Gérald Darmanin en visite à Lyon sur fond de tensions avec le maire écologiste

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin part après une réunion des ministres à l'Elysée, à Paris, le 7 septembre 2022. (Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin part après une réunion des ministres à l'Elysée, à Paris, le 7 septembre 2022. (Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Vendredi 09 septembre 2022

Gérald Darmanin en visite à Lyon sur fond de tensions avec le maire écologiste

  • Au coeur du contentieux: la question des effectifs de police nationale
  • Le maire écologiste réclame des effectifs, mais le ministre lui, «attend des gestes notamment en matière d'aménagements et de vidéoprotection»

LYON: Après plusieurs mois de crispations sur les questions de sécurité à Lyon, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin revient dans cette ville vendredi pour rencontrer le maire écologiste Grégory Doucet et faire le point sur l'action de la police dans la troisième ville de France.

Fin juillet, les tensions se sont traduites par un boycott par le maire de la visite ministérielle organisée après l'agression de trois policiers, violemment pris à partie par une foule dans le quartier sensible de la Guillotière pendant l'interpellation d'un suspect.

Au coeur du contentieux: la question des effectifs de police nationale. "Ce n'est pas de ministre dont nous avons besoin mais de plus d'effectif", avait twitté Grégory Doucet en marge de la visite ministérielle, rappelant la promesse faite voici deux ans par M. Darmanin d'un renfort de 300 policiers nationaux.

Le ministre avait alors répondu avoir déjà envoyé "plus de 100 policiers" à Lyon en 2021, puis cette année une nouvelle CRS "à demeure" (soit 80 hommes) et 40 autres policiers.

Ces effectifs doivent être encore renforcés en 2023 par 200 policiers de la Police aux frontières (PAF), affectés dans un nouveau centre de rétention administrative. En annonçant l'ouverture de ce centre, M. Darmanin avait affirmé que "35% des faits de délinquance dans la métropole lyonnaise sont commis par des personnes étrangères".

Selon le préfet du Rhône Pascal Mailhos, l'arrivée d'une deuxième compagnie CRS a déjà permis d'accroitre les opérations à La Guillotière, avec quelque 4.000 contrôles et 400 interpellations depuis février. Il n'a pas été possible d'obtenir de chiffres sur l'évolution de la délinquance.

Ce quartier historiquement cosmopolite et animé, proche de l'hyper-centre de Lyon, polarise depuis plusieurs mois l'attention médiatique et donne des maux de tête aux autorités, du fait d'une recrudescence des petits trafics (cigarettes, drogue), des agressions et des incivilités.

Ces neufs derniers mois, la présence policière y a été accrue et, si certains alertent sur le déplacement de la délinquance, la situation semble peu à peu se normaliser.

«Deux jambes»

Le maire écologiste réclame des effectifs, mais le ministre lui, "attend des gestes notamment en matière d'aménagements et de vidéoprotection", a rappelé le préfet fin août.

Les critiques de Beauvau se concentrent sur la stratégie de la mairie en terme de sécurité, mais surtout sur sa réticence à déployer de nouvelles caméras ou sur le déport des images réclamé par la police nationale.

En juillet, Gérald Darmanin pointait même "la naïveté et le militantisme du maire", en écho aux reproches de l'opposition municipale et du président LR de la région Auvergne-Rhône- Alpes Laurent Wauquiez, qui fustigent un discours municipal très orienté vers la prévention.

Le maire, lui, a démenti toute forme d'angélisme, assurant vouloir marcher sur "deux jambes: la prévention et la répression".

Au printemps, dans le feu des campagnes présidentielle et législatives, M. Wauquiez était allé jusqu'à qualifier Lyon de "ville la plus dangereuse de France".

"Cela ne correspond pas à la réalité, il suffit de regarder les statistiques" qui placent Paris et Marseille devant Lyon, conteste Mohamed Chihi. L'adjoint au maire délégué à la sûreté fait en revanche amende honorable quant aux carences en agents municipaux pointées par le ministère.

"Nous rencontrons des difficultés dans le recrutement", admet M. Chihi, rappelant que la mairie a consenti un gros effort budgétaire pour faire grimper ses effectifs à 365 agents - contre 288 aujourd'hui - et "améliorer le sentiment de sécurité" des Lyonnais.

La visite ministérielle coïncide avec l'examen à venir du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) qui prévoit la création de 8.500 postes de policiers et gendarmes supplémentaires en cinq ans.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.