Tchad: la junte lance un dialogue national en l'absence d'importants groupes rebelles

Sur cette photo d'archive prise le 23 avril 2021, Mahamat Idriss Deby (au centre) est assis à la tribune d'honneur lors des funérailles nationales de son père, le président tchadien Idriss Deby à N'Djamena. Le chef de la junte au pouvoir au Tchad s'est envolé le 5 août 2022 pour le Qatar pour sceller un éventuel accord de paix avec les rebelles, une étape clé dans les plans de restauration d'un régime civil. (AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 23 avril 2021, Mahamat Idriss Deby (au centre) est assis à la tribune d'honneur lors des funérailles nationales de son père, le président tchadien Idriss Deby à N'Djamena. Le chef de la junte au pouvoir au Tchad s'est envolé le 5 août 2022 pour le Qatar pour sceller un éventuel accord de paix avec les rebelles, une étape clé dans les plans de restauration d'un régime civil. (AFP).
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Publié le Lundi 08 août 2022

Tchad: la junte lance un dialogue national en l'absence d'importants groupes rebelles

  • Le Tchad, membre du G5 Sahel, est considéré comme un partenaire clé dans la lutte antijihadiste des Occidentaux, à commencer par la France, en Afrique centrale et de l'Ouest
  • La junte tchadienne s'engage dans l'accord à assurer la sécurité des membres des groupes rebelles pour qu'ils participent au dialogue national

DOHA : Le chef de la junte au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a signé lundi au Qatar un accord avec une quarantaine de factions rebelles sur l'ouverture d'un dialogue national pour la paix le 20 août à N'Djamena, auquel deux des principaux mouvements rebelles ont refusé de participer.

L'arrangement, qui prévoit notamment un "cessez-le-feu général" entre les autorités et les groupes signataires, censé ouvrir la voie au retour à un pouvoir civil, a été qualifié de "moment clé pour le peuple tchadien" par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s'est exprimé dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie officielle à Doha.

Le chef de l'ONU a néanmoins insisté sur la nécessité d'un dialogue "inclusif" pour que celui-ci puisse réussir.

Après des négociations qu'il a qualifiées d'"ardues", le président de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a vanté des discussions pour "transcender des divisions devenues anachroniques".

Depuis cinq mois, différents acteurs tchadiens négocient sous l'égide de l'émirat du Golfe pour mettre fin à des décennies de troubles et d'instabilité dans ce pays de 16 millions d'habitants qui a connu plusieurs coups d'Etat.

Le Tchad, membre du G5 Sahel, est considéré comme un partenaire clé dans la lutte antijihadiste des Occidentaux, à commencer par la France, en Afrique centrale et de l'Ouest.

La junte tchadienne s'engage dans l'accord à assurer la sécurité des membres des groupes rebelles pour qu'ils participent au dialogue national.

Au lendemain de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles en avril 2021, son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, avait été proclamé président à la tête d'un Conseil militaire de transition de 15 généraux.

Il avait aussitôt promis des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois, après un "dialogue national inclusif" avec l'opposition politique et les innombrables mouvements rebelles.

«Accord historique»

Les négociations à Doha, avec une quarantaine de groupes armés, préalable au futur dialogue national de N'Djamena, ont abouti à la signature de l'accord de lundi.

"C'est un accord historique", s'est félicité auprès de l'AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. "Notre porte reste ouverte pour les groupes qui n'ont pas signé".

Si le général Mahamat Idriss Déby Itno a exceptionnellement accepté de se rendre à Doha, Mahamat Mahdi Ali, le chef du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) est resté dans le désert libyen.

Le FACT, un des principaux groupes rebelles et qui est à l'origine de l'attaque ayant conduit à la mort en avril 2021 du maréchal Idriss Déby Itno, qui dirigeait d'une main de fer le Tchad depuis 30 ans, a finalement décidé de ne pas signer l'accord. Dans un communiqué, le FACT a affirmé que ce "rejet est concomitant à la non prise en compte de nos revendications", comme la libération des prisonniers. Le FACT a également affirmé qu'il "reste disponible au dialogue partout et toujours".

"La guerre ne résout rien, nous voulons un règlement pacifique et politique, mais lorsque nous serons contraints à nous défendre, nous allons nous défendre", a déclaré à l'AFP Mahamat Mahdi Ali, leader du FACT, critiquant "un dialogue biaisé d'avance".

Plusieurs groupes rebelles qui ont refusé de signer l'accord, dont le FACT, ont critiqué dans un communiqué la "mauvaise foi de la délégation du gouvernement" et ont imputé "l'entière responsabilité de l'échec (...) à la junte au pouvoir". Ces groupes armés ont plaidé notamment pour l'inégibilité des membres de la transition et pour une réforme de l'armée, des points qui ne sont pas mentionnés dans l'accord final.

"C'est un accord qui ne résout pas la question de l'opposition armée, puisque certains des principaux groupes n'ont pas signé", a déclaré à l'AFP Jérome Tubiana, chercheur français spécialiste du Tchad et de ses groupes rebelles. "Mais ce scénario était écrit d'avance, puisque que le gouvernement avait fait le choix de diluer le poids des quatre ou cinq principaux groupes au milieu d'une représentation beaucoup plus large".

Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), un autre important groupe rebelle, a annoncé ne pas vouloir signer l'accord, affirmant que les "principes pour lesquels nous nous battons ne nous permettent pas de faire partie d'un dialogue dont nous ne connaissons pas les objectifs".

«Bon départ»

Quelque 42 des 47 groupes représentés à Doha ont apposé leur signature lundi, aux côtés du pouvoir.

Ils s'engagent ainsi à participer au dialogue national prévu à N'Djamena le 20 août en présence, selon les autorités, de plus de 1.300 représentants, dont des rebelles et des membres des syndicats.

"Avoir autant de groupes signataires est un bon départ pour le dialogue national", estime le chef d'un groupe signataire sous couvert d'anonymat, soulignant que l'accord serait toutefois "plus fructueux" si le FACT en avait été également partie.

Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, a déclaré lundi que l'accord vise à instaurer "une paix qui remplacera les troubles et les conflits que le pays a connus depuis de trop longues années".

Le général Mahamat Idriss Déby laisse planer le doute sur un report de l'élection présidentielle, prévue en octobre si la transition n'est pas prolongée, mais Paris, l'Union africaine et l'Union européenne poussent pour qu'il ne touche pas à ce délai.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.