Les accords d’Abraham n’ont pas réussi à changer la situation des Palestiniens

Sven Koopmans, le représentant spécial de l’Union européenne pour le processus de paix au Proche-Orient. (Photo, AN)
Sven Koopmans, le représentant spécial de l’Union européenne pour le processus de paix au Proche-Orient. (Photo, AN)
(Photo, AN)
(Photo, AN)
Short Url
Publié le Mercredi 24 août 2022

Les accords d’Abraham n’ont pas réussi à changer la situation des Palestiniens

  • Les accords d’Abraham sont une série de traités qui ont abouti à l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et quatre pays arabes
  • Les Émirats arabes unis ont été les premiers à les signer en 2020, inaugurant une nouvelle ère de coopération politique, économique et sécuritaire avec Israël face aux préoccupations stratégiques communes et aux menaces régionales

RIYAD: La normalisation entre Israël et les pays arabes devrait se faire conjointement avec le processus de paix au Moyen-Orient, puisque les accords d’Abraham n’ont pas réussi, à eux seuls, à changer fondamentalement la situation des Palestiniens, déclare Sven Koopmans, le représentant spécial de l’Union européenne pour le processus de paix au Proche-Orient, à Arab News, lors d’une visite à Riyad lundi dernier.

Les accords d’Abraham sont une série de traités qui ont abouti à l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et quatre pays arabes. Les Émirats arabes unis ont été les premiers à les signer en 2020, inaugurant une nouvelle ère de coopération politique, économique et sécuritaire avec Israël face aux préoccupations stratégiques communes et aux menaces régionales.

 

«Je pense que ces accords ont en quelque sorte montré que le changement est possible», confie M. Koopmans, avocat international néerlandais et ancien homme politique, à Arab News. «Les relations entre les pays ont changé et nous sommes témoins de répercussions positives.»

«Cependant, je ne crois pas que ces accords aient fondamentalement changé la situation des Palestiniens.»

image 4
En l’absence de progrès tangibles vers la mise en place d’un accord de paix capable de répondre aux besoins des Palestiniens, la plupart des pays arabes refusent de céder à la logique de normalisation des liens avec Israël. (Photo, fournie)

Bien que le traité ait été salué par une grande partie de la communauté internationale à l’époque, les détracteurs de l’accord avaient averti que la normalisation ne ferait pas grand-chose à elle seule pour résoudre un conflit israélo-palestinien qui dure depuis longtemps et qu’elle n’apporterait pas non plus un règlement définitif basé sur une solution à deux États.

En l’absence de progrès tangibles vers la mise en place d’un accord de paix capable de répondre aux besoins des Palestiniens, la plupart des pays arabes refusent de céder à la logique de normalisation des liens avec Israël.

M. Koopmans dit s’être entretenu avec Adel al-Joubeir, le ministre d’État saoudien aux affaires étrangères. Les deux hommes ont discuté des conflits israélo-palestinien et israélo-arabe et de la nécessité de trouver une solution positive qui aboutirait à la paix non seulement pour les Palestiniens et les Israéliens, mais pour l’ensemble de la région.

«Je crois que l’Arabie saoudite a un très grand rôle à jouer», déclare M. Koopmans à Arab News.

 

 

«Je crois que tout le monde espère que le conflit israélo-palestinien sera résolu et qu’un État palestinien verra le jour et sera reconnu. Pour cela, nous avons besoin de déployer plus d’efforts.»

«J’en discute également avec le gouvernement saoudien ainsi qu’avec de nombreux autres gouvernements de la région. Il faudrait fournir tous les efforts possibles pour aboutir en même temps à une normalisation des relations et à une paix réelle. Nous ne pouvons pas remettre à plus tard l’une des deux. Cela n’arrivera peut-être jamais.»

M. Koopmans, qui a été chargé par l’Union européenne de contribuer activement au règlement définitif du conflit israélo-palestinien, met en lumière la pertinence continue de l’Initiative de paix arabe proposée en 2002 par feu le roi Abdallah d’Arabie saoudite.

image 4
(Photo, AN)

Cette initiative, qui a été de nouveau approuvée lors des sommets de la Ligue arabe de 2007 et de 2017, propose une normalisation des relations en échange d’un retrait complet d’Israël des territoires arabes occupés, d’un «règlement équitable» du problème des réfugiés palestiniens et de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

L’Arabie saoudite et plusieurs autres États veulent voir l’Initiative de paix arabe mise en œuvre avant d’envisager une normalisation officielle des relations avec Israël.

