Entre Elisabeth II et la France, une surprenante histoire d’amour

Le président français, le général Charles de Gaulle avec La reine britannique Elizabeth II au Palais de Buckingham, le 5 Avril 1960. (Photo AFP)
Le président français, le général Charles de Gaulle avec La reine britannique Elizabeth II au Palais de Buckingham, le 5 Avril 1960. (Photo AFP)
Le Président français Jacques Chirac et la Reine Elizabeth II marchent du Palais de l'Elysée vers l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris le 5 avril 2004. (Photo de Thomas Coex / AFP)
Le Président français Jacques Chirac et la Reine Elizabeth II marchent du Palais de l'Elysée vers l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris le 5 avril 2004. (Photo de Thomas Coex / AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy (2e à gauche) regarde son épouse Carla Bruni-Sarkozy (2e à droite) entre la reine Elizabeth II (à gauche) et le prince Philip (à droite) à Windsor, le 26 mars 2008. (Photo par Carl De Souza / Pool / AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy (2e à gauche) regarde son épouse Carla Bruni-Sarkozy (2e à droite) entre la reine Elizabeth II (à gauche) et le prince Philip (à droite) à Windsor, le 26 mars 2008. (Photo par Carl De Souza / Pool / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 09 septembre 2022

Entre Elisabeth II et la France, une surprenante histoire d’amour

  • Elisabeth II se rend en France pour la première fois le 14 mai 1948, alors qu’elle n’est encore que princesse et nouvellement mariée avec Philip Mountbatten
  • A la veille de l’adhésion de la Grande Bretagne à la CEE, une opération de charme s’impose en direction de l’Europe, et c’est Elisabeth II qui entreprend la tournée, accueillie en France par Georges Pompidou

PARIS : Les relations entre la France et la Grande-Bretagne, pays voisins séparés par quelques miles marins et marqués par des flux et reflux de conquêtes et reconquêtes, ont toujours été en dents de scie. Les Anglais n’ont jamais arrêté de traiter les Français de « Froggies », en raison de leurs traditions culinaires autour de la grenouille, et les Français ne manquent pas une occasion de ressortir l’expression « Perfide Albion » pour justifier leur méfiance vis-à-vis de l’Angleterre.

Elisabeth II se rend en France pour la première fois le 14 mai 1948, alors qu’elle n’est encore que princesse et nouvellement mariée avec Philip Mountbatten. La seconde Guerre mondiale à laquelle elle a activement participé vient de se terminer. Elle représente son père, le roi Georges VI, et le but de son voyage est de resserrer les liens diplomatiques entre le Royaume-Uni et la France. Elle est alors déjà enceinte du prince Charles, mais le secret est encore bien gardé.

« Comment ce peuple a-t-il pu guillotiner son roi ? »

Le président Vincent Auriol fait organiser pour elle un programme festif : soirée de gala à l’Opéra Garnier, réception à l’Élysée, diner à la Tour d’Argent. La princesse n’a que 22 ans, et la France officielle ne veut pas lui imposer un séjour barbant. Pour l’occasion est organisée au musée Galliera une exposition ciblée : « Huit siècles de vie britannique à Paris ». La future reine visitera le château de Versailles et ira même « en boîte » pour écouter Edith Piaf et Henri Salvador, rue Pierre Charron. Ovationnée par le public français à chacun de ses déplacements, notamment à l’Opéra où elle est accueillie aux cris de « Vive la reine ! », Elisabeth II, dont l’humour deviendra légendaire, lâche en souriant : « mais comment ce peuple a-t-il pu guillotiner son roi ? ». Il faut dire que ces acclamations sont destinées à la reine mère dont l’attitude a été exemplaire durant la guerre, soutenant la résistance britannique au point que Hitler dira d’elle qu’elle est « la femme la plus dangereuse d’Europe ».  

Comment, par ailleurs, Elisabeth II ne serait-elle pas francophile, avec un aussi beau départ dans ses relations avec la France dont elle connaîtra dix présidents en 70 ans de règne ?

Le « soft power » de Christian Dior

Un an plus tôt, en 1947, le couturier Christian Dior lançait son « New look », une ligne révolutionnaire, ultra-féminine et scandaleuse en ce qu’elle utilise d’énormes métrages de tissu à une époque où, sortant de la guerre, l’Europe comme l’Angleterre sont soumises à des restrictions drastiques. Cette collection donne en ce sens le coup d’envoi d’une nouvelle ère de prospérité. La reine mère et ses filles sont sous le charme. Le créateur va même être invité à présenter sa collection de l’hiver 1954 au palais de Blenheim, dans l’Oxfordshire. Les mannequins, priés par le protocole de sortir à reculons en l’honneur de la reine, vont recevoir de celle-ci l’ordre contradictoire de montrer le dos de leurs tenues pour qu’elle puisse en observer les détails.

