Ukraine: Poutine accuse les Etats-Unis de faire traîner le conflit

Le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux participants du festival Tavrida.ART via une liaison vidéo à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo, le 15 août 2022. (Photo/ SPUTNIK/ AFP)
Le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux participants du festival Tavrida.ART via une liaison vidéo à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo, le 15 août 2022. (Photo/ SPUTNIK/ AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 17 août 2022

Ukraine: Poutine accuse les Etats-Unis de faire traîner le conflit

Le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux participants du festival Tavrida.ART via une liaison vidéo à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo, le 15 août 2022. (Photo/ SPUTNIK/ AFP)
  • Vladimir Poutine a reproché plus globalement aux Etats-Unis de chercher à «déstabiliser» le monde
  • Cette accusation survient au moment où des bases militaires russes sont frappées par des incendies

KIEV: Le président russe Vladimir Poutine a accusé mardi les États-Unis de faire traîner le conflit en Ukraine, lancé par une offensive militaire de Moscou, il y a presque six mois, tandis que le premier navire humanitaire affrété par l'ONU quittait l'Ukraine chargé de céréales pour se rendre en Afrique.

Pour discuter notamment de la mise en œuvre de l'accord permettant ces exportations de céréales ukrainiennes, signé en juillet par Kiev et Moscou sous l'égide des Nations unies et via une médiation de la Turquie, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se rendra jeudi en Ukraine, où il rencontrera les présidents ukrainiens Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv, a annoncé mardi son porte-parole.

M. Guterres ira vendredi à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, avant de se rendre en Turquie.

Ils discuteront "du besoin d'une solution politique à ce conflit", a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric.

Le président Zelensky reste très actif sur le front diplomatique, rapportant sur les réseaux sociaux des entretiens avec des représentants du groupe des "Sages" ("The Elders"), dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ou avec le président zambien Hakainde Hichilema, son homologue français Emmanuel Macron et la Première ministre danoise Mette Frederiksen.

Avec cette dernière, a notamment été "discuté l'augmentation du soutien financier à (l'Ukraine) et des sanctions contre la Russie", selon M. Zelensky.

La guerre, entamée le 24 février, a entraîné de la part des pays occidentaux de lourdes sanctions à l'encontre de la Russie et une aide financière et militaire historique pour l'Ukraine, aggravant encore les tensions internationales.

Vladimir Poutine a ainsi reproché mardi aux États-Unis de chercher à "déstabiliser" le monde, évoquant la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.

"La situation en Ukraine montre que les États-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d'un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine", a déclaré M. Poutine à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou.

Il a dénoncé une "démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales".

«Travail d'orfèvre»

Sur le terrain, un nouvel incident est survenu mardi dans une base militaire russe en Crimée (sud), annexée par la Russie en 2014, qui sert de base arrière logistique aux forces de Moscou : "Un acte de sabotage", selon Moscou, a provoqué l'explosion de munitions à Djankoï.

Deux civils ont été blessés, selon le gouverneur de la péninsule Sergueï Aksionov. Une ligne à haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire et des maisons ont été endommagées, selon l'armée russe.

Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a revendiqué sur Telegram une "opération +démilitarisation+ façon travail d'orfèvre par les forces armées ukrainiennes".

La Crimée joue un rôle-clé dans la stratégie russe. C'est de là qu'a été lancée l'offensive sur le sud de l'Ukraine qui a permis à Moscou de capturer de larges pans de territoire dans les premières semaines de la guerre. Des avions russes décollent aussi quasi quotidiennement de Crimée pour frapper des cibles dans des régions sous le contrôle de Kiev.

Malgré le conflit, la péninsule est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l'été sur ses plages.

Ils se rendront moins facilement en Finlande à partir du 1er septembre : le pays voisin de la Russie a annoncé une réduction drastique des visas pour les touristes russes, à 10% du volume actuel.

«Dissuasion nucléaire»

La centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l'Ukraine, prise par les Russes en mars, reste également une source de tensions majeures. Plusieurs frappes dont s'accusent mutuellement Moscou et Kiev ont visé l'installation, la plus grande d'Europe.

Si la crainte d'une catastrophe nucléaire a été brandie jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a tenté de rassurer mardi sur les intentions russes.

"L'objectif principal des armes nucléaires russes est la dissuasion d'une attaque nucléaire", a-t-il affirmé.

Le président français Emmanuel Macron a néanmoins appelé au retrait des forces russes de la centrale. Lors d'un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien, il a souligné "sa préoccupation quant à la menace que font peser la présence, les actions des forces armées russes et le contexte de guerre avec les conflits en cours sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et a appelé au retrait de ces forces", a indiqué la présidence française.

L'opérateur public ukrainien Energoatom a dénoncé une cyberattaque russe "sans précédent" contre son site mardi, en précisant toutefois que son fonctionnement n'avait pas été perturbé.

Céréales pour l'Afrique

Selon le ministère ukrainien de l'Infrastructure, un navire de l'ONU chargé de 23.000 tonnes de céréales est parti mardi de Pivdenny (sud de l'Ukraine) pour l'Éthiopie. C'est le premier navire de l'ONU à quitter l'Ukraine à la suite de l'accord du 22 juillet permettant l'exportation des céréales ukrainiennes. Depuis, plus d'une quinzaine de bateaux ont pu prendre la mer, selon Kiev, mais aucune cargaison humanitaire de l'ONU.

Le conflit a bloqué pendant des mois l'exportation de ces produits agricoles, aggravant l'insécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement.

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 345 millions de personnes dans 82 pays sont aujourd'hui confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.