«Je dois d’abord dire que l’Union européenne soutient également l’Initiative de paix arabe. Cette démarche, entreprise par le roi Abdallah à l’époque, était très courageuse et importante. Je crois bien qu’elle est toujours en vigueur et nous continuons de la soutenir», déclare M. Koopmans.

«De nombreux obstacles empêchent cette initiative de devenir réalité et nous y travaillons en ce moment.»

Les divisions au sein du corps politique palestinien, ainsi que les difficultés politiques prolongées d’Israël, ne sont que quelques-uns des nombreux obstacles qui entravent le processus de paix. Pour M. Koopmans, la voie à suivre est que toutes les parties reconnaissent les intérêts qu’elles ont en commun.

«Si nous nous tournons tous vers nos véritables intérêts, nous trouvons alors beaucoup de choses qui nous unissent, y compris les Européens», affirme-t-il.

 

«Nous voulons la sécurité au Moyen-Orient. Nous voulons que tout le monde puisse vivre en liberté. Nous voulons que les gens jouissent de droits égaux. Nous voulons que toutes les nations de cette partie du monde qui est si proche de la nôtre entretiennent de bonnes relations commerciales et signent des accords et des échanges sur l’énergie, l’eau et les changements climatiques.»

«Il y a beaucoup à faire à ce niveau et je pense que c’est dans l’intérêt de tous. C’est pour cela que je me trouve en Arabie saoudite afin d’en discuter avec votre gouvernement.»

Pour certains observateurs, la reconnaissance officielle d’un État de Palestine est une condition préalable importante pour relancer le processus de paix. Pour M. Koopmans, cependant, le moment de cette reconnaissance est important.

«Certains pays membres européens reconnaissent l’État de Palestine, mais la majorité d’entre eux ne le reconnaissent pas», précise-t-il.

Rejetant l’idée que des instructions à cet effet soient venues «d’organisations de l’Union européenne à Bruxelles ou de moi-même», il ajoute: «Je crois que si nous arrivons à résoudre le conflit israélo-palestinien et le conflit à plus grande échelle, il sera alors plus facile pour tout le monde de le reconnaître.»

 

«En réalité, il en ferait partie intégrante parce que, au moins en Europe, les pays qui ne reconnaissent pas l’État de Palestine croient fermement que cela est nécessaire et qu’il y aurait éventuellement un État palestinien.»

«Mais ils disent d’abord que cela devrait être reconnu et négocié. Où se trouvent exactement les frontières? Comment les institutions gouvernementales sont-elles mises en place et capables de mener leurs activités de manière souveraine, c’est-à-dire sans occupation israélienne? Les pays veulent d’abord voir tout cela. Et je pense que cela fait partie de l’accord de paix pour lequel nous devrions tous œuvrer, non seulement entre Israël et la Palestine, mais aussi avec les pays arabes voisins.»

«Il pourrait également y avoir même une certaine forme d’union. Quand les pays arabes qui ne reconnaissent pas Israël à l’heure actuelle le feront-ils? Je pense que ce sera au moment même où les pays européens reconnaîtront l’État de Palestine. Il est donc temps que nous le fassions tous ensemble.»

 

image 4
Pour certains observateurs, la reconnaissance officielle d’un État de Palestine est une condition préalable importante pour relancer le processus de paix. (Photo, fournie)

En attendant, M. Koopmans et d’autres diplomates qui travaillent sur le dossier israélo-palestinien s’accordent pour dire que les attaques palestiniennes doivent s’arrêter et que l’expansion des colonies israéliennes doit prendre fin avant que les pourparlers puissent reprendre de bonne foi.

«Ces colonies sont illégales», soutient M. Koopmans. «L’Union européenne est très claire à ce sujet, tout comme l’ONU, les États-Unis et tant d’autres à travers le monde. Nous continuerons donc de les dénoncer. Mon rôle en tant que représentant spécial de l’Union européenne consiste à le faire, en plus d’œuvrer à relancer le processus de paix.»

«Je pense que beaucoup de gens disent que le processus de paix n’existe pas et, d’une certaine manière, ils ont raison. Il n’y a pas de négociations actives pour mettre fin aux conflits israélo-palestinien et israélo-arabe, mais il faudrait y remédier. L’occupation ne peut pas durer éternellement. La violence et les attentats terroristes dont nous sommes témoins ne peuvent se poursuivre à tout jamais.»

