En Hongrie, un refuge pour les Juifs orthodoxes d'Ukraine

Des hommes prient dans la salle à manger d'un camp casher récemment ouvert sur la rive sud du lac Balaton à Balatonoszod le 29 juillet 2022. (AFP)
Des hommes prient dans la salle à manger d'un camp casher récemment ouvert sur la rive sud du lac Balaton à Balatonoszod le 29 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 19 août 2022

En Hongrie, un refuge pour les Juifs orthodoxes d'Ukraine

  • Réparti sur 18 hectares et comptant de 35 à 40 bâtiments, le complexe désaffecté durant une décennie servait auparavant de lieu de villégiature aux fonctionnaires hongrois
  • Le mémorial de l'Holocauste de Drobytskiy Yar à Kharkiv et celui de Babi Yar à proximité de Kiev, où 30 000 Juifs ont été assassinés par les occupants nazis de l'Ukraine en 1941, ont été endommagés par des frappes russes

BALATONOSZOD: Nourriture casher, discussions religieuses, section réservée aux femmes pour nager dans le lac Balaton: Rina Jalilova, 18 ans, se sent "vraiment bien" en Hongrie, dans un camp de réfugiés ukrainiens spécialement conçu pour accueillir les Juifs pratiquants.

Situé dans la station balnéaire de Balatonoszod, à 130 kilomètres au sud-ouest de Budapest, le refuge "Machne Chabad", qui accueille plusieurs centaines de personnes, est "unique en Europe" selon son instigateur, le rabbin Slomo Köves, issu du mouvement hassidique Habad-Loubavitch.

"C'est le seul qui soit destiné à ceux qui veulent respecter la coutume religieuse, les règles alimentaires de la tradition juive et vivre en communauté", explique à l'AFP ce religieux de 43 ans.

«A temps pour Pessah»

Contacté par un rabbin ukrainien en vue de trouver un lieu d'accueil "à temps pour Pessah", la Pâque juive, M. Köves s'est tourné vers le gouvernement du nationaliste Viktor Orban, dont il est proche.

Le Premier ministre hongrois est régulièrement accusé de flirter avec l'antisémitisme. En juillet, il a été pris à partie par le comité d'Auschwitz et le grand rabbin Robert Frölich après de virulents propos contre le "mélange des races".

Face aux critiques, il brandit une tolérance zéro pour les actes antisémites et rappelle qu'il a rénové plusieurs synagogues.

Et s'il refuse d'ouvrir ses portes aux réfugiés originaires d'Afrique et du Moyen-Orient, il a rapidement accordé l'usage de ces infrastructures à Slomo Köves.

«Recharger leur âme»

Réparti sur 18 hectares et comptant de 35 à 40 bâtiments, le complexe désaffecté durant une décennie servait auparavant de lieu de villégiature aux fonctionnaires hongrois.

Il a été réaménagé "en quelques semaines seulement et les réfugiés ont pu célébrer" la fête, se réjouit M. Köves dans la synagogue, une ancienne vinothèque au joli toit de chaume.

Depuis, environ 2.000 personnes ont déjà transité par lui, certains y restant quelques jours avant de gagner Israël ou les Etats-Unis, les autres sans point de chute y restant plus longtemps.

Pendant qu'on assaisonne le poisson certifié casher en cuisine, des hommes barbus prient dans la salle à manger. Cheveux couverts, des femmes en jupes longues discutent de la Torah au bord de l'eau.

Financés par des dons principalement américains et européens, "c'est un endroit apaisant pour les personnes traumatisées", explique Yaakov Goldstein, 33 ans, un rabbin ukrainien qui a organisé en avril des opérations d'évacuation après l'invasion russe du 24 février.

"Ici, elles peuvent recharger leur âme", estime-t-il alors que des cygnes nagent majestueusement dans les eaux vertes du plus grand lac d'Europe centrale, à peine dérangés par l'installation de mobile-homes visant à augmenter les capacités d'accueil.

Le fonctionnement au quotidien est géré par Alina Teplitskaya, 45 ans, la directrice de la fédération des communautés juives d'Ukraine. "A l'heure actuelle, on affiche complet", regrette-t-elle alors qu'environ "500 personnes sont sur liste d'attente".

Nouvelle épreuve

La guerre est la dernière épreuve en date pour la communauté juive d'Ukraine, qui n'a cessé de diminuer au rythme des pogroms de l'époque tsariste, du génocide durant la seconde guerre mondiale et des purges soviétiques.

Devant les bombardements incessants, des milliers de Juifs pratiquants ont fui l'Ukraine, l'un des berceaux du hassidisme, un courant majeur de la tendance orthodoxe.

Le mémorial de l'Holocauste de Drobytskiy Yar à Kharkiv a été endommagé par des frappes russes tandis que celui de Babi Yar à proximité de Kiev, où 30.000 Juifs ont été assassinés par les occupants nazis de l'Ukraine en 1941, était situé non loin de frappes début mars.

"C'était terrible, comme un tremblement de terre", témoigne Margarita Yakovleva, qui se trouvait dans son appartement près de Babi Yar quand les bombes sont tombées.

Cette cinéaste de 40 ans fait la queue dans le camp avec son chien Yena pour s'enregistrer auprès de responsables de l'immigration hongroise en visite.

Elle est dans l'inconnu pour la suite, comme Rina Jalilova, originaire d'Odessa et arrivée en mai avec sa famille.

"Nous n'avons pas de projets, on verra", confie la jeune fille qui, en attendant, passe ses journées à peindre, dessiner et jouer avec les enfants du camp.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.