L'Ukraine rebranche la centrale de Zaporijjia, Zelensky réclame la venue de l'AIEA

Un membre de la sécurité regarde la fumée s'élever des bâtiments de stockage en feu contenant des produits agricoles après le bombardement par les forces russes lors de l'invasion russe de l'Ukraine, le 11 mai 2022 (Photo, AFP).
Un membre de la sécurité regarde la fumée s'élever des bâtiments de stockage en feu contenant des produits agricoles après le bombardement par les forces russes lors de l'invasion russe de l'Ukraine, le 11 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 27 août 2022

L'Ukraine rebranche la centrale de Zaporijjia, Zelensky réclame la venue de l'AIEA

  • La sécurité de Zaporijjia, située près de la ligne de front, et le risque d'un accident nucléaire en cas de bombardement inquiètent les dirigeants internationaux
  • Et encore plus ces dernières semaines, où Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de plusieurs bombardements sur le site

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pressé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'envoyer au plus vite une mission à la centrale nucléaire de Zaporijjia, rebranchée vendredi sur le réseau électrique après une coupure totale la veille imputée aux Russes.

"Nos scientifiques, tous les spécialistes du secteur de l'énergie réussissent à préserver la centrale nucléaire de Zaporijjia du scénario du pire vers lequel poussent en permanence les forces russes", a déclaré M. Zelensky dans son message vidéo quotidien, notant que la centrale avait été reconnectée au réseau.

"Je veux souligner que la situation reste très risquée et dangereuse", a-t-il ajouté, "c'est pourquoi il est si important que la mission de l'AIEA arrive à la centrale aussi tôt que possible et aide à la maintenir sous contrôle ukrainien", a-t-il ajouté.

Les autorités avaient annoncé jeudi que la centrale, la plus grande d'Europe avec ses six réacteurs de 1.000 mégawatts chacun, s'était trouvée "totalement déconnectée" du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques provoqués par les soldats russes.

Inquiétudes 

La sécurité de ces installations, situées près de la ligne de front dans le sud, préoccupe la communauté internationale depuis qu'elles sont passées aux mains des militaires russes début mars.

La tension est encore montée ces dernières semaines, Moscou et Kiev s'imputant mutuellement la responsabilité de frappes sur le site, où les militaires ukrainiens accusent l'armée russe d'avoir positionné des pièces d'artilleries pour pilonner leurs positions.

"Un des réacteurs de la centrale de Zaporijjia arrêtés la veille a été reconnecté au réseau électrique aujourd'hui" à 14H04 (11H04 GMT), a annoncé l'opérateur ukrainien Energoatom. Il "produit de l'électricité pour les besoins de l'Ukraine" et "l'augmentation de (sa) puissance est en cours".

Energoatom a en outre assuré que les systèmes de sécurité du site fonctionnaient normalement.

Les autorités d’occupation d’Energodar, la ville dont dépend la centrale, ont quant à elles de nouveau affirmé vendredi que les troupes ukrainiennes avaient bombardé Zaporijjia.

L'ONU a appelé à mettre en place une zone démilitarisée autour de la centrale pour la sécuriser et à permettre l'envoi d'une mission d'inspection internationale.

Des experts de l'AIEA y sont attendus "la semaine prochaine", selon la conseillère du ministre ukrainien de l'Énergie Lana Zerkal, qui a reproché aux Russes d'"artificiellement créer des obstacles" à cette mission, ce que Moscou nie.

"Nous ne pouvons nous permettre de perdre davantage de temps", avait déclaré jeudi le directeur général de l'AIEA Mariano Grossi, relevant qu'il y avait un "risque très réel de catastrophe nucléaire".

«Réunion d'urgence»

Conséquence de cette guerre livrée par la Russie à l'Ukraine, qui est entrée dans son sixième mois mercredi, des sanctions imposées notamment sur le pétrole russe, mais aussi de la fermeture partielle à ce stade par Moscou du robinet du gaz, les prix de l'énergie ont explosé en Europe et le continent se prépare à un hiver difficile.

Conjuguée notamment à des difficultés rencontrées par le parc nucléaire français, cette crise a porté vendredi les prix de gros de l'électricité pour 2023 en Allemagne et en France à respectivement 995 et 1.100 euros le MWh, contre 85 euros il y a un an.

Le Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a annoncé vendredi qu'il convoquerait "une réunion d'urgence des ministres de l'Energie", avec l'assentiment de la Commission européenne.

Nouvelles frappes russes 

Sur le plan militaire, la présidence ukrainienne a signalé, vendredi, des frappes russes ces 24 dernières heures sur les régions de Kharkiv (nord-est, un mort, trois civils blessés), Donetsk (est, deux morts et sept blessés, avec des combats concentrés notamment sur Bakhmout) et Dnipropetrovsk (centre, pas de victimes).

C'est dans les environs de cette dernière cité que l'armée russe avait bombardé mercredi la gare de Tchapliné, faisant 25 morts, dont deux enfants, et 31 blessés, selon un bilan définitif donné par Kiev.

La Russie assure avoir frappé à Tchapliné un train militaire avec un missile Iskander et tué "plus de 200 militaires" ukrainiens.

Dans la région de Lougansk (est), qui avec celle de Donetsk forme le Donbass, dont la conquête totale est l'objectif prioritaire de la Russie, "des attaques ennemies répétées ont été repoussées", a annoncé la présidence ukrainienne.

Dans cette même province, "les soldats ukrainiens ont détruit une base des occupants russes" dans la petite ville de Kadiïvka, a affirmé le chef de l'administration militaire régionale, Serguiï Gaïdaï.

"La frappe a été si puissante que 200 parachutistes ruscistes (contraction de "Russe" et "fasciste" utilisée en Ukraine pour désigner les forces de Moscou) ont été tués", selon M. Gaïdaï. L'information n'a pu être confirmée de source indépendante.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a pour sa part souligné vendredi la nécessité de renforcer la sécurité sur le flanc nord de l'Alliance pour contrer la Russie.

"Le chemin le plus court vers l'Amérique du Nord pour les missiles et les bombardiers russes serait le pôle Nord", a-t-il à cet égard averti.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.