Truss, politique chevronnée favorite face au riche technocrate Sunak

Liz Truss a derrière elle une carrière politique parfois tortueuse. Née le 26 juillet 1975 dans une famille très à gauche, elle a d'abord milité au parti centriste Libéral-Démocrate avant de rejoindre les conservateurs, pour qui elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre). (Photo, AFP)
Liz Truss a derrière elle une carrière politique parfois tortueuse. Née le 26 juillet 1975 dans une famille très à gauche, elle a d'abord milité au parti centriste Libéral-Démocrate avant de rejoindre les conservateurs, pour qui elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre). (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

Truss, politique chevronnée favorite face au riche technocrate Sunak

Liz Truss a derrière elle une carrière politique parfois tortueuse. Née le 26 juillet 1975 dans une famille très à gauche, elle a d'abord milité au parti centriste Libéral-Démocrate avant de rejoindre les conservateurs, pour qui elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre). (Photo, AFP)
  • Ralliée au conservatisme et au Brexit sur le tard, la ministre de 47 ans a séduit avec l'enthousiasme des convertis la base du parti au pouvoir
  • Truss a connu défaites et revers: elle a failli perdre l'investiture aux législatives en raison d'une aventure extraconjugale et a été rétrogradée par Theresa May après un passage difficile à la Justice

LONDRES: Endurcie par un riche parcours politique, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss s'est imposée comme la grande favorite dans la course à Downing Street face à Rishi Sunak, prisonnier de son image de riche banquier technocrate. 

Ralliée au conservatisme et au Brexit sur le tard, la ministre de 47 ans a séduit avec l'enthousiasme des convertis la base du parti au pouvoir, ces moins de 200 000 adhérents, surtout des hommes âgés et blancs, qui départagent les finalistes à la succession de Boris Johnson. 

Rishi Sunak avait eu la préférence des députés lors des premiers tours. Réputé meilleur orateur, l'ex-ministre des Finances de 42 ans est pourtant ensuite apparu donneur de leçons, accroché à l'orthodoxie budgétaire face à la crise économique, tout en changeant d'avis face aux critiques. Ce petit-fils d'immigrés indiens a aussi souffert de son image de traître ayant précipité la chute de Boris Johnson en quittant le gouvernement. 

A l'inverse, sa rivale a martelé un message clair --baisser les impôts massivement, couper dans l'administration-- sans ciller face aux attaques, et s'est gardée de critiquer le Premier ministre sortant. 

« C'est une meilleure politicienne », tranche John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde, pour lequel la cheffe de la diplomatie »arrive facilement à porter des messages conservateurs traditionnels ». 

« Si vous me demandez quel était le message de la campagne de Liz Truss, je peux vous dire immédiatement: des baisses d'impôts, pas des aides », relève-t-il. « Pour Sunak, il n'y a rien. » 

Pour ce spécialiste de l'opinion, Rishi Sunak se montre aussi « un peu cassant, il donne l'impression d'être mal à l'aise sous la pression »: « On voit bien que cela fait plus longtemps qu'elle est dans l'arène ».  

Comparée à Thatcher 

Liz Truss a derrière elle une carrière politique parfois tortueuse. Née le 26 juillet 1975 dans une famille très à gauche, elle a d'abord milité au parti centriste Libéral-Démocrate avant de rejoindre les conservateurs, pour qui elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre). 

Depuis 2012, cette blonde à la chevelure coupée au carré a enchaîné les postes dans les ministères (Education, Environnement, Justice puis secrétaire en chef du Trésor). 

Elle a connu défaites et revers: elle a failli perdre l'investiture aux législatives en raison d'une aventure extraconjugale et a été rétrogradée par Theresa May après un passage difficile à la Justice. 

Elle aurait pu aussi payer son vote contre le Brexit en 2016. Mais elle en est devenue l'une des plus ferventes supportrices, négociant et vantant de nouveaux accords de libre-échange au ministère du Commerce international. 

Nommée en 2021 à la tête de la diplomatie britannique --manière pour Boris Johnson de contrôler ses ambitions--, elle se montre intransigeante face à l'Union européenne sur l'Irlande du Nord, et incarne avec Boris Johnson la fermeté contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine. 

Elle alimente des comparaisons avec Margaret Thatcher, ultrapopulaire dans la majorité, en posant sur la tourelle d'un char ou en portant un chemisier à fleurs caractéristique. 

Parfois jugée raide, elle est apparue plus détendue ces dernières semaines, tandis que ses alliés la décrivaient en bonne vivante amatrice de fromage et de karaoké. 

Fan de Star Wars 

« Dans un parti qui a évolué vers le populisme, elle a su se présenter de manière plus authentique, plus ordinaire que Rishi Sunak qui se retrouve facilement assimilé à l'élite mondialisée », relève Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres. 

