Liz Truss remporte la course à Downing Street

La nouvelle cheffe du Parti conservateur et Première ministre britannique élue Liz Truss quitte la scène après avoir prononcé un discours lors d'un événement pour annoncer le vainqueur de la course à la direction du Parti conservateur dans le centre de Londres le 5 septembre 2022. Adrian DENNIS / AFP
La nouvelle cheffe du Parti conservateur et Première ministre britannique élue Liz Truss quitte la scène après avoir prononcé un discours lors d'un événement pour annoncer le vainqueur de la course à la direction du Parti conservateur dans le centre de Londres le 5 septembre 2022. Adrian DENNIS / AFP
Un camion de déménagement est photographié à Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre britannique, dans le centre de Londres, le 2 septembre 2022. ADRIAN DENNIS / AFP
Un camion de déménagement est photographié à Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre britannique, dans le centre de Londres, le 2 septembre 2022. ADRIAN DENNIS / AFP
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

Liz Truss remporte la course à Downing Street

  • Agée de 47 ans, Liz Truss sera la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May
  • Le nouveau locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10% et devrait encore considérablement augmenter

LODNRES : La très libérale Liz Truss a remporté lundi la course pour devenir Première ministre britannique et succéder à Boris Johnson, avec pour défi immédiat de s'attaquer à la crise historique du pouvoir d'achat qui frappe le Royaume-Uni.

Agée de 47 ans, Liz Truss, qui a mené une campagne très à droite axée sur les baisses d'impôt, deviendra mardi la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May.

Sans surprise, la ministre des Affaires étrangères s'est imposée face à son ancien collègue des Finances Rishi Sunak, à l'issue d'un vote réservé aux adhérents du parti conservateur, déclenché par la démission début juillet de Boris Johnson, acculé par les scandales à répétition.

Elle a recueilli 81.326 voix (57%) contre 60.399 pour son rival (43%), un écart plus faible que prévu, alors que déjà elle n'avait pas la préférence des seuls députés.

Restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson, qu'elle a fait applaudir en énumérant Brexit, victoire face aux travaillistes et soutien à l'Ukraine, Liz Truss va entrer à Downing Street dans un contexte économique et social explosif, marqué par une inflation qui dépasse les 10%, une hausse exorbitante des factures d'énergie prévue à l'automne et des grèves qui s'étendent.

Elle ne dispose d'aucun répit pour convaincre, à deux ans d'élections où l'opposition travailliste, qui dispose d'une nette avance dans les sondages, espère déloger les conservateurs au pouvoir depuis 2010. Le chef du Labour Keir Starmer a accueilli le résultat en soulignant que Liz Truss "n'est pas du côté des travailleurs".

Appel à l'unité

Après l'annonce de sa victoire, Liz Truss a promis "un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie".

"Je m'attaquerai à la crise énergétique en m'occupant des factures d'énergie des gens, mais aussi en m'occupant des difficultés à long terme d'approvisionnement en énergie", a-t-elle ajouté, alors que selon la presse elle se prépare à annoncer un gel des factures d'énergie.

Elle a promis une "grande victoire" à son parti lors des législatives prévues en 2024, semblant exclure dans l'immédiat des élections anticipées.

Elue cheffe du parti conservateur, Liz Truss va automatiquement accéder au pouvoir en raison de la majorité dont bénéficient les "tories" à la chambre des Communes.

Liz Truss devra aussi composer avec l'ombre de Boris Johnson, qui manque déjà à certains membres du parti conservateur - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques - et n'a pas exclu un retour en politique.

Si elle est populaire auprès des conservateurs, moins d'un cinquième des Britanniques (19%) lui font confiance pour agir face à la crise du coût de la vie, selon un sondage YouGov publié lundi.

Les 15 Premiers ministres d'Elizabeth II

Liz Truss va devenir le 15e Premier ministre en 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, cheffe d'Etat du Royaume-Uni.

Après avoir reçu formellement la démission de Boris Johnson, la monarque va recevoir mardi Mme Truss dans sa résidence écossaise de Balmoral pour la nommer cheffe du gouvernement.

Voici la liste des locataires du 10, Downing Street depuis l'accession de la reine sur le trône en 1952.

Winston Churchill (conservateur, 1951-55)

Anthony Eden (conservateur, 1955-57)

Harold Macmillan (conservateur, 1957-63)

Alec Douglas-Home (conservateur, 1963-64)

Harold Wilson (travailliste, 1964-70)

Edward Heath (conservateur, 1970-74)

Harold Wilson (travailliste, 1974-76)

James Callaghan (travailliste, 1976-79)

Margaret Thatcher (conservatrice, 1979-90)

John Major (conservateur, 1990-97)
Tony Blair (travailliste, 1997-2007)

Gordon Brown (travailliste, 2007-10)

David Cameron (conservateur, 2010-16)

Theresa May (conservatrice, 2016-19)

Boris Johnson (conservateur, 2019-22)

Grogne sociale

Adressant ses félicitations à Liz Truss, le dirigeant sortant a appelé le parti à l'unité, après une campagne qui a mis au jour divisions et rancoeurs chez les conservateurs.

Un appel auquel Rishi Sunak a immédiatement répondu favorablement, alors que la nouvelle Première ministre va devoir "diriger le pays dans une période difficile".

Boris Johnson ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.

Liz Truss suivra pour devenir 15e cheffe de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, et former son gouvernement.

Premier dirigeant étranger à réagir après l'annonce officielle, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait part de sa "hâte" de travailler avec la nouvelle dirigeante britannique, tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi s'est dit "confiant" quant à un renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays.

