Analyse: Le Hamas «gagne des points en Israël mais en perd auprès des Palestiniens»

Un Palestinien est assis sur les décombres d'une maison après sa démolition par les forces israéliennes à Rummana en Cisjordanie (Photo, AP).
Un Palestinien est assis sur les décombres d'une maison après sa démolition par les forces israéliennes à Rummana en Cisjordanie (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 12 août 2022

Analyse: Le Hamas «gagne des points en Israël mais en perd auprès des Palestiniens»

  • Le groupe «a fait preuve de retenue lors des récents affrontements à Gaza et a évité une guerre prolongée»
  • «Le dernier bombardement d'Israël à Gaza a obligé le Hamas à rester à l'écart, ne voulant pas provoquer de retombées économiques qui entraîneraient invariablement des restrictions d'accès»

AMMAN: Longtemps après que la poussière de la dernière attaque sur Gaza soit retombée, le mouvement Hamas - le pouvoir prédominant dans la bande de Gaza - doit encore surmonter les retombées politiques de son refus de se joindre au djihad islamique en représailles contre Israël.

Le principal sondeur palestinien, Khalil Shikaki, a déclaré à Arab News que le Hamas n'avait pas considéré l'arrestation du chef du djihad islamique palestinien à Jénine, Bassam Saadi, comme une menace nationale nécessitant une réponse militaire de la bande de Gaza.

«Mais il semble que le Hamas ait effectivement considéré l'assassinat du commandant du djihad islamique Tayseer Al-Jabari comme une menace nécessitant une réponse militaire de faible intensité. Pourtant, même en réponse à cette dernière, le Hamas a retenu ses armes tout en permettant au djihad islamique de se défendre et de supporter le poids de la machine de guerre israélienne».

Shikaki, professeur de sciences politiques et directeur du centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages, a déclaré à Arab News que la décision du Hamas était «sage, mais qu'elle pourrait lui coûter un certain soutien populaire».

Les commentaires des militants politiques palestiniens et des réseaux sociaux n'ont pas été aussi bienveillants à l'égard du mouvement Hamas, qui a souvent attaqué d'autres personnalités et groupes pour leur silence.

Ils ont comparé la position passive du Hamas à la façon dont les dirigeants de Ramallah se sont comportés afin de protéger quelques avantages de leur gouvernement.

Jamal Dajani, ancien directeur de la communication du premier ministère palestinien, a déclaré à Arab News que le Hamas avait compris que les nouveaux dirigeants israéliens avaient lancé l'attaque contre Gaza dans un but politique.

«Le Hamas n'a pas mordu à l'hameçon et a fait preuve de retenue en évitant une guerre prolongée causant davantage de morts et de destruction», a-t-il souligné.

Shikaki croit que l'Égypte et Israël apprécieront le comportement du Hamas et récompenseront le mouvement en lui fournissant davantage de facilités économiques, ce qui lui permettra de consolider son contrôle sur la bande de Gaza.

«Israël espère que cela donnera au Hamas les moyens d'exercer une plus grande influence sur le djihad islamique et de garantir une tranquillité à long terme», a expliqué Shikaki.

EN BREF

Khalil Shikaki, professeur de sciences politiques et directeur du centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages, a déclaré à Arab News que la décision du Hamas était «sage, mais qu'elle pourrait lui coûter un certain soutien populaire».

 

«En fin de compte, ceux qui, en Israël, appellent à un dialogue direct entre Israël et le Hamas, notamment les milieux sécuritaires israéliens, gagneront des points et utiliseront cet épisode pour prouver que le Hamas n'est pas lié par la seule idéologie et qu'il s'agit d'une organisation pragmatique avec laquelle Israël peut conclure des accords à long terme.

«Toutefois, en interne, les relations entre le djihad islamique et le Hamas pourraient devenir tendues. Les relations entre le Hamas et l'Autorité palestinienne pourraient également se détériorer, car un contrôle accru du Hamas sur Gaza pourrait créer des conditions dans lesquelles les dirigeants de Ramallah perdraient toute perspective de reprendre le contrôle de la bande de Gaza dans un avenir proche», a estimé Shikaki.

Zaha Hassan, avocate spécialisée dans les droits de l'homme et membre du programme pour le Moyen-Orient de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a déclaré à Arab News que le Hamas a toujours voulu se montrer comme la "vraie" résistance à l'occupation israélienne lorsque le gouvernement palestinien dirigé par le Fatah se tenait à l'écart de l'escalade de la violence, comme en mai 2021.

Elle a poursuivi «Le dernier bombardement d'Israël à Gaza a obligé le Hamas à rester à l'écart, ne voulant pas provoquer de retombées économiques qui entraîneraient invariablement des restrictions d'accès».

«Mais si la popularité du Hamas s'est fondée sur le fait qu'il représente la véritable résistance, en particulier lorsqu'Al-Aqsa est en jeu, garder le silence pendant la marche de centaines de militants de droite israéliens sur Al-Haram Al-Charif pour la commémoration de la destruction du «temple» n'était certainement pas une bonne image pour l'organisation», a signalé Hassan

Mais Samar Muhareb, une militante de la société civile basée à Amman et qui suit de près la question palestinienne, a un point de vue différent.

Muhareb, directrice exécutive de l'ONG jordanienne la Renaissance arabe pour la démocratie et le développement, à Amman, a souligné que l'important était d'examiner les gains de la résistance du djihad islamique.

Elle a déclaré à Arab News que le cycle de la violence à Gaza avait été frustrant.

Elle a ajouté «Malgré toutes les déceptions et les pertes, la résistance à Gaza est sortie avec des réalisations tangibles sur le terrain qui conduiront à des changements si Israël continue dans sa folie dans le cadre du fragile cessez-le-feu».

En examinant les avantages économiques, Ofer Salzberg, directeur du programme Moyen-Orient à l'Institut Herbert Kelman pour la transformation des conflits, a déclaré à Arab News que la décision du Hamas était «plus économique qu'idéologique».

Il a soutenu : «Le choix du Hamas de rester à l'écart des combats a donné un coup de pouce à la recommandation dominante de l’autorité israélienne de la défense : Renforcer l'économie gazaouie malgré le pouvoir du Hamas afin de différer les guerres».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com