Les feux continuent, un pic de canicule attendu

Cette vue générale montre des tournesols desséchés dans un champ à Montaut, dans le sud-ouest de la France, le 9 août 2022. (AFP)
Cette vue générale montre des tournesols desséchés dans un champ à Montaut, dans le sud-ouest de la France, le 9 août 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 12 août 2022

Les feux continuent, un pic de canicule attendu

  • Sur la zone du pire feu de forêt français du moment, près de Landiras, en Gironde, il devrait encore faire 37°C vendredi, après 41°C jeudi
  • En France, trois fois plus d'hectares ont brûlé que la moyenne annuelle des dix dernières années, et l'année est record dans l'Union européenne depuis le début des relevés en 2006

HOSTENS: Les pompiers français désormais épaulés par des renforts européens en Gironde et dans les Landes poursuivaient vendredi leur combat contre le feu, en un jour qui donne un avant-goût de 2050 : un pic de canicule est attendu entre 38 et 41°C dans le pays.

Sur la zone du pire feu de forêt français du moment, près de Landiras, en Gironde, il devrait encore faire 37°C vendredi, après 41°C jeudi.

1 100 pompiers y combattent jour et nuit, épaulés "dès l'aube" selon les autorités, de pompiers allemands puis roumains formant une partie du contingent de 361 soldats du feu également polonais ou autrichiens, appuyés de Canadair italiens, grecs et suédois, venus en renfort.

Le feu n'a pas connu de "progression significative" dans la nuit de jeudi à vendredi, se maintenant à 7.400 ha de surfaces brûlées depuis mardi. Aucune autre évacuation supplémentaire n'a été ordonnée depuis les 10.000 évacuations les jours précédents, a annoncé depuis Hostens (Gironde) le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic lors d'un point presse.

Le sous-préfet s'est néanmoins montré prudent : le périmètre du feu "toujours actif" qui s'étend sur 40 km "n'a pas évolué mais les conditions météorologiques nous incitent à être d'une vigilance extrême".

Vendredi matin néanmoins, les environs d’Hostens respiraient à nouveau, les épaisses fumées se sont dissipées laissant place à un ciel bleu moutonné de nuages, a constaté une journaliste de l'AFP.

En France, trois fois plus d'hectares ont brûlé que la moyenne annuelle des dix dernières années, et l'année est record dans l'Union européenne depuis le début des relevés en 2006.

Même le Jura, au climat normalement plus modéré, est frappé: depuis mardi, deux incendies ont dévoré environ 660 hectares de forêt dans le sud du département, l'un "fixé", l'autre dont la progression a été ralentie.

Avant la tombée de la nuit, le feu continuait en revanche toujours de progresser en Isère sur la commune de Vif et en Ardèche près de Vallon-Pont d'Arc. Dans la Drôme, l'incendie n'était toujours pas fixé dans le massif du Diois à Romeyer.

Face à cette situation "exceptionnelle", plusieurs grandes entreprises - Carrefour, Orange, EDF et GRDF - ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Nuits caniculaires 

Car la France souffre d'une troisième vague de chaleur. La nuit de jeudi à vendredi a été chaude, avec plus de 25°C à 5h00 vendredi dans le Gers, le Lot-et-Garonne, la Gironde et la Charente.

Pour Maurin Bérenger, viticulteur à Grezels dans le Lot, la situation est "inédite. On est obligé de s’adapter, on travaille très tôt le matin, voire la nuit. Cette nuit, j’ai commencé à 3h00, et ceux qui ont des salariés commencent à 6h00 pour éviter la chaleur".

Un avis partagé par Philippe Maffre, lui aussi vigneron, à  Montans (Tarn). "C’est débile de travailler l’après-midi par ce temps", assène-t-il depuis les côteaux du Gaillacois où 39°C sont attendus.

Selon Météo-France, dans l'après-midi, les températures maximales afficheront encore de 38 à 40°C en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire.

Le soleil sera brûlant sur l'ensemble du pays, avec 19 départements du sud-ouest au Finistère placés en vigilance orange canicule par Météo-France.

Le seuil des 40°C n'avait été dépassé qu'une fois dans les années 1960 et une fois dans les années 1970 en France. Il est voué à devenir plus fréquent.

Le danger des canicules pour le corps est que les nuits restent chaudes et nous épuisent. Perpignan a déjà subi 42 nuits tropicales (plus de 20°C) cette année, contre en moyenne 15 dans les années 1960, selon Jean-Michel Soubeyroux de Météo-France.

