Elizabeth II et Chypre, des relations entachées par le passé colonial

Une photo prise le 9 septembre 2022 montre les tombes des membres de l'EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes) qui ont été pendus sous le régime britannique, à l'intérieur de la prison centrale de Nicosie. (Photo d'Alex Mita / AFP)
Une photo prise le 9 septembre 2022 montre les tombes des membres de l'EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes) qui ont été pendus sous le régime britannique, à l'intérieur de la prison centrale de Nicosie. (Photo d'Alex Mita / AFP)
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Publié le Samedi 10 septembre 2022

Elizabeth II et Chypre, des relations entachées par le passé colonial

  • En 1878, l'île est passée sous administration britannique et devenue une colonie de la Couronne en 1925 avant d'obtenir son indépendance en 1960
  • D’ anciennes blessures ont refait surface en juin dernier lors des célébrations du jubilé de platine de la reine organisées à Chypre par l'armée britannique

NICOSIE : L'annonce de la mort de la reine Elizabeth II a déclenché des réactions contrastées à Chypre, où son règne est associé à un passé douloureux marqué par la lutte contre la puissance coloniale britannique et la division de l'île méditerranéenne.

A la croisée des chemins entre Est et Ouest, Chypre a attiré la convoitise d'empires successifs, allant des Grecs aux Ottomans. Et en 1878, l'île est passée sous administration britannique et devenue une colonie de la Couronne en 1925 avant d'obtenir son indépendance en 1960.

«C'était une bonne reine, mais pas pour Chypre», déclare Andreas, un retraité de 83 ans, qui n'a pas voulu donner son nom complet.

Comme lui, les Chypriotes qui connaissent la période coloniale jugent Elizabeth II responsable de la condamnation à mort de neuf jeunes combattants de l'EOKA, organisation paramilitaire ayant lutté contre la domination britannique entre 1955 et 1959 et prôné le rattachement à la Grèce.

«Elle n'a pas gracié les jeunes qui se battaient pour Chypre, pour la liberté, et ils (les Anglais, NDLR) les ont pendus», a-t-il ajouté.

Si l'on en croit cependant le quotidien Cyprus Mail, principal journal anglophone de l'île, «la reine n'a pas signé les condamnations à mort (...) Le pouvoir d'accorder la grâce revenait au gouverneur (de l'île) et pas à la reine».

- «Rentrez chez vous!» -

Ces anciennes blessures ont refait surface en juin dernier lors des célébrations du jubilé de platine de la reine organisées à Chypre par l'armée britannique qui conserve deux importantes bases dans le sud et l'est de l'île.

Un grand concert caritatif prévu à cette occasion dans un site historique dans le sud-ouest de l'île a notamment dû être transféré vers l'une de ces bases après que des Chypriotes ont dénoncé un tel évènement, qualifiant la reine de «tueuse».

En octobre 1993, lors de sa première et unique visite sur l'île, la reine avait par ailleurs été huée par un groupe de contestataires aux cris de «Rentrez chez vous!».

Selon des observateurs de la famille royale, cet accueil reçu dans l'ancienne colonie a été l'un des pires qu'elle ait eus lors de ses innombrables voyages.

Membre de l'Union européenne qui compte environ un million d'habitants, Chypre est divisée depuis son invasion en 1974 par l'armée turque de son tiers nord, en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce.

Cette division nourrit une autre rancune envers l'ancienne puissance coloniale, qui était garante de la souveraineté de l'île en vertu du traité d'indépendance et qui est accusée de ne pas être intervenue pour stopper l'invasion turque.

Membre du Commonwealth, Chypre entretient toutefois des liens étroits avec la Grande-Bretagne.

L'île abrite une importante communauté d'expatriés et de retraités britanniques et de nombreux Chypriotes ont choisi pendant longtemps l'Angleterre pour faire leurs études universitaires.

Appréciée pour son soleil, ses plages et ses eaux cristallines, «l'île d'Aphrodite» est en outre très prisée par les touristes britanniques, qui représentent le plus gros contingent de visiteurs.

Sur Twitter, le président chypriote Nicos Anastasiades a adressé ses «sincères condoléances» pour le décès de la reine.

Et dans la rue, des Chypriotes exprimaient leur peine.

«Nous sommes tristes (...) Nous souhaitons que le nouveau roi soit comme elle. Vive le roi!», a déclaré à l'AFP Alec Ioannou, près de la rue animée Ledra, dans la vieille ville de Nicosie, surnommée à la fin des années 50 «Murder Mile» (le kilomètre de la mort, NDLR), en allusion aux attaques de Chypriotes-grecs contre l'armée britannique.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.