Une étude sur les causes de la dépression provoque la polémique

Une photo prise le 27 août 2019 à Nantes, dans l'ouest de la France, montre une pilule pharmaceutique. (AFP)
Une photo prise le 27 août 2019 à Nantes, dans l'ouest de la France, montre une pilule pharmaceutique. (AFP)
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Publié le Jeudi 11 août 2022

Une étude sur les causes de la dépression provoque la polémique

  • Cette étude s'attaque à l'hypothèse de la sérotonine. Celle-ci voudrait que la dépression soit liée à un déficit de cette molécule impliquée dans la transmission des émotions dans le cerveau
  • Le travail conclut qu'aucun lien n'est avéré entre un déficit de sérotonine et la présence d'une dépression chez un individu

PARIS: L'intérêt des antidépresseurs serait remis en cause car la dépression n'est pas liée à un déséquilibre chimique. La thèse, récemment soutenue par une psychiatre britannique, est largement contestée mais cette polémique a l'intérêt d'illustrer les difficultés à comprendre cette maladie.

"Notre étude (...) remet en question l'idée de base derrière l'utilisation d'antidépresseurs", affirmaient fin juillet les psychiatres Joanna Moncrieff et Mark Horowitz sur le site The Conversation, relayant un travail publié dans la revue Molecular Psychiatry.

Cette étude s'attaque à l'hypothèse de la sérotonine. Celle-ci voudrait que la dépression soit liée à un déficit de cette molécule impliquée dans la transmission des émotions dans le cerveau.

Le travail, basé sur une compilation de publications préalables et donc a priori plus solide qu'une étude isolée, conclut qu'aucun lien n'est avéré entre un déficit de sérotonine et la présence d'une dépression chez un individu.

Pour ses auteurs, c'est une profonde remise en cause d'une hypothèse qui a servi pendant des décennies de cadre à de nombreuses recherches. La majorité des antidépresseurs actuels ont en effet été développés pour agir sur le taux de sérotonine.

Mais de nombreuses critiques ont vite ciblé cette étude et, plus encore, la présentation qu'en a faite Joanna Moncrieff, une psychiatre connue pour son scepticisme envers les explications biologiques de la dépression, ainsi que son discours radical contre l'industrie pharmaceutique.

«Serotonine» de Houellebecq 

"Globalement, je suis d'accord avec les conclusions des auteurs mais je n'aurais pas des certitudes aussi inflexibles", a commenté le psychiatre britannique Phil Cowen, dans une réaction au Science Media Center.

Les critiques de Phil Cowen et d'autres confrères sont de différents ordres. Certaines remettent en cause la méthodologie de l'étude, notamment le fait de ne pas mesurer directement la sérotonine mais une trace indirecte de celle-ci ; d'autres admettent ses conclusions mais rejettent leur caractère novateur.

"Aucun spécialiste de santé mentale n'irait actuellement soutenir l'idée qu'une pathologie aussi complexe que la dépression s'explique par le déficit d'un seul neurotransmetteur", note ainsi M. Cowen.

L'argument ne tient pas pour Mme Moncrieff, selon qui l'hypothèse de la sérotonine, même dans une version amoindrie, tient encore une place importante dans les discours des psychiatres.

"Et surtout, même si d'éminents psychiatres commencent à douter des liens entre dépression et déficit de sérotonine, personne n'a prévenu le grand public", ironise sur son blog l'auteure, qui s'affiche en rupture avec la "psychiatrie dominante".

Les liens entre dépression et sérotonine sont, de fait, bien ancrés dans l'imagerie populaire. En 2019, l'auteur français Michel Houellebecq avait ainsi intitulé "Sérotonine" un roman dont le personnage principal est dépressif.

Efficacité des traitements 

Mais ce n'est pas la remise en cause de l'hypothèse de la sérotonine qui suscite les critiques les plus vives. C'est le fait que Joanna Moncrieff en fasse un argument contre les antidépresseurs actuels, dépassant les conclusions de sa propre étude.

Celle-ci "est un travail sérieux, qui s'inscrit dans la suite d'autres travaux et qui compte dans la discussion entre experts concernant les mécanismes de la dépression", admet auprès le psychiatre suisse Michel Hofmann.

"Mais je ne pense pas que ce soit un article qui doive avoir un impact à courte échéance sur la prescription d'antidépresseurs", prévient-il.

Car pour Mme Moncrieff --qui a certes prévenu qu'il ne fallait à aucun prix interrompre brutalement un antidépresseur--, on doit forcément douter des bénéfices de traitements élaborés sur la base d'une hypothèse remise en cause.

Or, de nombreux psychiatres, dont M. Hofmann, soulignent que l'efficacité de ces traitements, quelle qu'en soit la cause première, a été évaluée scientifiquement.

"Les mécanismes des médicaments qu'on utilise dans le traitement de la dépression sont en général multiples et finalement, dans la plupart des cas, on ne sait pas de façon précise ce qui fait l'efficacité d'un traitement", explique-t-il.

En fin de compte, les débats sur le rôle de la sérotonine ne font qu'illustrer combien il est difficile de comprendre les mécanismes biologiques et sociaux d'une maladie aussi complexe que la dépression, ce qui force les chercheurs à se baser sur des modèles par nature incomplets.

"On en reste à des hypothèses et on continue à chercher et tester des modèles les uns contre les autres", conclut M. Hofmann.


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
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  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
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  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.