L'été 2022 en France s'approche déjà de ce que serait "un été moyen du milieu de siècle" dans un des scénarios pessimistes du réchauffement climatique, dit-il à l'AFP.

A Paris, Caroline Dubois, retraitée de 72 ans, "laisse les fenêtres ouvertes dans tout l'appartement  pour qu'il y ait un courant d'air". Stéphanie Ryan, 36 ans, consultante pour une agence de recrutement, pose des "serviettes mouillées" devant son ventilateur, c'est "efficace", dit-elle.

Canicule signifie aussi sécheresse, exceptionnelle dans le pays après un mois de juillet où moins d'un centimètre de pluie est tombé en moyenne. Les nappes phréatiques se vident à un niveau préoccupant, a averti le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Il est interdit d'arroser sur une grande partie de la France et 73 préfets ont même interdit les prélèvements d'eau aux agriculteurs sur tout ou partie de leurs départements. Une interdiction pas toujours respectée car sécheresse et canicule amoindrissent les rendements de nombreuses activités agricoles : arboriculture, maraîchage, céréales et même élevage.

La pluie tant attendue, par les pompiers comme par les autres habitants, arrivera par des orages vendredi soir sur les Alpes et les Pyrénées, mais seulement à partir de samedi soir sur le reste de la France.


Pompe royale pour Macron à l'entame de sa visite d'Etat au Royaume-Uni

: Procession en calèche, revue des troupes et dîner à Windsor: Emmanuel Macron entame mardi une visite d'Etat de trois jours au Royaume-Uni, où le président français sera reçu en grande pompe par le roi Charles III, avant un sommet bilatéral axé sur l'immigration et la défense. (AFP)
: Procession en calèche, revue des troupes et dîner à Windsor: Emmanuel Macron entame mardi une visite d'Etat de trois jours au Royaume-Uni, où le président français sera reçu en grande pompe par le roi Charles III, avant un sommet bilatéral axé sur l'immigration et la défense. (AFP)
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  • l s'agit de la première visite d'Etat d'un dirigeant européen depuis le Brexit
  • Après le froid qui a caractérisé les relations bilatérales dans la foulée de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en 2020 et sous de précédents gouvernements conservateurs, cette visite a lieu dans un climat réchauffé entre les deux pays

LONDRES: Procession en calèche, revue des troupes et dîner à Windsor: Emmanuel Macron entame mardi une visite d'Etat de trois jours au Royaume-Uni, où le président français sera reçu en grande pompe par le roi Charles III, avant un sommet bilatéral axé sur l'immigration et la défense.

Il s'agit de la première visite d'Etat d'un dirigeant européen depuis le Brexit.

Après le froid qui a caractérisé les relations bilatérales dans la foulée de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en 2020 et sous de précédents gouvernements conservateurs, cette visite a lieu dans un climat réchauffé entre les deux pays, après l'arrivée du travailliste Keir Starmer à Downing Street il y a un an.

La guerre en Ukraine, qui a remis les enjeux de défense et de sécurité au centre des préoccupations en Europe, a encore rapproché les deux alliés, principales puissances militaires du continent et détentrices de l'arme nucléaire.

"Nos deux pays sont confrontés à une multitude de menaces complexes, provenant de multiples directions. En tant qu'amis et alliés, nous les affrontons ensemble", doit ainsi affirmer le roi lors de son discours avant le dîner d'Etat mardi. "Ces défis ne connaissent pas de frontières", doit-il ajouter.

Cette visite d'Etat, la première pour un président français depuis Nicolas Sarkozy en 2008, a été qualifiée d'"historique" par Downing Street.

Côté français, on veut y voir le signe d'une "reconvergence" autour d'"intérêts partagés", dans le sillage de la relance des relations voulue par le Premier ministre Keir Starmer avec l'UE.

Sur le volet politique, un sommet bilatéral jeudi devrait acter un renforcement de la coopération en matière de défense et de lutte contre l'immigration illégale.

Parade militaire 

Avant cela, le président français et son épouse Brigitte seront accueillis mardi à leur arrivée en fin de matinée sur la base militaire de Northolt par le prince héritier William et son épouse Kate.

Ils se rendront ensemble au château de Windsor, à l'ouest de Londres, où les recevront officiellement le roi et la reine Camilla, près de deux ans après leur propre visite d'Etat en France, avant une procession en calèches.

