Afghanistan: un an après leur retour, divisions et crise économique minent les talibans

Un combattant taliban monte la garde le long d'une route à Kaboul, le 18 juin 2022. (Photo, AFP)
Un combattant taliban monte la garde le long d'une route à Kaboul, le 18 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 13 août 2022

Afghanistan: un an après leur retour, divisions et crise économique minent les talibans

  • L'Afghanistan est aujourd'hui plongé dans un tourbillon de crises financière, économique et humanitaire
  • Certains talibans ont beau vanter un nouveau type de gouvernance, pour beaucoup d'observateurs, les changements opérés jusque-là restent superficiels

KANDAHAR, Afghanistan : Un an après le retour fracassant des talibans au pouvoir en Afghanistan, des divisions apparaissent dans leurs rangs face aux défis colossaux auxquels sont confrontés les anciens insurgés et nouveaux maîtres du pays.

Leur victoire a mis fin aux combats - et offert un peu de répit aux Afghans, en particulier dans les zones rurales éreintées par deux décennies de violence.

Mais l'Afghanistan est aujourd'hui plongé dans un tourbillon de crises financière, économique et humanitaire. Des millions d'Afghans vivent sous le seuil de pauvreté, beaucoup se sont endettés pour la première fois cette année et des familles étranglées ont dû choisir entre vendre leurs filles en bas âge ou leurs organes.

Dans ce contexte, «vous avez un camp qui va de l'avant avec ce qu'il considère comme des réformes, et un autre camp qui semble penser que même ces maigres réformes sont de trop», explique Ibraheem Bahiss, analyste de l'Afghanistan pour International Crisis Group.

- Changements «symboliques» -

Certains talibans ont beau vanter un nouveau type de gouvernance, pour beaucoup d'observateurs, les changements opérés jusque-là restent superficiels.

Des gages avant tout «symboliques» pour amadouer l'Occident - qui a financé le pays sous perfusion de l'aide extérieure depuis 20 ans -, et ne pas rester coupé du système financier mondial.

La technologie ou les relations publiques ont fait leur apparition dans le quotidien des fonctionnaires de Kaboul, les matchs de cricket sont applaudis dans des stades pleins à craquer et les Afghans ont accès à l'internet et aux médias sociaux.

Les filles peuvent aussi fréquenter l'école primaire et les femmes journalistes interviewent les responsables du gouvernement, ce qui était impensable lors de la première expérience au pouvoir des talibans dans les années 1990.

«Il y a certains cas où nous pourrions pointer une évolution politique mais soyons clairs (...) nous sommes toujours en présence d'une organisation qui refuse de dépasser certains points de vue dogmatiques très rétrogrades», estime Michael Kugelman, spécialiste de l'Afghanistan au sein du groupe de réflexion Wilson Centre.

De nombreuses écoles secondaires pour filles restent fermées et les femmes exclues des emplois publics. La musique, la chicha et les jeux demeurent strictement contrôlés dans les zones conservatrices, tandis que les manifestations sont écrasées et que les journalistes se retrouvent régulièrement menacés ou arrêtés.

Dans le même temps, les nouvelles autorités ont ignoré les demandes occidentales en faveur d'un gouvernement inclusif et l'assassinat du chef d'Al-Qaïda à Kaboul la semaine dernière relance les doutes sur l'engagement des talibans à renoncer aux liens avec les groupes extrémistes.

- Ne pas capituler -

En mars, leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada a pris de court tout le monde en annulant la réouverture des écoles secondaires pour les filles. Plusieurs analystes y voient le souci de ne pas avoir l'air de capituler devant les chancelleries occidentales.

Il a ainsi anéanti les espoirs de rétablissement des flux financiers internationaux, suscitant des critiques jusque dans le commandement des talibans à Kaboul, dont certains se sont ouvertement prononcés contre cette décision.

D'autres mesures rappelant le premier règne brutal des talibans ont suivi, au grand dam des diplomates étrangers - qui rencontrent régulièrement le cabinet du gouvernement mais n'ont pas accès au chef suprême.

C'est depuis Kandahar, berceau des talibans, que le très secret Hibatullah Akhundzada et son puissant cercle rapproché d'anciens combattants et de religieux continuent d'imposer leur interprétation rigide de la charia.

Ses conseillers prétendent que le pays peut survivre sans revenus extérieurs, même si tous ont conscience que le déblocage des avoirs gelés à l'étranger constituerait une bouée de sauvetage.

«Nous savons que les talibans peuvent être mercantiles, mais ils ne peuvent pas apparaître comme tels», confie un diplomate à l'AFP.

«Les décisions qu'il (Akhundzada) a prises jusqu'à présent sont toutes fondées sur l'opinion des érudits religieux», affirme ainsi Abdul Hadi Hammad, directeur d'une madrassa et membre d'un conseil religieux proche du chef suprême.

«Les besoins des Afghans restent les mêmes qu'il y a 20 ans», renchérit Mohammad Omar Khitabi, l'un de ses conseillers.

Une ligne partagée par le responsable du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, Abdul Rahman Tayabi, un autre collaborateur du leader suprême. «Notre peuple n'a pas trop de demandes, comme les gens d'autres pays pourraient en avoir», assure-t-il à l'AFP.

- Salaires en retard -

Hibatullah Akhundzada, dont personne n'ose pour l'instant contester l'autorité, ne cesse de rappeler la nécessité pour le mouvement de rester uni. Selon certaines sources, il s'efforce de maintenir un équilibre pour apaiser les tensions entre plusieurs factions rivales.

