Le cinéma arabe est-il vraiment dominé par les hommes?

(De gauche à droite): Haifa al-Mansour, Fatma Zohra Zamoum, Marianne Khoury, Farah Nabulsi, Mariyam Touzani, Nadine Labaki. (Photo fournie)
(De gauche à droite): Haifa al-Mansour, Fatma Zohra Zamoum, Marianne Khoury, Farah Nabulsi, Mariyam Touzani, Nadine Labaki. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Jeudi 25 août 2022

Le cinéma arabe est-il vraiment dominé par les hommes?

  • De nombreuses opinions ne reconnaissent pas les progrès réalisés par les femmes cinéastes arabes ou leur rôle de pionnières dans l’industrie
  • Alors que les médias alimentent les stéréotypes, les femmes cinéastes arabes sont de plus en plus nombreuses et influentes

DJEDDAH: «Dans une industrie cinématographique arabe largement dominée par les hommes, Nayla al-Khaja, passionnée et visionnaire, était déterminée à briser le statut quo et à se faire un nom», peut-on lire dans un tweet promouvant l’édition d’août du magazine Arabian Moda.

On pourrait bien comprendre les idées fausses quand elles proviennent d’un organe médiatique occidental, mais quand elles émanent d’un magazine arabe, elles soulèvent la question de savoir comment les progrès réalisés par les femmes cinéastes arabes sont constamment ignorés, parfois au nom de la promotion de l’une des leurs.

Al-Khaja, la première scénariste, directrice et réalisatrice émiratie, dont les films ont été présentés dans plus de 42 festivals au niveau international, a remporté des dizaines de prix et de récompenses pour son parcours cinématographique.

Qu’il s’agisse de définir le récit ou d’entamer un dialogue, les femmes cinéastes arabes gagnent en influence et en nombre, et font sentir leur présence au niveau international, malgré la prédilection des médias pour les clichés condescendants.

Si leur présence peut sembler moderne, le phénomène remonte en fait aux années 1920 et 1930, période durant laquelle les femmes ont été parmi les pionnières du cinéma régional.

Les femmes arabes de l’époque ont souvent complété des projets entiers seules, comme la cinéaste égyptienne légendaire Aziza Amir, qui a en même temps réalisé et joué le rôle principal dans le film «Laila», qualifié par les spécialistes comme le tout premier film égyptien, en 1927. Amir a été la réalisatrice et la star de 25 films le long de sa vie.

Aujourd’hui, les femmes cinéastes arabes continuent d’être une force motrice de l’industrie, laissant leur empreinte malgré une couverture médiatique superficielle alimentant les préjugés.

«Les femmes dans le cinéma indépendant de la région ont effectué des avancées bien plus rapides qu’en Europe et aux États-Unis, et cela s’est fait naturellement, notamment avec l’avènement des festivals de cinéma dans la région qui ont offert des opportunités aux cinéastes», a déclaré Joseph Fahim, critique et conservateur de cinéma égyptien, à Arab News.

Le critique et conservateur de cinéma égyptien Joseph Fahim. (Photo fournie)

«C’est l’un des aspects les plus fascinants du cinéma arabe moderne, car les femmes cinéastes y sont davantage représentées. Les films sélectionnés dans les festivals de cinémas de la région sont composés de femmes à plus ou moins 50%, selon les années.»

Une étude menée aux États-Unis par la Northwestern University, commanditée par le Doha Film Institute, a révélé que 26% des cinéastes indépendants arabes sont des femmes, comparé à 4% en Occident et 9% en Amérique. À peu près 25% de tous les nouveaux réalisateurs au Maroc, en Tunisie et au Liban sont des femmes. Au Qatar, près de 60% des cinéastes émergents sont des femmes.

Selon Fahim, bien que le sexe du réalisateur influence souvent la réponse du public à un film, il ne devrait pas distraire des réalisations du cinéaste.