«Ils doivent prendre fin. Et le meilleur moyen de le faire est de tenir des négociations sérieuses sur la paix entre Israël et les Palestiniens afin qu’il y ait un État palestinien dynamique aux côtés d’un État hébreu dynamique, et que les deux se sentent en sécurité. Mais il faudrait aussi qu’il y ait la paix [entre Israël] et l’Arabie saoudite, le Liban, l’Algérie et tous les pays de la région.»

Selon M. Koopmans, un dialogue inclusif à grande échelle, qui reconnaît la nécessité de combiner la normalisation avec des progrès vers un véritable accord de paix, est la clé d’un règlement durable.

image 4
Sven Koopmans, le représentant spécial de l’Union européenne pour le processus de paix au Proche-Orient. (Photo, AN)

«Je suis fermement convaincu que tous les pays de la région ont un intérêt dans ce conflit, ou plutôt dans la disparition de ce conflit et l’instauration de la paix», souligne M. Koopmans. Je pense qu’il faudrait en discuter avec l’Arabie saoudite, qui peut jouer un très grand rôle, mais aussi avec l’Égypte et la Jordanie, entre autres pays de la région.»

«Je pense que l’Iran est très préoccupé par ce qui se passe dans la région et qu’Israël, lui aussi, est fortement concerné par ce qui se passe en Iran. Je répète que ce n’est pas mon rôle d’identifier les acteurs ou de dire qui fait quoi. Mais je crois que mon rôle consiste à faire en sorte que tout le monde puisse prendre part à la recherche d’une solution.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Blinken au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
Short Url
  • Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas
  • M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza

RIYAD: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas et l'entrée de plus d'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza après la guerre, a indiqué un responsable du département d'Etat.

Ces plans pourraient inclure le financement de la reconstruction du territoire palestinien, transformé en champ de ruines par près de sept mois de bombardements et de combats et dont la majorité des habitants ont été déplacés, ou encore le soutien à la mise en place de nouvelles structures de gouvernement pour le "jour d'après" la guerre.

La visite de M. Blinken a lieu à l'occasion d'une réunion spéciale de deux jours, dans la capitale saoudienne, du Forum économique mondial (WEF).

Israël n'est pas représenté à cette réunion, et les négociations sur une trêve à travers une médiation américaine, qatarie et égyptienne, se déroulent ailleurs, au Caire. Mais l'événement entend être "une occasion d'avoir des discussions structurées" avec "des acteurs clés", avait souligné samedi le président du WEF, Borge Brende.

« Nouvelle dynamique »

Il avait aussi fait état d'"une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (...) d'une sortie possible de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza".

Depuis le début de la guerre, l'Arabie saoudite travaille avec d'autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d'embraser la région, et de faire dérailler son ambitieux programme de réformes économiques, appelé Vision 2030.

La monarchie du Golfe, premier exportateur de pétrole au monde et poids lourd du monde arabe, mène également des discussions sur un éventuel accord de normalisation avec Israël, accompagné d'un renforcement de son partenariat de sécurité avec Washington.

Une telle normalisation aurait un énorme impact, le royaume saoudien étant le gardien des deux sites les plus sacrés de l'islam. Mais le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre a éloigné cette perspective.

Les Etats-Unis ont cherché à la maintenir en vie pour encourager à la modération le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, opposant de longue date à la création d'un Etat palestinien.

Le département d'Etat américain a indiqué qu'Antony Blinken va "discuter des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages". Il "mettra aussi l'accent sur l'importance de prévenir une extension" régionale de la guerre, selon la même source.

Avec l'Egypte et le Qatar, les Etats-Unis tentent depuis des mois de servir de médiateurs à une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas, la pression en faveur d'un tel accord allant croissante.

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, doit annoncer lundi s'il accepte ou non une proposition israélo-égyptienne pour un cessez-le-feu.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait 34.454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Réponse attendue du Hamas à une offre de trêve à Gaza, avec libération d'otages

Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages. (AFP).
Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages. (AFP).
Short Url
  • Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l'Egypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza
  • Les détails de la proposition israélienne n'ont pas filtré mais d'après le site d'information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de "l'établissement d'un calme durable" à Gaza

JERUSALEM: Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages.

Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l'Egypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza et très impliqué dans les négociations, a indiqué à l'AFP un haut responsable du Hamas sous couvert d'anonymat.

"L'atmosphère est positive, sauf nouveaux obstacles posés par Israël", a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste qui a requis l'anonymat. "Aucun problème majeur n'est soulevé dans les observations et demandes que soumettra le Hamas au sujet du contenu de la proposition" lors de cette réunion, a-t-il ajouté.

