Liban: Les opérations de recherche se poursuivent après l'évasion de détenus

Les FSI se déploient dans une rue qui mène à un centre de détention sous le pont de l'Adlieh (palais de justice), à Beyrouth, après l'évasion de prisonniers survenue tôt dans la journée de dimanche. (AFP).
Les FSI se déploient dans une rue qui mène à un centre de détention sous le pont de l'Adlieh (palais de justice), à Beyrouth, après l'évasion de prisonniers survenue tôt dans la journée de dimanche. (AFP).
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Publié le Mardi 09 août 2022

Liban: Les opérations de recherche se poursuivent après l'évasion de détenus

  • M. Moussa a souligné que l'évasion survenue dimanche dernier attestait de la gravité des problèmes économiques, sécuritaires et judiciaires dont souffre le Liban
  • Un responsable des FSI a averti que les prisons du Liban étaient conçues pour accueillir le tiers des détenus qui y sont actuellement incarcérés

BEYROUTH: Trente et un détenus se sont évadés dimanche d'une prison de Beyrouth. Le lendemain, quatre d’entre eux ont été arrêtés par l'unité d'enquête des Forces de sécurité intérieure (FSI).

«Les recherches se poursuivent pour arrêter les autres détenus qui se sont évadés de la prison de Beyrouth», a signalé la direction générale des FSI.

Certains détenus sont libanais et d'autres étrangers. On compte notamment des Syriens et des Palestiniens, a-t-elle ajouté.

Une source au sein des services de sécurité a confié à Arab News que les détenus «ont scié à l'aide d'une vis les barreaux d'une fenêtre de la cellule qui donne sur la rue».

La prison est située sous un pont qui se trouve à proximité du palais de justice de Beyrouth. Si, aujourd'hui, la prison dépend de l'autorité pénitentiaire du Liban, elle était autrefois tenue par la sûreté générale.

Le 21 novembre 2021, une prison de Baabda a été le théâtre d'une vaste évasion organisée; cinq détenus qui essayaient de s'évader ont trouvé la mort dans un accident de voiture; d'autres ont été arrêtés.

Au Liban, les prisons connaissent fréquemment des émeutes durant lesquelles les prisonniers revendiquent de meilleures conditions de vie.

Le député Michel Moussa, qui dirige la commission parlementaire des droits de l’homme, a posé la question suivante: «Comment trente et un détenus ont-ils pu s'échapper d'un établissement qui devrait être hautement surveillé et sécurisé?»

Dans un entretien accordé à Arab News, il a affirmé: «Cette question reste sans réponse pour le moment, car les enquêtes se poursuivent.»

Le député a ajouté: «Nous avons déjà appelé à fermer la prison d'Adlieh, construite il y a quelques années. Nous sommes convaincus qu'elle ne remplit pas les critères de base à tous les niveaux. On nous a promis à maintes reprises de la supprimer sans donner suite à cette promesse.»

«Une chose est sûre: la prison ne respecte aucun critère relatif aux droits de l'homme.»

«Il semblerait que les services de sécurité s'en servent à nouveau pour incarcérer les détenus du palais de justice de Beyrouth en raison du nombre trop important de prisonniers.»

M. Moussa a souligné que l'évasion survenue dimanche dernier attestait de la gravité des problèmes économiques, sécuritaires et judiciaires dont souffre le Liban.

Pour résoudre la difficulté que pose le nombre de plus en plus important de personnes incarcérées sans être jugées, le député a appelé à supprimer cette pratique. Il a insisté sur la nécessité de réactiver les tribunaux, étant donné que la situation que connaît actuellement le Liban ne saurait tolérer de délai.

Plus de 80% des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté en raison de la crise économique profonde qui frappe le pays. Cette dernière, dans la mesure où les salaires ont perdu de leur valeur, conduit un grand nombre de soldats et de membres des forces de sécurité à fuir le service ou à démissionner pour trouver un autre emploi ou pour émigrer.

Les hauts responsables de l'armée et de la sécurité acceptent dorénavant que de nombreux soldats et officiers de sécurité exercent un second emploi.

Le chef de la division des relations publiques au sein des Forces de sécurité intérieure, le colonel Joseph Moussallem, a assuré à Arab News que les circonstances économiques des policiers «n’affectaient pas la qualité de leur travail».

