Le monde arabe fait ses adieux à la reine Elizabeth II, une amie indéfectible

Le monde arabe pleure le décès de la reine Elizabeth II, alliée indéfectible de la région tout au long de son règne de soixante-dix ans. (Photo, AFP)
Le monde arabe pleure le décès de la reine Elizabeth II, alliée indéfectible de la région tout au long de son règne de soixante-dix ans. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 septembre 2022

Le monde arabe fait ses adieux à la reine Elizabeth II, une amie indéfectible

  • Pour la région, la mort ne marque pas seulement le décès d'une reine, mais aussi d'une alliée de longue date
  • Au cours de son règne de soixante-dix ans, les monarques saoudiens ont effectué pas moins de quatre visites d'État en Grande-Bretagne

LONDRES: Le monde arabe pleure le décès de la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne, amie indéfectible de la région et de ses habitants pendant les sept décennies de son règne.

Il y a seulement trois mois, Sa Majesté a célébré son jubilé de platine, marquant le 70e anniversaire de son accession au trône.

En juin, le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, lui ont souhaité «de sincères félicitations et les meilleurs santé et bonheur», alors qu'ils se joignaient à d'autres chefs d'État de la région pour envoyer des messages de félicitations à l'occasion de son jubilé.

Ils ont maintenant la triste tâche d'envoyer leurs plus sincères condoléances à la famille royale britannique et au peuple du Royaume-Uni.

Pour de nombreuses familles régnantes du Moyen-Orient, la mort de la reine ne marque pas seulement le décès d'une reine, mais aussi d'une amie, et la triste fin d'une histoire d'amitié qui remonte aux premiers jours de son règne.

Ce règne a commencé le 6 février 1952, le jour où son père, le roi George VI, est décédé à Sandringham House, dans le Norfolk, alors qu'Elizabeth, âgée de 25 ans, et son mari, Philip, le duc d'Édimbourg, se trouvaient au Kenya lors d'une tournée en Afrique.

Ayant quitté l'Angleterre en tant que princesse, la fille du roi rentre au pays en deuil sous le nom de reine Elizabeth II. Son couronnement a lieu à l'abbaye de Westminster le 2 juin de l'année suivante, en 1953.

Parmi les invités à la cérémonie figuraient les membres de quatre familles royales du Golfe: Les dirigeants, ou leurs représentants, de ce qui était alors les protectorats britanniques de Bahreïn, du Koweït et du Qatar, ainsi que le prince Fahd ben Abdelaziz al-Saoud, représentant le roi Abdelaziz, 78 ans, fondateur et premier roi d'Arabie saoudite, qui n'avait plus que cinq mois à vivre.

Les liens entre les monarchies britannique et saoudienne ne peuvent être mesurés par la seule fréquence des occasions officielles, bien qu'une analyse de l'histoire des visites d'État organisées par le palais de Buckingham révèle une distinction éclairante.

Le roi Abdallah avec la reine et le duc d'Édimbourg lors de la visite du roi saoudien. (Photo, AFP/Archives)

Au cours de son règne, pas moins de quatre visites officielles de chefs d'État saoudiens ont été effectuées en Grande-Bretagne, un nombre égal à celui de seulement quatre autres pays dans le monde, dont les proches voisins du Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.

 

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Le premier monarque saoudien à se rendre à Londres fut le roi Faisal, accueilli en grande pompe par l'État britannique au début de sa visite de huit jours en mai 1967.

Accueilli par Sa Majesté, d'autres membres de la famille royale britannique et des personnalités politiques de premier plan, dont le Premier ministre Harold Wilson, le roi s'est rendu au palais de Buckingham avec la reine et le duc d'Édimbourg dans une calèche tirée par des chevaux, qui a traversé les rues de Londres sous les acclamations de la foule.

Malgré un emploi du temps chargé, le roi a trouvé le temps de visiter et de prier au centre culturel islamique de Londres. Son fils, le prince Bandar, qui a obtenu cette année-là son diplôme du Royal Air Force College de Cranwell, dans le Lincolnshire, a remplacé son père lors d'une visite d'inspection des avions de combat English Electric Lightning, prêts à être envoyés en Arabie saoudite.

La reine rencontre le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane. (Photo, AFP/Archives)

Le prince pilotera plus tard ces avions de chasse Lightning en tant que pilote de l'armée de l'air royale saoudienne.

