80è anniversaire du raid de Dieppe, un monument de propagande alliée

sur la petite dizaine d'objectifs fixés, seuls deux, -maintenir la pression sur les forces allemandes en France et gagner en expérience- sont atteints, pour un coût humain astronomique. (Photo, AFP)
sur la petite dizaine d'objectifs fixés, seuls deux, -maintenir la pression sur les forces allemandes en France et gagner en expérience- sont atteints, pour un coût humain astronomique. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 20 août 2022

80è anniversaire du raid de Dieppe, un monument de propagande alliée

  • Les Canadiens, à qui l'on vante la réussite de l'opération mais qui restent sans nouvelles de leurs proches, se posent des questions
  • Il faut attendre mi-septembre pour que la vérité éclate enfin : c'est «  la phase de révélation», à partir du 15 septembre, « celle du bilan officiel des pertes et la diffusion d’un rapport officiel sur l’opération trois jours plus tard»

DIEPPE: Le raid de Dieppe le 19 août 1942 s'est soldé par un carnage pour les soldats canadiens, mais les alliés avaient décidé qu'ils annonceraient une victoire, et le 3eme Reich en a profité pour se déclarer invincible : retour sur un monument de propagande.

"Il a fallu attendre longtemps avant que la vérité n'éclate" : lorsque le soldat du 14e Régiment blindé canadien Gordon Fennel revient en Angleterre après le raid, remorqué à bord d’un bateau qui prenait l’eau, il comprend vite que le récit fait de la bataille n'a aucun rapport avec sa réalité.

Cet homme aujourd'hui âgé de 100 ans, était le seul vétéran du raid parmi la petite poignée d'individus encore en vie à assister aux commémorations vendredi.

"On nous a dit que c'était un exercice, mais nous étions tous préoccupés" raconte-t-il, en surplomb de la plage de galets qui l'a vu débarquer dans son char il y a 80 ans. "C'est seulement trente secondes avant d'embarquer dans les bateaux" que le véritable but de la mission a été dévoilé, "nous n'avions pas beaucoup d'informations".

Si le secret entoure logiquement un tel raid avant le départ, Gordon a été surpris de ce qu'il a pu lire et entendre, revenu sur le territoire britannique le jour même parmi les quelque 3 000 rescapés, la moitié seulement du contingent de départ, (près de 900 Canadiens tués et 1 900 prisonniers).

Dans un article de septembre 2006 de la Canadian Historical Review, intitulé "+Au cas où ce raid est un échec+ vendre Dieppe aux Canadiens", l'historien Timothy Balzer explique : "les archives révèlent que le direction des opérations combinées (DOC, l'organisateur du raid) ont planifié à l'avance de présenter tout échec comme un succès".

L'historienne Béatrice Richard écrivait en avril 2016 dans "Dieppe, la fabrication d'un mythe" que dès la fin de la bataille, les services des relations publiques du DOC "entrent en action et tentent de transformer le fiasco en victoire".

Les jours suivant, les titres des journaux sont dithyrambiques: "Le commando laisse Dieppe en ruines" pour La Patrie au Québec, "Combat acharné à Dieppe - tâche accomplie pour les alliés qui surclassent les défenses allemandes" pour The Hamilton Spectator.

Cacher les morts 

Mais sur la petite dizaine d'objectifs fixés, seuls deux, -maintenir la pression sur les forces allemandes en France et gagner en expérience- sont atteints, pour un coût humain astronomique.

Et au lendemain de la bataille, on cache les morts.

"Après les premières publications louant la réussite de l'opération, (...) on commence à publier la liste des morts, blessés et disparus dans les journaux.(...) La dissonance devient évidente", selon Marie Eve Vaillancourt, commissaire de l'exposition "De Dieppe à Juno" au centre Juno Beach de Courseulles-sur-Mer, un mémorial dédié au débarquement canadien du 6 juin 1944 en Normandie.

Les Canadiens, à qui l'on vante la réussite de l'opération mais qui restent sans nouvelles de leurs proches, se posent des questions. Certains assistent à des rassemblement initiés par des journalistes présents à Dieppe mais ces derniers s'autocensurent sur fond de nationalisme guerrier.

Il faut attendre mi-septembre pour que la vérité éclate enfin : c'est "la phase de révélation", à partir du 15 septembre, "celle du bilan officiel des pertes et la diffusion d’un rapport officiel sur l’opération trois jours plus tard", écrit Béatrice Richard.

Côté allemand, la propagande sévit aussi. Les photographes dramatisent la scène en alignant des corps sur la plage, les actualités parlent de l'échec d'un "débarquement" à but d'invasion, alors qu'un raid est par essence une opération prévue sur un court laps de temps avec rembarquement de toutes les forces en présence.

L'idée allemande que cette "ouverture d'un second front allié en Europe de l'Ouest a échoué en 1942, s'éloignant du concept du raid pour se rapprocher de celui de débarquement", s'est tellement propagée dans l'imaginaire collectif, explique Marie Eve Vaillancourt, que même "les historiens canadiens ont mis l'accent sur cette thèse pendant plusieurs années".

Loin de ces manipulations, Gordon Fennell, présent ensuite sur les théâtres d'opération de Hollande, d'Allemagne ou d'Italie où il a perdu son frère qui combattait avec lui, n'a qu'un mot pour décrire cette journée: "épouvantable".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.