A Vienne, des réfugiés ukrainiens à l'aube d'une nouvelle vie

Les parents ukrainiens Irina Titkova (2e R) et son mari Valerii Titkov (2e L) marchent avec leurs fils Danylo (L) et Denys (R) le premier jour d'école à Vienne, en Autriche, le 5 septembre 2022. (AFP)
Les parents ukrainiens Irina Titkova (2e R) et son mari Valerii Titkov (2e L) marchent avec leurs fils Danylo (L) et Denys (R) le premier jour d'école à Vienne, en Autriche, le 5 septembre 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 07 septembre 2022

A Vienne, des réfugiés ukrainiens à l'aube d'une nouvelle vie

  • Des mois d'angoisse, d'hésitations et puis finalement la décision de rester: pour la famille Titkov, arrivée à Vienne peu après l'invasion russe de l'Ukraine, la rentrée scolaire est synonyme de nouveau départ
  • Sur les 7 millions de déplacés enregistrés en Europe, d'après les derniers chiffres de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), peu d'hommes ont échappé à la mobilisation générale

VIENNE: Des mois d'angoisse, d'hésitations et puis finalement la décision de rester: pour la famille Titkov, arrivée à Vienne peu après l'invasion russe de l'Ukraine, la rentrée scolaire est synonyme de nouveau départ.

Lundi, les trois garçons, Danylo, Denys et Dmitry, respectivement 9, 11 et 15 ans, ont rejoint les bancs de l'école.

C'est leur première rentrée officielle dans leur terre d'accueil, comme n'importe quel écolier autrichien.

"Un peu stressés" à cause de la langue, ils ont préparé de petits cadeaux et un mot pour leurs professeurs, en lieu et place des fleurs comme le veut la coutume ukrainienne.

Leur mère, Irina, 39 ans, qui a mis pour l'occasion un collier traditionnel, souligne que l'école est le premier stade de l'intégration.

Après six mois passés à vivoter dans le temporaire, Danylo sait désormais énumérer en allemand la liste des fournitures scolaires.

Mais le cadet a le mal du pays, se sent isolé.

Et l'aîné préfère traîner avec ses amis ukrainiens plutôt que de travailler, poussant sa mère à prendre rendez-vous avec sa proviseure.

Inquiète, Irina fait de son mieux pour que les garçons se sentent enfin chez eux.

Arrivés en catastrophe d'Irpin, dans la banlieue de Kiev, début mars, les Titkov ont accepté de raconter à l'AFP les étapes de leur nouvelle vie, dans un pays où plus d'un quart de la population est issue de l'immigration.

«Incapable» de faire la guerre

Venue à Vienne un peu par hasard, parce qu'Irina avait aimé "la beauté et le côté multiculturel" de cette ville découverte lors d'un voyage, la famille avait jusque là souvent songé à repartir.

C'est "compliqué de s'habituer à un nouveau pays, de comprendre les règles, la culture, de savoir à qui s'adresser", explique le père, Valerii, 43 ans.

Celui qui ne parlait pas anglais à son arrivée dit son "infinie reconnaissance" à tous ceux qui les ont soutenus.

En juin, ils étaient sur le point de rentrer.

Mais face aux nouvelles du front, où des proches sont restés combattre, les récits de crimes de guerre présumés, les décès d'amis, Irina était rongée par le mal-être et la culpabilité de ne pas pouvoir aider.

Puis les hostilités ont repris de plus belle et la famille s'est fait une raison.

"Quand je vois des images de soldats qui se battent, évidemment cela me fait énormément de peine", confie Valerii, un passionné de football à la carrure de sportif.

"Mais très honnêtement, je serais incapable de faire la guerre. Je ne peux même pas tuer un insecte", ajoute ce russophone qui a déjà dû fuir l'Azerbaïdjan, en guerre avec l'Arménie dans le Haut Karabakh, il y a 30 ans, après la chute de l'URSS.

Valerii a été autorisé à sortir d'Ukraine en tant que père de trois enfants.

Sur les 7 millions de déplacés enregistrés en Europe, d'après les derniers chiffres de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), peu d'hommes ont échappé à la mobilisation générale.

"Peut-être que c'est notre destin d'être ici, la chance d'explorer une autre culture", souffle Irina.

De réfugiés à «égaux»

Cette semaine, la famille a emménagé dans un coquet trois pièces avec vue sur une cour arborée, dans un quartier résidentiel à une demi-heure du centre.

C'est un soulagement pour Irina d'avoir enfin trouvé un chez-soi, où elle accueille avec de pelmenis (raviolis) accompagnés d'un bortsch fumant.

Hébergée jusqu'ici dans un logement trouvé par l'intermédiaire de connaissances, elle était lasse de la promiscuité, à cinq dans une unique pièce. Soucieuse aussi de "ne pas vivre pour toujours aux crochets" des autres.

"Le jour de mon anniversaire, j'ai reçu l'appel d'une association: ils avaient trouvé un appartement pour nous. Un miracle! ", raconte-t-elle les yeux brillants.

Pour un loyer de 400 euros par mois, son aîné a désormais sa propre chambre pour jouer à la guitare.

Les plus jeunes ont leurs lits superposés.

Et sur le balcon, un hamac invite à la rêverie, loin des épreuves des derniers mois.

"Cela nous donne un sentiment de réconfort", sourit Irina.

Pas facile de recommencer sa vie en exil, de perdre son pays, sa famille, son statut, son métier.

L'ex-professeure d'anglais a trouvé un travail de caissière dans une chaîne de restauration américaine. Son époux, qui était masseur-physiothérapeute en Ukraine, est devenu manutentionnaire pour le même établissement.

"C'est dur mais c'est de l'argent que je gagne moi-même, pas que je reçois de quelqu'un. On a le sentiment d'être égaux, utiles à la société, pas seulement des réfugiés" vivant d'aides sociales, dit-elle.

A la fin du mois, les deux parents feront à leur tour leur rentrée en prenant des cours d'allemand.


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Short Url
  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Short Url
  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Short Url
  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.