Attentat manqué de Villejuif: la perpétuité requise contre Sid-Ahmed Ghlam

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise à l'encontre de Sid-Ahmed Ghlam devant la cour d'assises spéciale de Paris (Photo, AFP)
La réclusion criminelle à perpétuité a été requise à l'encontre de Sid-Ahmed Ghlam devant la cour d'assises spéciale de Paris (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Attentat manqué de Villejuif: la perpétuité requise contre Sid-Ahmed Ghlam

  • « Ce procès ne rendra pas sa mère à Juliette, mais il lui apprendra que la société est régie par la justice et non par la violence »
  • L'assassinat d'Aurélie Châtelain n'était pas « une maladresse », a soutenu l'avocate générale

PARIS : La réclusion criminelle à perpétuité a été requise lundi à l'encontre de l'étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam, accusé d'avoir projeté un attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) et d'avoir assassiné une jeune femme en avril 2015.

« Ce procès ne rendra pas à Juliette (la fille de la victime Aurélie Châtelain, ndlr) sa mère mais il lui apprendra que la société est régie par la justice et non par la violence », a mis en avant l'avocate générale au terme d'un réquisitoire de six heures devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Dans son box, Sid-Ahmed Ghlam, 29 ans, est resté sans réaction. Tandis que d'autres accusés – ils sont huit au total – baissaient la tête, accablés, le jeune homme, comme depuis le début de son procès le 5 octobre, est demeuré impassible, évitant le regard de la famille de la victime.

« On a toujours parlé à tort de l'attentat manqué de Villejuif. C'est oublier qu'Aurélie Châtelain a été assassinée ce dimanche 19 avril sur un parking de Villejuif », avait rappelé d'emblée l'avocate générale. « Elle a été la première et heureusement la seule victime de l'attentat de Villejuif... Elle avait 32 ans et toute la vie devant elle ».

À l'annonce du réquisitoire, la famille de la jeune femme semblait soulagée même si elle n'aura pas obtenu toutes les réponses sur les circonstances de l'assassinat. 

L'assassinat d'Aurélie Châtelain n'était pas « une maladresse », a soutenu l'avocate générale en rappelant que l'objectif du groupe État islamique, auquel Sid-Ahmed Ghlam avait fait allégeance, était de « frapper n'importe qui, n'importe quand pour semer la terreur ».

Des peines lourdes pour les « logisticiens »

L'avocate générale a réclamé des peines de plus de vingt ans de réclusion à l'encontre de deux autres accusés, considérés comme des « logisticiens » ayant fourni armes et matériel à Sid-Ahmed Ghlam.

Elle a ainsi demandé trente ans de réclusion dont une période de sûreté des deux-tiers à l'encontre de Rabah Boukaouma et de vingt-cinq ans de réclusion (dont deux-tiers de sûreté) à l'encontre de Farid Brahami.

Né en 1980 à Mantes-la-Jolie (Yvelines), cousin d’Abdelnasser Benyoucef – le commanditaire qui a dirigé depuis la Syrie Sid-Ahmed Ghlam –, Rabah Boukaouma est accusé d'avoir commandé les gilets pare-balles retrouvés chez Sid-Ahmed Ghlam et d'avoir récupéré une voiture qui servira de cache d'armes à l'étudiant algérien.

Ce n'est pas non plus un inconnu des services de renseignement. En 2005, il a déjà été mis en cause dans un autre dossier jihadiste, celui du réseau Chérifi.

Farid Brahami, 44 ans, est accusé quant à lui de participation à une association de malfaiteurs terroristes et de complicité d'assassinat.

Dans la chaîne de préparation de l'attentat telle que reconstituée par l'accusation, Farid Brahami est un maillon important, qui relie Rabah Boukaouma à un autre accusé, Abdelkader Jalal.

Ce dernier est celui qui a vendu les gilets pare-balles à Rabah Boukaouma et lui aurait fourni la voiture qui a servi de cache d'armes. À son encontre, l'avocate générale a réclamé une peine de quinze ans de réclusion (dont deux-tiers de sûreté).

L'enquête a montré que les trois hommes se connaissaient et étaient des habitués d'une crêperie des Mureaux (Yvelines), considérée comme un lieu de rendez-vous d'islamistes.

Elle a également établi que Rabah Boukaouma et Abdelkader Jalal ne communiquaient jamais directement, mais uniquement via Farid Brahami.

« Chacun, à son niveau, a participé à la préparation de l'attentat », a affirmé l'avocate générale.

L'avocate générale a également réclamé la perpétuité pour les deux commanditaires de l'attentat, Abdelnasser Benyoucef et Samir Nouad, jugés en leur absence et probablement morts dans la zone irako-syrienne en 2016 et 2017.

Les avocats des accusés s'exprimeront mardi et mercredi. Le verdict est attendu jeudi.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».