Il y a 80 ans, l'échec sanglant du raid de Dieppe

Cette photographie prise le 17 août 2022 montre des journaux de la Seconde Guerre mondiale exposés au Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, dans le nord-ouest de la France, avant les événements de commémoration du 80e anniversaire de l'opération Jubilé ou du raid de Dieppe. (AFP)
Cette photographie prise le 17 août 2022 montre des journaux de la Seconde Guerre mondiale exposés au Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, dans le nord-ouest de la France, avant les événements de commémoration du 80e anniversaire de l'opération Jubilé ou du raid de Dieppe. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 18 août 2022

Il y a 80 ans, l'échec sanglant du raid de Dieppe

  • Deux ans avant le fameux débarquement de juin 1944, 6 000 hommes, dont près de 5 000 Canadiens et un millier de Britanniques, sont engagés dans cette attaque éclair
  • Son objectif est de tester les défenses côtières allemandes et d'endommager les infrastructures de l'ennemi, avant de réembarquer vers l'Angleterre

PARIS: Il y a 80 ans, le 19 août 1942, les Alliés lançaient l'opération "Jubilee", un raid sur le port de Dieppe occupé par les Allemands, en Normandie: un échec sanglant, particulièrement meurtrier pour les soldats canadiens.

Deux ans avant le fameux débarquement de juin 1944, 6 000 hommes, dont près de 5 000 Canadiens et un millier de Britanniques, sont engagés dans cette attaque éclair.

Son objectif est de tester les défenses côtières allemandes et d'endommager les infrastructures de l'ennemi, avant de réembarquer vers l'Angleterre.

L'opération se solde par de lourdes pertes: 1 200 hommes tués, dont 913 Canadiens, 2 000 faits prisonniers, sans oublier une centaine d'avions abattus, une trentaine de chars perdus et un destroyer coulé.

Soulager les Soviétiques 

Début 1942, en pleine Seconde guerre mondiale, la situation est difficile pour les Alliés, qui "subissent une succession de revers", relève l'historien Jean-Charles Foucrier sur le site du ministère français des Armées. Par ailleurs, l'URSS "leur réclame d'ouvrir un nouveau front à l'ouest pour soulager l'armée soviétique, en difficulté face aux troupes de Hitler".

Encouragés par les Américains et voulant "remonter le moral des troupes", les Alliés envisagent "une attaque de grande envergure sur les côtes françaises".

Leur choix se porte sur Dieppe (Seine-Maritime), situé à une centaine de kilomètres des côtes anglaises, où "des infrastructures précieuses pour les Allemands comme un aérodrome, une station radar", pourront être détruites, souligne le lieutenant Aurélien Renaudière, chargé d'études au Service historique de la défense.

80 ans après Dieppe, l'émotion d'un jeune Canadien face au casque de son aïeul

"Je suis très fier de lui", explique Léandre, 14 ans. Quelques jours avant les 80 ans de la cuisante opération "Jubilee", le jeune Canadien a traversé l'Atlantique pour enfin toucher le casque de son arrière-grand-père, capturé lors de ce raid allié sur Dieppe.

Le 19 août 1942, 6.000 soldats alliés dont une majorité de Canadiens voguaient depuis les côtes anglaises vers ce qui allait être un carnage: plus de 1.000 morts dont 907 canadiens le jour même (trois fois plus que pour le Débarquement), et 2.000 prisonniers aux mains de l'occupant allemand.

Parmi eux, Gérard Audet, 22 ans.

Ce colosse de 2,15 m appelé "le grand rouge" par ses frères d’arme en raison de sa chevelure rouquine, qui a porté son frère sur ses épaules pendant la "marche de la mort" au retour de captivité en Pologne, était volontaire. Comme tous les Canadiens qui ont participé à l'opération "Jubilee".

Cet arrière grand-père, mort en 1989, Léandre Marsolais ne l'a connu qu'à travers des récits. Et un grand coffre caché toute sa vie sous son lit, dont la famille "n’a jamais su ce qu’il contenait avant sa mort", selon son arrière petit-fils, avant que ce dernier ne l'ouvre pour découvrir le trésor enfoui trop longtemps.

A l'intérieur, des mouchoirs sur lesquels Gérard avait dessiné ses rêves, ses manques, des dessins "un peu naïfs, typiques des soldats en captivité" selon Marie Eve Vaillancourt, commissaire de l'exposition "De Dieppe à Juno" au centre Juno Beach de Courseulles-sur-mer où sont exposés les dessins et le casque du soldat Audet.

La fierté de ce gamin à la connaissance historique impressionnante inonde le musée au moment où le propriétaire du casque, Hervé Fillu, lui pose sur la tête.

