Les talibans restent «dangereux», dit l’ancien général américain Petraeus

David Petraeus, général de l'armée américaine à la retraite et ancien directeur de la CIA, prend la parole lors d'une discussion. (Getty Images/AFP, photo)
David Petraeus, général de l'armée américaine à la retraite et ancien directeur de la CIA, prend la parole lors d'une discussion. (Getty Images/AFP, photo)
Short Url
Publié le Samedi 13 août 2022

Les talibans restent «dangereux», dit l’ancien général américain Petraeus

  • « L'économie afghane s'est effondrée, une grande partie de la population souffre de faim et le régime taliban a ramené le pays au VIIIe ou IXe siècle », dit Petraeus
  • Près de 60% des journalistes afghans ont perdu leur emploi ou ont fui le pays depuis que les talibans ont pris le pouvoir

LONDRES: Un ancien commandant militaire américain a averti que les talibans avaient permis à Al-Qaïda de revenir et à Daëch de devenir «très dangereux» dans le cadre de la situation désastreuse que connaît l'Afghanistan depuis le retrait des troupes américaines il y a 12 mois.

« Le général David Petraeus a indiqué que le pays était retourné au VIIIe ou IXe siècle depuis le départ des forces occidentales et que le nouveau régime imposait une vision ‘ultra-conservatrice’ de l'islam », rapporte le journal britannique The Guardian, citant une entrevue que le général a accordée à Times Radio.

Selon la même source, l'Occident « a laissé derrière lui des centaines de milliers de personnes dont la sécurité a été mise en péril parce qu'elles étaient au service du gouvernement afghan ou travaillaient aux côtés des troupes occidentales ».

« Je pense que la situation est toujours tragique, écœurante et, franchement, désastreuse. Il est clair que les talibans ont permis le retour d'Al-Qaïda. L'État islamique semble très dangereux », affirme Petraeus qui utilise le terme « État islamique » pour désigner Daëch.

« L'économie afghane s'est effondrée, une grande partie de la population souffre de faim et le régime taliban a ramené le pays au VIIIe ou IXe siècle, sans oublier que les femmes ne peuvent presque plus contribuer à l'économie, au monde des affaires, voire à la société ».

« La plupart des forces de la coalition qui assuraient la formation et l'assistance dans le pays jusqu'à l'été dernier souhaitaient rester », ajoute-t-il.

D'après The Guardian, les chefs des services de renseignement « ont précédemment averti que le retrait [des forces occidentales] pourrait affaiblir la capacité du Royaume-Uni et des États-Unis à se faire une idée précise des activités terroristes sur le terrain ».

Depuis que les troupes occidentales dirigées par les États-Unis se sont retirées du pays, le 31 août de l'année dernière, et que les talibans ont pris le pouvoir, les menaces que l'Occident a adressées au groupe au sujet de ses activités ont été ignorées, précise The Guardian, et les agences de sécurité britanniques craignent qu'il ne favorise la résurgence de groupes extrémistes «qui pourraient profiter du vide sécuritaire», en particulier Al-Qaïda.

Petraeus a également déclaré que plusieurs ressources avaient été utilisées pour mener des frappes contre des individus qui constituaient une menace, notamment le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, qui a été tué ce mois-ci par une attaque américaine de drone alors qu'il se cachait dans la capitale afghane, Kaboul.

Par ailleurs, près de 60% des journalistes afghans ont perdu leur emploi ou ont fui le pays depuis que les talibans ont pris le pouvoir, selon une enquête publiée vendredi par Reporters sans frontières (RSF).

L'organisation non gouvernementale basée en France a indiqué que 219 des 547 organisations médiatiques du pays avaient fermé leurs portes l'année dernière et que les femmes étaient les plus touchées par la crise, 76% d'entre elles ayant perdu leur emploi. L'enquête a révélé que seules 656 femmes journalistes travaillaient encore – la plupart à Kaboul – alors qu'elles étaient au nombre de 2 756 depuis un an.

« Le journalisme a été anéanti en Afghanistan ces douze derniers mois », pense Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « Les autorités doivent s'engager à mettre fin aux violences et au harcèlement infligés aux professionnels des médias, et doivent leur permettre d’exercer leur métier sans inquiétude ».

« Les conditions de vie et de travail des femmes journalistes en Afghanistan ont toujours été difficiles, mais nous vivons aujourd'hui une situation sans précédent », confie Meena Habib, journaliste à Kaboul, à RSF. « Elles travaillent dans des conditions physiquement et mentalement violentes et fatigantes, sans aucune protection ».

Plusieurs médias ont été contraints à la fermeture parce que les talibans interdisent la diffusion de musique et de certains contenus, tandis que d’autres ne sont pas en mesure de poursuivre leurs activités sans financement international.

En outre, un décret publié le mois dernier par le chef suprême des talibans, Haibatullah Akhundzada, mettait en garde contre « la diffamation et la critique des responsables gouvernementaux sans preuve ». C'était la plus récente mesure de toute une série visant à restreindre la liberté de la presse.

Au moins 80 journalistes ont été détenus pendant des périodes variées par les forces de sécurité talibanes au cours de l'année écoulée. Trois d'entre eux sont actuellement emprisonnés, selon RSF. L'organisation a placé l'Afghanistan à la 156e place du classement de la liberté de la presse 2022 parmi 179 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

(Avec un complément d’information de l’AFP)


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Short Url
  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
Short Url
  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".