Ce que des rats au volant peuvent nous apprendre sur notre santé mentale

Un rat conduit une voiture dans le cadre d'une étude à l'Université de Richmond à Richmond, en Virginie, le 2 août 2022. (AFP)
Un rat conduit une voiture dans le cadre d'une étude à l'Université de Richmond à Richmond, en Virginie, le 2 août 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 août 2022

Ce que des rats au volant peuvent nous apprendre sur notre santé mentale

  • Les rats de l'université de Richmond avaient impressionné le monde en 2019 par leur capacité à conduire des voitures miniatures
  • Aujourd'hui, ils font partie d'un projet novateur qui explore la façon dont l'enrichissement environnemental façonne le cerveau et pourrait à terme aider à résoudre les problèmes humains de santé mentale

RICHMOND: Sur la piste de course, "Queue Noire" prend quelques secondes pour renifler les alentours, avant de placer sa patte sur un levier et démarrer sur les chapeaux de roues. Arrivée en trombe à destination, elle dévore une friandise bien méritée.

Les rats de l'université de Richmond avaient impressionné le monde en 2019 par leur capacité à conduire des voitures miniatures. Aujourd'hui, ils font partie d'un projet novateur qui explore la façon dont l'enrichissement environnemental façonne le cerveau -- et pourrait à terme aider à résoudre les problèmes humains de santé mentale.

"Cela attire l'attention des gens sur l'intelligence et la capacité à apprendre de ces animaux", explique Kelly Lambert, directrice du laboratoire de neuroscience comportementale de l'université, qui tente de garder une saine distance scientifique avec ses rongeurs en ne leur donnant pour nom que celui du coup de marqueur coloré appliqué à leurs queues.

L'un des grands échecs de la médecine moderne, pour Kelly Lambert, est son incapacité à guérir ces pathologies mentales à l'aide de médicaments, alors même que les entreprises pharmaceutiques engrangent des profits dans ce domaine.

Ces approches médicamenteuses sont de plus en plus remises en cause, après la publication en juillet d'une étude majeure questionnant la théorie selon laquelle un déséquilibre chimique, notamment un manque de sérotonine, causerait les dépressions.

«Travailleurs» et «rentiers»

A la place, Kelly Lambert voit la thérapie comportementale comme une clé du traitement de l'esprit, d'où l'étude des petits mammifères.

"Nos cerveaux se transforment depuis le ventre de la mère jusqu'à la tombe", dit-elle, expliquant qu'avoir une vie active -- d'une façon ou d'une autre -- peut jouer sur la possibilité de faire une dépression.

Lors d'une précédente expérience, elle avait divisé un groupe de rats entre "travailleurs", qui devaient accomplir un effort pour obtenir une récompense -- en l'occurrence fouiller dans un tas de terre -- et "rentiers", groupe témoin à qui l'on donnait les friandises sans contrepartie.

Face à des tâches stressantes, le groupe de travailleurs a persisté plus longuement que ceux conditionnés à rester dans un état que les psychologues désignent comme d'"impuissance apprise".

Et lorsqu'ils ont dû nager, les travailleurs ont eu une réaction hormonale indiquant une plus grande résistance émotionnelle.

Les rats ayant appris à conduire ont aussi fait preuve d'une plus grande ténacité émotionnelle et de niveaux réduits de stress, ce qui pourrait être lié à la satisfaction d'acquérir de nouvelles compétences, selon Kelly Lambert.

"Ils tracent des chemins dans la nature qu'ils empruntent sans arrêt et nous voulions voir s'ils étaient capable de garder cet excellent sens de l'orientation dans un véhicule", explique la chercheuse Olivia Harding.

L'apprentissage n'a pas été aisé: les rats ont d'abord dû actionner les commandes à petits coups de museau, avant que les scientifiques ne découvrent qu'ils préféraient se tenir sur leurs pattes arrières et utiliser celles de devant pour conduire.

Même lorsque leur voiture était dans une position inhabituelle, tournant le dos à la récompense, les rongeurs sont parvenus orienter leur véhicule dans le bon sens et à atteindre la friandise, preuve d'une capacité cognitive avancée.