Les successeurs du roi Faisal lui ont emboîté le pas en effectuant leurs propres visites d'État au Royaume-Uni: Le roi Khaled en 1981, le roi Fahd en 1987 et le roi Abdallah en 2007.

D'autres monarques de la région ont également rendu des visites officielles à la reine au fil des ans. Le premier fut le roi Faisal II, le dernier roi d'Irak, qui s'est rendu en Grande-Bretagne en juillet 1956. Deux ans plus tard, lui, son épouse et d'autres membres de la famille royale ont été assassinés lors du coup d'État qui a fait de l'Irak une république.

En 1966, Sa Majesté a accueilli le roi Hossein de Jordanie et son épouse d'origine britannique, Toni Avril Gardiner, qui, lors de son mariage, a changé son nom en princesse Mouna al-Hossein.

La reine Elizabeth II de Grande-Bretagne en compagnie du prince héritier d'Abu Dhabi de l'époque, Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan, et du vice-président des Émirats arabes unis et dirigeant de Dubaï, Cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum. (Photo, AFP/Archives)

D'autres visites d'État ont été effectuées par les chefs d'État d'Oman, de Bahreïn, du Qatar, des Émirats arabes unis, d'Égypte et du Koweït.

La reine, quant à elle, a visité le Moyen-Orient à plusieurs reprises. En février 1979, elle s'est rendue dans la région à bord du jet supersonique Concorde et a visité Riyad et Dhahran au cours d'une tournée du Golfe qui l'a également conduite au Koweït, à Bahreïn, au Qatar, aux Émirats arabes unis et à Oman.

En Arabie saoudite, elle a été accueillie par le roi Khaled et a participé à une série d'événements, dont un pique-nique dans le désert et un dîner d'État au palais Maathar à Riyad. En retour, la reine et le prince Philip ont organisé un dîner pour la famille royale saoudienne à bord du yacht de Sa Majesté, le Britannia.

Fait poignant, le Britannia ne retournera dans le Golfe qu'une seule fois, en janvier 1997, lors de sa dernière tournée avant qu’il ne soit mis hors service en décembre de la même année.

En 2010, la reine est retournée dans la région et a rencontré le Sultan Qabous d'Oman. (Photo, AFP)

En 2010, la reine est retournée dans la région pour rencontrer le Cheikh Khalifa, dirigeant des EAU, et le Sultan Qabous d'Oman.

Toutefois, les relations entre la famille royale britannique et ses homologues du Golfe ne se sont pas limitées aux grandes occasions officielles. L'analyse de la circulaire régulière de la Cour publiée par Buckingham Palace révèle que des membres de la famille royale ont rencontré des monarques du Golfe ou des membres de leur famille plus de 200 fois entre 2011 et 2021 seulement. Quarante de ces réunions informelles ont eu lieu avec des membres de la Maison des Saoud.

La fréquence de ces rencontres avec les chefs d'État du Moyen-Orient, soit près d'une tous les quinze jours, témoigne des liens d'amitié solides qui existent entre Sa Majesté et la région.

Une de ces rencontres a eu lieu en mars 2018, lorsque le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a eu une audience privée et un déjeuner avec la reine au palais de Buckingham. Plus tard, il a dîné avec le prince de Galles et le duc de Cambridge à Clarence House, lors d'une visite au Royaume-Uni qui comprenait des rencontres avec la Première ministre britannique de l'époque, Theresa May, et son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson.

Des questions sérieuses, telles que les accords commerciaux et de défense, sont souvent les sujets de discussion de ces réunions. Mais les rencontres privées entre les familles royales ont toujours été marquées par la bonne humeur et non par une formalité rigide, comme le rappellera plus tard Sir Sherard Cowper-Coles, ambassadeur britannique en Arabie saoudite de 2003 à 2006.

En 2003, par exemple, le prince héritier Abdallah, futur roi d'Arabie saoudite, était l'invité de la reine au château de Balmoral, sa propriété en Écosse. C'était la première visite du prince à Balmoral et, acceptant avec joie une invitation à visiter le vaste domaine, il s'est installé sur le siège passager d'un Land Rover, pour découvrir que son chauffeur et guide n'était autre que la reine elle-même.

