Derrière la flambée du gaz en Europe, le spectre d'une pénurie mondiale d'engrais

Les agriculteurs risquent aussi de manquer de potasse à cause des sanctions contre la Russie, l'un des principaux producteurs, et des sanctions pesant contre le Belarus, "responsable d'un sixième de la production de la potasse mondiale" rappelle Joël Jackson. (AFP).
Les agriculteurs risquent aussi de manquer de potasse à cause des sanctions contre la Russie, l'un des principaux producteurs, et des sanctions pesant contre le Belarus, "responsable d'un sixième de la production de la potasse mondiale" rappelle Joël Jackson. (AFP).
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Publié le Jeudi 25 août 2022

Derrière la flambée du gaz en Europe, le spectre d'une pénurie mondiale d'engrais

  • Jamais les engrais de synthèse dits NPK - fabriqués à partir d'azote, de phosphore ou de potasse - n'ont été aussi chers: les prix internationaux ont triplé entre début 2021 et mi-2022
  • En Europe, les engrais NPK s'inscrivent à un niveau «historique», car indexés sur les prix du gaz - qui constituent 90% des coûts de production des engrais azotés comme l'ammoniac et l'urée

PARIS : Par manque des engrais de base dont la Russie est un gros pourvoyeur, les prix de l'alimentation pourraient exploser l'an prochain, ainsi que la faim dans le monde, alertent industriels et analystes du marché des engrais, à l'unisson de l'ONU.

Jamais les engrais de synthèse dits NPK - fabriqués à partir d'azote, de phosphore ou de potasse - n'ont été aussi chers: les prix internationaux ont triplé entre début 2021 et mi-2022.

"La difficulté de mon travail est de prévoir où ils vont être dans les prochains 18 mois", admettait Joël Jackson, directeur général et analyste du marché des engrais chez BMO Capital Markets, en juillet lors d'une conférence d'analystes aux États-Unis.

En Europe, les engrais NPK s'inscrivent à un niveau "historique", car indexés sur les prix du gaz - qui constituent 90% des coûts de production des engrais azotés comme l'ammoniac et l'urée. Or, le gaz naturel poursuit sa flambée au fur et à mesure que la Russie en guerre contre l'Ukraine ferme le robinet d'approvisionnement de gaz vers le vieux continent.

L'ammoniac touché...

Pour maintenir leur rentabilité, plusieurs fabricants européens d'engrais cessent leur production d'ammoniac, obtenu en combinant l'azote de l'air et l'hydrogène provenant du gaz naturel. Ce qui n'était pas arrivé depuis la crise financière de 2008.

A près de 300 euros le MWh de gaz aujourd'hui, "contre 20 euros en moyenne sur les 10 ans passés", "on a un gros problème: ça ne passe plus pour tous ceux qui fabriquent de l'ammoniac, car le gaz est 10 à 15 fois plus cher qu'avant", explique à l'AFP Nicolas Broutin, patron de la filiale française du producteur norvégien Yara, numéro un européen des engrais azotés.

Yara a arrêté pour la deuxième fois cette année son usine de Ferrare en Italie en juillet. Au printemps, celle du Havre en France avait cessé de produire trois semaines. Depuis janvier, Yara a produit 15% de moins d'ammoniac en Europe que l'an passé, selon Deutsche Bank.

Cette semaine, alors que les prix du gaz ont encore bondi, le premier producteur polonais Azoty a annoncé qu'il suspendait 90% de sa production d'ammoniac, et le premier producteur lituanien Achema a aussi annoncé l'arrêt de son usine le 1er septembre.

"Le risque de pénurie si toute l'Europe s'arrête est réel, il peut y avoir un problème de ressource car on fabrique les engrais l'hiver en prévision du printemps 2023", ajoute M. Broutin.

... et la potasse

Les agriculteurs risquent aussi de manquer de potasse à cause des sanctions contre la Russie, l'un des principaux producteurs, et des sanctions pesant contre le Belarus, "responsable d'un sixième de la production de la potasse mondiale" rappelle Joël Jackson.

Avant la guerre, la Russie était le premier exportateur mondial d'engrais NPK.

Le patron de l'ONU a rappelé que les engrais et produits agricoles russes étaient exemptés des sanctions et devaient pouvoir librement accéder aux marchés mondiaux "sans entrave", au risque d'une crise alimentaire mondiale en 2023.

Le Brésil, puissance agricole dont la Russie est le premier fournisseur d'engrais, "a déjà pris conscience de sa dépendance qui va peser sur la campagne agricole 2023", soulignent les experts du guide mondial CyclOpe des matières premières.

Les fabricants redoutent une "destruction artificielle de la demande" dit M. Jackson: les agriculteurs risquent de se rationner ou de faire l'impasse sur certains engrais devenus inabordables. "Ca se voit déjà partout en Europe" ajoute M. Broutin.

"C'est en 2023-2024 que se fera sentir la hausse des prix des engrais et éventuellement leur moindre utilisation" ajoute le CyclOpe qui s'attend à une production agricole "sensiblement réduite" en Afrique.

Dans le monde globalisé des engrais, ces perturbations, pour l'instant essentiellement européennes, font les affaires de certains.

Pour se passer de gaz russe, les producteurs européens importent notamment depuis fin 2021 de l'ammoniac d'Amérique du Nord ou d'Australie, selon M. Broutin.

Certains y voient un avantage pour les engrais organiques (fumiers etc..) ou ceux produits à partir d'hydrogène "vert".

En attendant, le numéro un mondial des engrais, le canadien Nutrien, va augmenter sa production de potasse pour compenser d'éventuelles défaillances russes ou biélorusses. Joël Jackson prévoit au minimum un doublement des bénéfices de Nutrien cette année.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com