«Faire vivre l'histoire»

Un jour de 2017, ce collectionneur d'objets militaires, spécialiste du raid de Dieppe, cherche à authentifier un casque, retrouvé dans une demeure dieppoise suite à un héritage. En lien avec un Canadien qui connaît Léandre, il l'appelle en vidéo pour vérifier le numéro de matricule inscrit sur le casque.

Bingo. Sur son ordinateur, Léandre admire pour la première fois la relique, filmée sur le lieu même où Gérard a passé la première nuit de sa vie sur le sol européen, sa première nuit de prisonnier, aussi.

Le voir en vrai était un moment très attendu: "c’est très émouvant, ça fait longtemps que je prépare ça", dit Léandre à l'AFP.

Le casque sera exposé à Dieppe avant de reprendre le chemin de son propriétaire normand.

"C'est important de faire vivre l’histoire à travers ces objets, celle de ces hommes qui n’avaient que quelques années de plus que moi et qui se sont battus pour un monde meilleur", déclare le jeune homme après avoir enfin pu saisir le bol d'acier qui a servi de protection au grand-père de Geneviève, sa mère.

"Très émue", Geneviève, 53 ans, a découvert sur le tard l'histoire dont Gérard témoignait si difficilement.

"En regardant les films de guerre, mon grand-père me parlait parfois d'un raid et à quel point c’était terrible", dit-elle la voix basse, "que la mer était rouge sang, ses camarades mourant à côté de lui, qu'il avait l’impression d’être attendu par les Allemands mais ne pouvait se cacher nulle part" ajoute-t-elle. "Mais il nous donnait très peu de détails, surtout sur la captivité".

Car Gérard n'a pas rapporté que des dessins de ses plus de deux années de détention.

"Mon grand-père est revenu très malade, avec des problèmes de santé mentale et physique, dépression, diabète", confie la Montréalaise d'origine, aujourd'hui bibliothécaire à Ottawa, qui souhaite que cela ne recommence pas. "On est conscients qu’on a eu une accalmie dans l’Histoire, mais on est inquiets de ce qui se passe aujourd'hui avec Taïwan, en Europe, de voir la montée des dictatures".

Son fils est du même avis: "quand on voit toute la souffrance endurée par les soldats qui ont fait celle-là (la Seconde guerre mondiale, NDLR), on n'espère pas une autre guerre".

Mitraille allemande 

Initialement prévue début juillet 1942, l'opération est repoussée du fait de la météo.

Au petit matin du 19 août, plusieurs attaques ciblent les plages à l'est et à l'ouest de la ville portuaire, ainsi que sa grande plage, soit une bande de 16 kilomètres. Mais les bâtiments alliés, gros destroyers et petites embarcations, sont rapidement freinés par la mitraille allemande.

Les chars d'assaut patinent sur les galets, l'appui de la Royal Air Force est contré par la Luftwaffe.

Les hommes se lancent à l'assaut des plages mais sont fauchés par les balles, frappés par les éclats d'obus et de mortier. Canadiens et Américains y perdent leurs tous premiers soldats sur le continent européen.

En quelques heures, la victoire des Allemands, qui ne déplorent la perte que de quelques centaines d'hommes, est assurée.

A 9h30, ordre est donné aux forces alliées d'évacuer.

«Laboratoire d'expérience»

L'échec des Alliés est abondamment utilisé par la propagande allemande, qui diffuse à l'envi les photos des corps et des chars abandonnés sur les plages de Dieppe.

Dans son édition du 21 août, le journal Paris-Soir, qui reflète les vues allemandes, voit dans l'opération Jubilee "un nouveau Dunkerque", allusion au retrait en catastrophe des troupes britanniques du continent en juin 1940.

Il parle d'une "tentative désespérée d'un stratège amateur", allusion au Premier ministre Britannique Winston Churchill, qui aurait cédé à un "ultimatum" du leader soviétique Joseph Staline.

Gaspillage de vies humaines ou "répétition générale" nécessaire du débarquement réussi du 6 juin 1944 ? L'opération Jubilee fait l'objet d'interprétations divergentes.

Dans ses mémoires, le lieutenant-colonel britannique Shimmy Lovat, qui y a participé, jugeait qu'elle n'était finalement qu'un "show" commandé aux militaires par les politiques.

Les historiens estiment que le raid avait été mal préparé, et la solidité de la défense côtière allemande sous-estimée.

Cette opération aura en tout cas permis d'éclairer les Alliés sur les erreurs à ne pas commettre.

"Il y a un tas d'imperfections dans cette opération, ce qui en fait une espèce de +laboratoire d'expérience+", estime Jean-Charles Foucrier. "Les Alliés apprennent beaucoup. De manière douloureuse, mais ils apprennent".

Le jour J, ils renonceront notamment à attaquer frontalement un port en eaux profondes et utiliseront les ports flottants Mulberry, une première technologique.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
Short Url
  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.


