L'Arabie saoudite veut accueillir les plus grands événements sportifs du monde

L'Arabie saoudite veut accueillir les plus grands événements sportifs du monde
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Publié le Dimanche 21 août 2022

L'Arabie saoudite veut accueillir les plus grands événements sportifs du monde

  • Le combat des poids lourds entre Usyk et Joshua à Djeddah n'est que le dernier d'une longue liste passionnante
  • Le Royaume a pour objectif la Coupe d'Asie féminine de l'AFC, les Jeux asiatiques et les Jeux d'hiver asiatiques

DJEDDAH: La ville côtière saoudienne de Djeddah était une fois de plus en effervescence samedi avant l'un des plus grands combats de boxe de l'histoire du sport, entre l'Ukrainien Oleksandr Usyk et le Britannique Anthony Joshua.

Ces scènes d'anticipation sont de plus en plus fréquentes en Arabie saoudite; le Royaume accueille de plus en plus d'événements sportifs internationaux, fruit du vaste plan de transformation sociale et économique du pays, la Vision 2030.

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Un match de football entre l'Arabie saoudite et l'Australie, dans le cadre des éliminatoires asiatiques de la Coupe du monde 2022 au Qatar, à Djeddah (Photo, AFP).

En septembre dernier, Usyk a surpris le monde de la boxe en surclassant Joshua lors du premier combat, remportant ainsi son quatrième titre de champion des poids lourds. En raison de la guerre en Ukraine, la revanche prévue n'a pu avoir lieu dans le pays d'origine du champion.

En revanche, le combat intitulé «Rage on the Red Sea», s'est déroulé à Djeddah.

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Oleksandr Usyk et Anthony Joshua avant leur match revanche à Djeddah, le 20 août 2022 (Photo, AN / Houda Bachatah).

L'un des objectifs de la Vision 2030, lancée en 2016, était de placer le Royaume comme une plaque tournante régionale pour des événements sportifs professionnels de classe mondiale qui généreraient des emplois pour les citoyens saoudiens et amélioreraient la qualité de vie en général.

Aujourd'hui, le sport occupe une place centrale dans le processus de diversification du Royaume, qui vise à sortir l'économie des hydrocarbures et à s'ouvrir à toute une série d'industries culturelles, entrepreneuriales et de haute technologie prospères.

En quelques années seulement, l'Arabie saoudite s'est hissée au premier plan en accueillant certains des plus grands événements sportifs du monde, ce qui a donné un élan supplémentaire au tourisme, à l'hôtellerie, aux loisirs et à l'emploi, tout en renforçant l'identité nationale.

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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane  assiste au lancement du championnat ABB FIA de Formule E à Diriyah, à Riyad (photo, palais royal saoudien/ Archives).

Le tourisme est un domaine que l'Arabie saoudite est particulièrement désireuse de promouvoir avec le lancement de son e-visa saoudien en 2018. Le Royaume prévoit d’accueillir 100 millions de touristes d'ici 2030, attirés par un mélange de nouveaux hôtels de luxe et un calendrier de divertissement bien rempli.

L'accueil de grands événements sportifs a créé de nouvelles opportunités de partenariats, d'investissements et de parrainages à chaque étape de la chaîne de valeur, tout en démontrant la diversité, l'inclusivité et le potentiel économique de l'Arabie saoudite à un public international plus large.

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Le pilote saoudien de Toyota Yazid al Rajhi et le copilote britannique Michael Orr s'affrontent lors de la 11e étape du Dakar 2022 autour de Bisha (Photo, AFP).

Du tarmac lisse et soyeux de la piste de Formule E aux routes épiques de la course dans le désert du Dakar, et du Royal Greens Golf & Country Club de la Ville économique du roi Abdallah à la Cité sportive du roi Abdallah, l'infrastructure de divertissement sportif du Royaume s'est améliorée à pas de géant.

Le succès de la candidature de l'Arabie saoudite à l'organisation des Jeux asiatiques de 2034 est une preuve supplémentaire de la trajectoire stratégique à long terme du secteur, qui est liée à son développement national global.

En 2018, le Royaume a été témoin d'une multitude d'événements sportifs, de tournois et de championnats majeurs. Cette année-là, le Britannique Callum Smith a battu son compatriote George Groves à Djeddah pour remporter le titre WBA des poids supermoyens et la couronne des World Boxing Super Series.

L'édition 2018 de Diriyah E-Prix a également fait date, puisque le championnat s'est déroulé dans la ville historique de Diriyah, la capitale du premier État saoudien.

Depuis lors, l'Arabie saoudite a accueilli la supercoupe d'Italie, la supercoupe d'Espagne élargie, la coupe internationale saoudienne de golf et la coupe saoudienne, la course hippique la plus riche du monde, dotée de 20 millions de dollars américains (1 dollar américain = 1 euro).

