Le président Macron détaille sa feuille de route pour l'école

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à l'Université de la Sorbonne à Paris, le 25 août 2022, à l'occasion de l'ouverture de la réunion de rentrée des recteurs (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à l'Université de la Sorbonne à Paris, le 25 août 2022, à l'occasion de l'ouverture de la réunion de rentrée des recteurs (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 25 août 2022

Le président Macron détaille sa feuille de route pour l'école

  • Le président a promis que la revalorisation des salaires des enseignants serait «poursuivie» afin qu'aucun d'entre eux ne débute sa carrière «à moins de 2 000 euros nets» par mois
  • A cette revalorisation, «étage inconditionnel», s'ajoutera un «pacte pour les enseignants»

PARIS: Un salaire de 2 000 euros minimum en début de carrière pour tous les profs, réformes de la voie professionnelle et de la formation des enseignants, plus d'autonomie pour les écoles qui le souhaitent: Emmanuel Macron a détaillé jeudi sa feuille de route pour l'éducation.

Le président de la République intervenait, jeudi matin, pour la première fois en ouverture de la réunion de rentrée des recteurs d'académie et à la veille de la conférence de presse de rentrée du ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye.

Selon Emmanuel Macron, l'école, qu'il a placée dans les chantiers prioritaires depuis son premier mandat, ne réduit plus les inégalités, le métier d’enseignants n’attire plus, ou beaucoup moins et "nous avons encore trop d'élèves malheureux": "Quelque chose ne marche pas dans l'organisation collective".

"La tâche est immense mais nous pouvons l'affronter", a-t-il assuré dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris.

Le président a promis que la revalorisation des salaires des enseignants serait "poursuivie" afin qu'aucun d'entre eux ne débute sa carrière "à moins de 2 000 euros nets" par mois (soit +38% pour un enseignant stagiaire et +20% pour un titulaire débutant). Cela "permettra environ 10% d'augmentation de la rémunération par rapport au statu quo", a-t-il dit, sans donner de calendrier sur la mise en œuvre de ces hausses.

A cette revalorisation, "étage inconditionnel", s'ajoutera un "pacte pour les enseignants" qui leur permettra, sur une base volontaire, de "s'engager (...) dans des missions supplémentaires", comme le suivi individualisé, des tâches d'encadrement ou "des actions qui ont du sens", et qui seront "rémunérées", a précisé Emmanuel Macron.

Mais selon le chef de l’État, la réponse ne réside pas seulement dans  "plus de moyens". "Cela, nous l’avons déjà fait".

Ses principales annonces concernent la voie professionnelle, sujet qui lui est cher, après la réforme du lycée général lors du mandat précédent.

«Révolution copernicienne»

Emmanuel Macron en appelle à une "transformation profonde": il veut "réarrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail", développer "les temps de stage d’au moins 50%" et mieux les rémunérer, recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel etc.

Il souhaite s'appuyer sur "ce que l'on a réussi à faire à travers la réforme de l'apprentissage", qui a vu le nombre d'apprentis fortement augmenter.

Autre sujet, potentiellement explosif, la formation des enseignants. "Je souhaite qu’on reprenne à bras-le-corps le sujet de la formation des enseignants", a-t-il déclaré.

"On a souvent, compte tenu de la rémunération, demandé des diplômes universitaires excessifs pour certains" ou qui formaient insuffisamment au métier d'enseignant. "Des gens ont le droit de s'engager dès le baccalauréat dans ce beau métier, d'avoir une filière qui est un peu fléchée, un peu accompagnée", selon lui.

Le président a ainsi évoqué un "parcours ad hoc". "Ça a pu exister par le passé" mais "je ne veux pas ici prononcer des mots qui tout de suite donneraient lieu à des débats", a-t-il anticipé.

Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d'un fonds d'innovation pédagogique d'"au moins 500 millions d'euros", dès septembre, pour les établissements souhaitant mettre en place un projet pédagogique spécifique, porté par les directeurs d'établissement, les enseignants, voire les parents d'élèves.

"On y met de l'argent, au moins 500 millions d'euros, au plus près du terrain" et cela doit être "déboursé au plus vite", a déclaré le président.

"Il y a des projets qui ne marcheront pas, des écoles qui ne voudront pas faire de projets, des projets qui échoueront: ce n’est pas grave du tout", a-t-il poursuivi, se disant "convaincu" que ce dispositif, qualifié de "révolution copernicienne", est "au moins aussi important que la revalorisation salariale" pour la reconnaissance des enseignants.

Lycées professionnels: Macron veut «développer les temps de stage d'au moins 50%»

Emmanuel Macron a souhaité jeudi une "transformation profonde" des lycées professionnels passant par le développement "des temps de stage d'au moins 50%", qui seront mieux rémunérés.

L'objectif sera aussi de "ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail", a précisé le chef de l'Etat, qui a estimé que "la réussite de nos lycées sera absolument clé pour le plein emploi", lors d'un discours devant les recteurs et les rectrices réunis à la Sorbonne, à Paris.

C'est une "réforme à laquelle je tiens beaucoup", a souligné le président de la République, qui veut "bâtir cette transformation profonde en confiant au lycée professionnel l'autonomie, les moyens d'innover, de mieux préparer les jeunes au monde de l'entreprise".

Il veut notamment "développer les temps de stage d'au moins 50% en rémunérant de manière correcte ces stages, ce qui est un des leviers formidables de leur valorisation".

"Aujourd'hui, l'écart qu'il y a entre les stages que nous connaissons en lycée pro et ce que touche un apprenti n'est pas soutenable, on va devoir aller vers une convergence de ces dispositifs", a-t-il insisté.

Le chef de l'Etat souhaite aussi "recruter davantage de professeurs associés issus du monde professionnel qui verra sa place renforcée dans les conseils d'administration" et "préparer les jeunes à la recherche d'emploi avant la fin de leurs études".

Il a confié aux recteurs la mission de "revoir en lien avec les régions, la carte des formations, assumer ensemble de fermer celles qui n'insèrent pas et développer celles qui marchent, en créer aussi de nouvelles tournées vers les secteurs qui recrutent".


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Short Url
  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.