Le «général-président» tchadien Mahamat Déby dans les pas de son père

Mahamat Nouri, leader du mouvement Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), regarde après son arrivée à N'Djamena, au Tchad, le 18 août 2022, après 17 ans d'exil. (AFP)
Mahamat Nouri, leader du mouvement Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), regarde après son arrivée à N'Djamena, au Tchad, le 18 août 2022, après 17 ans d'exil. (AFP)
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Publié le Samedi 20 août 2022

Le «général-président» tchadien Mahamat Déby dans les pas de son père

  • Pour asseoir son pouvoir, Idriss Déby s'appuyait sur son ethnie, ultra-minoritaire, les Zaghawas, à qui il a confié les postes clés de l'armée
  • Contrairement à Idriss Déby, qui interdisait toute manifestation, Mahamat Déby «laisse un petit espace pour que les oppositions puissent s'exprimer», admet un expert

N'DJAMENA: Mahamat Idriss Déby Itno, le regard fuyant, paraît bien timoré quand l'armée annonce le 20 avril 2021 à la télévision la mort de son père Idriss Déby Itno, maître absolu du Tchad depuis 30 ans, tué au front contre des rebelles.

Le jeune général arbore déjà quatre étoiles à 37 ans mais son nouveau costume semble alors bien grand pour cet homme issu d'une école d'officiers tchadienne et n'ayant jamais approché la politique de près ou de loin: dans la même vidéo, il est proclamé, par les militaires fidèles à son père, chef d'une junte de 15 généraux et Président de la République jusqu'à des "élections libres et démocratiques".

Seize mois plus tard, il campe un chef de l'État assuré, copiant les attitudes martiales de son géniteur, au pays ou en côtoyant de nombreux présidents à l'étranger, car rapidement adoubé par une communauté internationale tout aussi prompte à vilipender et sanctionner ailleurs en Afrique les militaires putschistes.

Une communauté internationale à laquelle il donne des gages, s'engageant à limiter à 18 mois la période de transition et à organiser un dialogue national inclusif (DNI) pour rendre le pouvoir aux civils. Après plusieurs reports, le DNI s'ouvre samedi au palais du 15-Janvier, au cœur de la capitale N'Djamena.

Tout comme son père au début de son règne et dans un pays constamment en proie à des rebellions, Mahamat Déby ne se départ jamais de son treillis les premiers mois, et du béret rouge des commandos d'élite de la garde présidentielle qu'il commandait sous Idriss Déby.

Ni de ses lunettes noires qui lui donnent un air menaçant. Certains le décrivent comme taciturne et secret, d'autres disent qu'il s'efforce d'asseoir une autorité déjà contestée, dans la rue comme chez certains compagnons influents de son père.

Cinq choses à savoir sur le Tchad

Le Tchad, pays pauvre enclavé du Sahel, gouverné par une junte militaire depuis le décès en avril 2021 du président Idriss Déby Itno qui l'a dirigé pendant 30 ans, est un allié stratégique des Occidentaux dans la lutte antijihadiste.

Pays enclavé

Enclavé au coeur du Sahel, ce pays d'une superficie d'environ 1,3 million de km2 est frontalier du Cameroun, du Nigeria, du Niger, de la Libye, du Soudan et de la Centrafrique.

Sa population s'élève à plus de 16 millions d'habitants (Banque mondiale 2020), dont un peu plus de la moitié sont musulmans.

Le changement climatique a entraîné une accélération de la désertification et l'assèchement du lac Tchad, souligne la Banque mondiale.

Il totalise plus d'un million de personnes en "déplacement forcé", dont plus de 580.000 réfugiés fuyant des conflits dans les pays voisins, selon le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).

 

Histoire mouvementée

Ancienne colonie française, le Tchad a connu une forte instabilité après l'indépendance en 1960, avec une rébellion dans le nord dès 1965.

En 1980, une guerre civile éclate entre partisans de Goukouni Weddeye, président du Gouvernement d'union nationale de transition (appuyé par la Libye) et ceux de son ministre de la Défense Hissène Habré, qui prend le pouvoir en 1982.

En 1990, Hissène Habré est renversé par Idriss Déby Itno. Selon une commission d'enquête tchadienne, la répression sous son régime a fait 40.000 morts. Hissène Habré sera condamné à la prison à vie pour crimes contre l'humanité par un tribunal spécial africain à Dakar en 2017 et décédéra en août 2021.

En février 2008, une attaque rebelle qui atteint les portes du palais présidentiel est repoussée grâce au soutien français.

En 2019, Paris aide le président Déby en bombardant une colonne de rebelles tchadiens entrés par la Libye dans le nord-est.

En avril 2021, Déby, blessé dans des combats contre des rebelles dans le nord, décède. Il venait d'être réélu pour un sixième mandat, après 30 années d'exercice du pouvoir très autoritaire.

Son fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, est aussitôt proclamé président, dirigeant un Conseil militaire de transition. Il promet des élections dans les 18 mois, après un "dialogue national inclusif" avec l'opposition et les innombrables groupes rebelles, qui s'ouvre le 20 août, après plusieurs reports.

Le 8 août 2022, il signe un accord au Qatar avec une quarantaine de groupes rebelles pour lancer un dialogue national. Le 18 août, deux importants chefs rebelles, qui vivaient en exil depuis des années après avoir tenté de renverser l'ancien président, sont rentrés au Tchad.