La princesse Margaret (à gauche), accompagnée de la duchesse de Marlborough, remet à Christian Dior un parchemin lui conférant le titre de membre honoraire à vie de la Croix-Rouge britannique.
La princesse Margaret (à gauche), accompagnée de la duchesse de Marlborough, remet à Christian Dior un parchemin lui conférant le titre de membre honoraire à vie de la Croix-Rouge britannique

Les Français sont-ils des monarchistes refoulés, ou bien vouent-il à la reine d’Angleterre un amour exclusif ? Déjà la reine mère, en réalité reine consort, Elizabeth Bowes-Lyon, ne cache pas son attachement à la France. Elisabeth II et sa cadette Margaret ont une gouvernante belge. Elles apprennent le français dès leur plus jeune âge et avec leur mère, font de la langue de Molière une langue secrète dont elles se servent quand elles veulent éviter que leurs conversations soient interceptées par l’entourage et le personnel du palais.

Une reine à Versailles

Le premier voyage officiel d’Elisabeth II en France en tant que reine aura lieu en 1957, cinq ans après son accession au trône. Le président est alors René Coty. Ce dernier veut placer la barre encore plus haut que son prédécesseur. C’est après tout une reine qu’il reçoit à ce moment-là. Les deux pays viennent d’essuyer une défaite cuisante dans le cadre de la crise du canal de Suez, dont leurs troupes sont évacuées par la première force de maintien de la paix des Nations Unies. Une somptueuse réception est donc donnée en l’honneur de la jeune reine à la galerie des Glaces de Versailles où, un siècle plus tôt, Napoléon III avait reçu la reine Victoria. Elle sera également le point de mire d’un diner de gala au Louvre, dans la salle des Caryatides, originellement conçue au XVIe siècle comme une salle des fêtes. Enfin, une croisière longeant la Seine l’emmènera, de station en station, à la découverte de l’histoire de France à travers ses monuments, chaque arrêt étant marqué par un petit spectacle.

Opération de charme auprès de la CEE

Le 14 janvier 1963, le général de Gaulle, dont la reine admire malgré tout le charisme, donne une conférence de presse dans laquelle il se déclare opposé à la demande d'adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne. Il évoque l'incompatibilité entre les intérêts économiques continentaux et insulaires. Il exige que la Grande-Bretagne, en laquelle il voit un cheval de Troie des Etats-Unis, accepte toutes les conditions des Six et qu'elle abandonne ses engagements vis-à-vis des pays inclus dans sa zone de libre-échange. Il opposera un second véto à cette adhésion en 1967.

Néanmoins, cette même année, la reine s’accorde des vacances en Normandie où elle visite de grands haras et rappelle aux Normands qui l’acclament que les rois d’Angleterre sont rois chez eux, mais ducs en Normandie, titre qui leur permet de régner sur les îles anglo-normandes que sont, notamment, Jersey et Guernesey.

1-	Le président français, le Général Charles de Gaulle avec La reine britannique Elizabeth II au Palais de Buckingham, le 5 Avril 1960. (Photo AFP)
Le président français, le général Charles de Gaulle avec La reine britannique Elizabeth II au Palais de Buckingham, le 5 Avril 1960. (Photo AFP)

Pompidou, Longchamp et le déblocage

Il faudra attendre, en mai 1971 que le sommet Georges Pompidou-Edward Heath débloque enfin les négociations entre les Six et le Royaume-Uni. En octobre de la même année, le Premier ministre Edward Heath s’adresse à la Chambre des communes demandant aux députés britanniques de se prononcer en faveur de l’Europe. Une opération de charme s’impose de la part du Royaume Uni en direction de l’Europe, et c’est Elisabeth II qui entreprend la tournée. Elle arrive en France en mai 1972, accueillie par le président Georges Pompidou qui, lui, mise sur l’amour de la reine pour les chevaux. Il organise en son honneur des courses hippiques à Longchamp et l’accompagne une fois de plus au château de Versailles où la visite frôle l’incident diplomatique, le président ayant touché la reine sans sa permission.

