Inquiétudes après de nouvelles règles d'entrée en Cisjordanie par Israël

La ville de Jéricho en Cisjordanie. (Photo, AFP)
La ville de Jéricho en Cisjordanie. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 04 septembre 2022

Inquiétudes après de nouvelles règles d'entrée en Cisjordanie par Israël

La ville de Jéricho en Cisjordanie. (Photo, AFP)
  • Publiée en février, la nouvelle procédure d'entrée en Cisjordanie --territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël-- vise les étrangers souhaitant y résider, travailler, faire du bénévolat ou étudier
  • Un étranger voulant aller en Cisjordanie ne pourra plus obtenir un visa à l'arrivée

RAMALLAH: Ces derniers mois à Ramallah, l'avocat palestinien Rassem Kamal a vu nombre d'étrangers défiler dans son cabinet, très inquiets de nouvelles règles édictées par Israël, qui doivent entrer en vigueur lundi, pour restreindre l'entrée et le séjour en Cisjordanie occupée. 

Publiée en février, la nouvelle procédure d'entrée en Cisjordanie --territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël-- vise les étrangers souhaitant y résider, travailler, faire du bénévolat ou étudier. Elle pourrait notamment affecter de nombreux étudiants Erasmus+. 

Cette procédure a déjà été reportée à deux reprises car contestée devant la Cour suprême israélienne par 19 plaignants. Parmi eux, l'organisation israélienne des droits humains Hamoked qui la juge "extrêmement restrictive" et dénonce des "critères intrusifs et superflus". 

Un étranger voulant aller en Cisjordanie ne pourra plus obtenir un visa à l'arrivée. Il devra le demander 45 jours avant, spécifier s'il a de la famille de premier degré en Cisjordanie et indiquer s'il est propriétaire de terres ou s'il doit en hériter. 

Et sauf exception, il ne pourra plus arriver via l'aéroport de Tel-Aviv mais seulement emprunter le point de passage entre la Jordanie et la Cisjordanie, contrôlé par Israël. 

La nouvelle procédure de 97 pages demande dans certains cas de déposer une caution pouvant s'élever à 70 000 shekels (20 000 euros) et oblige, entre deux visas, à une pause de plusieurs mois en dehors du territoire. 

Les étrangers faisant affaire en Cisjordanie "se sont précipités" chez Rassem Kamal pour réaliser des procurations en faveur de proches palestiniens dès que la procédure a été connue. 

"Ils savent que lorsque les règles vont être appliquées, leur venue va être restreinte", explique-t-il. 

« Plus efficace »  

D'après les nouvelles mesures, "les extensions de visa sont très restrictives. Dans la plupart des cas, une personne doit partir et parfois rester à l'étranger pendant un an avant de pouvoir demander un nouveau visa", explique Hamoked. 

Cela aura un impact direct sur les conjoints étrangers de Palestiniens qui devront partir à l'expiration de leur visa, privant "des milliers de familles palestiniennes du droit de vivre ensemble sans interruption et de vivre une vie de famille normale", dénonce l'association israélienne, notant que les demandes de visa peuvent être refusées sans justification. 

"Ces mesures draconiennes auront également un grave impact sur le travail humanitaire", soutient le docteur canadien Benjamin Thomson, directeur du projet "Keys of health" qui fait partie des plaignants ayant saisi la justice. 

"Les nouvelles règles empêcheront beaucoup de professionnels de santé d'entrer en Cisjordanie", affirme-t-il, dénonçant l'"incertitude" quant à l'octroi et au renouvellement de visas pour son organisation formant des médecins palestiniens. 

Sollicité par l'AFP, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a expliqué que ses mesures doivent permettre de gérer les demandes de visa "de façon plus efficace et plus adaptée aux conditions changeantes du moment". 

Il s'est félicité de ce que les règles d'entrée pour les professeurs, étudiants et autres résidents soient "pour la première fois" clairement énoncées et a indiqué que la procédure devait être testée pendant deux ans. 

Erasmus+ menacé 

La nouvelle politique a été critiquée jusqu'à Bruxelles, en raison des quotas imposés sur les professeurs d'universités (150 par an) et les étudiants étrangers (100) se rendant dans des universités palestiniennes. En 2020, 366 étudiants et professeurs européens ont été dans ces établissements. 

La Commissaire européenne à l'Education, Mariya Gabriel, a estimé en juillet que les restrictions étaient contraires aux objectifs du programme d'échanges Eramus+. 

"Alors qu'Israël bénéficie grandement d'Erasmus+, la Commission considère qu'il devrait faciliter et non entraver l'accès d'étudiants à des universités palestiniennes", a-t-elle aussi remarqué, alors que 1.803 étudiants et professeurs israéliens ont été dans des universités européennes en 2020. 

En tant que "force occupante" en Cisjordanie, Israël peut agir au nom de sa sécurité et "pour le bien-être de la population locale", selon la loi humanitaire internationale, rappelle Jessica Montell, directrice de Hamoked. 

"Mais cette procédure n'a rien à voir ni avec l'un ni avec l'autre", affirme-t-elle, estimant qu'elle vise à "restreindre la croissance de la population palestinienne par le regroupement familial" et empêcher "l'enracinement" des étrangers, dans le territoire de 2,9 millions de Palestiniens et de 475 000 colons israéliens. 


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.