Aide militaire française détournée en Egypte: une plainte visant les deux pays déposée à Paris

Le mot «liberté» en calligraphie arabe lors d'une manifestation organisée par l'ONG «Egyptians abroad for democracy». (Photo : site officiel de l'ONG)
Le mot «liberté» en calligraphie arabe lors d'une manifestation organisée par l'ONG «Egyptians abroad for democracy». (Photo : site officiel de l'ONG)
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Publié le Lundi 12 septembre 2022

Aide militaire française détournée en Egypte: une plainte visant les deux pays déposée à Paris

  • La mission de renseignement française «Sirli», débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, a été détournée par l'Etat égyptien
  • Malgré les inquiétudes et alertes de certains responsables français sur les dérives de l'opération, les autorités françaises n'auraient pas remis en cause la mission, d'après Disclose citant des documents secrets

PARIS : Deux ONG américaines ont déposé une plainte lundi à Paris visant les responsables français et égyptiens d'une opération antiterroriste de la France en Egypte qui aurait servi à des fins de répression interne, a-t-on appris de source proche du dossier.

Dans le détail, l'action des deux ONG, Egyptians Abroad for Democracy et Codepink, contre X et déposée au pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris, vise des "crimes contre l'humanité et torture ayant été commis par des responsables égyptiens" et une "complicité de crimes contre l'humanité par des responsables français", pour des faits qui dateraient de 2016 à 2019.

Selon des informations du média d'investigation Disclose datant de novembre 2021, la mission de renseignement française "Sirli", débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, a été détournée par l'Etat égyptien qui s'est servi des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.

Malgré les inquiétudes et alertes de certains responsables français sur les dérives de l'opération, les autorités françaises n'auraient pas remis en cause la mission, d'après Disclose citant des documents secrets.

Le ministère français des Armées a porté plainte pour "violation du secret de la défense nationale" et le parquet de Paris a ouvert une enquête.

A l'époque, le porte-parole du ministère français des Armées Hervé Grandjean avait indiqué qu'une "enquête interne" avait été lancée au sein des Armées "pour vérifier que les règles ont bien été appliquées" par les partenaires égyptiens.

Pour les plaignants, "les informations de géolocalisation collectées par la France ont rendu possible le bombardement sommaire par les forces égyptiennes de centaines de véhicules, tuant et blessant ainsi plusieurs centaines de civils, sans autre forme de procès ni vérifications plus avancées."

"Malgré (les) avertissements" d'"opérateurs français" auprès de "leur hiérarchie", "l'Opération Sirli a été maintenue", dénoncent les plaignants.

L'avocate des plaignants, Me Louise Dumas, espère que le pôle crimes contre l'humanité "saura se saisir de cette opportunité pour mettre fin à l'impunité des crimes commis par le régime égyptien, dont des crimes de torture, avec l'aide d'acteurs français, tout cela dans le cadre opaque des contrats d'armement. Le confidentiel-défense ne peut être l'excuse systématique de l'impunité."

Pour Mohamed Ismail, directeur de Egyptians Abroad for Democracy, la plainte vise à "combattre l'impunité du régime" de Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2013.

Trois rapporteurs spéciaux de l'ONU ont été saisi en parallèle.


Paris : deuxième édition du Prix international UNESCO-Al-Fozan pour la recherche scientifique

L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
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  • L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont remis le Prix international UNESCO Al-Fozan à cinq jeunes chercheurs en STEM originaires des cinq régions du monde, lors d'une cérémonie à Paris
  • Ce prix biennal, doté de 250 000 dollars, vise à promouvoir l'excellence scientifique, l'enseignement des disciplines STEM, et l’innovation parmi les jeunes talents internationaux

PARIS: L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.

La remise des prix s’est tenue en présence du ministre saoudien de l’Investissement, Khalid Al-Faleh, de l’ambassadeur du Royaume en France, Fahd Al-Ruwaili, du délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’UNESCO, le Dr Abdullilah Al-Tokhais, ainsi que du fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan.

Assistait également à la cérémonie, Simona-Mirela Miculescu, présidente de la Conférence générale de l’UNESCO, Vera Khoury Lacoeuilhe, présidente du Conseil exécutif de l’organisation, et Lidia Brito, directrice générale adjointe de l’UNESCO, ainsi qu’un florilège de personalités diplomatiques et scientifiques.