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Le jockey Wigberto Ramos avec Emblem Road célèbre sa victoire à la course 1800M Groupe 1 de la coupe saoudienne de 20 millions de dollars américains à Riyad (Photo, AFP/ Archives).

Le royaume a également accueilli le championnat international saoudien de parachutisme «Clash on the Dunes» entre Joshua et Andy Ruiz Jr, la coupe de tennis de Diriyah, le tournoi de BMX et le championnat de skateboard, pour n'en citer que quelques-uns.

Bien que la révolution du divertissement en Arabie saoudite ait subi des revers en 2020, au plus fort de la pandémie de la Covid-19, avec des événements suspendus, des lieux fermés et des voyages internationaux interdits pendant plusieurs mois, le calendrier du divertissement est rapidement revenu en force.

En 2021, le Royaume a inauguré sa gloire suprême — le Grand Prix d'Arabie saoudite — s'imposant fermement comme un lieu de premier plan pour les événements sportifs internationaux.

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Des pilotes s'affrontent lors du Grand Prix de Formule 1 d'Arabie saoudite 2022 sur le circuit de la Corniche de Djeddah, le 27 mars 2022 (Photo, AFP).

Construit en huit mois seulement, le circuit à grande vitesse situé sur le front de mer de Djeddah est devenu le circuit de F1 le plus rapidement construit.

Le Royaume a désormais pour objectif d'accueillir la Coupe d'Asie féminine de l'AFC en 2026 et les Jeux asiatiques d'hiver dans la mégapole saoudienne de NEOM en 2029.

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Une destination de montagne dans la province saoudienne de Tabuk, au nord-ouest du pays, qui proposera bientôt des activités de ski et des sports d'aventure toute l'année (Photo, Arab News).

Un récent rapport d'Ernst & Young a révélé que la valeur de l'industrie des événements sportifs en Arabie saoudite augmente de 8 % par an, passant de 2,1 milliards de dollars américains en 2018 à une estimation de 3,3 milliards de dollars en 2024.

La contribution du sport au PIB national est passée de 2,4 milliards de dollars en 2016 à 6,9 milliards de dollars en 2019, avec le nombre d'événements internationaux organisés en Arabie saoudite ayant doublé, passant de 9 événements en 2018 à 19 en 2019. 

Certes, les dividendes économiques ne sont pas les seuls signes de réussite. Les jeunes athlètes du Royaume ont remporté des victoires importantes, dont toute la nation peut être fière à juste titre.

L'année dernière, le Saoudien Tarek Hamdi a remporté la médaille d'argent en karaté aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. Puis, plus tôt cette année, Fayek Abdi est devenu le premier Saoudien à participer aux Jeux olympiques d'hiver, qui se sont tenus à Pékin.

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Le skieur alpin Fayek Abdi est devenu le tout premier Saoudien à participer aux Jeux olympiques d'hiver (Photo, Comité olympique saoudien).

Ayant obtenu de bons résultats lors de sa cinquième participation à la Coupe du monde de la FIFA en Russie en 2018, l'équipe nationale saoudienne s'est qualifiée pour la finale de cet hiver en mars dernier.

Un autre effet positif de la croissance des divertissements sportifs a été une augmentation générale des activités de santé et de remise en forme parmi la population saoudienne.

Une nouvelle enquête menée par l'Autorité générale des statistiques d'Arabie saoudite a révélé que 48,2 % des habitants du pays pratiquent désormais des activités physiques et sportives pendant au moins 30 minutes par semaine.

Il s'agit d'une étape importante dans la création d'une société saine et dynamique, conformément aux objectifs de qualité de vie de la Vision 2030.

Un autre pilier du programme de réforme de la Vision 2030 consiste à transformer le rôle des femmes.

L'Arabie saoudite a élaboré plusieurs stratégies dans le but d’inclure les femmes dans le sport, notamment la création d'une ligue de football féminin de 24 équipes en 2020 et le lancement de la première ligue régionale de football féminin l'année suivante.

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L'équipe nationale féminine saoudienne de football a reçu un coup de pouce avec la nomination de la vétéran entraîneuse allemande Monika Staab comme entraîneuse-formatrice (Photo fournie).

En effet, selon le ministère saoudien des Sports, la participation des femmes aux activités sportives a augmenté de près de 150 % depuis 2015.

«En participant à des événements sportifs, les femmes réalisent tellement plus de choses», a déclaré à Arab News Hala al-Hamrani, fondatrice de la première salle de boxe féminine en Arabie saoudite. «L'événement de boxe de ce soir est important, mais je vais surtout regarder les deux premiers préliminaires féminins en Arabie saoudite.»

L'espoir somalo-britannique Ramla Ali deviendra la première boxeuse à participer à un événement international officiel en Arabie saoudite, en affrontant Crystal Garcia Nova dans un combat de huit rounds de poids super coq.

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Le soutien aux sports de combat a encouragé de nombreuses femmes du Royaume à s'entraîner dans les arts martiaux (Photo, Arab News).

