En pleine crise avec Ankara, Paris va dissoudre le groupuscule turc les Loups Gris

Le signe des loups gris. (AFP)
Le signe des loups gris. (AFP)
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

En pleine crise avec Ankara, Paris va dissoudre le groupuscule turc les Loups Gris

  • Ce groupe d'extrême-droite, actif en Turquie comme au sein d'une partie de la diaspora en Europe, est réputé proche de Recep Tayyip Erdogan, même s'il n'est pas porteur d'un discours religieux marqué comme le président turc
  • En France ce groupuscule, dont le nombre exact de membres est difficile à quantifier, a été accusé d'avoir participé mercredi à des incidents ayant opposé les communautés turque et arménienne près de Lyon

PARIS : En pleine crise diplomatique entre Paris et Ankara, le gouvernement a annoncé lundi la dissolution prochaine en France du groupe ultra-nationaliste turc les Loups Gris, pointé du doigt après de récents incidents avec la diaspora arménienne près de Lyon.

Ce groupe d'extrême-droite, actif en Turquie comme au sein d'une partie de la diaspora en Europe, est réputé proche de Recep Tayyip Erdogan, même s'il n'est pas porteur d'un discours religieux marqué comme le président turc. 

Il s'agit d' « un groupement de fait particulièrement agressif pour ne pas dire plus », a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en annonçant cette dissolution qui doit être actée mercredi en Conseil des ministres.

En France ce groupuscule, dont le nombre exact de membres est difficile à quantifier, a été accusé d'avoir participé mercredi à des incidents ayant opposé les communautés turque et arménienne près de Lyon. 

Les tensions entre ces deux diasporas, récurrentes depuis des décennies, sont exacerbées depuis le déclenchement en septembre d'une guerre dans la région indépendantiste du Nagorny-Karabakh, opposant l'Arménie et l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie.

Mercredi soir à Décines-Charpieu, près de Lyon, la police est intervenue pour empêcher quelque 250 extrémistes turcs d'en découdre avec la communauté arménienne locale après un premier incident sur l'A7 dans la matinée. 

Dimanche, toujours dans la région lyonnaise, un mémorial du génocide arménien a été retrouvé tagué avec l'inscription « Loups Gris » et de nouvelles inscriptions anti-arméniens ont été découvertes lundi à Meyzieu (Rhône) et sur les murs du consulat d’Arménie à Lyon.

Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) a dénoncé une « chasse aux Arméniens » et une « série d'événements visant à terroriser et intimider les citoyens français d'origine arménienne ». 

Panturquisme

Cette dissolution intervient dans un contexte diplomatique fortement dégradé entre Paris et Ankara depuis l'an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale.

Ces tensions se sont encore intensifiées depuis fin octobre, lorsque le président turc a initié une campagne de boycott de produits français et violemment attaqué Emmanuel Macron pour avoir défendu le droit de publier des caricatures au nom de la liberté d'expression.

M. Erdogan a accusé son homologue français de mener une "campagne de haine" contre l'islam et mis en cause son « état de santé mentale ».

La milice des Loups Gris, dont le signe de ralliement est un pouce joint au majeur et à l'annulaire, a été fondée dans les années 1970 pour soutenir le parti extrémiste proche de l'idéologie fasciste MHP. Les Loups gris ont commencé à faire parler d'eux dans les années 1980, lors d'actions violentes contre des militants de gauche et des minorités.

Aujourd’hui ralliés à l'idéologie « panturquiste », ils sont présents dans plusieurs pays d'Europe, au premier rang desquels l'Allemagne et l'Autriche où ils mènent régulièrement des campagnes d'intimidation, et ont été soupçonnés d'avoir été impliqués dans l'assassinat de trois militantes kurdes en 2013 à Paris. Ils sont également réputés proches de certains milieux mafieux.

Pour la présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, cette dissolution est toutefois « un coup de com ».

Elle a accusé sur Twitter le ministre de l’Intérieur de ne pas s'attaquer au « vrai problème : l'association pro-califat Milligrorus », en référence à l'organisation islamique turque proche d'Erdogan et des Frères musulmans, qui gèrent plusieurs dizaines de mosquées et écoles en France. 

Le gouvernement s'est engagé depuis l'assassinat du professeur Samuel Paty le 16 octobre par un islamiste d'origine tchétchène, dans une série de dissolution d'associations ou de groupes radicaux, accusés de relayer l'idéologie islamiste radicale en France. 

Le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine et l'ONG musulmane Baraka City ont été ainsi été récemment dissous, tandis que la dissolution du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), annoncée dans la foulée de l'assassinat de Samuel Paty sera examinée « dans 15 jours », a annoncé Gérald Darmanin.

 

 

 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.