Le prix qui récompense cinq jeunes chercheurs en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), des cinq régions du monde, à été attribué cette année à trois jeunes chercheuses et deux chercheurs.

Les lauréats sont: la chercheuse marocaine Mounia Laasiri (région arabe), pour son travail dans le domaine de la physique des particules, la chercheuse chypriote Kyriaki Michaelidou (région Europe et Amérique du Nord) pour ses travaux sur l’épidémiologie génétique du cancer, la chercheuse péruvienne Rosa Vásquez (région Amérique Latine et Caraïbes) pour la science et la protection de l’environnement en Amazonie.

Récompensé également, le chercheur chinois Lijing Cheng (région Asie-Pacifique), pour ses travaux dans le domaine des sciences du climat, ainsi que le chercheur namibien Ndawdika Mulundilini (région Afrique), pour ses recherches dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).

En plus de la reconnaissance internationale, les cinq lauréats reçoivent une dotation financière dont la valeur totale s’élève à 250 000 dollars, à partager

Dans son allocution, l’ambassadeur Al-Tokhais a souligné que « ce prix incarne la vision du Royaume d’Arabie saoudite en matière de soutien à l’innovation, à l’éducation et à l’autonomisation des jeunes, grâce à un partenariat stratégique avec l’UNESCO et à l’initiative de la Fondation Abdullah Al-Fozan ».

Le fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan, a pour sa part exprimé sa gratitude envers les autorités saoudiennes et l’UNESCO, saluant un partenariat « exemplaire » qui permet de célébrer les chercheurs de demain et d’attirer les talents émergents.

Il a également félicité les lauréats, louant « leur créativité et leur leadership dans l’exploration des horizons du futur », et leur a souhaité « une carrière jalonnée de succès et d’innovations ».

Créé en octobre 2021, le Prix international UNESCO Al-Fozan est la première récompense mondiale attribuée par l’UNESCO à l’initiative du Royaume d’Arabie saoudite, avec pour objectif d’encourager l’excellence scientifique des jeunes chercheurs issus des cinq régions de l’organisation.

Au-delà de la reconnaissance académique, le prix entend promouvoir l’enseignement des disciplines STEM, développer les compétences nécessaires aux métiers de demain, renforcer la coopération scientifique internationale et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.

Le prix, attribué tous les deux ans par un jury international composé de cinq experts de renom, met en lumière la contribution des jeunes scientifiques au progrès de leurs sociétés et à l’enrichissement du savoir mondial.


Avions russes dans le ciel estonien: Macron dénonce une "incursion dangereuse et irresponsable"

Cette image diffusée par l'armée de l'air suédoise le 19 septembre 2025 montre un chasseur russe MIG-31 survolant la mer Baltique après avoir violé l'espace aérien estonien. (AFP)
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  • Trois avions militaires russes ont violé l’espace aérien estonien, provoquant une condamnation ferme de la France qui y voit une escalade dans les provocations de Moscou
  • Macron promet une posture de sécurité renforcée, tandis que Paris rappelle que l’incident constitue une violation du droit international et une atteinte à un allié de l’UE et de l’Otan

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande vigueur" vendredi l'entrée de trois avions militaires russes dans l'espace aérien de l'Estonie, dénonçant "une nouvelle étape" dans l'"accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie".

"Je condamne avec la plus grande vigueur les incursions d’avions russes en Estonie. Elles constituent une nouvelle étape dans cette accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie. J‘adresse mon plein soutien aux autorités estoniennes. Une posture de sécurité sera adoptée face à ces violations répétées", a-t-il affirmé sur X.

Le ministère français des Affaires étrangères avait déjà dénoncé dans un communiqué "une incursion dangereuse et irresponsable dans l'espace aérien d'un Etat membre de l'Union européenne et d'un allié de l'Otan (...) en violation flagrante du droit international".

Les trois avions russes ont été interceptés par des avions de chasse de l'Otan.


La reconnaissance de la Palestine, révélateur des fractures politiques françaises

Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
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  • La décision de Macron de reconnaître l’État palestinien ravive le clivage gauche-droite en France
  • Le camp présidentiel reste divisé et silencieux, redoutant les réactions de l’électorat juif

PARIS: La reconnaissance de la Palestine voulue par Emmanuel Macron est un révélateur des fractures et recompositions politiques en France, avec un RN et des LR alignés sur Israël, un camp présidentiel embarrassé et une gauche qui soutient cette décision après s'être déchirée depuis les attentats du 7-Octobre.

