Au procès de l'attentat de Nice, la revendication «opportuniste» de l'Etat islamique

Ce croquis d'audience réalisé le 5 septembre 2022 montre les accusés Enkeledja Zace, Artan Henaj, Maksim Celaj, Chokri Chafroud, Endri Elezi, Ramzi Arefa et Mohamed Ghraieb alors qu'ils assistent à la journée d'ouverture du procès des suspects de l'attentat au camion de Nice en 2016, qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés, au palais de justice de Paris. (AFP).
Ce croquis d'audience réalisé le 5 septembre 2022 montre les accusés Enkeledja Zace, Artan Henaj, Maksim Celaj, Chokri Chafroud, Endri Elezi, Ramzi Arefa et Mohamed Ghraieb alors qu'ils assistent à la journée d'ouverture du procès des suspects de l'attentat au camion de Nice en 2016, qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés, au palais de justice de Paris. (AFP).
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Publié le Jeudi 08 septembre 2022

Au procès de l'attentat de Nice, la revendication «opportuniste» de l'Etat islamique

  • Un enquêteur de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), témoignant par visioconférence sous couvert de l'anonymat, a décortiqué jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris cette revendication «opportuniste»
  • A l'époque, comme l'ont souligné d'autres enquêteurs devant la cour, le groupe jihadiste, «attaqué de tous les côtés», était en perte de vitesse

PARIS : Le 16 juillet 2016 à 10H15, deux jours après l'attentat au camion-bélier sur la promenade des Anglais de Nice, un communiqué du groupe Etat islamique (EI) revendiquait le massacre commis par le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un homme sans convictions religieuses selon son entourage.

Un enquêteur de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), témoignant par visioconférence sous couvert de l'anonymat, a décortiqué jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris cette revendication "opportuniste".

A l'époque, comme l'ont souligné d'autres enquêteurs devant la cour, le groupe jihadiste, "attaqué de tous les côtés", était en perte de vitesse.

Mais cela ne l'empêchait pas d'appeler ses sympathisants à tuer les "incroyants", "en particulier les méchants et sales Français", par "tous les moyens" en "les  écrasant avec une voiture" notamment. Dans ce contexte, l'attentat de Nice est tombé à pic pour l'organisation.

La première revendication, a détaillé l'enquêteur, a été émise par "l'agence de presse" de l'EI, Amaq. En arabe, puis en français, un bref communiqué évoquait une "opération d'écrasement à Nice" par "un soldat de l'EI".

"C’est la plus haute hiérarchie de l’EI qui s'exprime par ce biais", fait remarquer l'enquêteur.

Un peu plus tard, le bulletin d'information de la radio de l'EI, Al-Bayan, revendique à son tour l'attentat.

Dans ce document audio, diffusé jeudi dans la salle d'audience, on parle d'"un soldat du califat" qui a mené "une opération spéciale en utilisant un poids-lourd pour écraser les citoyens de la France croisée". Le nom de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel n'est pas cité.

«Aucune allégeance explicite»

D'abord diffusé en arabe, le communiqué radiophonique est ensuite lu en français par le jihadiste originaire de Seine-Saint-Denis Adrien Guihal, qui a rejoint la Syrie en 2015.

C'est le même Adrien Guihal, 37 ans aujourd'hui, qui avait revendiqué au nom de l'EI l'attentat de Magnanville, qui avait coûté la vie à un couple de policiers en juin 2016.

Un avocat de parties civiles aimerait savoir si la DGSI a pu interroger Adrien Guihal, détenu depuis 2018 par les forces kurdes. "Non", répond l'enquêteur, "aucun canal judiciaire" ne le permet.

L'agent de la DGSI note les différences entre la revendication "opportuniste" de l'attentat de Nice et d'autres revendications du groupe Etat islamique.

Ainsi, l'expression "soldat du califat" ou "soldat de l'EI" est un terme un peu "attrape-tout", dit l'enquêteur. La revendication des attentats du 13-Novembre parlait des "lions du califat", terme accordé par l'EI à ses combattants aguerris.

"Le massacre du 14 juillet coche toutes les cases de l'attentat inspiré, que l'Etat islamique découvre en même temps que tout le monde", poursuit l'enquêteur.

Par rapport aux revendications d'attentats "projetés" (comme ceux du 13 novembre 2015) ou "soutenus" (comme l'attentat de l'Hypercacher en janvier de la même année), la revendication de l'attentat de Nice ne comporte aucun signe d'allégeance de son auteur à l'EI.

"Il n'y a aucune allégeance explicite ou signe ou symbole de ralliement à cette idéologie au moment de son passage à l'acte", fait remarquer un avocat de la défense.

"Il était consommateur assidu de propagande de l'EI au moment des faits, donc ça a nécessairement joué un rôle", se défend l'enquêteur, tout en reconnaissant que la fascination du Tunisien pour l'EI ne constitue "pas forcément la motivation unique de son geste".

"J'ai bien conscience de sa personnalité complexe, multi-facettes, mais parmi elles, il y avait sa fascination pour l’EI", insiste-t-il.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.