 

Menaces multiples

Le Tchad connaît des défis militaires à toutes ses frontières.

Dans la région du lac Tchad (sud-ouest), l'armée lutte depuis 2015 contre la fraction du groupe nigérian Boko Haram affiliée à l'organisation Etat islamique (EI).

L'armée participe à une force multinationale mixte (FMM) appuyée par les Occidentaux, regroupant le Nigeria, le Niger et le Cameroun, ainsi qu'à la force antijihadiste de l'organisation régionale G5 Sahel (comprenant également la Mauritanie, le Burkina Faso et le Niger, mais dont le Mali s'est retiré).

L'état-major français de l'opération antijihadiste qui succédera à Barkhane sera pour l'heure maintenu à N'Djamena.

Les violences entre communautés sont fréquentes dans le centre et le sud.

Dans le massif du Tibesti (nord) et à la frontière avec la Libye, l'armée affronte des rebelles et des orpailleurs.

 

Pays pétrolier, mais pauvre

Son économie est très dépendante du pétrole, produit depuis 2003, mais sa production s'est limitée à 47 millions de barils en 2021, selon l'Observatoire tchadien des Finances publiques.

Entre 2014 et 2016, la baisse des cours de l'or noir a provoqué une crise de la dette. La part détenue par le groupe suisse Glencore a été restructurée en 2018.

N'Djamena négocie maintenant la restructuration de sa dette dans le cadre d'une initiative de suspension du service de la dette du G20, créé pendant la pandémie de Covid-19.

La pandémie "a probablement exacerbé le taux de pauvreté" (42% en 2018), souligne la Banque africaine de développement (BAD).

Le Tchad est le troisième pays le moins développé au monde selon l'ONU. Il affiche un des taux les plus élevés de mortalité maternelle et un enfant sur cinq y meurt avant ses cinq ans (Banque mondiale).

 

Doyen de l'humanité

Plusieurs restes d'australopithèques ont été découverts au Tchad, notamment "Toumaï", vieux de 7 millions d'années, considéré par certains scientifiques comme le premier représentant de la lignée humaine.

«Continuité»

Puis il troque progressivement la tenue militaire pour le boubou et la coiffe traditionnelle qu'affectionnait Idriss Déby. Ou bien le costume bien taillé, fines lunettes dorées sur le nez. Là encore, comme son père.

Surnommé "Kaka" - "grand-mère" en arabe tchadien - en référence à la mère d'Idriss Déby qui l'a élevé, il est réputé s'être illustré au combat notamment en 2009, dans l'est, contre la rébellion.

Tout comme son père là encore, ancien rebelle qui s'est emparé du pouvoir en 1990 - à 38 ans - et n'a jamais cessé de se dépeindre en "guerrier" menant ses soldats au front.

Mahamat Déby a rapidement "consolidé son pouvoir en s'entourant des caciques de l'ancien régime", assure Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales (IFRI), pour qui "il y a une vraie continuité entre le père et le fils, le système Déby est toujours en place".

En 1993, Idriss Déby, arrivé trois ans plus tôt au pouvoir par les armes, lançait une conférence nationale souveraine pour mettre en place les institutions de l'État après une période de transition. Tout comme "Kaka" avec le dialogue national. "Mahamat a la même volonté que son père d'afficher un semblant de dialogue avec les oppositions", affirme Kelma Manatouma, chercheur tchadien en sciences politiques, poursuivant que, par le passé, cela n'avait pas "débouché sur les résultats escomptés".

Mahamat brandit aussi, depuis peu, un bâton de commandement similaire à celui dont Idriss se séparait rarement. Au-delà de l'habit et des accessoires, la ressemblance s'arrête là: le père faisait bien son mètre 80, le fils est de taille bien plus modeste.

Experts et officiers étrangers ironisaient volontiers sur ce jeunot à quatre étoiles. Il s'en est épinglé une cinquième le 21 décembre 2021, devenant général de corps d'armée, le plus haut grade possible.

Même clan

Pour asseoir son pouvoir, Idriss Déby s'appuyait sur son ethnie, ultra-minoritaire, les Zaghawas, à qui il a confié les postes clés de l'armée. Mahamat, bien qu'à moitié gorane par sa mère, ethnie souvent rivale voire ennemie, s'appuie sur le même clan.

"Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir, autour des Zaghawas", souligne Roland Marchal, du Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.

Certains observateurs notent cependant des différences dans l'exercice du pouvoir.

Contrairement à Idriss Déby, qui interdisait toute manifestation, Mahamat Déby "laisse un petit espace pour que les oppositions puissent s'exprimer", admet M. Marchal. Le nouvel homme fort du Tchad a également organisé un "pré-dialogue" au Qatar avec des groupes rebelles, que son père avait combattus pendant des années.

L'homme fort du Tchad a également tendu la main à des chefs rebelles - dont son propre cousin, Timan Erdimi, également membre de l'ethnie Zaghawa - qui avaient essayé à plusieurs reprises de renverser son défunt géniteur, leur permettant de participer au dialogue national.

"Il est moins impulsif que le père, plus posé, il écoute plus qu'il ne parle", assure anonymement un proche conseiller.

Il a également dû donner des gages à la communauté internationale à qui il a promis il y a un an de rendre, sous 18 mois, le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter aux futures élections.

Mais le chef de la junte a porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son "destin" à "Dieu" sur une éventuelle candidature à la présidentielle.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.