Les pilotes d'aujourd'hui, "Queue Noire" et "Queue Multicolore", font preuve d'"anticipation" en s'agitant à l'arrivée des humains, faisant les cent pas et tentant d'escalader les parois de leurs cages.

Tout comme les humains, tous les rats n'ont pas les mêmes intérêts: si certains semblent apprécier la conduite en soi, d'autres ne le font que pour la récompenses et un troisième groupe ne s'en donne même pas la peine.

Cage vs nature 

Les rats femelles ont longtemps été ignorées par les scientifiques qui, persuadés que leur cycle menstruel de quatre jours pouvait altérer les résultats des recherches, se sont ainsi privés de connaissances approfondies les concernant.

Un phénomène que Kelly Lambert s'est employée à combattre dans ses propres expériences, et les conditions pour recevoir des fonds fédéraux de recherche aux Etats-Unis incitent désormais à suivre son exemple.

La patronne du laboratoire de neuroscience comportementale a compris tôt dans sa carrière qu'étudier les rats vivant dans des cages "non enrichies", c'est-à-dire dépourvues de courses d'obstacles et d'activités, n'avait pas beaucoup d'intérêt, comme l'étude d'humains confinés et isolés.

Les rats élevés dans des cages enrichies ont par exemple bien mieux réussi à conduire un véhicule que les autres.

Ses travaux les plus récents ont permis de découvrir que les rats sauvages avaient des cerveaux plus gros que les rats de laboratoire, davantage de neurones, de plus grosses rates permettant de mieux combattre les maladies, et des niveaux de stress beaucoup plus élevés.

Ce qui conduit à une question philosophique: sommes-nous plus proches des rats de laboratoire, de ceux qui sont enfermés dans des cages enrichies ou de ceux qui vivent dans la nature?

"Je me sens un peu plus proche du rat fourni en labo que du rat sauvage", s'amuse Kelly Lambert.

Les rats sauvages, qui doivent chaque jour faire les poubelles pour se nourrir et éviter les prédateurs, un comportement similaire à celui de nos ancêtres, ont peut-être une chose ou deux à nous enseigner en matière de résistance mentale.


Le savoir-faire des artisans du Qassim mis à l’honneur

La région de Qassim est réputée pour son artisanat traditionnel, notamment dans l'industrie de l'osier de palme. (SPA)
La région de Qassim est réputée pour son artisanat traditionnel, notamment dans l'industrie de l'osier de palme. (SPA)
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  • Un art transmis de génération en génération continue de prospérer, alors que les artisans mêlent patrimoine culturel et créativité au Festival des dattes de Buraidah
  • Le tressage de palmes remonte à l’Antiquité, servant à l’origine aux besoins essentiels du foyer

RIYAD : La région de Qassim est réputée pour son artisanat traditionnel, en particulier dans le domaine du tressage de palmes. Cet art ancestral, transmis de génération en génération, continue de prospérer grâce aux artisans qui allient patrimoine culturel et créativité lors du Festival des dattes de Buraidah.

L'artisane Umm Abdullah a démontré le processus minutieux du tressage de palmes : les feuilles sont d’abord trempées et séchées, puis habilement transformées en divers objets comme des paniers, des nattes ou des sets de table.

Elle a expliqué que l’abondance de palmiers dans la région a fait de cet artisanat une source de revenus essentielle pour de nombreuses familles travaillant dans l’industrie artisanale locale, selon l’Agence de presse saoudienne.

Umm Abdullah a ajouté que les objets en feuilles de palmier sont très recherchés pour leur valeur culturelle et leur lien précieux avec le patrimoine.

