire agréé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) », résume Fabien Ohl, sociologue du sport à l'Université de Lausanne.

Non seulement le laboratoire de Moscou escamotait les tests positifs des athlètes dopés, mais Grigory Rodchenkov avait développé à leur usage son propre cocktail de stéroïdes, dilués dans du whisky ou du vermouth et absorbés via la muqueuse buccale pour minimiser la durée de détection.

Pour Fabien Ohl, la « déflagration » est d'autant plus brutale que le scandale Festina, lors du Tour de France 1998, avait donné naissance à un système antidopage qu'on imaginait plus efficace, avec la fondation de l'AMA en 1999 puis l'adoption en 2004 du premier Code mondial antidopage.

Lanceurs d'alerte

« La cohérence normative était le seul souci de l'AMA, et la crise russe a montré les limites de cette approche : il y avait un fossé entre la norme antidopage sur le papier, et sa mise en œuvre », constate Antoine Duval, chercheur en droit international du sport à l'institut Asser de La Haye.

Cible de critiques virulentes, le gendarme antidopage a aussi pâti de son propre Code de l'époque : il ne pouvait enquêter et pour déclencher des investigations, il aurait dû partager les allégations des Stepanov avec l'Agence antidopage russe (Rusada) ou la Fédération internationale d'athlétisme, qui se sont justement avérées être au coeur de la tricherie, rappelle Fabien Ohl.

L'AMA s'est donc dotée depuis 2017 d'un programme de lanceurs d'alerte baptisé « Speak Up ! », prévoyant un traitement confidentiel de leurs informations par une équipe d'enquêteurs montée depuis mi-2016 autour de l'Allemand Günter Younger, passé par l'unité de lutte contre le trafic de stupéfiants d'Interpol.

L'idée était non seulement d'éviter les ingérences, en dressant un mur entre l'investigation et la gouvernance de l'AMA mêlant mouvement olympique et gouvernements, mais aussi de limiter le recours aux enquêtes externes sur le dopage russe qui avaient coûté 3,9 millions de dollars en 2015 et 2016.

Avec un effectif monté à 15 enquêteurs, après trois embauches annoncées fin septembre, « c'est un développement intéressant mais qui ne renforce pas considérablement la capacité de l'AMA », nuance cependant Antoine Duval.

L'AMA sous la menace américaine

La lutte antidopage dépend encore largement « du bon vouloir » des organisations nationales - à l'image de Rusada ou de l'Agence française de lutte contre le dopage -, qui réalisent chaque année les deux-tiers des tests effectués dans le monde, souligne le juriste.

Le Comité international olympique a certes poussé en 2018 la création de l'Autorité de contrôle indépendante (ACI-ITA), mais elle reprend à sa charge les tests antidopage effectués par les fédérations internationales, soit le tiers restant, moins sujet « aux manipulations nationalistes », relève Duval.

Si l'AMA a vu ses ressources renforcées depuis la crise russe, avec une hausse annuelle de 8% de son budget entre 2018 et 2022, elle se heurte aussi à une difficulté nouvelle : la récente menace des Etats-Unis de lui couper les vivres, pour mener leurs propres poursuites contre des athlètes du monde entier au nom du « Rodchenkov Act », soumis au Sénat américain.

La perspective de voir les Américains s'ériger en gendarmes mondiaux - qui rappelle leur action dans le Fifagate - risque de créer « une confusion totale », d'autant plus malvenue que ces règles ne s'appliqueraient pas à des ligues privées américaines comme la NBA (basket), MLB (baseball) ou NFL (football américain), déplore Fabien Ohl.

« Si des athlètes russes ou chinois se voient sanctionnés par la justice américaine, on peut être sûrs qu'il y aura des législations spécifiques russes ou chinoises, avec des arrestations d'athlètes américains. C'est extrêmement dangereux », avertit le sociologue.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.