Honneur rare, Emmanuel Macron prononcera dans l'après-midi un discours au Parlement de Westminster, devant les membres de la chambre des Lords et des Communes réunis dans la Galerie Royale.

Le lendemain, il verra Keir Starmer à Downing Street, participera à un évènement sur l'intelligence artificielle et à un dîner à la City de Londres. Sur le front économique, Paris espère une avancée sur le projet de centrale nucléaire de Sizewell C, toujours dans l'attente d'une décision finale d'investissement.

Une étape est également prévue au British Museum.

Jeudi, les deux dirigeants seront rejoints par plusieurs ministres pour un sommet bilatéral, durant lequel des avancées sont attendues notamment en matière de défense.

Il s'agit d'adapter aux nouveaux enjeux de sécurité, en particulier à la menace russe, les accords de Lancaster House, signés en 2010 et colonne vertébrale de la coopération militaire bilatérale.

Immigration: traversées record 

Attachés à peser sur le dossier ukrainien, Keir Starmer et Emmanuel Macron coprésideront jeudi une réunion en visioconférence des pays de la "coalition des volontaires", mise sur pied pour garantir la sécurité de l'Ukraine, dans la perspective d'un futur cessez-le-feu.

Lancée en mars, cette initiative reste toutefois tributaire des négociations entamées sous l'égide de l'administration Trump.

Côté britannique, les attentes sont fortes en matière de lutte contre l'immigration illégale, après un nombre record d'arrivées par la Manche depuis janvier (+ de 21.000).

Londres pousse depuis des mois pour que les forces de l'ordre françaises interviennent dans l'eau au départ afin de retenir les petits bateaux. Actuellement, conformément au droit de la mer, une fois ces bateaux à l'eau, les autorités françaises n'interviennent que pour du sauvetage mais Paris reconnaît travailler à une nouvelle doctrine.

Sur ce sujet frictionnel, Londres et Paris discutent aussi d'un échange de migrants, dans lequel le Royaume-Uni accepterait certains migrants et en renverrait autant en France.

Selon plusieurs médias, le projet inquiète toutefois certains pays européens qui craignent que la France ne renvoie ensuite ces migrants vers le premier pays de l'UE dans lequel ils sont arrivés.


Programmation énergétique: débats scrutés au Sénat, sur fond de discorde gouvernementale

Le Premier ministre français François Bayrou (G) s'entretient avec le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau (D), alors qu'il arrive pour présenter la réforme de l'administration territoriale de l'État aux préfets de région et de département et aux secrétaires généraux des ministères, à la préfecture d'Eure-et-Loir, à Chartres, dans le centre de la France, le 8 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou (G) s'entretient avec le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau (D), alors qu'il arrive pour présenter la réforme de l'administration territoriale de l'État aux préfets de région et de département et aux secrétaires généraux des ministères, à la préfecture d'Eure-et-Loir, à Chartres, dans le centre de la France, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les désaccords gouvernementaux autour des énergies renouvelables s'invitent mardi au Sénat avec l'examen très scruté d'une loi sur l'avenir énergétique de la France
  • Un consensus semble commencer à émerger entre Sénat, Assemblée nationale et gouvernement sur les deux articles phares du texte

PARIS: Les désaccords gouvernementaux autour des énergies renouvelables s'invitent mardi au Sénat avec l'examen très scruté d'une loi sur l'avenir énergétique de la France actant une relance massive du nucléaire, censée aider l'exécutif à finaliser sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

La proposition de loi du sénateur Les Républicains Daniel Gremillet (Vosges) connaît décidément un parcours chaotique au Parlement : adoptée au Sénat en première lecture en octobre, rejetée ensuite à l'Assemblée nationale fin juin, elle est désormais malmenée par les passes d'armes des derniers jours au sommet de l'Etat.

La coalition gouvernementale est en effet fragilisée par l'opposition frontale entre camp macroniste et droite, depuis que le patron des Républicains - et ministre de l'Intérieur - Bruno Retailleau s'est fendu d'une tribune au Figaro dans laquelle il plaide pour la fin des "subventions publiques" pour l'éolien et le photovoltaïque.

Cela a suffi pour attiser la réprobation de certains de ses collègues du gouvernement, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher en tête.