Même impatience affichée de la part du Premier ministre irlandais Micheal Martin, alors que les relations entre les deux pays ont été durement éprouvées par les conséquences du Brexit.

Le gouvernement irlandais a réservé un accueil prudent à la victoire de Liz Truss, tandis que la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon l'a félicitée, l'appelant toutefois sur Twitter à "geler les factures d'énergie (...) à distribuer davantage d'aides et à augmenter les financements aux services publics".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré de son côté espérer "le respect intégral (des) accords" entre le Royaume-Uni et l'UE.

Dans une campagne marquée très à droite, parfois au point de sembler déconnectée de l'aggravation dramatique de la crise pendant l'été, Liz Truss, tardivement convertie au conservatisme comme au Brexit, a séduit en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats.

Pourtant préféré des députés conservateurs, Rishi Sunak, richissime ex-banquier, a peiné à séduire la base du parti en prônant un réalisme économique et a été perçu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages.

Si elle est populaire auprès des conservateurs, 52% des Britanniques estiment que Liz Truss sera une mauvaise voire très mauvaise Première ministre selon un récent sondage YouGov.

En politique étrangère, avec sa ligne dure, Truss ne compte pas que des amis

A en croire ses propos tenus en tant que cheffe de la diplomatie et sa campagne pour Downing Street, Liz Truss semble prête à en découdre avec l'Union européenne, la Russie et la Chine.

L'Ukraine était déjà une priorité pour son prédécesseur, Boris Johnson, mais Liz Truss a prévenu qu'elle allait redoubler d'efforts pour la soutenir.

"Nous continuerons d'aller plus loin et plus vite pour chasser la Russie de toute l'Ukraine", a-t-elle déclaré en avril, affirmant que les Russes devaient également évacuer la Crimée, annexée en 2014.

La doctrine Truss

Ce discours, prononcé dans le quartier financier de la City à Londres, a donné un aperçu de la vision du monde de Liz Truss, au ton volontiers belliqueux.

"Ma vision est celle d'un monde dans lequel les nations libres s'affirment et prennent l'ascendant", a-t-elle alors dit. "Où la paix et la démocratie sont renforcées par un réseau de partenariats économiques et sécuritaires. Où les agresseurs sont contenus et forcés d'opter pour une meilleure voie".

Les "agresseurs", ce sont la Russie et la Chine.

Fin juillet, Liz Truss a promis de renforcer les liens économiques et commerciaux avec les pays du Commonwealth, cette alliance réunissant surtout des anciennes colonies britanniques, afin de contrer ce qu'elle a appelé "l'influence malveillante croissante" de la Chine.

Elle compte sur les puissances du Pacifique que sont l'Australie et le Japon.

Pas de courbette

Elle a attaqué le bilan de la Chine en matière de droits humains au Xinjiang et à Hong Kong, ainsi que son protectionnisme économique.

Un rapport des Nations unies fin août sur le sort des Ouïghours "couvre la Chine de honte au sein de la communauté internationale", a-t-elle déclaré.

"Et nous devons nous assurer que les démocraties comme Taïwan sont en mesure de se défendre", a-t-elle aussi dit, en avril, avant que des manoeuvres militaires chinoises, début août, ne fassent monter en flèche les tensions entre les deux rives du détroit.

Protestant contre ces exercices, Liz Truss a convoqué l'ambassadeur de Chine mais a exclu de se rendre à Taïwan en tant que Première ministre.

Brexit : virulente contre l'UE

Parfois, pour Mme Truss, l'Union européenne est apparue comme un ennemi encore plus grand que Pékin pour ce qu'elle et Boris Johnson aiment à appeler la "Global Britain".

Après avoir fait campagne contre le Brexit en 2016, Liz Truss en est devenue une fervente partisane. Ses critiques virulentes envers l'UE ne lui auront d'ailleurs pas fait perdre de voix parmi les fidèles conservateurs qui élisaient le nouveau chef du parti.

Elle est l'architecte de la loi visant à passer outre l'accord signé par Londres avec Bruxelles sur l'Irlande du Nord. C'était pourtant un élément clé de l'accord de Brexit des deux parties, d'où le risque d'une guerre commerciale avec les Européens.

Une relation pas si spéciale ? 

Liz Truss est alignée sur l'icône des "Tories", Margaret Thatcher, dans la plupart de ses positions politiques, mais la comparaison s'arrête à la relation transatlantique, à laquelle Thatcher vouait une véritable dévotion.

La promesse de Liz Truss de réécrire le protocole nord-irlandais et sa position très dure envers Vladimir Poutine ont provoqué des haussements de sourcils chez le président américain Joe Biden.

D'après le Financial Times, Liz Truss a mis en question les bases même de "la relation spéciale" entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis à l'occasion de sa première rencontre avec le secrétaire d'Etat Antony Blinken il y a un an.

"Cette conversation était emblématique du style décrit comme cru, binaire et autoritaire par des officiels américaines et des analystes, certains estimant que Truss était prompte à adopter des positions radicales sans penser aux conséquences", a écrit le quotidien financier fin août.

Elle a créé encore davantage le malaise chez les diplomates londoniens quand elle a refusé, pendant la campagne, de dire si le président français Emmanuel Macron était plutôt un "ami ou ennemi".

Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, Liz Truss a refusé de commenter une éventuelle candidature de Donald Trump pour la Maison Blanche.

"Les Etats-Unis comme la France sont des démocraties éprises de liberté et je travaillerai avec ces deux pays, quel que soit leur leader", a-t-elle dit.

 

 


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.