Remontant à l’Antiquité, le tressage de palmes répondait aux besoins domestiques du quotidien. Avec le temps, l’innovation a permis de diversifier les produits et les designs, affirmant cet artisanat comme un véritable pilier du patrimoine.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


De Cannes au Casino du Liban, le flûtiste Daniel Alhaiby revient au Liban

Ce spectacle fait suite à ses années d'expérience dans des lieux et événements prestigieux, notamment le Festival de Cannes, où il a partagé sa musique avec un public international. (Fichier/ Fourni)
Ce spectacle fait suite à ses années d'expérience dans des lieux et événements prestigieux, notamment le Festival de Cannes, où il a partagé sa musique avec un public international. (Fichier/ Fourni)
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  • "Se produire au Liban, c'est comme boucler la boucle pour moi. C'est là que tout a commencé, et c'est tellement important", a-t-il déclaré
  • "Partager ma musique dans mon pays d'origine est comme une célébration de mon voyage, de Paris à la scène mondiale et de retour à la maison

DUBAI : Flûte en main, Daniel Alhaiby, profondément attaché à l'Orient et à l'Occident, se prépare à donner son premier concert solo au Casino du Liban le 10 septembre.

Ce concert fait suite à ses années d'expérience dans des lieux et événements prestigieux, notamment le Festival de Cannes, où il a partagé sa musique avec un public international.
"Cannes, c'est de la magie à l'état pur. Chaque fois que je joue, j'ai l'impression de représenter non seulement moi-même, mais aussi toute une culture, toute une histoire", a déclaré M. Alhaiby à Arab News.

Le retour au Liban pour son concert solo est un moment profondément personnel pour Alhaiby.

"Se produire au Liban, c'est comme boucler la boucle pour moi. C'est là que tout a commencé, et c'est tellement important", a-t-il déclaré.


"Partager ma musique dans mon pays d'origine est comme une célébration de mon voyage, de Paris à la scène mondiale et de retour à la maison.

"Le Casino du Liban a toujours été un lieu de rêve pour moi... Le public peut s'attendre à une expérience vraiment spéciale. J'ai soigneusement élaboré la liste des morceaux pour les emmener dans un voyage musical qui mêle mes compositions originales à des classiques revisités."

Les influences musicales d'Alhaiby sont diverses, allant de Piazzolla et Rimsky-Korsakov à Fairuz, Hans Zimmer, Pink Floyd et Bach.

"Je suis plus influencé par l'émotion que par le genre. Tout ce qui me touche, qu'il s'agisse d'une partita de Bach ou d'une improvisation orientale, se retrouve dans ma musique", a-t-il déclaré.

Le musicien a expliqué qu'il avait été attiré par la flûte dès son "plus jeune âge" : "Sa sonorité a toujours été proche de mon âme, il y a quelque chose dans son souffle, dans sa tonalité expressive, qui se connecte profondément à mes émotions. Au fil du temps, elle est devenue plus qu'un simple instrument ; elle est devenue ma voix, ma façon d'exprimer tout ce que les mots ne peuvent pas exprimer".


Essence de grands parfums, le jasmin égyptien se fane sous le réchauffement

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  • Dans cette région fertile, le jasmin fait vivre des milliers de familles depuis des générations
  • De juin à octobre, elles se rendent dans les champs entre minuit et l'aube, quand les fleurs exhalent leur parfum le plus intense

CHOBRA BELOULA: Depuis des années, Wael al-Sayed sillonne les champs du delta du Nil pour récolter les fleurs de jasmin qui finiront dans les flacons des grandes maisons de parfum. Mais ces derniers étés, les pétales se raréfient et leur parfum s'évanouit.

"C'est la chaleur", soupire M. al-Sayed, 45 ans, qui cultive depuis près de dix ans le jasmin à Chobra Beloula, village du delta du Nil à une centaine de kilomètres au nord du Caire et haut lieu de cette production en Egypte.

A mesure que les températures grimpent, explique-t-il, les floraisons se raréfient. En deux ans, sa récolte quotidienne est passée de six kilos à seulement deux ou trois.

Dans cette région fertile, le jasmin fait vivre des milliers de familles depuis des générations. De juin à octobre, elles se rendent dans les champs entre minuit et l'aube, quand les fleurs exhalent leur parfum le plus intense.