«Je crois que c'est un grand pas en avant car cela envoie un message au public montrant que le gouvernement soutient les femmes qui participent à des sports de combat, ce qui permettra en retour aux familles qui étaient autrefois réticentes à l'idée de permettre à leurs filles de participer à des cours ou à différentes compétitions d'arts martiaux de reconsidérer leur position», a souligné Al-Hamrani.

De tels événements «contribuent à éliminer l'idée que les femmes ne devraient pas pratiquer la boxe», a-t-elle ajouté.

Al-Hamrani a soutenu: «Les matchs de boxe préliminaires et le soutien du gouvernement sont d’une grande importance, montrant que l'implication des femmes dans le sport, sous toutes ses formes, n'est plus tabou.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement d'entraver les négociations en vue d'une trêve

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Hamas souhaite qu'Israël se retire sur les positions qu'il occupait avant la reprise des hostilités en mars, lors du précédent cessez-le-feu.
  • L'émissaire américain Witkoff, qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la dernière proposition de cessez-le-feu, se rendra à Doha cette semaine.

Le CAIRE/DOHA : samedi, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de bloquer les tentatives visant à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza, près d'une semaine après le début de pourparlers indirects entre les deux parties pour mettre fin à 21 mois de combats acharnés dans le territoire palestinien.

Une source palestinienne proche des discussions au Qatar a déclaré à l'AFP que les propositions d'Israël visant à maintenir ses troupes dans le territoire déchiré par la guerre bloquaient un accord pour une trêve de 60 jours.

Mais du côté israélien, un haut responsable politique, s'exprimant également sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des négociations, a accusé le groupe militant d'être inflexible et de tenter délibérément de faire échouer les efforts visant à parvenir à un accord.

Sur le terrain, l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que plus de 20 personnes avaient été tuées samedi dans tout le territoire, notamment lors d'une frappe aérienne nocturne visant une zone abritant des personnes déplacées. 

« Pendant que nous dormions, il y a eu une explosion là où se trouvaient deux garçons, une fille et leur mère », a déclaré Bassam Hamdan à l'AFP, après l'attaque survenue dans un quartier de la ville de Gaza.

« Nous les avons retrouvés déchiquetés, leurs restes éparpillés », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes avaient été retrouvées dans un état extrêmement dégradé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des corps recouverts de bâches en plastique blanc ont été transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, tandis que les blessés de Rafah ont été évacués vers des centres de soins à bord de charrettes tirées par des ânes, sur des civières ou à dos d'homme.

Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré que les dix otages détenus depuis l'attaque des militants du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre, seraient libérés si un accord était conclu.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il était prêt à entamer des négociations pour mettre fin de manière plus permanente aux hostilités. 

Cependant, une source palestinienne a déclaré que le refus d'Israël d'accepter la demande du Hamas d'un retrait complet de ses troupes de Gaza freinait les progrès des négociations.

Une deuxième source a indiqué que les médiateurs avaient demandé aux deux parties de reporter les discussions jusqu'à l'arrivée de l'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, à Doha.

« Les négociations à Doha sont confrontées à un revers et à des difficultés complexes en raison de l'insistance d'Israël, depuis vendredi, à présenter une carte de retrait qui est en réalité une carte de redéploiement et de repositionnement de l'armée israélienne plutôt qu'un véritable retrait », a déclaré cette source.

Elle a ajouté qu'Israël proposait de maintenir des forces militaires dans plus de 40 % du territoire palestinien, forçant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à se regrouper dans une petite zone près de la ville de Rafah, à la frontière avec l'Égypte. 

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

En réponse, un haut responsable politique israélien a rétorqué que c'était le Hamas qui avait décliné les offres sur la table, l'accusant de « dresser des obstacles » et de « rejeter tout compromis » dans le dessein de « saboter les pourparlers ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens.

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

Un haut responsable politique israélien a ensuite répliqué que c'était le Hamas qui avait rejeté les propositions sur la table, l'accusant de « créer des obstacles » et de « refuser tout compromis » dans le but de « saboter les négociations ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens. 

Deux cessez-le-feu précédents, une trêve d'une semaine à la fin du mois de novembre 2023 et une autre de deux mois à partir de la mi-janvier de cette année, ont permis la libération de 105 otages en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Selon une deuxième source palestinienne, « certains progrès » auraient été réalisés lors des dernières négociations concernant les plans de libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'obtention d'une aide supplémentaire pour Gaza.

Netanyahu, qui subit des pressions nationales et internationales pour mettre fin à la guerre, a déclaré cette semaine que la neutralisation du Hamas en tant que menace pour la sécurité était une condition préalable à toute négociation de cessez-le-feu à long terme.

Cela inclut le désarmement, a-t-il précisé, avertissant que si cela n'était pas fait, Israël serait contraint d'y parvenir par la force.

 


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com