- Inspiration sénatoriale -

"Il serait curieux que nous soyons le seul pays à penser que les énergies renouvelables ne sont pas un élément (...) qui nous permet de baisser le coût de l'électricité", s'est-elle encore agacée lundi lors d'un déplacement dans le Loiret, non sans "regrette(r) qu'un certain nombre de responsables politiques utilisent cet argument pour raconter des mensonges aux Français".

Le Premier ministre François Bayrou et le président de la République Emmanuel Macron étaient eux aussi montés au créneau pour appeler à la discipline.

Les débats au Palais du Luxembourg permettront aux uns et aux autres de rappeler leur position.

Les Républicains y sont en force, et les observateurs les plus avisés du Parlement n'ont pas oublié que le nom de Bruno Retailleau figure parmi les principaux signataires du texte de loi, déposé lorsqu'il siégeait encore au Sénat.

Les sénateurs ont les cartes en main, car ils sont saisis de leur propre version de cette proposition de loi qui dessine le futur énergétique de la France à l'horizon 2035, conséquence du rejet de l'ensemble du texte par l'Assemblée nationale.

Le texte y avait été dénaturé durant les débats à l'initiative notamment des élus du Rassemblement national.

Ainsi, un moratoire sur les énergies éolienne et solaire avait été adopté tout comme la réouverture de la centrale de Fessenheim, ce qui a convaincu les groupes de l'ancienne majorité macroniste de voter contre l'ensemble du texte.

En seconde lecture, ces dispositions très irritantes ne peuvent plus être mises au débat en raison des règles de procédure parlementaire.

- En attendant la PPE -

Le Sénat n'y était de toute façon pas favorable, même s'il a voté en commission un amendement précisant, sur l'éolien terrestre, la nécessité de "privilégier le renouvellement des installations existantes" plutôt que l'implantation de nouveaux projets.

Pour cette deuxième lecture, les sénateurs ont par ailleurs choisi de condenser la proposition de loi en supprimant une douzaine d'articles, soit environ un tiers du texte, privilégiant le volet programmatique par rapport aux mesures de simplification. L'objectif: accélérer la navette parlementaire.

Un consensus semble commencer à émerger entre Sénat, Assemblée nationale et gouvernement sur les deux articles phares du texte.

D'une part sur la relance massive du nucléaire, avec notamment la construction de 14 nouveaux réacteurs; d'autre part sur l'essor des énergies renouvelables, avec l'objectif de porter, d'ici 2030, à 58% au moins la part d'énergie décarbonée de la consommation d'énergie en France, contre environ 40% actuellement.

Mais "il n'y a absolument pas de contradiction entre la tribune de Bruno Retailleau et la proposition de loi, car le financement des énergies renouvelables relève du projet de loi de finances. C'est là que des choix seront à faire", insiste le corapporteur LR Alain Cadec.

Cette loi doit inspirer le gouvernement dans la finalisation de sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la trajectoire énergétique qu'il entend publier prochainement par décret.

Les sénateurs, leur président Gérard Larcher en tête, espèrent que le gouvernement attendra le retour du texte à l'Assemblée, en septembre, avant de publier son décret, qui doit consacrer la rupture avec la précédente PPE adoptée en 2020, marquée à l'époque par la fermeture de 14 réacteurs.


Narbonne: 2.000 hectares parcourus par l'incendie, les habitants hébétés

Le feu, parti lundi vers 15H00, dans des circonstances inconnues, d'un domaine viticole près de la route départementale D613, dans le massif des Corbières, s'est vite propagé, avec des rafales soufflant à 90 km/h, selon un prévisionniste de Météo-France, Adrien Warnan. (AFP)
Le feu, parti lundi vers 15H00, dans des circonstances inconnues, d'un domaine viticole près de la route départementale D613, dans le massif des Corbières, s'est vite propagé, avec des rafales soufflant à 90 km/h, selon un prévisionniste de Météo-France, Adrien Warnan. (AFP)
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  • "L'incendie n'est toujours pas maîtrisé. C'est un incendie qui a progressé très vite, compte tenu du vent. Six maisons ont été partiellement touchées. Le feu est allé jusqu'à l'étang de Bages, aux portes du village"
  • Les autorités maintiennent leur appel au confinement appliqué à plusieurs quartiers du sud de la ville de Narbonne, des villages de Bages et de Peyriac-de-Mer

NARBONNE: Le paysage de Prat-de-Cets est noirci, quand les arbres ne sont pas encore en flammes: le hameau de la commune de Bages, près de Narbonne, s'est trouvé sur le passage du vaste incendie qui a parcouru depuis lundi 2.000 hectares de forêt près de Narbonne.