Il s'agit d'une proposition élaborée par l'Egypte et amendée par Israël. Elle avait été présentée en réponse au Hamas qui, mi-avril, insistait sur un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, une hypothèse qu'Israël refuse d'envisager.

Les détails de la proposition israélienne n'ont pas filtré mais d'après le site d'information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de "l'établissement d'un calme durable" à Gaza.

La rencontre au Caire intervient près de sept mois après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

L'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis tentent, jusqu'ici en vain, de convaincre les deux belligérants de cesser les combats. Fin novembre, une trêve d'une semaine avait toutefois permis la libération de 80 otages retenus par le Hamas contre 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

« Catastrophe »

La pression interne sur le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cesse de s'accentuer, à l'image d'une nouvelle manifestation, samedi soir, qui a rassemblé à Tel Aviv des milliers de personnes pour exiger la libération des otages enlevés le 7 octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive à Gaza a fait 34.454 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu cette semaine en Israël, où il s'était rendu pour la dernière fois en mars, ainsi qu'en Jordanie, a annoncé le Département d'Etat américain dimanche.

En tournée au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve, M. Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, où se tient une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) au sujet du conflit.

Dimanche, lors de ce sommet de deux jours rassemblant de hauts dirigeants arabes et occidentaux à Ryad, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que "la situation à Gaza est manifestement une catastrophe à tous points de vue, humanitaire, mais aussi un échec total du système politique existant à faire face à la crise".

Invité à l'événement, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé Washington à empêcher l'offensive terrestre qu'Israël affirme préparer contre la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, déjà régulièrement bombardée, et où s'entassent un million et demi de Palestiniens, principalement des déplacés.

"L'Amérique est le seul pays capable d'empêcher Israël de commettre ce crime", a déclaré M. Abbas, selon lequel une telle opération, annoncée par les responsables israéliens, serait "le plus grand désastre de l'histoire du peuple palestinien".

"S'il y a un accord (de trêve), nous suspendrons l'opération à Rafah", a cependant déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, samedi à la chaîne israélienne N12.

"La libération des otages est une priorité fondamentale pour nous", a-t-il ajouté. "S'il y a une possibilité de conclure un accord, nous le ferons."

Dans la nuit de dimanche à lundi, trois frappes israéliennes à Rafah ont tué 16 personnes, ont indiqué des sources hospitalières à l'AFP. Deux autres frappes ont fait sept morts à Gaza-ville (centre), d'après l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.

L'armée israélienne a indiqué dimanche avoir frappé "des dizaines de cibles terroristes" dans le centre de Gaza. Et tout au long de la journée de samedi, la marine israélienne a visé des cibles du Hamas et fourni un appui au troupes déployées dans le centre du territoire, a indiqué l'armée dimanche.

Jetée en construction 

Outre les destructions et le lourd bilan humain, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où vivent 2,4 millions de personnes. Strictement contrôlée par Israël, l'aide humanitaire entre au compte-gouttes.

"Nous devons nous débrouiller avec ce que nous recevons comme aide et conserves", déplore à Rafah Mohamad Sarhan, un déplacé de 48 ans, exprimant le souhait de voir "la guerre s'arrêter et nos souffrances cesser".

Face aux retards et blocages d'Israël concernant la livraison par voie terrestre d'aide humanitaire à Gaza, le président des Etats-Unis Joe Biden avait annoncé début mars la construction d'un port artificiel.

La jetée en construction à Gaza devrait permettre d'ici "deux à trois semaines" d'acheminer davantage d'aide mais "rien ne peut remplacer les routes terrestres et les camions qui entrent" à Gaza, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby dimanche.

Lors d'un échange téléphonique dimanche, MM. Biden et Netanyahu ont, dans ce domaine, "discuté d'une augmentation de l'acheminement de l'aide humanitaire" à Gaza, "notamment via des préparatifs pour l'ouverture cette semaine de nouveaux points de passage dans le nord" du territoire côtier, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Joe Biden a insisté "sur la nécessité de progrès durables et amplifiés en totale coordination avec les organisations humanitaires".

L'armée israélienne a indiqué samedi que 25.000 camions d'aide humanitaire étaient entrés dans Gaza depuis le 7 octobre. Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), avance, lui, le chiffre de 23.000 camions.

En mer Rouge, les forces américaines ont abattu dimanche cinq drones aériens qui présentaient une "menace imminente" pour la navigation marchande, d'après le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient.

