Sécheresse: les naufragés du Canal de Bourgogne

Des péniches sont à quai dans le port de Saint-Florentin, le 23 août 2022. (AFP).
Des péniches sont à quai dans le port de Saint-Florentin, le 23 août 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 25 août 2022

Sécheresse: les naufragés du Canal de Bourgogne

  • Entre canicule et sècheresse, le niveau des rivières est trop bas pour alimenter les canaux, 14% des 6 700 km de réseau fluvial sont inutilisables, selon les chiffres officiels
  • Dans le petit port de Saint-Florentin, les canards ne sont plus dérangés et les emplacements vides se succèdent

SAINT-FLORENTIN : "C'est la catastrophe": le long d'une partie du Canal de Bourgogne, fermée pour manque d'eau comme 919 km de voies fluviales en France, les ports autonomes sont au bord du naufrage.

Depuis le 16 juillet, aucune embarcation, sauf dérogation, n'emprunte les 40 km du Canal de Bourgogne entre Tonnerre et Migennes, dans l'Yonne profonde. Entre canicule et sècheresse, le niveau des rivières est trop bas pour alimenter les canaux, 14% des 6 700 km de réseau fluvial sont inutilisables, selon les chiffres officiels.

"Les journées sont longues": Vincent Le Goff, chef du port de Saint-Florentin (Yonne), regrette les "4-5 bateaux" qu'il accueillait chaque jour dans sa capitainerie, aujourd'hui vide.

Dans le petit port de Saint-Florentin, les canards ne sont plus dérangés et les emplacements vides se succèdent. La société de location Nicols a déplacé ses embarcations sur les quelque 200 km encore ouverts du Canal de Bourgogne reliant le bassin de la Seine à celui du Rhône.

Rares sont les plaisanciers qui ont rejoint leur bateau amarré à l'année, car nul ne peut naviguer.

"C'est détente, grasse matinée et jeux vidéos pour les enfants", raconte Jean-Philippe Tesson, bloqué depuis début août sur le Cézanne. "On est bien mais il ne faudrait pas que ce soit tous les ans!".

C'est justement le problème. En 2019 et en 2020, la sécheresse avait déjà interdit la navigation. "Sur les quatre dernières années, seul 2021 a été une saison entière", regrette Vincent Le Goff.

"Ca va être comme ça chaque année?", se demande Nathalie Piller. La Parisienne a mis "l'Interlock" à l'eau en 2019 et depuis ne l'a quasiment pas sorti.

"Cet été, on voulait en profiter mais on n'a pas pu bouger", regrette-t-elle. "Alors on est sur liste d'attente pour un autre port".

Les plaisanciers sont en effet de plus en plus nombreux à changer de lieu d'amarrage. "On avait 80 bateaux en hivernage en 2018, une cinquantaine maintenant", confie M. Le Goff.

«Une passoire»

Le port était pourtant en plein essor. "On a investi 1,5 million d'euros. On avait atteint l'équilibre mais maintenant, on est déficitaire", regrette Yves Delot, président de la Communauté de communes Serein et Armance qui englobe Saint-Florentin et exploite le port.

A quelques km, la situation est encore plus délicate pour le port privé de Brienon-sur-Armançon. "C'est la catastrophe. On se demande si on va continuer", confesse Manuel De Oliveira, le responsable.

Le chiffre d'affaires a chuté "de 50 000 euros en 2016 à 15 000 euros cette année". "On ne se donne plus de salaire", résume-t-il.

Les communes de cette région désertifiée, très dépendante du tourisme, font elles aussi un calcul angoissant. "Un bateau, c'est 5-6 personnes: nos commerçants souffrent", souligne M. Delot, également maire de Saint-Florentin (4.600 habitants).

"Ah oui, on a perdu des clients. Bien 25%", confirme Normann Lin, patron de la "Guinguette de l'Armance", ouverte à l'aide d'argent public. Le maire, lui, espère que les investissements ne partiront pas à vau-l'eau avec les fermetures du canal.

La sécheresse a bon dos, selon le maire, qui accuse plutôt les Voies navigables de France (VNF), organisme public gérant le canal, de "très mal l'entretenir".

"C'est une passoire", estime Vincent Le Goff, blâmant en particulier les écluses fuyardes.

"On en a eu des sécheresses mais le canal n'avait jamais fermé" avant, souligne Didier Raphat, gérant du chantier fluvial de Saint-Florentin.

