Côte d'Ivoire: polluée, «la perle des lagunes» d'Abidjan a perdu de son éclat

Du plastique et d'autres déchets sur des monticules de sable déversés dans la lagune par le ruissellement des eaux usées et de la pluie, sur les rives de la lagune Ebrié dans le village de Beago à Yopougon, Abidjan le 20 juillet 2022. (Photo, AFP)
Du plastique et d'autres déchets sur des monticules de sable déversés dans la lagune par le ruissellement des eaux usées et de la pluie, sur les rives de la lagune Ebrié dans le village de Beago à Yopougon, Abidjan le 20 juillet 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 23 août 2022

Côte d'Ivoire: polluée, «la perle des lagunes» d'Abidjan a perdu de son éclat

Du plastique et d'autres déchets sur des monticules de sable déversés dans la lagune par le ruissellement des eaux usées et de la pluie, sur les rives de la lagune Ebrié dans le village de Beago à Yopougon, Abidjan le 20 juillet 2022. (Photo, AFP)
  • La lagune, appelée lagune Ebrié du nom de l'ethnie qui peuple ses berges, s'étend sur des dizaines de km, d'Abidjan à Grand-Bassam à l'est, au parc d'Azagny à l'ouest: elle est considérée comme la plus grande superficie d'eau saumâtre d'Afrique de l'Ouest
  • Agé de 73 ans, Paul Abé Bléssoué accuse les déchets urbains et industriels de Yopougon, la plus grande commune d'Abidjan, d'avoir transformé son village de 3 000 habitants en un dépotoir à ciel ouvert

ABIDJAN: Elle fait le charme de la capitale économique ivoirienne Abidjan et de ses environs, mais la "perle des lagunes", immense plan d'eau saumâtre de 120 000 hectares, a perdu de son éclat, victime d'une pollution plastique à outrance. 

La lagune, appelée lagune Ebrié du nom de l'ethnie qui peuple ses berges, s'étend sur des dizaines de km, d'Abidjan à Grand-Bassam à l'est, au parc d'Azagny à l'ouest: elle est considérée comme la plus grande superficie d'eau saumâtre d'Afrique de l'Ouest. 

Et les rives de Béago, l'un des villages du bord de la lagune, croulent sous les déchets plastique qui s'étendent sur au moins un km. 

"La situation à Béago est alarmante, il n’y a plus de poisson à cause de la pollution et l'activité de la pêche a été abandonnée", déplore Paul Abé Bléssoué, le chef du village. 

Agé de 73 ans, il accuse les déchets urbains et industriels de Yopougon, la plus grande commune d'Abidjan, d'avoir transformé son village de 3 000 habitants en un dépotoir à ciel ouvert. 

Entouré de notables, il estime que l'existence même de Béago est menacée. "Si on n'y prend garde, Béago pourrait disparaitre dans quelques années, abandonné par ses habitants", dit-il près de deux mangroves, dernier écosystème encore présent. 

Selon Yaya Koné, président de Coliba Africa, société spécialisée dans le recyclage des déchets plastique, "460.000 tonnes" de ces déchets "sont produits chaque année en Côte d'Ivoire, dont plus de la moitié (290 000 tonnes) à Abidjan" et "seulement 3% sont réutilisés et valorisés". 

Les 97% qui restent "se retrouvent dans la nature, notamment dans la lagune et la mer", affirme-t-il en rappelant que "malheureusement, le plastique ne peut se dégrader totalement". 

Coliba Africa vient de lancer un projet de formation de 6 000 collecteurs de déchets plastiques. 

"Les objets en plastique sont les substances qui ont le plus pollué nos baies", relève Ayenon Séka, de l'Institut de géographie tropicale de l'université de Cocody à Abidjan, mégalopole de près de six millions d'habitants. 

Autour de la baie de Biétry, quartier où vivent de nombreux Européens situé non loin du camp militaire français et de l'aéroport international, à la pollution plastique s'ajoute l'extraction de sable et la construction anarchique de remblais. 

Baie morte, paradis perdu 

"La baie de Bietry est une baie morte, car extrêmement polluée, une vraie catastrophe écologique", note l'industriel Bernard Derrien, 76 ans, résident de Biétry depuis 1998. "1,6 million de mètres carrés de la surface" de la baie "ont été remblayés pour y installer des usines", ajoute-t-il. 

Gérard Frère, un Français qui vit à Abidjan depuis 67 ans, propriétaire d'un hôtel de la baie, se souvient avec nostalgie des jours anciens: "A Biétry on était dans un coin de paradis, maintenant c'est un refuge de pôtô-pôtô", zone boueuse infestée de moustiques et exposée constamment aux inondations, en langage populaire, dit-il. 

Spécialisé dans la pêche sportive, il a vu son activité baisser de moitié en raison de "la pollution qui décourage de nombreux adeptes. Car ici, c'est pollué de chez pollué!". Il affirme que "30 centimètres de (déchets) plastique sont tapis au fond de la lagune". 

Face à cette situation, de nombreux experts prônent l'installation d'un vaste réseau d'assainissement de l'eau de la lagune. 

"C'est maintenant, sinon il sera trop tard pour réagir", avertit Bernard Derrien qui préconise "des travaux de très grande envergure, un réseau d'assainissement sur la ville d'Abidjan pour arriver à arrêter cette pollution et ramener la lagune à son état originel". 

Spécialiste en télédétection appliquée à l’océanographie à l'université d'Abidjan, Kouadio Affian reste cependant pessimiste, car en Côte d'Ivoire, "le citoyen" n'a pas conscience "qu'en jetant une bouteille de plastique dans la rue, elle pourrait se retrouver dans la lagune". 

"Abidjan ma lagune", association récemment créée par des riverains du quartier de Biétry, entend promouvoir une campagne de dépollution pour la sauver car, regrettent-ils, elle ne mérite plus du tout son nom de "perle des lagunes". 

 


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.