Les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, qui contrôlent de larges pans du Yémen et soutiennent le Hamas, mènent depuis novembre des attaques contre des navires qu'ils estiment liés à Israël.


Le ministre saoudien des finances avertit que les conflits constituent la plus grande menace pour l'économie mondiale

Environ 1 000 leaders d’opinion de 92 pays sont à Riyad pour le forum du WEF afin de « promouvoir des approches avant-gardistes face aux crises interconnectées » (Photo, Abdulrahman Fahad Bin Shulhub/AN)
Environ 1 000 leaders d’opinion de 92 pays sont à Riyad pour le forum du WEF afin de « promouvoir des approches avant-gardistes face aux crises interconnectées » (Photo, Abdulrahman Fahad Bin Shulhub/AN)
Short Url
  • Mohammed Al-Jadaan : Les guerres à Gaza et en Ukraine "exercent une forte pression sur l'émotion économique".
  • L'Arabie saoudite a pour "objectif spécifique" de désamorcer les tensions régionales, a-t-il déclaré lors d'un panel du Forum économique mondial

RIYAD: L'Arabie saoudite a appelé dimanche à une "désescalade" au Moyen-Orient et mis en garde contre les conséquences économiques de la guerre à Gaza, à l'ouverture d'une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF), en présence de nombreux dirigeants et hauts responsables.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, les représentants palestiniens et de haut diplomates impliqués dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas palestinien figurent sur la liste des participants à ce sommet organisé sur deux jours dans la capitale Ryad.

La guerre à Gaza ainsi que les conflits en Ukraine et ailleurs exercent "une forte pression" sur l'environnement économique, a déclaré le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, lors d'un panel.

"Je pense que les pays, les dirigeants et les personnes qui font preuve de sang-froid doivent l'emporter et faire en sorte qu'il y ait une désescalade", a-t-il poursuivi.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive ayant fait 34.454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Alors qu'Israël se prépare à lancer une offensive terrestre à Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza où s'entassent 1,5 millions de Palestiniens, le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exhorté depuis Ryad les Etats-Unis à intervenir pour empêcher une telle opération, qui serait selon lui "le plus grand désastre de l'histoire du peuple palestinien".

«Nouvelle dynamique»

Le président du WEF, Borge Brende, avait parlé samedi d'"une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (...) d'une sortie possible de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza".

Israël n'est pas représenté au sommet, et les négociations sur une trêve à travers une médiation américaine, qatarie et égyptienne, se déroulent ailleurs, mais l'évènement sera "une occasion d'avoir des discussions structurées" avec "des acteurs clés", avait-il souligné lors d'une conférence de presse.

Le département d'Etat américain a indiqué qu'Antony Blinken fera le déplacement lundi à Ryad pour "discuter des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages". Il "mettra aussi l'accent sur l'importance de prévenir une extension" régionale de la guerre.

Le Hamas a dit samedi "étudier" une contre-proposition israélienne en vue d'une trêve associée à la libération d'otages, au lendemain de l'arrivée en Israël d'une délégation de médiateurs égyptiens pour tenter de relancer les négociations dans l'impasse.

Dans ses commentaires, M. Al-Jadaan a déclaré : "En matière de planification économique, il n'y a pas de mal à changer... à s'adapter aux nouvelles circonstances. C'est le conseil que je donnerais à tout le monde. Vous avez besoin d'un plan à long terme, comme Saudi Vision 2030, et de doubler la mise en œuvre, mais vous devez également vous assurer que vous vous adaptez.

"À plus long terme, indépendamment de ce qui se passe aujourd'hui, vous devez vous concentrer sur votre propre personnel, votre capital humain. C'est le jeu à long terme qui est essentiel.

"Je peux dire ceci : L'Arabie saoudite et la région ont les moyens de le faire, mais il y a beaucoup de pays qui auront du mal à fournir une éducation et des soins de santé de qualité à leur population", a-t-il déclaré.

Un millier de fonctionnaires, d'experts et de leaders d'opinion de 92 pays se trouvent à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie pour le développement.

L'événement vise à "promouvoir des approches prospectives des crises interconnectées, tout en restant réaliste quant aux compromis à court terme" et à "travailler pour combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud sur des questions telles que les politiques économiques émergentes, la transition énergétique et les chocs géopolitiques".

Depuis le début de la guerre, l'Arabie saoudite travaille avec d'autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d'embraser la région.