«Chaque région progresse de façon différente, et on ne peut pas généraliser», a-t-il précisé. «Le secteur du cinéma est plus progressif aujourd’hui que celui du journalisme. Beaucoup de ce qui est écrit n’est pas assez recherché et est différent de la réalité sur le terrain. La réalité est bien plus compliquée.»

«Les choses écrites qui sapent les femmes cinéastes arabes sont le produit de la pensée réductrices», a-t-il ajouté.

La réalisatrice libanaise Nadine Labaki figure parmi les réalisatrices plus remarquables de la région arabe. Son film «Capharnaüm» a été présenté au Festival de Cannes 2018.

La réalisatrice Nadine Labaki pose pour un portrait au 30e Festival international du film de Palm Springs en Californie. (Photo, Archives AFP)

Le film de Labaki était le premier du genre à être en compétition pour la Palme d’Or, et était également le premier film réalisé par une femme arabe à être nommé aux Oscars. Le premier long métrage de la réalisatrice saoudienne Haifa al-Mansour, «Wadjda», a été nommé pour un Bafta, et le denier court métrage de la cinéaste palestino-britannique Farah Nabulsi, «The Present», a été nommé aux Oscars et a remporté un Bafta l’année dernière.

La réalisatrice saoudienne Haifa al-Mansour sur le tapis rouge à son arrivée au Festival du film de la mer Rouge, à Djeddah en Arabie saoudite. (Photo, Archives Festival du film de la mer Rouge)

La journaliste syrienne Waad al-Khataeb a coréalisé le documentaire «For Sama» («Pour Sama»), qui est entré dans l’histoire en remportant quatre nominations aux Bafta – le documentaire le plus nommé dans l’histoire des Bafta. Il y a quelques jours, la réalisatrice palestinienne Cherien Dabis est entrée dans l’histoire avec une nomination aux Emmy Awards en tant que réalisatrice exceptionnelle pour sa série à succès sur Hulu «Only Murders in the Building» («Meurtres seulement dans le bâtiment»).

La cinéaste tunisienne Salma Baccar a brisé les barrières en réalisant «Fatma 75» en 1975, créant ainsi le tout premier film réalisé par une femme tunisienne.

De son point de vue derrière la caméra depuis les années 1980, la cinéaste égyptienne Marianne Khoury a aidé les hommes et les femmes à affiner leurs compétences. Pendant plus de trois décennies, elle est allée à contre-courant du cinéma égyptien et a choisi des films indépendants pour explorer des thèmes relativement inhabituels. La documentariste a remporté le prix du public Rizkallah au Festival international du film du Caire pour «Let’s Talk».

La réalisatrice égyptienne Marianne Khoury reçoit le prix du public lors de la cérémonie de clôture du 41e Festival international du film du Caire. (Photo, Archives AFP)

De même, la cinéaste palestinienne primée Mai Masri, qui a également débuté sa carrière au début des années 1980, a été la première femme du pays à le faire. «Aujourd’hui la moitié des films palestiniens sont réalisés par des femmes», a-t-elle indiqué à l’Economic Times en 2018.

L’année dernière, au Festival international du film de la mer Rouge en Arabie saoudite, 38% des 138 films projetés ont été réalisés par des femmes, une proportion impensable dans d’autres régions du monde.

Comme il se doit, le festival a honoré Al-Mansour pour sa contribution au secteur et a défendu l’émancipation des femmes dans le cinéma. Elle a reçu un prix de cristal lors de la réunion 2019 du Forum économique mondial à Davos pour son leadership dans la transformation culturelle du monde arabe.

La réalisatrice marocaine Maryam Touzani pose lors d’une séance photo pour le film «Adam» à la 72e édition du Festival de Cannes dans le sud de la France. (Photo, Archives AFP)

Aujourd’hui, de nombreuses femmes cinéastes ont une occasion sans précédent d’assurer une représentation équitable de leurs récits. Chacune a une histoire à raconter, et comme le dit Fahim, les histoires que chaque femme peut raconter sont modelées par les circonstances, les restrictions et la censure, qui diffèrent toutes d’un pays à l’autre.

