L'Ukraine et Moscou s'accusent de bombarder Zaporijia, la mission AIEA en route

Cette photo prise le 11 mai 2022 montre de la fumée s'élevant d'un entrepôt en feu contenant des produits agricoles après le bombardement par les forces russes, dans la ville d'Orikhiv, près de Zaporizhzhia, dans l'est de l'Ukraine, au milieu de l'invasion russe. (AFP)
Cette photo prise le 11 mai 2022 montre de la fumée s'élevant d'un entrepôt en feu contenant des produits agricoles après le bombardement par les forces russes, dans la ville d'Orikhiv, près de Zaporizhzhia, dans l'est de l'Ukraine, au milieu de l'invasion russe. (AFP)
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Publié le Mercredi 31 août 2022

L'Ukraine et Moscou s'accusent de bombarder Zaporijia, la mission AIEA en route

  • Une équipe d'inspection de l'AIEA était en route mercredi matin vers la centrale nucléaire de Zaporijjia, cible de bombardements depuis plusieurs semaines
  • La centrale, la plus grande d'Europe, est occupée par l'armée russe depuis début mars, après l'invasion de l'Ukraine lancée le 24 février

KIEV: L'Ukraine et la Russie se sont de nouveau accusées mercredi de bombarder les environs de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), vers laquelle une équipe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est en route.

La mission de l'AIEA est arrivée en début d'après-midi dans la ville de Zaporijjia, à quelque 120 kilomètres de la centrale, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"L'armée russe bombarde Energodar", a affirmé sur Telegram Ievguen Ievtouchenko, chef de l'administration de Nikopol, située en face d'Energodar, de l'autre côté du fleuve Dniepr. "La situation est dangereuse avec ces provocations", a-t-il ajouté.

Dmytro Orlov, maire pro-Kiev d'Energodar, actuellement exilé, a de son côté publié sur Telegram des images de la mairie de la ville à la façade endommagée. Le bâtiment se trouve à plusieurs kilomètres de la centrale nucléaire.

M. Ievtouchenko a affirmé que les Russes, qui contrôlent Energodar et la centrale, ont bombardé la ville pour en rejeter la responsabilité sur les forces ukrainiennes, et donner l'impression à la mission de l'AIEA que c'est Kiev qui bombarde les environs de la centrale.

Les autorités ukrainiennes accusent également la Russie de bombarder délibérément la zone pour empêcher l'équipe de l'AIEA d'y parvenir.

A Moscou, le ministère russe de la Défense a lui de nouveau accusé mercredi les forces ukrainiennes de "provocations" visant à "perturber le travail de la mission de l'AIEA", en affirmant qu'un des bombardements de l'artillerie ukrainienne avait "frappé" mardi "un bâtiment de retraitement de déchets radioactifs" du complexe.

Kiev et Moscou s'accusent depuis des semaines de mettre en danger la sécurité de la centrale et risquer un accident nucléaire. Moscou nie toute frappe en expliquant notamment qu'elle n'a aucun intérêt à bombarder une zone que ses troupes contrôlent.

Le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, a quitté Kiev vers Zaporijia dans la matinée, après s'être félicité devant la presse de pouvoir enfin "après plusieurs mois d'efforts", aller inspecter la centrale, y compris à l'intérieur.

La centrale, la plus grande d'Europe, est occupée par l'armée russe depuis début mars, après l'invasion de l'Ukraine lancée le 24 février. Kiev a accusé Moscou d'y avoir déployé des centaines de soldats et d'y stocker des munitions.

"L'AIEA est prête. Nous ferons un compte-rendu après notre mission. Nous allons passer quelques jours là-bas", a ajouté le chef de l'agence onusienne, qui conduit une équipe de 13 personnes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reçu mardi les experts de l'AIEA, arrivés lundi à Kiev, répétant à cette occasion que la communauté internationale devait obtenir de la Russie "une démilitarisation immédiate" de la centrale et le départ du site "de tous les militaires russes avec tous leurs explosifs, toutes leurs armes".

"Malheureusement la Russie n’arrête pas ses provocations et maintient par ses actes "le risque d'une catastrophe nucléaire", a-t-il affirmé.

La centrale de Zaporijjia, une des quatre centrales nucléaires fonctionnant en Ukraine, compte ses six réacteurs d'une capacité de 1.000 mégawatts chacun.

La semaine dernière, elle avait été brièvement débranchée du réseau électrique pour la première fois de son histoire, après l'endommagement de lignes électriques.

Guerre du gaz 

Sur le terrain, "des combats se déroulent actuellement pratiquement sur toute la ligne de front : dans le sud, dans la région de Kharkiv (nord-est) et dans le Donbass (est)", a déclaré mardi soir le président Zelensky.

Mercredi matin, les autorités ukrainiennes ont notamment fait état de quatre morts dans la région de Donetsk (est), l'une des deux provinces du bassin du Donbass, en partie contrôlé par des forces prorusses depuis 2014, et dont la conquête totale est la priorité stratégique de Moscou.

Dans cette région, "des combats acharnés se poursuivent en direction de Bakhmout et Avdiïvka", où "les Russes ont tenté sans succès d’avancer" mais ont dû "se replier", ont-elles ajouté.

Elles ont également fait état d'au moins un mort à Mykolaïv, dans le sud, où deux morts et 24 blessés avaient déjà été signalés la veille.

Dans cette région, l'armée ukrainienne poursuit sa contre-offensives, notamment autour de Kherson, l'une des rares grandes villes ukrainiennes conquises par Moscou depuis le lancement de son invasion le 24 février.

Le ministère russe de la Défense a de son côté assuré mercredi que ses forces avaient repoussé ces deux derniers jours les offensives ukrainiennes, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi avec  notamment "8 hélicoptères" et "63 tanks" détruits et "1.700 hommes" tués.

Ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.

La présidence ukrainienne a fait état mardi de "puissantes explosions" dans la région de Kherson ainsi que de la destruction d'"un certain nombre de dépôts de munitions" russes et de "tous les grands ponts" qui permettent aux véhicules de traverser le Dniepr, le fleuve arrosant cette partie de l'Ukraine. Et ce afin de couper le ravitaillement en provenance de la Crimée.

La Russie avait assuré lundi avoir repoussé des "tentatives d'offensive" ukrainiennes dans la région de Kherson ainsi que dans celle de Mykolaïv, plus à l'ouest.

Mardi, les autorités de Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d'Ukraine, avaient annoncé la mort d'au moins cinq personnes dans des frappes russes.

Dans une autre guerre livrée en parallèle, celle du gaz, le géant russe Gazprom a annoncé mercredi avoir "entièrement" suspendu ses livraisons de gaz vers l'Europe via le gazoduc Nord Stream en raison de travaux de maintenance devant durer trois jours.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.