Sa Majesté, qui a servi pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que chauffeur de l'armée, a toujours conduit elle-même à Balmoral, où les habitants ont l'habitude de la voir se déplacer au volant de l'une de ses Land Rover préférées. Elle était également connue pour s'amuser, aux dépens de ses invités, en s'élançant sur les petites routes de campagne et sur le terrain accidenté du domaine.

Dans le sens des aiguilles d'une montre, à partir de la gauche: La reine Elizabeth avec l'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah; avec l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani; avec le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie. (Photo, AFP/Archives)

Selon le récit de Sir Sherard, le prince Abdallah a bien supporté ce tour de montagnes russes improvisé, même si à un moment donné, «par l'intermédiaire de son interprète», le prince héritier s'est senti obligé d'«implorer la reine de ralentir et de se concentrer sur la route».

Outre leur statut royal, la reine et les monarques du Golfe se sont liés par leur amour mutuel des chevaux, un intérêt commun qui remonte au moins à 1937, lorsqu'Elizabeth était une princesse de onze ans.

À l'occasion du couronnement de son père cette année-là, le roi Abdelaziz d'Arabie saoudite a offert au roi George VI une jument arabe. Une statue de bronze grandeur nature du cheval, Turfa, a été dévoilée en 2020 au Musée du cheval arabe de Diriyah. À l'époque, Richard Oppenheim, alors ambassadeur adjoint du Royaume-Uni en Arabie saoudite, a raconté comment les deux familles royales ont toujours partagé cet intérêt commun.

«La reine possède de nombreux chevaux, et le roi Salmane et la famille royale saoudienne ont également un amour de longue date pour les chevaux», a indiqué Sherard.

La reine a également partagé cette appréciation des chevaux avec le Cheikh Mohammed al-Maktoum, souverain de Dubaï et vice-président des Émirats arabes unis, qui possède les écuries et le haras de Godolphin, de renommée internationale, à Newmarket, le berceau des courses hippiques britanniques.

La reine Elizabeth - 1926-2022. (Photo fournie/Famille royale)

Ils ont souvent été vus ensemble lors des grands événements du calendrier hippique, comme la réunion annuelle de cinq jours de Royal Ascot, considérée comme le joyau de la saison sociale britannique. L'équipe Godolphin a eu plusieurs gagnants à Royal Ascot, et les chevaux de la reine y ont remporté plus de 70 courses depuis son couronnement.

Cette année, 10 des chevaux de la reine ont couru à Ascot. Cependant, souffrant de plus en plus de problèmes de mobilité, elle n'a pas assisté à l'événement. C'était la première fois qu'elle le manquait en soixante-dix ans de règne.

Pas moins de 16 Premiers ministres britanniques ont servi sous le règne de la reine. Lorsqu'elle est montée sur le trône en 1952, Winston Churchill, le leader vénéré de la guerre, était Premier ministre. Son successeur, Anthony Eden, nommé par la reine en 1955, a été le premier des 15 qui recevront sa bénédiction officielle au palais de Buckingham.

La reine n'a rompu avec cette tradition qu'une seule fois, et seulement à la toute fin de son règne. De plus en plus fragile, ses médecins lui ont conseillé de ne pas quitter sa résidence écossaise de Balmoral pour se rendre à Londres. C'est donc là, mardi de cette semaine, qu'elle a rencontré Liz Truss, la nouvelle chef du parti conservateur, et lui a demandé de former un gouvernement.

Pendant le week-end du jubilé, en juin, des drapeaux ont flotté dans les maisons et les bâtiments publics du Royaume-Uni et du Commonwealth, qui compte 150 millions de personnes, des milliers de fêtes de rue ont été organisées, des phares ont été allumés dans tout le pays et des voix britanniques ont entonné partout l'hymne national.

Aujourd'hui, alors que les drapeaux sont en berne et que le bâton royal est transmis au fils aîné de la reine, Charles, le peuple britannique, après avoir chanté pendant soixante-dix ans les mots «God Save The Queen» (Que Dieu protège la reine), doit maintenant apprendre à chanter à nouveau «God Save The King» (Que Dieu protège le roi).

Le jour de son 21e anniversaire, dans un discours diffusé à la radio depuis Le Cap, alors qu'elle n'était encore que la princesse Elizabeth, la future reine a pris un engagement solennel.

«Je déclare devant vous tous, affirme-elle, que ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service.»

Heureusement, sa vie a été longue et sa dévotion à son devoir était totale.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.