De plus, selon les experts, l’émergence d’autant de femmes arabes réalisatrices de Palestine, de la Jordanie, du Liban, d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie est remarquable, si l’on considère la relative nouveauté du cinéma dans ces pays par rapport à l’Inde, l’Égypte, les États-Unis et l’Europe.

Bien qu’il soit généralement admis que «les caméras ne font pas les films, ce sont les gens qui les font», des cinéastes comme Sara Mesfer estiment que les films marquants doivent être célébrés en tant que tels, indépendamment du sexe, de l’origine ou de l’appartenance ethnique du réalisateur.

Nadine Labaki montre un objet sur le plateau. (Photo fournie)

Mesfer est apparue sur la scène cinématographique saoudienne il y a près de deux ans et demi, en écrivant et en réalisant «The Girls Who Burned the Night», qui a remporté deux prix et trois nominations au Carthage Film Festival et au Palm Springs International ShortFest. Cependant, comme tous les films, son ascension dans l'industrie cinématographique est différente.

«L’industrie cinématographique á travers le monde est un domaine dominé par les hommes en raison d’évènements historiques lors desquelles les réalisations des femmes dans le cinéma étaient sapées. Aujourd’hui, catégoriser et placer les femmes dans certains rôles qui leur conviennent le mieux est un problème qui sape leur travail», a-t-elle déclaré à Arab News.

«Il est plus facile pour moi d’être scénariste et réalisatrice que productrice et directrice de la photographie, par exemple, à cause de la fausse notion de certains selon laquelle “les femmes ne peuvent pas porter de caméra”, mettant les femmes dans une catégorie qu’elles doivent suivre.»

Farah Nabulsi participe à la 93e Annuel Academy Awards à Union Station, Lors Angeles, Californie. (Photo, Archives AFP)

Elle a déclaré qu’au début de sa carrière, les médias s’intéressaient davantage au fait qu’elle soit une femme réalisatrice, plus précisément une réalisatrice saoudienne, qu’aux films qu’elle réalisait.

Notant que l'industrie cinématographique saoudienne n’en est encore qu’à ses débuts, elle a déclaré que le fait d’être une femme réalisatrice attire indubitablement l’attention des médias. Elle aussi a eu l’impression, pendant un certain temps, que l’attention se portait davantage sur son sexe et sa nationalité que sur son travail.

Mesfer se souvient d’une expérience personnelle lors d’un festival du film où les femmes saoudiennes étaient le sujet principal, et la plupart des commentaires pendant qu’elle était sur scène portaient sur le fait qu’elle était une femme saoudienne plutôt que sur son film.

Fatma Zohra Zamoum. (Photo fournie)

«Cette action en soi est discriminatoire, et les médias ne nous prennent pas au sérieux et n’apprécient pas les efforts déployés dans la réalisation du film», a-t-elle déclaré.

La façon par laquelle les femmes cinéastes raconte leurs histoires à l’écran influence les audiences et les critiques à travers le monde arabe. Beaucoup pensent que le progrès réalisé par les femmes arabes dans l’industrie n’est ni le début d’une industrie cinématographique arabe dominée par les femmes, ni la fin d’une industrie dominée par les hommes.

Résumant son expérience en tant que femme cinéaste arabe, Mesfer a indiqué: «Raconter des histoires est un domaine large et sauvage. Il n’y a pas une seule façon de le faire, et il diffère d’une personne à l’autre.

«C’est là où vous vous trouvez en tant que cinéaste, à quel point vous êtes à l’aise pour raconter l’histoire et, surtout, pour ajouter votre propre touche, car chacun est un conteur à sa manière.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Short Url
  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Short Url
  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com