En Colombie, bataille pour la terre entre indigènes et afro-descendants

Un ouvrier range sa machette dans un champ de canne à sucre près de Corinto, département de Cauca, Colombie, le 21 août 2022. (AFP)
Un ouvrier range sa machette dans un champ de canne à sucre près de Corinto, département de Cauca, Colombie, le 21 août 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 09 septembre 2022

En Colombie, bataille pour la terre entre indigènes et afro-descendants

  • Depuis l'élection cet été de Gustavo Petro, des indigènes ont multiplié les occupations et confiscations de terres par la force dans le Cauca
  • Aujourd'hui, les indigènes sont établis sur près de 1 500 hectares et accusent les barons du sucre de financer et manipuler en sous-main la protestation des travailleurs noirs

CORINTO: La ferme est délabrée, les champs de canne à sucre sont en partie calcinées, du bétail broute nonchalamment les plantations à l'abandon.

Dans les fertiles vallées du Cauca (sud-ouest de la Colombie), des indigènes de la tribu Nasa occupent de force des propriétés agricoles, prétendant en finir avec la monoculture de la principale région sucrière du pays.

Leurs irruptions par dizaines dans les champs provoque vives tensions et affrontements avec les travailleurs de l'industrie de la canne à sucre, souvent des populations noires installées là depuis plus d'un siècle, qui se retrouvent chassées de leurs terres et de leurs emplois.

C'est un nouveau conflit qui semble sur le point d'éclater dans cette fertile vallée de Corinto, en contrebas de la cordillère, où chacun revendique la terre de ses "ancêtres".

"De quel droit peuvent-ils (les Nasas) affirmer que ces terres leurs appartiennent? Nos ancêtres ont vécu ici toute leur vie", se plaint un des leaders de la communauté noire locale.

Les Nasa veulent "construire leurs maisons par-dessus les nôtres", accuse-t-il, dénonçant la "violence" des nouveaux occupants.

Près de 2 500 afro-descendants, "petits et moyens producteurs de canne à sucre", vivent à Severo Mulato, village qui jouxte plusieurs domaines agricoles aujourd'hui occupés.

C'est cette même culture que n'acceptent pas les Nasa, qui d'après eux assèche les sols et n'enrichit que les barons de l'industrie sucrière à Cali.

«Pierres et bâtons»

Depuis l'élection cet été de Gustavo Petro, premier président de gauche de l'histoire du pays, des indigènes ont multiplié les occupations et confiscations de terres par la force dans le Cauca, déjà l'un des départements les plus touchés par la violence des groupes armés et le narcotrafic.

Dans cette seule région, on dénombre 30 occupations de propriétés agricoles, dont neuf ce dernier mois, selon la police.

Très populaire parmi les peuples autochtones, le président Petro a promis une ambitieuse "réforme agraire" pour redistribuer la terre dans un pays où la propriété foncière se concentre entre les mains de quelques privilégiés.

L'accès à la terre est au cœur du conflit qui ensanglante la Colombie depuis près de six décennies. Dans les années 1960, ce fut l'une des principaux carburants de la lutte armée lancée par plusieurs guérillas paysannes.

Les décennies suivantes, les paramilitaires d'extrême-droite ont dépossédé par la violence des milliers de familles paysannes de leurs terres au profit de grands propriétaires terriens et d'éleveurs de bétails.

L'occupation des terres par les indigènes s'étend désormais à sept des 32 départements. Face à l'augmentation du phénomène, le gouvernement a condamné et prévenu que la police interviendrait.

Les Nasa "coupent tout et n'importe quoi, ils construisent des cabanes, brûlent" la canne, raconte le chef afro-descendant, tout en désignant de sa machette la canne à sucre calcinée. Les indigènes, assure-t-il, ont détruit cinq hectares de terres cultivées.

Après l'abolition de l'esclavage en 1851, les populations noires achetèrent des terres en échange de leur travail. Aujourd'hui, la plupart de leurs descendants cultivent la canne à sucre pour la vendre aux grandes exploitations de la région.

"Quand nous avons fait face (aux indigènes), nous avons dû nous battre avec des pierres car nous n'avons pas d'autres armes. Des pierres et des bâtons".

«Récupérer» la vallée

Il y a encore un an, le campement de Severo Mulato jouxtait une usine sucrière. Quelques 400 familles indigènes "sans terres", descendues de la montagne, ont alors occupé les lieux.

Dans les maisons abandonnées, envahies par les moustiques, vivotent désormais femmes et enfants Nasa autour de feux de bois, se nourrissant notamment grâce à de modestes potagers.

"Nous avons mis nos vies en danger pour réclamer notre droit à un morceau de terre", plaide le chef du groupe, visage masqué par peur de la "persécution judiciaire".

La colonisation et les grands propriétaires terriens nous ont fait "partir vers la montagne" où les terres ne sont pas cultivables.

Avec une population en hausse, les indigènes ont dû détruire la forêt pour cultiver de quoi se nourrir, au détriment de la faune et de la flore locale, assure-t-il.

C'est pourquoi ils ont décidé de "récupérer" la vallée et de détruire la canne à sucre, pour planter à la place des bananes, du riz et du maïs.

Les réserves indigènes couvrent actuellement presque 20% de la région du Cauca. Les indigènes affirment que leurs terres ont pour l'essentiel une "vocation forestière", ce qui les laisserait sans terre cultivable.

Aujourd'hui, les indigènes sont établis sur près de 1 500 hectares et accusent les barons du sucre de financer et manipuler en sous-main la protestation des travailleurs noirs.

Des troncs d'arbres et des tranchées empêchent l'avancée de la police qui tente de les déloger. Les villages des ouvriers afro-colombiens sont à deux pas. La vallée est en train de devenir une poudrière.

Le syndicat des exploitants de canne à sucre dénonce la perte de "près de 6.000 emplois". L'industrie a permis le "développement de ces communautés", veut croire Juan Carlos Agudelo, porte-voix de ces travailleurs qui réclament leur "droit au travail".

La pauvreté dans le Cauca dépasse pourtant de loin la moyenne nationale (58% contre 39,5%).

"Des communautés n'ont pas d'école, elles n'ont pas de logement, pas d'eau courante. Où est le développement?", questionne le coordinateur des occupations, cagoulé et talkie-walkie à la main.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.