Royaume-Uni: Liz Truss va annoncer un paquet d'aides massif pour soutenir l'économie

Liz Truss serait ainsi sur le point de geler à 2 500 livres annuels les factures pour un foyer moyen (Photo, AFP).
Liz Truss serait ainsi sur le point de geler à 2 500 livres annuels les factures pour un foyer moyen (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 08 septembre 2022

Royaume-Uni: Liz Truss va annoncer un paquet d'aides massif pour soutenir l'économie

  • Liz Truss devrait annoncer vers 10H00 GMT au Parlement un gel des factures d'énergie en Grande-Bretagne
  • La nouvelle Première ministre, conservatrice tendance thatchérienne, devrait en parallèle confirmer des baisses d'impôts

LONDRES: Deux jours après avoir reçu les clés de Downing Street, Liz Truss va dévoiler jeudi un paquet d'aides massif pour les ménages et les entreprises face à la flambée de l'inflation et des prix de l'énergie.

Liz Truss devrait annoncer vers 10H00 GMT au Parlement un gel des factures d'énergie en Grande-Bretagne et des mesures qui devraient au total coûter autour de 100 milliards de livres selon la presse britannique. Des montants astronomiques qui rivalisent avec l'ampleur des mesures adoptées pendant la pandémie.

La nouvelle Première ministre, conservatrice tendance thatchérienne, devrait en parallèle confirmer des baisses d'impôts pour stimuler une économie promise à la récession à la fin de l'année.

Elle se refuse aussi à étendre une taxe sur les énormes bénéfices des géants pétroliers, afin selon elle d'encourager l'investissement et l'extraction en mer du Nord.

Une levée du moratoire sur le "fracking" (fracturation hydraulique, pour extraire pétrole et gaz de schiste) serait peut-être aussi à l'ordre du jour, selon certains médias britanniques, même si son prédécesseur Boris Johnson était dubitatif sur l'intérêt d'une telle mesure.

"Je vais prendre des mesures immédiates pour aider les gens face à leurs factures d'énergie, mais je veux aussi que nous assurions notre approvisionnement énergétique", a-t-elle fait valoir mercredi lors de sa première séance de questions du Parlement.

Le plafond des factures énergétiques pour les particuliers doit en théorie augmenter de 80% au 1er octobre. Il a doublé sur un an et, si rien n'est fait, doit encore grimper l'an prochain à quelque 5.000 livres par an pour un foyer moyen, d'après les estimations, alimentant une inflation à deux chiffres qui s'emballe.

Prix du gaz

Le Royaume-Uni est très dépendant des prix du gaz, qui ont été multipliés par sept sur un an, notamment à cause des tensions sur l'approvisionnement depuis le début de la guerre en Ukraine.

Les prix de gros de l'électricité et du gaz étaient jusqu'alors répercutés entièrement sur les entreprises et ménages, malgré des aides accordées par le gouvernement précédent qui se sont rapidement révélées très insuffisantes.

Economistes, ONG, syndicats et mêmes énergéticiens n'ont eu de cesse d'avertir qu'une majorité de ménages britanniques risque de tomber dans la grande précarité cet hiver.

Liz Truss serait ainsi sur le point de geler à 2.500 livres annuels les factures pour un foyer moyen, ce qui représente, d'après plusieurs médias dont le Times, une dépense colossale de 150 milliards de livres, qui serait financée par de la dette.

C'est plus que les 70 milliards de livres dépensées pour payer les salaires des employés en chômage technique pendant toute la durée de la pandémie.

C'est aussi un virage drastique par rapport à la campagne menée par Liz Truss, qui décrivait les aides directes comme des "pansements" qui ne résoudraient pas les problèmes de fond.

Qui va payer?

Le cocktail des aides directes massives et des baisses d'impôts effraie les marchés qui craignent un nouveau grave dérapage des finances publiques après celui de la pandémie.

Signe de la défiance des investisseurs, les bons du Trésor britanniques à 10 ans ont bondi mardi à plus de 3%, au plus haut depuis une décennie.