Mais les vagues de chaleur, les sécheresses prolongées et la prolifération de parasites liés au dérèglement climatique menacent cet héritage. Confrontés à des récoltes de plus en plus maigres, certains finissent par renoncer.

D'autres, comme M. al-Sayed, s'accrochent. Cette année, il a dû faire appel à sa femme et deux de ses enfants – âgés de neuf et dix ans – pour l'aider sur leur parcelle de 350 m². "On n’a pas le choix", explique-t-il, résigné.

Trop chaud pour fleurir 

Selon A. Fakhry & Co, principal transformateur du pays, l'Egypte fournit près de la moitié de la concrète de jasmin produite dans le monde, cette pâte cireuse qui entre dans la composition des plus grands parfums de luxe.

Dans les années 1970, le pays en produisait 11 tonnes par an, selon la Fédération Internationale des Huiles Essentielles. Aujourd’hui, la production plafonne à 6,5 tonnes, affirme A. Fakhry & Co.

Ali Emara, 78 ans, cueille le jasmin depuis l’âge de 12 ans. "Les étés étaient chauds, mais pas comme maintenant", dit-il.

Mohamed Bassiouny, 56 ans, et ses quatre fils ont vu leur récolte fondre de 15 à 7 kilos, malgré des journées de plus de huit heures.

Le jasmin de la région est particulièrement sensible à la chaleur et à l’humidité, explique Karim Elgendy, du Carboun Institute, un think tank néerlandais spécialisé dans le climat et l’énergie. "Les températures élevées peuvent perturber la floraison, altérer la concentration en huile essentielle  (...) et diminuer le rendement", explique-t-il.

Un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie, publié en 2023, révèle que la température moyenne en Égypte a augmenté de 0,38°C par décennie entre 2000 et 2020 – soit plus vite que la moyenne mondiale.

La chaleur émousse la puissance olfactive du jasmin, dépréciant l'huile précieuse qui en est extraite, explique Badr Atef, directeur chez A. Fakhry & Co. Dans le même temps, les nuisibles – acariens et vers des feuilles – prolifèrent sous ces températures extrêmes, aggravant encore la situation.

A Grasse (France), capitale mondiale du parfum, Alexandre Levet, PDG de la French Fragrance House, constate lui aussi l'ampleur des dégâts: "Des dizaines d'ingrédients naturels souffrent déjà du dérèglement climatique", explique-t-il à l'AFP, ajoutant que de nouveaux terroirs émergent à mesure que les anciens deviennent incertains.

Revenus dérisoires 

Le delta du Nil se révèle particulièrement exposé: la montée de la Méditerranée modifie la salinité des sols, plaçant les cultivateurs de jasmin en première ligne.

Ces derniers sont "complètement livrés à eux-mêmes", dénonce le sociologue Saker El Nour. Ils n’ont "aucun pouvoir" dans une industrie qui dépend pourtant entièrement de leur travail.

Alors que les grandes maisons de parfum écoulent le kilo d’absolue de jasmin – une huile essentielle pure – à plus de 5.000 euros, les cueilleurs égyptiens, eux, ne reçoivent que 105 livres égyptiennes, soit à peine deux euros, pour chaque kilo de fleurs récoltées. Or il faut près d’une tonne de pétales pour extraire seulement 2 à 3 kilos de concrète, et une quantité plus infime encore d’huile essentielle.

"Que valent 100 livres aujourd’hui ? Rien", tranche M. al-Sayed.

Depuis 2022, la livre égyptienne a perdu plus des deux tiers de sa valeur, entraînant une flambée des prix et plongeant plusieurs familles dans une précarité extrême.

En juin, les cueilleurs ont mené une grève inédite pour exiger que leur rémunération soit portée à 150 livres égyptiennes par kilo. Mais face à des prix verrouillés par une poignée de transformateurs privés, ils n’ont arraché qu'une maigre augmentation de 10 livres.

D'année en année, les revenus s'érodent, tandis que le réchauffement climatique menace l'existence même de cette communauté. "Des villages entiers pourraient devenir invivables", prévient M. Elgendy.