Fermée depuis lundi après-midi, causant des dizaines de de kilomètres d'embouteillages sur l'autoroute et le réseau routier secondaire, le trafic devait progressivement reprendre progressivement à partir de 10H00 sur l'A9, axe très emprunté en ce début de vacances scolaires, a annoncé le préfet de l'Aude.

Le crépitement de la végétation qui continue de brûler est couvert de temps à autre par le va-et-vient des camions de pompiers, applaudis par Martine Bou, les larmes aux yeux face au sinistre.

Cette retraitée assure à l'AFP avoir vu les flammes s'approcher jusqu'à une vingtaine de mètres de sa maison. "On était tous dehors, tous au bord de la route, à surveiller. Et puis, ça s'est avancé, ça s'est avancé...", raconte-t-elle au petit matin.

Ensuite, le maire est arrivé, disant "qu'il fallait tout fermer", alors elle a "commencé à sortir les caisses pour (s)es chats, récupérer (s)es tortues, mettre le chien dans la voiture", avant d'évacuer vers Peyriac-de-Mer et de revenir au matin. Elle s'interrompt, la gorge bloquée par un sanglot.

"Toujours pas maîtrisé" 

Plus d'un millier de pompiers ont lutté toute la nuit contre les flammes et cinq d'entre eux ont été "très légèrement blessés", indique dans un communiqué publié tôt mardi matin la préfecture de l'Aude, département déjà touché par trois feux de forêt en une semaine. Ils espèrent "fixer" le feu d'ici la fin de la journée.

"L'incendie n'est toujours pas maîtrisé. C'est un incendie qui a progressé très vite, compte tenu du vent. Six maisons ont été partiellement touchées. Le feu est allé jusqu'à l'étang de Bages, aux portes du village. L'avant du feu ne progresse plus et il faut traiter les flancs, et veiller à ce qu'il ne s'élargisse pas", a détaillé à l'AFP le préfet de l'Aude Christian Pouget.

Les autorités maintiennent leur appel au confinement appliqué à plusieurs quartiers du sud de la ville de Narbonne, des villages de Bages et de Peyriac-de-Mer.

Le mari de Martine Bou, Frédéric, est lui resté toute la nuit à Prat-de-Cets, arrosant les grands pins de l'autre côté de la route pour éviter que le feu ne se propage à leur maison.

"Je n'ai jamais vu ça. Je n'avais jamais vécu d'aussi près un incendie aussi énorme", lâche-t-il. "Des flammes de 50 ou 60 mètres de hauteur, facile."

Risque toujours élevé 

Depuis lundi, une forte tramontane, soufflant du nord-ouest vers le sud-est, attise le feu, "le vent va reprendre, ça va être compliqué dans l'après-midi", anticipe le préfet de l'Aude.

Lundi, les avions bombardiers d'eau et de produits retardants se sont relayés au-dessus du brasier jusqu'à la tombée de la nuit. Une reprise des rotations des moyens aériens était attendue d'ici la mi-journée par le préfet.

Le feu, parti lundi vers 15H00, dans des circonstances inconnues, d'un domaine viticole près de la route départementale D613, dans le massif des Corbières, s'est vite propagé, avec des rafales soufflant à 90 km/h, selon un prévisionniste de Météo-France, Adrien Warnan.

En outre, la végétation desséchée par un fort déficit pluviométrique atteignant 69% en juin, plus la période de canicule prolongée ces derniers jours, forme un cocktail incendiaire redoutable, a poursuivi M. Warnan.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Narbonne pour déterminer les causes de l'incendie.

Automobilistes piégés 

De nombreux automobilistes et chauffeurs de poids lourds ont passé la nuit dans leur véhicule. Quelque 150 personnes ont été hébergées au parc des expositions de Narbonne, d'autres dans des salles communales ou gymnases à Sigean, Ferrals-des-Corbières ou Portel-des-Corbières.

L'Aude a connu trois incendies en une semaine. Le 29 juin, un feu a consumé 400 hectares sur la commune voisine de Bizanet, déclenché par le passage du véhicule d'un traiteur transportant sur sa remorque un barbecue mal éteint.

Le week-end dernier, un nouvel incendie a parcouru 430 hectares à proximité du village de Douzens, parti d'une voiture ayant pris feu sur la bande d'arrêt d'urgence de l'A61 Toulouse-Narbonne.