La reine Elizabeth II (à gauche), le prince Philip, duc d'Édimbourg (à l'arrière-plan), le président français Georges Pompidou (à gauche) et son épouse Claude (à l'arrière-plan) arrivent pour un dîner d'État au Grand Trianon de Versailles, le 15 mai 1972. (Photo de l'AFP)
La reine Elizabeth II (à gauche), le prince Philip, duc d'Édimbourg (à l'arrière-plan), le président français Georges Pompidou (à gauche) et son épouse Claude (à l'arrière-plan) arrivent pour un dîner d'État au Grand Trianon de Versailles, le 15 mai 1972. (Photo de l'AFP)
 

Avec Mitterrand, « Entente cordiale » et admiration réciproque

L’année 1992 et la fameuse « annus horribilis » pour la couronne d’Angleterre en raison d’une succession de malheurs, notamment l’incendie de Windsor et les scandales à répétition provoqués par les frasques de la famille royale, dont l’image de la reine sort poussiéreuse et ternie. La chute du mur de Berlin impose le renforcement des alliances et la reine se rend en France pour consolider, avec François Mitterrand, l’Entente cordiale entre les deux pays. Entre le président socialiste et la reine naît une amitié inattendue basée sur une admiration réciproque. Deux ans plus tard, en 1994, on les verra inaugurer ensemble le tunnel sous la Manche en vertu duquel « l’Angleterre ne sera plus une île ». La reine sera également présente un mois plus tard pour la commémoration des 50 ans du Débarquement. Vingt ans plus tard, elle y reviendra, accueillie par François Hollande et Anne Hidalgo.

La reine Elizabeth II de Grande-Bretagne (à gauche) sourit alors que le président français François Mitterrand l'accueille à l'Elysée, à Paris, le 9 juin 1992. (Photo par Joel Robine / AFP)
La reine Elizabeth II de Grande-Bretagne (à gauche) sourit alors que le président français François Mitterrand l'accueille à l'Elysée, à Paris, le 9 juin 1992. (Photo par Joel Robine / AFP)

« Reine de cœur », pour Emmanuel Macron

A l’annonce du décès d’Elisabeth II, le président Emmanuel Macron a tweeté : « Sa Majesté la Reine Elizabeth II a incarné la continuité et l’unité de la nation britannique plus de 70 ans durant. Je garde le souvenir d’une amie de la France, une reine de cœur qui a marqué à jamais son pays et son siècle ». L’histoire confirme que cette amitié de cœur était largement réciproque.

Le président français Emmanuel Macron place une rose blanche à côté d'un portrait de la reine Elizabeth II, après avoir signé le livre de condoléances à l'ambassade britannique à Paris, le 9 septembre 2022. (Photo : Christian Hartmann / Pool / AFP)
Le président français Emmanuel Macron place une rose blanche à côté d'un portrait de la reine Elizabeth II, après avoir signé le livre de condoléances à l'ambassade britannique à Paris, le 9 septembre 2022. (Photo : Christian Hartmann / Pool / AFP)

 

Paris 2004, pois de senteur et œuf de Pâques pour Elizabeth II rue Montorgueil

«On pensait lys, on pensait roses, mais c'était trop prétentieux». Alors pour la reine Elizabeth II, «on a choisi des pois de senteur», plus simples et champêtres, se souvient Jean-François Dayan, fleuriste à Paris honoré par la visite de la reine en 2004.

Au lendemain du décès de la souveraine britannique et en mémoire du «souvenir exceptionnel» de cette brève rencontre il y a près de 20 ans, il a accroché vendredi l'Union Jack à la devanture de sa petite boutique Anaïs rue Montorgueil, dans le vieux Paris non loin des Halles.

«Elle voulait un quartier populaire» et rencontrer des commerçants lors de sa visite d'Etat en avril 2004, la quatrième depuis son avènement en 1952, assure M. Dayan.

Arrivée de l'Hôtel de Ville dans sa Bentley avec le maire de l'époque, le socialiste Bertrand Delanoë, Elizabeth II avait visité un centre social puis remonté sur quelques mètres cette rue piétonne, accueillie par les «Vive la reine !» de la foule «impressionnante». «Elle n'était pas bien grande, on voyait juste son petit chapeau» bleu ciel assorti à sa capeline qui dépassait, raconte M. Dayan.

«On s'inquiétait de savoir comment la saluer, quoi lui dire, le protocole anglais nous a rassurés: 'Ne la touchez pas, et si elle vous tend la main, serrez-la+', m'a dit Scotland Yard». Ce qu'il fit.

«C'était une femme formidable, avec beaucoup d'humour», assure le fleuriste qui parla quelques minutes avec elle, en français, des roses anglaises avant de lui remettre une généreuse brassée de pois de senteur aux couleurs pastel, reniflée au préalable par un chien de Scotand Yard. Dans les semaines qui suivront, de nombreux Britanniques viendront acheter ce «bouquet de la reine».

Elizabeth II recevra aussi ce 6 avril 2004 un oeuf bariolé enrubanné de jaune, de l'une des institutions de la rue, la pâtisserie Stohrer fondée en 1730 sous Louis XV.

Cette visite avait donné le coup d'envoi des célébrations du centenaire de l'Entente cordiale, document signé le 8 avril 1904 et acte fondateur de l'alliance franco-britannique après des siècles d'hostilités.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Short Url
  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Short Url
  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Short Url
  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.