"De l'eau, il y en a plus haut mais ici, plus rien. Elle part où?", s'interroge Michel Piat, propriétaire du Vigilant. Cet homme né il y a 84 ans sur une péniche a "mal au cœur" de voir ce qu'est devenu "le Bourgogne", nom affectif du canal ouvert en 1832, "un pan de patrimoine".

Face aux critiques, Virginie Pucelle, directrice adjointe chez VNF Centre Bourgogne, évoque le vaste plan visant à moderniser les écluses sur les 6 700 km de voies gérées par VNF en France.

Selon elle, ce ne sont pas les fuites mais bel et bien la sécheresse qui provoque le problème. Le canal ne peut plus s'alimenter en puisant dans l'Armançon, la rivière toute proche, actuellement trop basse. "Avant on avait "le droit de puiser dans la rivière comme on voulait" mais "aujourd'hui, on doit préserver l'environnement".


Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et l'intérieur du pays

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
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  • La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin
  • Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi

BORDEAUX: La tempête Benjamin occasionne de "fortes rafales" de vent sur une "bonne partie du territoire" jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 19 départements au total en vigilance orange.

Les départements concernés jeudi par la vigilance orange pour épisode venteux, à des heures diverses, sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Aude et les deux départements de Corse, auxquels Météo-France a ajouté la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes dans son dernier bulletin jeudi matin.

Cette même vigilance a en revanche été levée dans le Puy-de-Dôme.

La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin.

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.

Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.

Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d'ouest à nord-ouest, qui se sont renforcés en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront "de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer", ajoute Météo-France.

Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée "de vive-eau" (autour de 80), pourrait provoquer des "submersions marines" sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.

Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d'eau par mètre carré), les départements de la Corrèze et du Cantal sont placés quant à eux en vigilance orange pour le risque d'inondation.


En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, «folie sécuritaire» dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
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  • L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention"
  • Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier

PARIS: Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants.

L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention", a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.

Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.

Ce dispositif, qui relève du ministère de l'Intérieur, a été établi "en lien avec le garde des Sceaux" et "sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile", selon Beauvau qui précise que "cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte".

S'il est "un citoyen comme les autres", "des menaces un peu plus importantes" pèsent sur "l'ancien président de la République qu'est Nicolas Sarkozy. "La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement", a précisé Laurent Nuñez.

Cette annonce a provoqué l'ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, "un dispositif insensé, une folie sécuritaire".

"Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c'est franchir une ligne rouge", écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé.

"En installant des policiers au cœur de la détention, l'État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d'assurer la sécurité d'un seul détenu, fût-il un ancien Président", s'estomaque-t-il, parlant de "trahison du service public pénitentiaire", de "gifle monumentale".

Pour le ministre de l'Intérieur, "c'est une décision visant à assurer sa sécurité", "en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l'administration pénitentiaire".

L'Ufap-Unsa Justice exige notamment "la fin de la présence armée en détention" et "des excuses publiques".

"Justiciable comme un autre" 

Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l'ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.

Trois Français sur quatre estiment qu'il est "un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées", selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi.

Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage.

Nicolas Sarkozy devrait rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois" en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.

Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l'Elysée, l'ex-chef de l'Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Des visites désapprouvées par "une majorité de Français", tout comme le rassemblement de soutien qui s'est tenu mardi matin devant son domicile, d'après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.

Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d'un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu'il irait "voir en prison" Nicolas Sarkozy, assurant qu'en tant que ministre de la Justice il pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu".

Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".


Les parents de Sébastien Lecornu placés sous protection policière

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  • Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu
  • Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise

PARIS: Les parents du Premier ministre Sébastien Lecornu ont été placés sous protection policière pour des raisons de sécurité dans leur lieu de résidence, a appris mercredi l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Parisien.

Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu.

Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise.

Selon Le Parisien, ils sont accompagnés de trois policiers 24 heures sur 24, "un chauffeur et deux officiers de sécurité".

Le quotidien ajoute que ce couple a "fait l'objet d'une évaluation" par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et qu'à l'issue, ils ont été classés en T4, "soit le plus bas niveau de menace sur une échelle qui en compte quatre".

L'attribution de cette protection policière à des personnalités fait régulièrement polémique, toujours selon le quotidien.

En septembre, Sébastien Lecornu a publié un décret supprimant les derniers avantages "à vie" des anciens Premiers ministres, qui concernaient l'usage d'un véhicule et d'un chauffeur, et la protection policière, limitant à 10 ans cette attribution.

Ce décret entrera en vigueur le 1er janvier 2026.