L'Espagne fait campagne pour devenir le «hub» énergétique de l'Europe

Cette photo d'archive prise le 29 mars 2022 montre une vue générale de l'usine de regazéification Enagas de Barcelone, la plus ancienne d'Europe continentale, située à la Muelle de la Energia dans le port de Barcelone (Photo, AFP).
Cette photo d'archive prise le 29 mars 2022 montre une vue générale de l'usine de regazéification Enagas de Barcelone, la plus ancienne d'Europe continentale, située à la Muelle de la Energia dans le port de Barcelone (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 août 2022

L'Espagne fait campagne pour devenir le «hub» énergétique de l'Europe

  • Le problème pour Madrid est que le manque d'intérêt de Paris est toujours là
  • La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a confirmé jeudi sur la chaîne de télévision Antena 3 que ce plan B était à l'étude

MADRID: L'Espagne ambitionne de devenir le "hub" énergétique en Europe et fait campagne pour la construction d'un gazoduc à travers les Pyrénées, avec l'idée qu'il puisse servir à terme à exporter de l'hydrogène vert, présenté comme l'énergie du futur dont Madrid veut être l'un des champions.

La crise énergétique que traverse l'UE s'annonce comme le thème principal des discussions qu'auront mardi à Meseberg (nord de Berlin) le chancelier Olaf Scholz et le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez qui espère que l'appui de l'Allemagne permettra de vaincre les réticences de la France à la construction de cette infrastructure.

Le projet de gazoduc s'appelle le Midcat - abréviation de Midi (sud de la France) et de Catalogne (nord-est de l'Espagne), les deux régions qu'il connecterait - et permettrait à l'Espagne, mais aussi au Portugal, d'acheminer du gaz, provenant sous forme de GNL des Etats-Unis ou du Qatar, vers l'Europe centrale en passant par la France.

Lancé en 2013, il a été abandonné en 2019 par Paris et Madrid en raison de son impact environnemental et de son faible intérêt économique. Mais la guerre en Ukraine et les menaces russes d'un arrêt des livraisons de gaz à l'UE ont remis le sujet sur la table.

Le problème pour Madrid est que le manque d'intérêt de Paris est toujours là. Face à cette situation, M. Sánchez s'est dit prêt à remplacer la France par l'Italie via un gazoduc sous-marin.

"Si le plan A ne voit pas le jour, il faudra chercher un plan B. Et le plan B" consiste en "une interconnexion énergétique entre la péninsule ibérique et l'Italie" reliant Barcelone à Livourne, a-t-il déclaré mercredi.

«Aider l'Europe»

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a confirmé jeudi sur la chaîne de télévision Antena 3 que ce plan B était à l'étude mais estimé que le Midcat, qui ne pourra pas être construit à temps pour l'hiver qui vient mais pourrait "être opérationnel pour l'automne-hiver 23-24", était le projet "le plus facile" pour "aider l'Europe" à s'approvisionner.

"Ce n'est pas une affaire bilatérale entre l'Espagne et la France. Il s'agit de la construction européenne", a-t-elle poursuivi dans une interview publiée lundi par le quotidien El Mundo, avant de lancer à l'adresse de la France: "je me demande où est son sentiment européen".

Berlin voit en tout cas le Midcat d'un bon œil. D'où l'invitation à Pedro Sánchez à participer mardi à une réunion du gouvernement allemand. M. Scholz a affirmé le 11 août que ce gazoduc "nous (manquait) hélas aujourd'hui dramatiquement", car il "contribuerait massivement à soulager et détendre la situation de l'approvisionnement".

L'Espagne dispose de six usines de regazéification de GNL, ce qui en fait le pays avec la plus grande capacité de regazéification de toute l'UE. Le Portugal en a une. La péninsule dispose donc de l'infrastructure pour devenir un "hub" en matière de distribution de gaz vers le reste de Europe.

Encore faudrait-il bien sûr que la France achève sa partie du Midcat. C'est là que M. Sánchez compte sur le pouvoir de persuasion de Berlin auprès de Paris.

L'hydrogène vert à l'horizon 

Mais l'Espagne voit déjà plus loin: le Midcat pourrait servir à terme à exporter de l'hydrogène vert, un secteur dans lequel le pays prétend devenir une référence mondiale grâce à ses énergies renouvelables.

L'hydrogène vert tire son nom du fait que l'électrolyse de l'eau (séparation des molécules d'eau grâce à un courant électrique) qui permet sa production utilise de l'électricité d'origine renouvelable.

"L'Espagne va devenir le premier hub mondial pour le transport de l'hydrogène vert (...) qui est l'avenir de l'économie européenne", affirmait récemment le président de l'organisation patronale de Catalogne, Josep Sánchez Llibre.

"Le projet du Midcat est un projet à long terme", déclarait la semaine dernière le ministre de la Présidence et bras droit de Pedro Sánchez, Félix Bolaños. "L'idée est qu'à moyen et long terme, il puisse transporter de l'hydrogène vert et même de l'hydrogène bleu", produit à partir du méthane contenu dans le gaz naturel.

Dans ce contexte, Pedro Sánchez "doit prendre les commandes" pour que l'Espagne devienne "la grande interconnexion européenne et mondiale pour le gaz et l'hydrogène", et pour cela, "il doit chercher le soutien des Allemands", estimait le "patron des patrons" catalans.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.