France : Les croisières contestées sur la côte méditerranéenne

Un bateau de tourisme dans les calanques de Marseille ( Photo : croisieres-marseille- calanques.com)
Un bateau de tourisme dans les calanques de Marseille ( Photo : croisieres-marseille- calanques.com)
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Publié le Dimanche 28 août 2022

France : Les croisières contestées sur la côte méditerranéenne

  • Mi-juin, en France, quelques canoës ont brièvement bloqué le plus grand paquebot de croisière du monde, illustrant l'hostilité croissante à cette industrie polluante en Méditerranée
  • La grogne monte et s'organise sur toute la côte méditerranéenne française, comme ce fut déjà le cas à Barcelone et dans les Baléares, en Espagne, ou à Venise

MARSEILLE : «Nous sommes des activistes et vous ne pouvez pas entrer dans le port de Marseille» : mi-juin, en France, quelques canoës ont brièvement bloqué le plus grand paquebot de croisière du monde, illustrant l'hostilité croissante à cette industrie polluante en Méditerranée.

«Quand on a des aberrations comme celle-là, qui nous impactent aussi directement, on ne peut que se sentir investis d'une mission de se mobiliser», explique Rémy Yves du collectif «Stop Croisières», créé en mai dans la deuxième ville de France, sur la Méditerranée.

Les activités maritimes sont responsables de 39% des émissions de dioxyde d'azote (NOx) - un polluant de l'air - dans la métropole marseillaise, juste derrière le trafic routier (45%), selon l'observatoire régional de la qualité de l'air AtmoSud.

Un navire de croisière à quai pendant une heure émet autant que 30.000 véhicules roulant à 30 km/h, estime l'organisme.

«Aberration» : le mot est martelé par les militants pour décrire le «Wonder of the Seas» qu'ils ont bloqué, propriété de Royal Caribbean : 362 mètres de long, 15 piscines, un simulateur de surf, une patinoire, des robots à cocktail...

Une activité «qui n'a plus lieu d'être dans le monde de demain», estime Rémy Yves. Dans le monde d'hier, pendant le premier confinement, jusqu'à 17 paquebots avaient été bloqués à Marseille, moteurs allumés, face à des riverains ébahis.

- Pancartes hostiles -

La grogne monte et s'organise sur toute la côte méditerranéenne française, comme ce fut déjà le cas à Barcelone et dans les Baléares, en Espagne, ou à Venise (Italie) qui a interdit l'an dernier les grands paquebots dans son centre historique, classé à l'Unesco.

À Nice, des riverains ont obtenu le départ en juin d'un bateau bruyant et polluant.

En juillet, en Corse, des militants indépendantistes ont retardé l'accostage d'un paquebot du géant du tourisme TUI. Lors d'une manifestation quelques jours plus tard, les croisiéristes étaient accueillis dans l'île méditerranéenne par des pancartes hostiles : «Pour un peu d'argent, ils tuent terre et mer».

«Ce type de séjours sur des méga-bateaux polluants ne correspond pas aux axes de tourisme durable», a reconnu le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni.

À Marseille, ville de 870.000 habitants, le maire de gauche Benoît Payan a lui-même lancé une pétition contre la pollution maritime en interpellant l'État et l'Organisation maritime internationale (OMI), signée à ce jour par environ 50.000 personnes.

«Je ne pouvais pas rester les bras ballants, dans une situation de crise avec une atmosphère polluée et des pics de canicule» tout l'été, confie-t-il.

La mairie veut faire pression pour accélérer les processus d'instauration en Méditerranée d'une zone à faibles émissions d'oxyde de soufre, dévastateur pour la vie marine, dite «SECA», prévue pour 2025.

- l'électrification, fausse solution ? -

«La Méditerranée, c'est le dernier endroit du monde où l’on peut faire n'importe quoi, ça suffit ! Nous ne sommes pas la poubelle du monde», tempête M. Payan qui pointe que cette  réglementation est déjà appliquée en mer Baltique ou du Nord.

Au port de Marseille, un des plus grands de France, on se garde de tout «jugement de valeur» ; on estime être en «avance» avec «des navires de croisières de plus en plus propres, un peu plus jeunes sur Marseille (neuf ans de moyenne d'âge contre 14 ans ailleurs)».

«On travaille d'arrache-pied sur le branchement électrique à quai de deux paquebots en simultané d'ici à 2025», a indiqué en juillet Hervé Martel, président du directoire du port.

Cette saison, le taux de remplissage des navires de croisières est estimé à 65% mais l'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos espère bien retrouver le succès d'avant-Covid où jusqu'à près de deux millions de passagers avaient afflué à Marseille.

Pour les anticroisières, qui annoncent une mobilisation européenne contre le tourisme de masse fin septembre, les retombées économiques des croisières sont «dérisoires» pour les lieux d'escale.

Certaines collectivités prônent et financent l'électrification des quais, déjà effective pour alimenter en énergie les ferries vers la Corse, afin de réduire la consommation de carburant et les fumées.

Mais les opposants dénoncent un non-sens avec des quantités d'électricité énormes nécessaires dans une période où la sobriété énergétique est de rigueur.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».