Droits de douane: la France déçue de l'accord UE-USA

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 10 juin 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 10 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • La France, déçue de l'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a plaidé lundi pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir
  • Le président français Emmanuel Macron n'avait pas réagi lundi. Mais son Premier ministre François Bayrou a évoqué un "jour sombre" pour l'Europe, qui "se résout à la soumission"

PARIS: La France, déçue de l'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a plaidé lundi pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir sur ses modalités d'application.

Le président français Emmanuel Macron n'avait pas réagi lundi. Mais son Premier ministre François Bayrou a évoqué un "jour sombre" pour l'Europe, qui "se résout à la soumission".

Se projetant vers la suite, le ministre de l'Economie Eric Lombard a lui estimé lundi soir que "cet accord n'est pas complet" et que "le travail continue". Car "l'accord n'est pas finalisé et nous veillerons à ce qu'il soit amélioré", a-t-il dit dans une interview à Libération.

"Les discussions doivent se poursuivre pour les produits pharmaceutiques - on comprend que certains génériques seront exemptés -, sur l'acier, sur l'aluminium, sur les produits chimiques, sur les semi-conducteurs et sur les vins et les produits agricoles", précise-t-il.

"Il ne faudrait pas que cet accord soit la fin de l'histoire, auquel cas nous nous serions tout simplement juste affaiblis", avait estimé sur France Inter dès lundi matin le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.

"Maintenant, il va y avoir une négociation technique" et "nous pouvons nous saisir de cette séquence pour nous renforcer", a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%.

Avec l'espoir d'éviter une escalade commerciale, l'UE s'est aussi engagée à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie - visant notamment à remplacer le gaz russe - et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux Etats-Unis.

A Paris, si on concède que cet accord va apporter de la "stabilité" aux entreprises, on insiste surtout sur son caractère "déséquilibré", selon les termes utilisés par plusieurs membres du gouvernement.

"Notre responsabilité aujourd'hui, c'est de faire en sorte que cet accord, in fine, soit le moins déséquilibré possible", a déclaré sur RTL le ministre de l'Industrie et de l'Energie Marc Ferracci.

- Prochains jours déterminants -

MM. Ferracci et Saint-Martin ont plaidé pour un "rééquilibrage" portant sur les services, en particulier le numérique, en rappelant que si la balance commerciale des Etats-Unis avec l'Europe est déficitaire pour les biens, celle des services est excédentaire.

Concernant les échanges de biens, la France affichait en 2024 un excédent commercial de 16,4 milliards de dollars à l'égard des Etats-Unis selon les Américains, mais les Douanes françaises évoquent pour la même période un déficit de 4,2 milliards d'euros.

Les négociateurs européens devront utiliser "l'ensemble des outils qui sont à leur disposition" et notamment envisager "de limiter l'accès des entreprises américaines aux marchés publics européens", a insisté M. Ferracci.

Du côté des entreprises, Patrick Martin, le président du Medef, première organisation patronale française, a estimé que "si les choses sont bien ce qui nous a été annoncé, ce n'est pas admissible". "Il faut continuer à négocier", selon lui.

La CPME, deuxième organisation patronale, a dit anticiper "des répercussions désastreuses" pour les petites et moyennes entreprises. Et le mouvement des ETI (Meti) a évoqué "des conséquences particulièrement préoccupantes pour les entreprises de taille intermédiaire".

Selon les secteurs, les sentiments sont ambivalents.

"Il y a du soulagement parce que cet accord donne de la visibilité", a déclaré à l'AFP Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA). Mais "ce n'est pas un bon accord pour nous, tout simplement parce qu'on avait 0% de droits de douane en janvier vers les Etats-Unis et maintenant on va être à 15%."

"La catastrophe est évitée", en référence aux 30% de droits de douane évoqué par M. Trump, "mais les prochains jours seront déterminants pour le secteur français des vins et spiritueux", déclare dans un communiqué la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), à laquelle se joint l’ensemble des interprofessions françaises (CNIV) et de la filière.

Dans l'agroalimentaire, l'organisation patronale du secteur, l'Ania, a dénoncé un "accord clairement inéquitable (...) qui fragilise notre position".

Seuls les secteurs qui pourraient bénéficier d'une exemption de droits de douane, comme l'aéronautique, se sont montrés complètement soulagés.

Le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) a salué dans une déclaration transmise à l'AFP une exonération "bonne pour une industrie équilibrée entre la France et les Etats-Unis" et qui permettra de "conserver des emplois qualifiés en France à tous les niveaux de la chaîne de sous-traitance."

Les organisations patronales et les fédérations des filières économiques affectées par cet accord seront reçues mercredi à Bercy.