Selon lui, le fait que les arrestations soient en hausse montre que la criminalité reste bien contrôlée au Liban. Il a cependant admis que la réforme des prisons s’enlisait.

Selon les données des FSI, de nombreux prisonniers possèdent un passé criminel chargé et ont purgé des peines de prison à plusieurs reprises.

Les FSI estiment que la surpopulation des prisons pose problème en dépit des «efforts que nous consentons pour réaliser des réformes» et du «soutien des organisations civiles».

Selon le colonel Moussallem, les délits les plus répandus dans le pays concernent les vols de biens publics et privés.

En effet, la communauté de Hermel (Bekaa) a manifesté dimanche dernier devant un magasin pour protester contre un vol à main armée et une fusillade qui se sont produits dans la ville.

Les résidents ont bloqué une route. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «Renforcez la sécurité. Ne protégez pas les coupables. Poursuivez-les, traduisez-les en justice et qu'ils reçoivent la sanction qu'ils méritent.»

Cheikh Ali Taha, le mufti de Hermel, s'est exprimé en ces termes: «La région fait face à un phénomène inquiétant.»

Il a exhorté les responsables à agir de toute urgence et à combattre la criminalité. Dans le cas contraire, les citoyens seront contraints de se défendre eux-mêmes.

Dans le nord du Liban, plus précisément dans la région de Koura, l'association des oléiculteurs a pour sa part dénoncé «le vol des cultures saisonnières dans la région».

«Un groupe de voleurs professionnels s'empare chaque matin de nos récoltes qui ne sont pas encore mûres et vole des tonneaux de fer, des fils électriques, des clôtures de fer ainsi que des ruches. La situation est intenable», a expliqué l'association dans un communiqué.

Selon le colonel Moussallem, le nombre total de prisonniers et de détenus dans le pays s'élève à quelque «9 000 individus». Il a noté que les prisons libanaises étaient conçues pour accueillir près de 3 000 personnes à pleine capacité.

Il a ajouté que les vols et autres délits avaient baissé cette année de 6,5% par rapport à l'année dernière.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.

 


Le pape célèbre une messe en plein air à Beyrouth, moment fort de sa visite

Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité. (AFP)
Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité. (AFP)
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
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  • Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port
  • Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens

BEYROUTH: Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité.

Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port, qui a dévasté la capitale en 2020, faisant plus de 220 morts.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Son voyage qui s'achève mardi a apporté un souffle d'espoir au pays, qui sort d'une guerre meurtrière avec Israël et craint un renouvellement des violences.

Cette visite "nous a rendu le sourire (...) après toutes les difficultés que nous avons traversées", a confié à l'AFP Yasmine Chidiac, qui attendait lundi le passage du convoi papal pour l'acclamer.

Plus de 120.000 personnes se sont inscrites pour assister à la messe sur le front de mer et seront acheminées par bus, selon les organisateurs.

Dès lundi soir, les autorités ont interdit les accès à de larges parties du centre de Beyrouth, où des barrages de contrôle doivent être installés.

"Un avenir meilleur" 

Le chef de l'église catholique va également tenir une prière silencieuse sur le site de l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 202, une catastrophe qui a profondément meurtri le pays.

Il doit saluer certains proches des victimes et des survivants, qui, cinq ans après la catastrophe, continuent de réclamer justice.

La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'Histoire, avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où était stocké sans précaution du nitrate d'ammonium malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

L'enquête n'a toujours pas abouti, des responsables politiques ayant fait obstruction au travail du juge indépendant qui en est chargé.

Peu avant, Léon XIV visitera un hôpital tenu par des religieuses dans la capitale.

Lundi, le souverain pontife a appelé les chefs des différentes communautés religieuses libanaises, réunis à l'occasion de sa visite, à combattre l'intolérance et la violence.

Il s'est également offert un bain de foule géant auprès de 15.000 jeunes du Liban au siège du patriarcat maronite à Bkerké, au nord de Beyrouth, qu'il a appelés à construire "un avenir meilleur".

"Vous avez l'enthousiasme nécessaire pour changer le cours de l'histoire!", a lancé Léon aux jeunes qui l'ont accueilli dans une ambiance survoltée.