Mais déjà, la colère monte au sein de la base des talibans.

«Les gardes talibans reçoivent leurs salaires en retard, et leurs salaires sont bas. Ils sont mécontents», a déclaré un responsable taliban de rang intermédiaire basé dans le nord-ouest du Pakistan, sous couvert d'anonymat.

Beaucoup sont retournés dans leurs villages ou au Pakistan pour trouver un autre travail, a ajouté une deuxième source talibane.

Les tentatives des talibans de diversifier leurs sources de financement grâce à l'exploitation lucrative du charbon ont déclenché des luttes intestines dans le nord, exacerbées par l'ethnicité et le sectarisme religieux.

Ces tensions croissantes risquent d'aggraver le repli conservateur au sein du mouvement, selon M. Kugelman: «Si les dirigeants talibans commencent à sentir de réelles menaces pour leur survie politique, pourront-ils changer ?».

Un an de régime taliban en Afghanistan : les moments clés

Recul des droits humains, en particulier ceux des femmes, effondrement économique et attentats: un an depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en quelques moments clés.

- Talibans à Kaboul

Le 15 août 2021, les talibans investissent le palais présidentiel de Kaboul à l'issue d'une offensive fulgurante entamée en mai à la faveur du début du retrait d'Afghanistan des forces américaines et de l'Otan.

Le président afghan Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger, admet que "les talibans ont gagné".

Washington gèle près de 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane et la Banque mondiale suspend ses aides à l'Afghanistan, dont 60% de la population dépend de l'aide internationale.

- Evacuation chaotique

L'effondrement de l'armée et du gouvernement afghan précipite les opérations de retrait des militaires américains et de leurs alliés civils afghans, marquées le 26 août par un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique à l'aéroport de Kaboul, qui fait plus de 100 morts.

Le 30 août, l'armée américaine quitte l'Afghanistan, mettant fin à deux décennies de présence dans le pays.

- Gouvernement

Les 7 et 8 septembre, est nommé un gouvernement, largement trusté par des responsables historiques du mouvement dans les années 1990 et qui ne comprend aucune femme ministre.

Les Occidentaux déplorent un gouvernement ni "inclusif", ni "représentatif" de la diversité ethnique et religieuse du pays, comme le nouveau régime s'y était engagé, et font du respect des droits humains, particulièrement pour les femmes, un prérequis dans les négociations sur l'aide et la reconnaissance du régime islamiste.

- Liberté des femmes restreinte

Les talibans, en dépit de leur promesse initiale d'un régime plus souple que lors de leur passage au pouvoir entre 1996 et 2001, imposent aux femmes des restrictions drastiques.

Le 23 mars 2022, ils font refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture pourtant annoncée de longue date.

Début mai, le chef suprême des talibans ordonne aux femmes de porter un voile intégral en public, de préférence la burqa.

Les femmes se voient aussi exclues de nombreux emplois publics et interdites de voyager seules en dehors de leur ville.

- Autres droits humains amputés

Le 17 mai, le régime annonce la dissolution de la Commission des droits de l'Homme (AIHRC), un organisme qui surveillait notamment les violences commises contre la population. La Commission électorale et le Haut conseil national pour la réconciliation, chargé de promouvoir la paix dans le pays, ont subi le même sort.

Les interdictions pleuvent: musique non-religieuse, représentation de visages humains sur des publicités, diffusion à la télé de films ou séries montrant des femmes non voilées sont bannies. Les fondamentalistes demandent aux hommes de porter le vêtement traditionnel et de laisser pousser leur barbe.

- Crise humanitaire et économique

L'Afghanistan, privé de l'aide internationale qui portait le pays à bout de bras, plonge dans une grave crise financière et humanitaire et voit son chômage exploser. Selon l'ONU, plus de la moitié de la population, soit environ 24 millions d'Afghans, sont menacés d'insécurité alimentaire.

Le 31 mars, l'ONU saisit la communauté internationale du plus grand appel de fonds jamais lancé pour un seul pays. L'initiative ne mobilise que 2,44 milliards de dollars, loin des 4,4 milliards espérés.

Des négociations sont en cours entre Washington et les talibans sur le déblocage de fonds après un tremblement de terre ayant fait plus de 1.000 morts et des milliers de sans-abri fin juin, dans l'est du pays.

- Attentats de l'EI

En octobre 2021, un attentat contre la communauté chiite, persécutée de longue date dans ce pays à majorité sunnite, fait 60 morts, le plus meurtrier depuis le départ des troupes américaines.

L'attaque est revendiquée par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), la branche régionale de l'EI contre laquelle les talibans mènent depuis des années une lutte sans pitié.

Au printemps 2022, des dizaines de personnes sont tuées dans une série d'attaques à la bombe, dont la plupart est revendiquée par l'EI-K.

Les talibans assurent avoir vaincu l'EI-K, mais les analystes estiment que le groupe extrémiste constitue toujours le principal défi sécuritaire pour le nouveau pouvoir afghan.

- Le chef d'Al-Qaïda tué par un drone américain

Dans la soirée du 1er août, le président américain Joe Biden annonce que les Etats-Unis ont tué dans une frappe de drone à Kaboul le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, recherché depuis des années par les services secrets américains.

Zawahiri, successeur d'Oussama Ben Laden à la tête de la nébuleuse jihadiste, était considéré comme un des cerveaux des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient fait près de 3.000 morts aux Etats-Unis.

Les talibans condamnent l'attaque mais ne confirment pas la mort de Zawahiri, ni même sa venue ou sa présence à Kaboul.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com