Lorsque le chef de l'Etat a annoncé sa décision fin juillet, les réactions furent vives à droite et à gauche.

"Reconnaître aujourd'hui un État palestinien, c'est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste", avait martelé Marine Le Pen (RN). "Le président de la République se retrouve félicité par le Hamas", avait renchéri Laurent Wauquiez (LR). A gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) s'était réjoui d'une "victoire morale" tout comme Olivier Faure (PS) qui avait salué "une avancée fondamentale".

"Sur cette question, le clivage gauche/droite est réactivé", constate le sondeur Frédéric Dabi (Ifop).

A gauche, le politologue Vincent Martigny constate que la reconnaissance de la Palestine "masque au moins temporairement les mois d'oppositions virulentes" consécutives au refus de LFI de qualifier de terroristes les massacres du 7-Octobre.

"Il y a eu un véritable divorce à gauche, une fracture sur les valeurs, notamment sur les accusations d'antisémitisme à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon", rappelle-t-il.

Effaçant le Parti communiste, historiquement en pointe dans la défense des droits des Palestiniens, les Insoumis ont repris le flambeau de cette "gauche tiers-mondiste, en solidarité instinctive avec la cause palestinienne qui représente son paradigme de l'injustice", selon M. Martigny.

"LFI en a fait une stratégie lors de la campagne des Européennes où c'était +tout Gaza+ avec la Franco-palestienne Rima Hassan comme égérie", rappelle M. Dabi. "C'est un moyen de mobilisation de sa base, des jeunes qui sont les plus acquis à la cause palestinienne, des Français de confession musulmane, des habitants des quartiers populaires", souligne-t-il.

Ces clivages à gauche se sont atténués ces derniers mois du fait de la tournure de la guerre à Gaza qui a conduit fin mai le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à reprendre pour la première fois le mot "génocide" utilisé très tôt par les Insoumis.

Mais le PS, qui historiquement recueillait une large part des voix de la communauté juive avant que celle-ci ne commence à se droitiser sous Nicolas Sarkozy, marche toujours sur des oeufs en interne quand il s'agit d'Israël. Comme l'a encore montré la dernière polémique autour de la proposition d'Olivier Faure de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens le 22 septembre.

- "Basculement" de la droite -

Pour M. Martigny, "l'évolution la plus frappante" de ces dernières années reste cependant le "basculement de la droite", plutôt pro-arabe de De Gaulle à Chirac et aujourd'hui "alignée" sur Israël. Un positionnement partagé avec le RN, devenu premier défenseur du gouvernement Netanyahu et désireux de faire oublier le passé antisémite de l'extrême droite française.

"C'est le courant +occidentaliste+ qui fait d'Israël l'avant-pont des démocraties engagées contre l'islamisme politique incarné par le Hamas. La lutte du gouvernement israélien répond à leur propre obsession contre les islamistes", résume M. Martigny.

De fait, après bientôt deux ans de guerre, les responsables LR et RN continuent de justifier toutes les actions d'Israël, même les plus meurtrières, au nom de son "droit à la sécurité".

Officiellement, LR et RN restent favorables à la création un jour d'un Etat palestinien - après notamment la libération des otages et la reddition du Hamas. Mais ils ne critiquent pas M. Netanyahu quand il répète "qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien" ou fait en sorte que cela devienne sur le terrain impossible.

Ce rejet d'une reconnaissance aujourd'hui de l'Etat palestinien est partagé plus discrètement par une partie du camp présidentiel (chez Renaissance ou Horizons) resté "dubitatif" depuis l'annonce du chef de l'Etat, selon un cadre macroniste.

"La reconnaissance de l'Etat palestinien est perçue par une grande partie de la communauté juive comme une provocation. Et Renaissance est très structuré par la solidarité sans faille avec les Juifs de France", souligne M. Martigny.

"Il y a un grand silence. Vous avez entendu Gabriel Attal ou Edouard Philippe ?", remarque M. Dabi selon qui cet embarras est renforcé par "la godille" d'Emmanuel Macron qui "pose des conditions à la reconnaissance au printemps puis les lève à l'été".