Mais le nouveau chancelier de l'Echiquier Kwasi Kwarteng a assuré mercredi que si une hausse de l'emprunt public était "nécessaire à court terme", le nouveau gouvernement visait "la stabilité monétaire et la discipline budgétaire à moyen terme" grâce à une croissance de l'économie qui serait plus rapide que celle de la dette publique.

Selon Neil Schearing, économiste de Capital Economics, un gel sur les prix du gaz et de l'électricité pour les consommateurs pourrait calmer l'inflation qui culminerait à seulement 11% en octobre selon lui.

L'économie entrerait toujours en récession mais celle-ci se limiterait à une contraction de seulement 0,5%, ajoute-t-il.

À Westminster mercredi, Mme Truss a prudemment évité de répondre à la question assenée par l'opposition: qui va payer?

Le leader travailliste Keir Starmer accuse Mme Truss de "protéger les profits (des géants) du pétrole et du gaz et forcer les gens à payer la facture".

Sans hausses d'impôts ciblées, ce paquet d'aides massif va aider les contribuables à passer l'hiver mais ils devront le payer ensuite pendant des années, ont martelé les travaillistes.

Responsables des infrastructures, énergéticiens et défenseurs de l'environnement dénoncent par ailleurs l'absence apparente de toute mesure d'économies d'énergie par Liz Truss.

Ils demandent d'urgence des politiques d'isolation des bâtiments britanniques, pour beaucoup de véritables passoires thermiques.


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Short Url
  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Short Url
  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.


EDF prolonge la durée de vie de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni

Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Short Url
  • EDF a annoncé la prolongation jusqu’en 2028 de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni après des inspections de sécurité satisfaisantes
  • Ces prolongations visent à garantir l’approvisionnement en électricité bas carbone et à soutenir les objectifs climatiques du Royaume-Uni

LONDRES: L'énergéticien français EDF, qui exploite les cinq centrales nucléaires actuellement en activité au Royaume-Uni, a annoncé mardi prolonger la durée de vie de deux d'entre elles, assurant que cela "contribuera à la sécurité énergétique" du pays.

"Prolonger la durée de vie de ces centrales (...) permettra de garantir l'emploi plus longtemps à plus de 1.000 personnes qui y travaillent et de soutenir les ambitions du Royaume-Uni de disposer d'un approvisionnement en électricité propre et sûr", a fait valoir dans un communiqué le directeur des opérations nucléaires d'EDF au Royaume-Uni, Mark Hartley.

Heysham 1 (nord-ouest de l'Angleterre) et Hartlepool (nord-est) verront leurs durées de vie étendues d'un an, jusqu'en mars 2028, après une prolongation similaire annoncée en décembre dernier, suite à des inspections et évaluations de sécurité satisfaisantes.

EDF avait aussi prolongé en décembre la vie de deux autres centrales nucléaires, Heysham 2 et Torness, qui produiront de l'électricité jusqu'en mars 2030.

La cinquième centrale d'EDF en activité dans le pays, Sizewell B, utilise une technologie différente et "sa durée de vie n'a pas été évaluée dans le cadre de ce processus" mais EDF estime dans son communiqué qu'il existe "de bonnes chances" de prolonger aussi sa durée de vie de 20 ans, jusqu'en 2055.

L'énergéticien français est depuis 2009 l'opérateur du vieillissant parc nucléaire outre-Manche.

Il est parallèlement en charge de la construction de deux autres centrales nucléaires de nouvelle génération de type EPR au Royaume-Uni, Hinkley Point C et Sizewell C. L'entreprise est régulièrement pointée du doigt pour les délais et dérapages de budget de ces projets pharamineux.

Hinkley Point C est en construction et le gouvernement britannique a donné son feu vert en juillet à Sizewell C -- dont le coût avait alors enflé à 38 milliards de livres (44 milliards d'euros).

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités. Une façon aussi d'atteindre ses ambitions climatiques, en complément des immenses champs d'éoliennes construits en mer.

Le gouvernement a promis en juin d'injecter plus de 30 milliards de livres (35 milliards d'euros) pour relancer l'énergie nucléaire dans le pays, pour Sizewell C, mais aussi des petits réacteurs et la recherche sur la technologie prometteuse de la fusion.