« Comme Boris Johnson, elle défend l'idée d'une élite qui doit être contrée et se présente comme extérieure à l'establishment, bien qu'elle soit au gouvernement depuis huit ans », ajoute-t-il. 

Si Rishi Sunak aime mettre en valeur son enfance de fils de médecin et de pharmacienne à Southampton, port du sud de l'Angleterre, il a fréquenté une prestigieuse école privée pour garçons puis Oxford. Il a complété ses études à l'université californienne de Stanford, où il a rencontré sa femme Akshata Murty, fille d'un multimilliardaire indien, puis a travaillé pour la banque Goldman Sachs et des fonds d'investissement. 

Hindou, ce père de deux filles est élu député, parachuté dans une circonscription facile du Yorkshire (nord de l'Angleterre), en 2015 et est immédiatement considéré comme potentiel Premier ministre. A peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances juste avant le début de la pandémie et gagne en notoriété en distribuant des aides massives à l'économie. 

Incollable sur la saga Star Wars, ce ministre toujours affable --lisse pour certains-- voit le vent tourner au printemps en raison des arrangements fiscaux de son épouse. Alors que les prix s'envolent, son train de vie, avec ses costumes coûteux et ses propriétés, le font apparaître déconnecté d'une population aux prises avec une grave crise du coût de la vie. 

Remplacement d'un Premier ministre britannique: les précédents

Harold Wilson (1974-1976) 

En février 1974, le chef du Parti travailliste Harold Wilson devient Premier ministre pour la seconde fois, succédant à Edward Heath à la tête d'un gouvernement minoritaire. 

Il remporte une majorité de trois sièges seulement lors d'une élection en octobre. Il supervise un référendum sur le maintien de l'adhésion de la Grande-Bretagne à la Communauté européenne, l'ancêtre de l'Union européenne, jusqu'à sa démission surprise. 

James Callaghan (1976-1979) 

Après avoir été choisi comme leader du Parti travailliste, le ministre des Affaires étrangères James Callaghan devient le Premier ministre britannique le plus âgé depuis Winston Churchill. 

Critiqué pour avoir tenté de minimiser le mécontentement social et les difficultés économiques des années 1970, il est battu par les conservateurs aux élections générales de 1979. 

Margaret Thatcher (1979-1990) 

Margaret Thatcher est devenue une icône chez les conservateurs pour avoir écrasé les syndicats afin de mettre en œuvre ses politiques libérales, gagné la guerre des Malouines en 1982 et remporté trois victoires aux élections générales. 

Son intransigeance lui a valu le surnom de Dame de fer. Mais l'opposition de la population à un nouvel impôt et des différences idéologiques avec des membres de son camp au sujet de l'Europe font chuter la première femme à diriger un gouvernement britannique. 

Margaret Thatcher démissionne en 1990. 

John Major (1990-1997) 

Le ministre des Finances de Thatcher la remplace et remporte une victoire dans les urnes deux ans plus tard. 

Mais son mandat est terni par une série de scandales, des doutes sur sa gestion de l'économie et des interrogations croissantes sur la poursuite de l'intégration européenne. 

Tony Blair (1997-2007) 

Tony Blair profite de la baisse de popularité des conservateurs pour remporter une victoire écrasante en 1997. 

Il est le Premier ministre travailliste qui a engrangé le plus de succès, remportant les élections à deux reprises en 2001 et en 2005, et s'est imposé sur la scène internationale. 

Il surfe d'abord sur une vague d'optimisme mais perd la confiance de la population après la guerre en Irak. 

Il démissionne au milieu de son troisième mandat. 

Gordon Brown (2007-2010) 

Le ministre des Finances de Tony Blair, Gordon Brown, remporte l'adhésion des membres du parti et devient Premier ministre. 

Mais la crise financière de 2008 et son style maladroit écourtent son mandat. 

David Cameron (2010-2016) 

David Cameron dirige d'abord un gouvernement de coalition avec le petit parti libéral démocrate après les élections de 2010 jusqu'à ce qu'il remporte la majorité absolue avec son parti conservateur en 2015. 

Il cherche à mettre fin aux débats sur l'Europe en appelant à un référendum et fait campagne pour rester au sein de l'Union européenne. Mais son pari échoue et il démissionne après la victoire des partisans du Brexit en 2016. 

Theresa May (2016-2019) 

Theresa May est facilement nommée mais hérite des féroces divisions autour du Brexit. 

Elle remporte les élections en 2017 mais doit démissionner deux ans plus tard faute d'avoir réussi, malgré plusieurs tentatives, à faire approuver aux députés son accord sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE. 

Boris Johnson (2019-2022) 

Figure de proue du Brexit, Boris Johnson remplace Theresa May et renforce sa légitimité en remportant une victoire écrasante aux élections de décembre 2019. Il met en oeuvre le Brexit mais son mandat est marqué par une série de scandales qui finit par provoquer le départ de plusieurs ministres. Il se résout finalement à démissionner en juillet 2022. 


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".